N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 6 novembre 2016.
DIMANCHE.
Courriel. Une demande de désabonnement aux notules.
MARDI.
Lecture. Le Roi des aulnes (Michel Tournier, Gallimard, 1970; 400 p., s.p.m.). N’en déplaise à Philippe Le Guillou qui fait de lui un portrait flatteur dans un récent numéro de la NRf, Michel Tournier n’était pas un homme particulièrement sympathique. Cela ne l’empêche pas d’avoir écrit, au-delà de son Vendredi ou la vie sauvage qui fut la fade tarte à la crème dont on gava les collégiens à la fin de siècle dernier, un roman particulièrement riche et ambitieux avec ce Roi des aulnes. Lors d’un première lecture en 1989, si j’en crois mes notes de l’époque, j’avais été sensible à la théorie des signes développée par son héros, Abel Tiffauges, à sa propension à les traquer, à les provoquer et à les interpréter. Je remarque davantage aujourd’hui l’influence germanique dont Tournier est la proie : on retrouve dans son livre des traces de Goethe, qui projette son ombre partout et pas seulement sur le titre, mais aussi de Musil (celui des Désarrois de l’élève Törless dans le récit d’enfance au pensionnat), de Siegfried Lenz, de Süskind… Le Roi des aulnes annonce aussi Les Bienveillantes de Jonathan Littell par sa description du Mal absolu dans lequel un personnage cherche la pureté et finit par en devenir un des éléments. De même, en mêlant personnages fictifs et personnages réels, historiques (Göring par exemple dont Tiffauges devient l’employé), Tournier ouvre une voie dans laquelle se sont engouffrés nombre de romanciers contemporains avec plus ou moins de bonheur.
Curiosité. Un épisode du roman se déroule à quelques pas d’ici, autour de Thaon-les-Vosges, Girmont et Zincourt (Vosges), ce village devant être, le jour venu, le point d’arrivée de l’IPAD.
MERCREDI.
Éphéméride. “19 octobre [1945]
AL* a téléphoné au moment du dîner. Il a été très touchant en me faisant des compliments sur ma tenue d’hier soir. Il était rentré tôt à pied. En passant devant chez nous, il avait vu ma lampe allumée. Voilà le genre d’intimité que nous avons souvent au téléphone !” (Katherine Biddle, Journal)
* AL : Alexis Leger, dit Saint-John Perse
VENDREDI.
Vie littéraire. Je reprends le texte que je dois lire au prochain colloque des Invalides, auquel je n’avais pas touché depuis le séjour en Creuse. Comme on le sait, les communications aux Invalides sont limitées à cinq minutes. Alice chronomètre ma lecture. Verdict : 12’ 33’’. Il va falloir sabrer, et pas qu’un peu.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Aléas de la signalisation routière en Creuse, photos de l’auteur.
Football. SA Spinalien – Raon-l’Étape 2 – 1.
La Celle-sous-Gouzon, Loubier, La Celle-sous-Gouzon, Montalchier, 26 juillet – 4 août 2016
SAMEDI.
Football. SA Spinalien – Raon-l’Étape 2 – 1.
Films vus. Do Not Disturb (Yvan Attal, France, 2012)
L’Homme irrationnel (Irrational Man, Woody Allen, E.-U., 2015)
Le Mépris (Jean-Luc Godard, France – Italie, 1963)
Régression (Regression, Alejandro Amenabar, Espagne – Canada, 2015)
Headhunters (Hodejegerne, Morlen Tyldum, Norvège – Suède – Danemark – Allemagne, 2011)
Le Labyrinthe du silence (Im Labyrinth des Schweigens, Giulio Ricciarelli, Allemagne, 2014)
Un cœur pris au piège (The Lady Eve, Preston Sturges, E.-U., 1941).
L’Invent’Hair perd ses poils. Hommage à Victorio Palmas, notulien.
Séville (Espagne), photo d’Hervé Bertin, 17 juillet 2010
IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 11 novembre 2014. 76 km. (27620 km).
Sur le mur, au fond d’une place nue qui sert de parking, une plaque récente a été fixée. Un drapeau tricolore fiché dans un bloc de pierre la surplombe et on a déposé ce matin une gerbe de chrysanthèmes. J’ai oublié de prendre le monument en photo.
55 habitants
Aux enfants de Montmotier
Morts pour la France
1914-1918
Léon LHUILLIER 21 août 1914
Georges MOUREY 16 septembre 1914
Émile CHARLOIS 24 septembre 1914
Constant FREY 5 mai 1915
1939-1945
Pierre HENNEMAND 16 juin 1940
Poil et plume. “Mais, Arias, ce n’était pas une prouesse de couper les cheveux à Picasso”, cela je l’ai entendu tant et plus. “Il n’en avait presque pas.” Ce à quoi je répondais toujours : “ Vous vous trompez. C’est bien plus difficile de couper les cheveux à quelqu’un qui n‘en a presque pas parce qu’il faut d’abord trouver les rares qui lui restent.” (Monika Czernin & Melissa Müller, Le Coiffeur de Picasso)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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