LUNDI.
Lecture. Un marin chilien (Agnès Mathieu-Daudé, Gallimard, 2016; 256 p., 18 €). Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2017.
MERCREDI.
Éphéméride. “17 mai [1921] – Retour de Touraine. Départ samedi 14. Suis obligé de rester quatre heures debout (de Paris à Tours). Je couche chez ma grand-mère. Mauvaise nuit. Le lendemain, vais à Thilouze et à Artannes. Lundi, assemblée de Villaine.
Aujourd’hui, retour. Je n’ai passé qu’une heure à Tours.” (Raymond Queneau, Le Journal d’un jeune homme paüvre, 1920-1927)
Lecture. Le Passager de la pluie (Sébastien Japrisot, Denoël, 1992, rééd. in « Romans policiers », Gallimard, coll. Quarto, 2011; 1036 p., 25 €).
Comme pour Adieu l’ami, ce texte est issu d’un scénario écrit par Japrisot. Le film, réalisé par René Clément, est sorti en 1969. L’histoire, telle qu’elle apparaît sur le papier, n’est pas très claire mais on y retrouve le thème de la femme traquée cher à l’auteur, déjà mis en œuvre dans Piège pour Cendrillon et La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil.
Chanté par celle qui fut là (Saint-John Perse, Gallimard, 1969, rééd. in “Œuvres complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 240, 1972; 1428 p., 56 €).
Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 7 (15 mars 2016, 112 p., 15 €).
“Holmes – Musiques fictives – Leçons”
VENDREDI.
Football. SA Spinalien – Lyon Duchère 2 – 1.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Cave canem, photos de l’auteur.
Châtel-sur-Moselle (Vosges), 17 novembre 2016 / Châtelus-Malvaleix (Creuse), 31 juillet 2017 / Domeyrot (Creuse), 31 juillet 2017
Igney (Vosges), 22 août 2015
“PÈRE UBU : Alors, Mère Ubu, attache le bout de la chaîne de notre collier à l’anneau de fer du vestibule, et accroche dans l’escalier l’antique écriteau : PRENEZ GARDE AU CHIEN. Je vais mordre les gens, s’ils ont l’audace de s’introduire, et leur marcher sur les pieds.” (Alfred Jarry, Ubu enchaîné, Acte II, scène IV)
SAMEDI.
Vie parisienne. Je pars pour Paris avec Lucie par le 9 heures 29. Une fois sur place, nous n’avons qu’à traverser le boulevard Magenta pour trouver la Médiathèque Françoise-Sagan, qui semble avoir pris la place d’un établissement religieux si l’on en croit le cloître qu’elle abrite, autour duquel courent de longues galeries. La première partie de la journée “Génération Perec” touche à sa fin, nous avons juste le temps d’entendre quelques propos des intervenants et surtout quelques minutes d’entretiens radiophoniques avec l’écrivain. Le thème de la causerie est en effet “Perec et la radio” et je n’oublie pas que c’est par les émissions diffusées par France Culture à l’occasion du dixième (?) anniversaire de la mort de Perec que je l’ai, sinon découvert, du moins décidé de m’intéresser de près à son cas. L’après-midi rassemble des “témoins de la vie et de l’œuvre de Georges Perec” : son collègue Henry Gautier, le cinéaste Robert Bober, l’éditeur Maurice Olender et Françoise Lalande, dont la fille joua dans Les Jeux de la Comtesse Dolingen de Gratz, film produit par Perec et réalisé par sa compagne Catherine Binet. L’une des choses les plus remarquables de cette journée est d’ailleurs le fait que l’on peut désormais parler librement de Catherine Binet, dont le nom fut longtemps tabou dans les cercles perecquiens. Quelques événements récents sont peut-être à l’origine de cette évolution. Nous quittons les lieux en fin d’après-midi et métrottons jusqu’à Bercy. A la Cinémathèque, nous assistons à la projection de La Maman et la Putain dans le cadre de la rétrospective Jean Eustache, film mythique, presque invisible, le fils Eustache refusant d’en céder les droits. Je l’ai vu il y a une vingtaine d’années et je me demande si le souvenir ébloui que j’en ai gardé va résister à l’épreuve du temps. La réponse est oui, trois fois oui, au bout des trois heures et demie du film, même si j’avoue avoir piqué du nez à plusieurs reprises dans le dernier tiers. En tout cas, la magie tient toujours : la salle était comble, il avait fallu retenir nos places longtemps à l’avance et aurions pu les revendre à un joli prix à l’entrée si la vénalité faisait partie de notre patrimoine génétique. On rit souvent dans ce film, pour masquer le côté désespéré de ce qui est montré, et cela rappelle les propos récemment rapportés d’Evane Hanska, qui fut un temps la compagne de Jean Eustache : “Entre deux tentatives de suicide, on se marrait bien.” On y voit des gens, j’en ai connu, qui vivaient au ras du sol, matelas par terre à côté de la chaîne hi-fi et des piles de disque et de livres, et qui dormaient avec le cendrier rempli de mégots juste sous les naseaux. Le plan qui montre Jean-Pierre Léaud en train d’essayer de lire Proust en écoutant une chanson de Damia sur un électrophone pourri tout en attendant un hypothétique coup de téléphone de la part de son amoureuse est une chose que l’on n’oublie pas.
Films vus pendant la semaine. Tout, tout de suite (Richard Berry, France – Belgique – Luxembourg – Côte d’Ivoire, 2016)
Diaboliquement vôtre (Julien Duvivier, France – Italie – R.F.A., 1967)
Des nouvelles de la planète Mars (Dominik Moll, France – Belgique, 2016)
Le Radeau de la Méduse (Iradj Azimi, France, 1998)
A Bigger Splash (Luca Guadagnino, Italie – France, 2015)
La Maman et la Putain (Jean Eustache, France, 1973)
L’Invent’Hair perd ses poils.

Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Caroline Didion, 14 octobre 2010 / Versailles (Yvelines), photo de François Golfier, 9 octobre 2011
Poil et plume. “Christiane Planchard tenait, rue Saint-Antoine, le salon de coiffure éponyme qui louait aussi quelques DVD, réceptionnait les cartouches encre et laser à remplir : Christiane Planchard donc, sans la pratique régulière du yoga et le contrôle de ses émotions, serait tombée raide morte en voyant Scarlett Johansson (Scarlett Johansson !) entrer dans son salon, flanquée du garagiste croquignolet.” (Grégoire Delacourt, La Première Chose qu’on regarde)
LUNDI.
Lecture. Nabokov ou La Tentation française (Maurice Couturier, Gallimard, coll. Arcades, 2011; 280 p., 19,90 €).
Maurice Couturier a dirigé l’édition des romans de Nabokov en Pléiade. Il développe ici ses notes, du moins celles qui concernent les rapports de l’auteur de Lolita avec la France : l’apprentissage du français dès son plus jeune âge, ses différents voyages et séjours dans le pays, ses relations avec ses traducteurs, la place de la France et du français dans ses écrits, la réception de ses romans, ses influences (Flaubert et Proust en tête), sans oublier la mythique émission d’Apostrophes (1975) qui fit tant pour l’installer dans notre paysage littéraire. L’ensemble dessine un portrait peut-être pas complet mais toujours intéressant du romancier. Maurice Couturier ne cache pas l’admiration qu’il a pour l’auteur et ne mentionne ses côtés négatifs qu’avec réticence : ses contradictions, ses jugements abrupts, ses aveuglements (sur la psychanalyse notamment), sa très haute estime de lui-même. Il faut dire que, sur ce sujet, Couturier n’est pas en manque, n’omettant jamais de souligner l’importance de ses travaux, la richesse de ses rencontres et la qualité de ses traductions.
MARDI.
Lecture. Viens avec moi (Go With Me, Castle Freeman Jr., Steerforth Press, 2008 pour l’édition originale, Sonatine, 2016 pour la traduction française, traduit de l’américain par Fabrice Pointeau, rééd. J’ai lu Thriller n° 11653, 2017; 256 p., 6,70 €).
Dans une région forestière perdue du Vermont, une jeune femme fait appel à deux rudes gaillards pour mettre fin au harcèlement dont elle est victime de la part du caïd local. Le roman raconte la traque et, en parallèle, reproduit les propos d’une sorte de chœur antique qui commente l’action à distance. Il ne se passe pas grand-chose dans ce livre, dont les personnages se définissent plus par leur langage et leurs échanges que par leurs actions Vite lu, vite oublié, promis à une quelconque boîte à livres dans les meilleurs délais.
MERCREDI.
Éphéméride.
“24 mai [1895]
Éloi n’aime pas à écrire une longue phrase. S’il était obligé d’en écrire une, il la disperserait, ligne par ligne, sur plusieurs petits morceaux de papier.” (Jules Renard, Journal)
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Cave canem (suite), photos de l’auteur. Certaines des photos de cette série ont été prises à l’aide d’un zoom.
Gérardmer (Vosges), 14 avril 2016 / Les Poulières (Vosges), 25 septembre 2016 / Pouxeux (Vosges), 23 octobre 2016
SAMEDI.
Films vus pendant la semaine. 3 cœurs (Benoît Jacquot, France – Allemagne – Belgique, 2014)
Braqueurs (Julien Leclercq, France, 2015)
Coplan prend des risques (Maurice Labro, France – Italie – Belgique, 1964)
Les Naufragés (David Charhon, France – Belgique, 2016)
Caprice (Emmanuel Mouret, France, 2015)
Mia madre (Nanni Moretti, Italie – France – Allemagne, 2015).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Caroline Didion, 14 octobre 2010 / Versailles (Yvelines), photo de François Golfier, 7 octobre 2011
Poil et plume. “Il longeait les façades étroites, lorgnait les pièces aux cintres bas par les carreaux brisés, s’amusait des échoppes lilliputiennes encombrées de meubles de sapin, prie-Dieu, étagères d’acajou accrochées à même la rue. Un plat de barbier se balançait à sa chaîne et il lut sur la vitre : “Baret, perruquier. Cinq sous la coupe des cheveux avec frisure. Salon prolétaire.” Un figaro chafouin rasait un boucher qui n’avait même pas pris la peine d’ôter son tablier ensanglanté.” (Alain Dugrand, Anne Vallaeys, Rue de la République)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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