24 avril 2016 – 707

DIMANCHE.

Rugby. Villers-lès-Nancy – RA Epinal-Golbey 33 – 0.

LUNDI.

Vie littéraire. Je relis, car j’aime relire les bons auteurs, la chronique que j’ai rédigée pour le n° 57 d’Histoires littéraires sur le Charles Trenet à ciel ouvert de Jean-Philippe Segot (Fayard, 2013). J’avais relevé dans l’ouvrage, qui n’en manquait pas, une coquille amusante. L’auteur affirmait que Trenet, à un moment de sa carrière, avait inventé “un système assez orignal de récital à la demande” (je souligne). Ce qui me permettait de conclure mon article par une pirouette ô combien amusante en disant que c’était bien la moindre des choses pour l’auteur d’une chanson intitulée “Voyage au Canada”. Seulement voilà, intervention d’un relecteur, d’un correcteur, d’une machine ou du foutu hasard, l’orignal de départ est redevenu original dans la version imprimée et que je finis ma pirouette les quatre fers en l’air.

MARDI.

Epinal – Châtel-Nomexy (et retour et en autocar). Susan Wiggs, Le Secret d’Isabel (Harlequin, 2015). La moustache du lecteur laisserait à penser qu’il n’y a pas que des femmes qui fréquentent Harlequin.

Vie européenne. Nous accueillons pour la semaine une jeune Finlandaise. J’exhibe ce que je possède en provenance de son pays : un CD de Sibelius, un DVD de Kaurismäki, un polar de Martti Linna, Purge de Sofi Oksanen et, tout de même, une belle section de la bibliothèque consacrée à Arto Paasilinna. De son côté, elle dit avoir lu Le petit prince et vu Amélie, soit Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. C’est autant pour le rayonnement de la culture française.

MERCREDI.

Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Patrick Rothfuss, Le Nom du vent, Bragelonne, 2009.

VENDREDI.

Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Sarah McCoy, Un goût de cannelle et d’espoir, Pocket, 2015.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Tourisme poussiéreux à Maxey-sur-Meuse (Vosges), photo de l’auteur, 30 mars 2014, avec détail.

  

SAMEDI.

Lecture. Histoires littéraires n° 58 (Du Lérot éditeur, avril- mai-juin 2014; 192 p., 25 €).

Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 4 (15 juin 2015, 88 p., 15 €).

Documents (Boileau-Narcejac, « Quarante ans de suspense » vol. 1, Robert Laffont, coll. Bouquins, édition établie par Francis Lacassin, 1988; 1340 p., 120 F).

Films vus. Wrong (Quentin Dupieux, France – E.-U., 2012)

Cold in July : Juillet de sang (Cold in July, Jim Mickle, E.-U. – France, 2014)

La Lune dans le caniveau (Jean-Jacques Beineix, France – Italie, 1983)

Crosswind – La Croisée des vents (Risttuuless, Martti Helde, Estonie, 2014)

A perdre la raison (Joachim Lafosse, Belgique – Luxembourg – France – Suisse, 2012)

Avant d’aller dormir (Before I Go to Sleep, Rowan Joffe, R.-U – E.-U. – France – Suède, 2014).

L’Invent’Hair perd ses poils.

 

Perpignan (Pyrénées-Orientales), photo de Marc-Gabriel Malfant, 23 juillet 2010 / Villeurbanne (Rhône), photo du même, 18 septembre 2014

Poil et plume. “Je faillis pousser un cri de surprise. M. Durand était prodigieusement velu, velu comme peu d’hommes peuvent l’être. Toute la partie extérieure de sa main était recouverte d’un long duvet noir, et des poils, de longs poils, glissaient sous ses manchettes et envahissaient ses poignets.

Il suffit d’une seconde pour percevoir tous les détails d’une chose étrange. Je remarquai que les poils qui couvraient les poignets et la main de M. Durand avaient une caractéristique tout à fait particulière. Ce n’étaient pas des poils humains normaux. Ils avaient une sorte d’apparence végétale. […]

Durand devait avoir atteint soixante-dix ans. Son visage était rasé avec un soin extrême qui trahissait même une lutte désespérée. En le regardant avec plus d’attention, je crus constater qu’il devait se raser le front et même le nez !” (René Thimmy, La Magie à Paris)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17 avril 2016 – 706

LUNDI.

Vie vacancière. Nous partons ce matin pour une semaine de villégiature lacustre à Gérardmer (Vosges). Soit à quarante kilomètres du domicile et dans la zone de diffusion de Vosges Matin. L’entreprise manque certes un peu d’exotisme mais après tout il peut suffire de quelques lieues pour mener une  vie un peu différente, débarrassée de toute connexion et de pas mal d’autres contraintes. On connaît le cadre, on l’apprécie, et on espère le trouver paisible maintenant que les skieurs l’ont déserté.

MERCREDI.

Extrait de mon journal de bord. “Mercredi 13 avril 2016, Gérardmer (Vosges), 18 heures 13. Levé à 7 heures 15 après une nuit moyenne, membres endoloris après la grimpette effectuée hier jusqu’à la tour de Mérelle par des sentiers escarpés et envahis par l’eau de fonte. Temps gris, pluvieux. Continué de recopier l’interminable distribution d’American Sniper. Travaillé à mon article pour Les Refusés, l’ai même terminé alors que je pensais y passer la semaine. L’enverrai à notre retour. J’ai même de la matière suffisante pour une deuxième partie, ce sera pour la numéro suivant. Ouvert une grille de Laclos, écrit deux cartes postales et me suis installé pour lire Stefansson. Fini par sombrer dans une sieste matinale, grand luxe. A 11 heures, pris l’auto pour descendre en ville. Posté mon courrier, acheté la presse et engagé un pari sur les matches de ce soir. Rejoint mon trio au supermarché et remonté les courses au chalet. Lu Vosges Matin et L’Equipe. Lucie s’est occupée de la croûte, poulet mariné – gnocchis. Lu Le Monde, Le Canard, Charlie, des pages de La Quinzaine, Siné, Midi Olympique, France Foot et fini un article paru sur le site des Cahiers Lautréamont. Siesté une demi-heure puis, le temps redevenu clément, sommes partis en quatuor et en auto. Parqué près du Lido et entrepris de faire le tour du lac, clockwise. Fait ça en moins d’une heure et demie, je m’attendais à plus, sans pluie. Fait un thé au retour et terminé Stefansson, décidément très fort.

Lecture. Entre ciel et terre (Harmur Englanna, Jon Kalman Stefansson, 2009 pour l’édition originale, Gallimard, 2011 pour la traduction française, rééd. coll. Folio n° 5521, 2012, traduit de l’islandais par Eric Boury; 432 p., s.p.m.).

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Véhicule géoaptonymique à Mallemort (Bouches-du-Rhône), photo de Victorio Palmas, 20 mars 2013.

SAMEDI.

Lecture. Envoyée spéciale (Jean Echenoz, Minuit, 2016; 320 p., 18,50 €).

Films vus. La Bande à Bonnot (Philippe Fourastié, France – Italie, 1968)

Les Brasiers de la colère (Out of the Furnace, Scott Cooper, E.-U. – R.-U., 2013).

L’Invent’Hair perd ses poils.

  

Sézanne (Marne), photo de Francis Henné, 22 juillet 2010 / Maubourguet (Hautes-Pyrénées), photo de Michèle Pambrun, 26 mai 2010

Poil et plume. “La femme de chambre devait déployer toutes ses forces pour serrer le corset; les longs cheveux – je rappelle aux jeunes gens qu’il y a trente ans, à l’exception de quelques douzaines d’étudiantes russes, toutes les femmes d’Europe pouvaient dérouler leur chevelure jusqu’aux hanches – étaient frisés, appliqués, brossés, arrangés, dressés en tour par une coiffeuse qui paraissait chaque matin avec une légion d’épingles, de barrettes et de peignes et travaillait à grand renfort de fers et de papillotes.” (Stefan Zweig, Le Monde d’hier)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10 avril 2016 – 705

DIMANCHE.

   Rugby. Lunéville – RA Epinal-Golbey 29 – 15.

 Courriel. Une demande de désabonnement aux notules.

LUNDI.

Lecture. Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 3 (15 mars 2014, 88 p., 15 €).

Le numéro publie l’intégralité du texte d’une pièce inédite de Fernando Arrabal intitulée L’Impromptu (torride) du Kremlin, qui se présente comme un dialogue entre Staline et Wittgenstein. Il n’appartient pas à un petit vermisseau du Collège tel que moi de critiquer les travaux d’un de ses satrapes mais j’avoue que l’œuvre de ce dernier, peut-être justement à cause de la différence d’altitude, m’échappe le plus souvent. Ce qui n’a pas empêché Arrabal de gagner mon admiration éternelle pour une phrase, une seule, qu’il prononça en tant que témoin au cours du procès Houellebecq. A la question “Quelle est votre profession ?” posée par le président, il répondit, après quelques instants d’hésitation dit la chronique, un mot : “Piéton !”. Ce qui, mine de rien, eut pour conséquence d’ajouter un aptonyme à ma collection.

Vosges Matin, 17 novembre 2013

                         Histoires littéraires n° 57 (Du Lérot éditeur, janvier-février-mars 2014; 208 p., 25 €).

Visages de Rimbaud.

Dans un long article, Jacques Desse essaie de démêler l’incroyable écheveau que constitue l’iconographie générale de Rimbaud et de préciser les rôles joués par Paul Claudel, Paterne Berrichon et Isabelle Rimbaud dans la diffusion, la reproduction et même la création de certaines des images qu’elle renferme. Selon Jacques Desse, si l’on est parvenu à éliminer “les trucages infligés aux documents écrits” de Rimbaud, il est maintenant temps de s’attaquer à la version iconographique du mythe, au risque de décevoir quelques adorateurs. La lecture du Face à Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère devrait me permettre d’œuvrer en ce sens. Pour le reste, notons un entretien avec l’architecte Maurice Culot, un habitué du Colloque des Invalides, un article sur Edmond Rostand, les chroniques de Delfeil de Ton et de Jean-Paul Goujon et les comptes rendus de livres reçus. Parmi ceux-ci,  le notulographe s’est chargé des billets consacrés au Journal littéraire de Léautaud, aux actes d’un colloque sur Pierre Michon, à un Guide des amateurs de littérature à Paris et à deux biographies de Charles Trenet.

La Musique et la Nuit (The Music and the Night, Lawrence Block, Baror International INC., 2011 pour l’édition originale, Calmann-Lévy, coll. Robert Pépin présente…, 2015 pour l’édition française, traduit de l’américain par Alain Defossé; 272 p., 19,90 €).

“Nouvelles mettant en scène Matthew Scudder”.

A l’exception de la dernière composée spécialement pour ce volume, on trouve ici rassemblées une dizaine de nouvelles écrites par Lawrence Block entre deux romans tout au long de sa carrière et parues dans différentes revues. Elles ont toutes comme personnage principal Matt Scudder, un personnage créé au début des années 1970 et dont la carrière française a débuté dans la Série Noire. Matt Scudder est un des personnages les plus intéressants du polar américain et c’est un plaisir de trouver ici un condensé de sa carrière, de ses débuts sous l’uniforme de la police new-yorkaise à sa carrière de privé sans licence, de son premier mariage à sa vie commune avec Elaine, de ses abus alcooliques à sa fréquentation des A.A. Le personnage st tellement installé que Lawrence Block ne ressent même pas le besoin de le lancer sur une enquête pour chacune des nouvelles : une tranche de sa vie, une sortie nocturne dans la ville, une soirée dans le bar de son ami Mick Ballou suffisent à nourrir le récit, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Terre sur terre (Tristan Tzara, éd. des Trois Collines, Genève, 1946, rééd. in “Poésies complètes”, Flammarion, coll. Mille & une pages, 2011; 1760 p., 35 €).

JEUDI.

Lecture. Schnock n° 12 (La Tengo, septembre 2014; 176 p., 14,50 €).

Pierre Desproges.

Où se pose la question – c’était la même au sujet de Coluche – de savoir si Desporges pourrait aujourd’hui dire les choses qu’il disait à son époque. Un faux problème, pour Christophe Ernault, qui permet de ne retenir de Desproges que le provocateur en oubliant l’auteur et le comédien qui sont célébrés dans ce numéro. Pour ce faire, on a convoqué Jacques Catelin (un vieux copain), Luis Rego, Daniel Prévost (des collègues), Philippe Meyer (un amateur), on évoque les différentes étapes de sa carrière et on livre même une intéressante étude stylistique de ses textes qui s’intéresse bien sûr à l’art du zeugme. A part ça, on parle de la candidature de René Dumont à l’Elysée (1974), de tintinophilie, de Daisy de Galard (créatrice de Dim Dam Dom), de l’aérotrain, de Supertramp, de Daniel Boulanger et de toutes ces choses et personnes sur lesquelles une “revue des Vieux de 27 à 87 ans” se doit de se pencher.

Les Haines en moins (Eric Le Guilloux, Editions Daphnis et Chloé, 2015; 304 p., 18 €).

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2016.

VENDREDI.

Vie publicitaire. Le Monde du jour publie un grand encart publicitaire – l’équivalent d’une demi-page à vue de nez – vantant les mérites du dernier libre d’Erik Orsenna. Comme c’est souvent le cas dans la publicité éditoriale, le texte est une succession de louanges parues dans différents médias : “Formidable” (François Busnel, La Grande Librairie), “Un enchantement” (Thierry Gandillot, Les Echos) et ainsi de suite. Jusqu’à la dernière ligne : “Un récit sans aucun style” (Eric Chevillard, Le Monde des livres). On a lu effectivement, la critique de ce livre par Chevillard dans le numéro de la semaine dernière. Le feuilleton de Chevillard est un bon moment de la semaine dans Le Monde. Son billet est toujours intéressant, souvent drôle. Chevillard est un maître de l’entame : son premier paragraphe est toujours appétissant et donne envie de lire la suite, quel que soit l’intérêt qu’on peut porter au livre qu’il traite. Chevillard chronique le plus souvent des livres qu’il aime et donc défend, mais quand il n’aime pas, c’est assez cinglant et le shampooing administré à Orsenna la semaine dernière était à base de papier de verre. Alors pourquoi Stock, l’éditeur, a-t-il choisi d’en utiliser un morceau pour sa publicité ? Après réflexion, le procédé est plutôt habile : arrivant au bout d’une dizaine de remarques louangeuses, la phrase de Chevillard, la dernière, apparaît comme une incongruité. Elle veut montrer qu’il y a un cancre dans la classe, celui du fond, qui n’a rien compris. C’est la réponse du berger à la bergère : tu t’es bien fichu de nous, maintenant, c’est à nous de rigoler à tes dépens.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Maison foutoir à Fontenoy-le-Château (Vosges), photo de l’auteur, 11 novembre 2014, avec détail.

  

SAMEDI.

Films vus. Demain dès l’aube (Denis Dercourt, France, 2009)

Disparue en hiver (Christophe Lamotte, France – Luxembourg – Belgique, 2014)

Charlot et les Saucisses (Mabel’s Busy Day, Mack Sennett, E.-U., 1914)

Charlot et le Mannequin (Mabel’s Married Life, Mack Sennett, E.-U., 1914)

Charlot dentiste (Laughing Gas, Charles Chaplin, E.-U., 1914)

  Charlot, garçon de théâtre (The Property Man, Charles Chaplin, E.-U., 1914)

Charlot artiste peintre (The Face on the Barroom Floor, Charles Chaplin, E.-U., 1914)

Fièvre printanière (Recreation, Charles Chaplin, E.-U., 1914)

Dépression et des potes (Arnaud Lemort, France, 2012)

Bis (Dominique Farrugia, France, 2015)

Kongo (William J. Cowen, E.-U., 1932)

American Sniper (Clint Eastwood, E.-U., 2014).

L’Invent’Hair perd ses poils.

 

Île-Tudy (Finistère), photo de Francis Henné, 19 juillet 2010 / Perth (Ecosse, R.-U.), photo de Benoît Howson, 4 août 2010

Poil et pub.

Publicité Cetelem, télévision, 25 mai 2015

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

 

 

 

 

3 avril 2016 – 704

DIMANCHE.

Lecture. Cause toujours, ma poupée (Doll, Ed McBain, 1965 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 1062, 1966 pour la traduction française, traduit de l’américain par Rosine Fitzgerald, rééd. in “87e District 3”, Omnibus, 1999; 1016 p., 145 F).

Ed McBain apparaît ici à son sommet dans la construction parfaite de l’intrigue (un suspense qui lui valut une parution en feuilleton dans France-Soir en 1966) et dans l’inscription de celle-ci à l’intérieur de la série du 87e. Steve Carella, le policier le plus en vue du commissariat, est ici réduit à l’impuissance, pris en otage par un couple de drogués. Ce sont ses collègues qui se démènent pour le retrouver, notamment Bert Kling qui voit ici une occasion de revenir à l’action après la mort de sa fiancée dans Le Dément à lunettes. L’évolution de Kling n’est qu’un des nombreux signes qui montrent à quel point la série du 87e est structurée, comment Ed McBain a construit une œuvre pensée, balzacienne, plutôt que d’aligner des épisodes de série.

LUNDI.

Lecture. Le Signe de vie (Tristan Tzara, Bordas, 1946, rééd. in “Poésies complètes”, Flammarion, coll. Mille & une pages, 2011; 1760 p., 35 €).

MARDI.

Lecture. Les obus jouaient à pigeon vole (Raphaël Jerusalmy, Editions Bruno Doucey, coll. Sur le fil, 2016; 184 p., 15,50 €).

Jean Teulé a bâti une carrière de romancier à succès en imaginant quelques épisodes de la vie de personnages de l’histoire littéraire ou de l’histoire tout court. Villon, Rimbaud, Verlaine, figurent entre autres à son palmarès. Raphaël Jerusalmy reprend la recette et raconte, en brodant sur les faits déjà connus (le lieu, la lecture du Mercure de France, les lettres à Madeleine) la journée du 17 mars 1916 vécue par Guillaume Apollinaire au Bois des Buttes, celle au cours de laquelle il reçut un éclat d’obus à la tête. Il donne une existence à ses compagnons de tranchée, à ses diverses occupations, imagine des conversations, des pensées secrètes. La question principale est celle de l’engagement d’Apollinaire : que fait-il là, sous l’uniforme français, que cherche-t-il, alors que ses amis, Picasso, Cocteau et autres sont tranquilles à Rome ou ailleurs. S’agit-il de patriotisme, s’agit-il de remercier la France qui l’a accueilli, s’agit-il d’une quête poétique ? La question n’a as attendu l’auteur de ce livre pour être débattue, mais celui-ci prend parti en voyant Apollinaire rechercher, sous les bombes, “l’acte poétique absolu”. Autrement dit, il défend la thèse “Ah Dieu : que la guerre est jolie”. Il le fait sous une forme rapide, en chapitres courts qui égrènent, heure par heure, le temps qui reste avant l’issue violente. Autre question : la poésie sort-elle vainqueur de la guerre ? C’est peut-être beaucoup lui demander. mais en faisant précéder chacun de ses chapitres de quelques vers d’Apollinaire, Jerusalmy montre la force de ceux-ci et, par contraste, la vanité de tout ce que l’on peut écrire autour, à commencer par ses propres mots.

VENDREDI.

Football. SA Spinalien – Orléans 1 – 1.

Le cabinet de curiosités du notulographe. “Mais au-dessus de la terre grise et de la poussière morne qui s’en échappe spasmodiquement pour flotter sans fin dans l’atmosphère, on découvre au bout d’un moment les yeux du docteur T.J. Eckleburg. Les yeux du docteur T.J. Eckleburg sont bleus et gigantesques; leur rétine mesure un mètre de haut. Ce sont des yeux sans visage, qui vous regardent derrière une paire d’énormes lunettes jaunes posées sur un nez inexistant. De toute évidence, un oculiste facétieux les a installées là pour grossir sa clientèle du quartier de Queens avant de disparaître, frappé par une cécité éternelle, ou de déménager en les oubliant derrière lui. Mais ses yeux, un peu ternis par de nombreuses journées passées au soleil et sous la pluie sans jamais être repeints, continuent à méditer au-dessus de l’impressionnante décharge publique.”

   Depuis une première lecture, en 1998, de cette page tirée de Gatsby le magnifique, les yeux du docteur T.J. Eckleburg ne cessent de me hanter. J’en ai cherché l’équivalent au-dessus de toutes les officines d’opticiens que j’ai croisées depuis, en vain. Je me console avec des lunettes, plus ou moins vides, que je photographie ou recueille systématiquement.

  

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Bernard Bretonnière, 10 octobre 2015 / Epinal (Vosges), photo de l’auteur, 5 mars 2016

SAMEDI.

Films vus. Un peu, beaucoup, aveuglément ! (Clovis Cornillac, France, 2015)

Shame (Steve McQueen, R.-U., 2011)

Réalité (Quentin Dupieux, France – Belgique – E.-U., 2014)

Jappeloup (Christian Duguay, France – Canada, 2013)

A trois on y va (Jérôme Bonnell, France – Belgique, 2015)

La grande bellezza (Paolo Sorrentino, Italie – France, 2013).

L’Invent’Hair perd ses poils.

  

Vedène (Vaucluse), photo de Joëlle Traber, 18 juillet 2010 / Maclas (Loire), photo de Marc-Gabriel Malfant, 11 février 2012

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 31 août 2014. 73 km. (26806 km).


5848 habitants

   Le monument est un imposant bloc de pierre équarri entouré d’une grille métallique peinte en gris. Sur une avancée se dresse une Victoire ailée portant glaive et rameau. Sur les faces avant et arrière du bloc figurent quatre médaillons en céramique avec les inscriptions suivantes :

Île de France – Picardie – Artois

Vosges – Alsace – Lorraine

Verdun – Argonne Champagne

Flandre – L’Orient – Les Mers

Sur les faces latérales, une frise en céramique souligne un bas-relief en cuivre (?) représentant des scènes de combat et signé “1922. Léon Roussel, statuaire”. Pour la végétation, un parterre d’une plante grasse jaunie à l’avant et à l’arrière.

Mirecourt

A ses enfants

Morts pour la Patrie

   Gauche : 87 noms d’ADAM Charles à DURAND Émile.

Droite : 87 noms d’EIGLE à MARANDE.

Dos : 87 noms de MARCHAND Justin à WEIL, les noms de 1939-45 et la mention :

Monument aux morts

de la Guerre 1914-1918

Érigé par souscription publique le 22 octobre 1922

   Poil et pellicule.

  

Cadet d’eau douce (Steamboat Bill, Jr., Charles Reisner & Buster Keaton, E.-U., 1928)

Bon dimanche,

Philippe DIDION