MERCREDI.
Éphéméride. “Le jour de la fête nationale, j’ai vu un vigoureux cheval qui avait deux petits drapeaux aux oreilles; il piaffait en rongeant son mors, et cela lui donnait un air triomphant, comme s’il avait, lui aussi, un peu pris la Bastille.
Ce n’était pourtant là qu’une pauvre bête affolée. Seulement, sa folie avait un air de raison parce qu’il se trouvait pris entre deux douleurs, mal au dos, s’il n’avançait pas, mal aux dents s’il avançait trop vite. Et comme il ne comprenait pas que le mal au dos venait de coups de fouets, et que le mal aux dents venait de coups de mors; comme il croyait que le mal au dos résultait naturellement de sa paresse, et le mal aux dents de sa précipitation, cela faisait en somme un bon et brave cheval.” (Alain, Propos d’un Normand, 19 juillet 1906)
VENDREDI.

Le monde à l’envers à Paris (Seine), rue de Meaux, photo de Jean-Damien Poncet, 15 octobre 2016.
SAMEDI.
Films vus pendant la semaine. Florence Foster Jenkins (Stephen Frears, R.-U., 2016)
Les Quatre Fils de Katie Elder (The Sons of Katie Elder, Henry Hathaway, É-U, 1965)
Retour chez ma mère (Éric Lavaine, France, 2016)
La Dame du vendredi (His Girl Friday, Howard Hawks, É-U, 1940)
Marie et les naufragés (Sébastien Betbeder, France, 2016)
La Rivière rouge (Red River, Howard Hawks, É-U, 1948).
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 3500 salons.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
1. France : 2955 (+ 55)
2. Espagne : 155 (=)
3. Royaume-Uni : 53 (+ 1)
4. États-Unis : 45 (=)
5. Belgique : 40 (+ 8)
6. Italie : 24 (=)
7. Danemark : 21 (+ 17)
8. Suisse : 20 (+ 1)
“. Portugal : 20 (=)
10. Pérou : 19 (+ 6)
“. Canada 19 (=)
On note une grande variété dans cette nouvelle centaine où la France dépasse de peu la moitié des photos enregistrées. Le principal bénéficiaire de cette ouverture internationale est le Danemark qui gagne 13 places et intègre le top 10 au détriment du Maroc. Notons aussi les progressions du Pérou et, plus loin, de l’Allemagne (12e) et de la Chine (21e). La Lettonie fait son entrée avec 3 salons (25e) et devient le 36e pays représenté.
Classement général par régions (France).
1. Rhône-Alpes : 575 (+ 7)
2. Île-de-France : 472 (+ 15)
3. Languedoc-Roussillon : 253 (=)
4. Lorraine : 230 (+ 3)
5. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 213 (+ 10)
6. Midi-Pyrénées : 171 (+ 1)
7. Bourgogne : 115 (+ 2)
8. Bretagne : 108 (+ 8)
9. Centre : 105 (+ 2)
“. Pays de la Loire : 105 (+ 1)
Les mouvements affectent les trois dernières places du top 10 où les positions sont serrées : la Bretagne et le Centre dépassent les Pays de la Loire. Encore une place de gagnée pour la Franche-Comté, en progression régulière, qui devient 13e.
Classement général par départements (France).
1. Seine (Paris) : 382 (+ 11)
2. Rhône : 302 (=)
3. Vosges : 139 (+ 1)
4. Loire : 85 (+ 6)
5. Loire-Atlantique : 82 (+ 1)
6. Pyrénées-Orientales : 79 (=)
7. Meurthe-et-Moselle : 72 (+ 1)
8. Alpes-Maritimes (=) : 70
9. Saône-et-Loire : 68 (=)
10. Hérault : 66 (=)
Pas de changement en tête, la stagnation du Rhône ne lui est pas préjudiciable au vu de l’avance que possède ce département sur ses poursuivants. Plus loin, avec 10 salons, les Bouches-du-Rhône (49) passent de la 18e à la 13e place.
Classement général par communes.
1. Paris : 382 (+ 11)
2. Lyon : 136 (=)
3. Barcelone : 54 (=)
4. Nantes : 53 (=)
5. Nancy : 42 (+ 1)
6. Épinal 36 (=)
7. Nice : 33 (=)
8. Marseille 24 (+ 10)
“. Villeurbanne 24 (=)
10. Perpignan : 18 (=)
“. Bruxelles : 18 (+ 1)
Strasbourg et Roanne disparaissent au profit de Marseille (+ 6 places). Par ailleurs, belles progressions de Lima, 21e (+ 51) avec 12 salons (+ 6), de Copenhague, 25e (+ 95) avec 11 salons (+ 7), de Saint-Chamond, 76e (+ 193) avec 7 salons (+ 5) et entrées exotiques de Shenzhen (Chine), Riga (Lettonie), Anderlecht (Belgique)…
Bilan humain.
- Marc-Gabriel Malfant : 1220 (+ 6)
- Philippe Didion : 323 (+ 2)
- Pierre Cohen-Hadria : 228 (+ 3)
- François Golfier : 179 (+ 28)
- Jean-Damien Poncet : 143 (+ 23)
- Jean-Christophe Soum-Fontez : 138 (+ 4)
- Hervé Bertin : 108 (=)
- Sylvie Mura : 82 (+ 1)
- Benoît Howson : 65 (=)
- Bernard Cattin : 63 (+ 4)
Christophe Hubert est chassé du top 10 par Bernard Cattin, Jean-Damien Poncet gagne encore une place.
Étude de cas. Salons haut perchés.

Nîmes (Gard), photo de Jean-Damien Poncet, 17 avril 2016 / Guéret (Creuse), photo de l’auteur, 2 août 2016 / Tokyo (Japon), photo de Yannick Séité, 5 novembre 2016 / San Francisco (Californie, É-U), photo de Noémie Fiore, 19 juillet 2014
L’Invent’Hair perd ses poils.

Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône), carte de visite transmise par Alain Zalmanski le 19 novembre 2010 / Saint-Denis-de-l’Hôtel (Loiret), photo de Christiane Larocca, 12 décembre 2016
Poil et plume. “On peut dire d’une femme qu’elle va “au” coiffeur, seulement lorsque ce dernier la baise.” (Frédéric Dard, Les Pensées de San-Antonio)
Transhumance. Nous partons pour la Creuse, bien décidés à pratiquer, comme chaque année, “le vrai tourisme pataphysique” qui consiste, selon Jean-Hugues Sainmont à “aller en des endroits où l’imagination a tout à faire”. En attendant de faire travailler celle-ci, je lis dans l’auto Le Grand Sylvain de Pierre Bergounioux. À la pêche dès les affaires rangées pour une dizaine de gardons. Je ne me rappelais pas qu’ils étaient si petits.
DIMANCHE.
Vie en Creuse. Marché à Jarnages. Balade autour du logis. Gardons.
LUNDI.
Vie en Creuse. Carpe modeste. Le Monde au courrier, j’y lis la nécrologie de Max Gallo. Ravitaillement. Balade autour de Saint-Hilaire-la-Plaine. Dans le village, un broc. Je m’aperçois que le dos de son tee-shirt est orné d’un slogan FN, mais trop tard : je lui ai déjà acheté des cartes postales et Lucie un 33-tours de Django. Énorme carpe au coup du soir, qu’Alice ne parvient pas à épuiser. Le monstre oscille au bord du filet puis réussit à se décrocher au moment de basculer dedans. Lecture de Quelqu’un s’approche, de Mathieu Riboulet, dont l’histoire se passe en Creuse, autour de Crocq. C’est le seul intérêt de la chose.
MARDI.
Vie en Creuse. Belle matinée de radio avec Bruce Springsteen et Pierre Michon – comment l’éviter ici ? – qui se succèdent sur France Cul. À Guéret pour le ravitaillement et le renouvellement de mon ordonnance que je tenais à faire dans la pharmacie de la place Bonnyaud. Les premiers numéros de la presse vosgienne sont arrivés au courrier. Balade autour de Mazeirat, sentiers riches en ronces et orties, jusqu’à un joli gué sur la Creuse. Retour par Le Busseau, histoire de revoir un de nos anciens lieux de villégiature.
MERCREDI.
Vie en Creuse. Temps maussade. Découverte de la petite bourgade de Bétête. Jamais vu un patelin aussi désert. Pourtant, ce n’est pas un village, c’est étendu, mais il n’y a personne, pas même les habituels derniers signes de vie, deux guignols à scoutère ou trois greluches à l’arrêt de bus occupées à tripoter des téléphones de poche. Tout le monde est peut-être au boulot – en espérant que ce n’est pas chez GM&S. Même la Petite Creuse, qui passe tout près, n’a pas l’air bien vaillante. Pas étonnant que le café et la boucherie n’aient pas tenu. Que vient faire dans ce désert, même pas de Gobi, une antenne de la “Buddhist Peace Fellowship” ?
Éphéméride. “Lundi 26 Juillet 1920
Déjeuné chez Ledoyen, aux Champs-Élysées, avec Jules Cambon, Madame Antonin Poncet et l’Abbé Mugnier. L’Ambassadeur, sur le divan du petit cabinet, raconte son séjour à la Conférence de Spa et peint les principaux acteurs. De Lloyd George il dit :
Cet homme dangereux, versatile, sournois et qui par moment a du génie. Mais à qui profitera ce génie ?” (Ferdinand Bac, Livre journal 1920)
JEUDI.
Vie en Creuse. Virée à Aubusson où la Cité internationale de la tapisserie semble avoir redonné un souffle de vie et la vue à quelques vitrines borgnes. Notre arpentage se fait de plus en plus lent, au fur et à mesure des achats accumulés : affiches à encadrer, pâté de patates, cartes postales coquines de la Belle Époque, cosmétiques, livres (parmi lesquels un petit guide d’entomologie rendu nécessaire par la lecture du Grand Sylvain et qui permettra d’identifier la punaise arlequin, fréquente sur les chemins alentour), nippes, nappes… Je termine au retour La Bête faramineuse de Bergounioux, roman ardu dans lequel on trouve l’ébauche des pages magnifiques consacrées à Millevaches dans Un peu de bleu dans le paysage. On atteint en fin de journée l’incroyable température de 23°. Mais à l‘étang, le vent est toujours là qui rend la pêche malcommode. Surpris un rapace au bord de l’eau, un busard Saint-Martin peut-être, si j’en crois la bande blanche sur le croupion.
VENDREDI.
Vie en Creuse. Mon guide entomologique me permet d’appeler par son petit nom (Anax empereur) la grosse libellule qui s’est posée sur le linge mis à sécher. Fait le courrier. Le soir venu, retour à l’entomologie avec La Capture, film de Geoffrey Lachassagne sur la chasse aux insectes menée par Pierre Bergounioux en Corrèze.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Contrepèteries journalistiques.

Vosges Matin, 10 décembre 2016 / Télérama, 23 mars 2016
SAMEDI.
Vie littéraire. Je retourne au grimpant, endosse une belle limace : c’est jour de retrouvailles, à Ussel (Corrèze), entre le garçon d’Épinal et Pierre Bergounioux, que je remercie de m’avoir ainsi rajeuni. Le soir venu, je termine Gloire tardive, une novella posthume d’Arthur Schnitzler.
Film vu. Les Quatre Filles du Dr March (Little Women, Mervyn Le Roy, É.-U., 1949).
L’Invent’Hair perd ses poils.

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de Francis Henné, 25 novembre 2010 / Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), photo de Philippe de Jonckheere, 10 avril 2011
Poil et plume. “Toutes les femmes nous trompent avec leur coiffeur, pensa-t-il en ébauchant une moue sagace – d’ailleurs à peine dans ce mauvais lieu elles quittent leurs chaussures. Faute de mieux, et encore on ne sait pas tout… » (Julien Gracq, La Presqu’île)
DIMANCHE.
Vie en Creuse. Une carpe moyenne au premier coup de lancer du matin. Marché à Jarnages. Fête populaire à Châtelus-Malvaleix, au son de la fanfare de Bourganeuf, le genre de manifestation qui nous fait fuir à toutes jambes quand elle se produit par chez nous et qui ici nous ravit. Je glane quelques livres d’occasion. Nous partons ensuite à la recherche du Domaine des Trois Lacs, que nous finissons par trouver au bout d’un trajet longuet et malaisé. Il s’agit en fait de trois bassins sur la Creuse. Fait halte à celui du Bourg-d’Hem où la baignade semble agréable. Mais c’est loin du chalet et il faudrait que la météo y mette un peu du sien. Lecture de l’Album Georges Perec dû à Claude Burgelin, histoire de me rappeler que j’ai un peu de boulot à abattre dans la semaine.
LUNDI.
Vie en Creuse. Retour au Pléiade Perec (Quel petit vélo…) et à la construction de l’article que je dois en tirer. Ravitaillement à l’Intermarché de Guéret. D’après les listes de courses récupérées par les filles dans les chariots du parking, l’orthographe du lexique alimentaire est mieux traitée en Creuse que dans les Vosges. Balade pédestre autour de Montalchier, surprise de trouver des mirabelliers en bord de route. Le soir venu, prise d’apéritif avec nos logeurs. L’homme nous montre sa collection d’autos, dont le fleuron, en parfait état de marche, date de 1913.
MARDI.
Vie en Creuse (et alentour). Le gros orage de la nuit a balayé la terrasse, envoyé dinguer le parasol et coupé l’alimentation électrique. Travail sur Perec (Un homme qui dort) puis départ pour Montluçon où nous visitons le Musée des musiques populaires. Comme nous ne sommes qu’à vingt-cinq kilomètres d’Épineuil-le-Fleuriel (Cher), là où se déroule le début du roman, j’en profite pour relire Le Grand Meaulnes.
MERCREDI.
Éphéméride. “2 août 1907.
Monsieur le Président. Je vous remercie de vos paroles infiniment courtoises. Votre invitation m’a fait grand honneur et grand plaisir. Elle me permet de remercier de vive voix les éminents compatriotes qui ont bien voulu m’accueillir dans leur Compagnie.
Mon grand-père et tous mes aïeux paternels étaient de Blesle. Votre érudition et votre sympathie m’aideront à fortifier en moi la connaissance et l’amour qu’ils avaient de leur glorieuse province et dont ils m’ont transmis la tradition.
J’ai déjà tiré de grands avantages intellectuels de l’Académie de Clermont; le vénérable M. Marcellin Boudet et M. Élie Jaloustre que remercient tous les pascalisants peuvent vous dire comment je me suis empressé de recourir à leur science et à leur bienveillance.
J’ai mille questions à vous poser et puis je voudrais vivre un peu familièrement dans votre atmosphère. Vous n’êtes pas seulement, je le sais, un centre de culture, mais encore un conservatoire du patriotisme et de l’honneur.
Je souhaite, Messieurs, qu’il me soit permis de venir d’année en année m’asseoir au milieu de vous et qu’après m’avoir fait profiter de vos travaux, vous m’accordiez votre amitié.” (Maurice Barrès, réponse aux discours de bienvenue prononcés pour sa réception à l’Académie de Clermont par le marquis de Montlaur et M. Marcellin Boudet, le 1er août 1907, in Mes cahiers)
Vie en Creuse. Travail sur Perec (La Disparition). À Guéret pour récupérer quelques rossignols dans la boîte à livres de la place Bonnyaud et acheter du neuf : la récente réédition du traité de go de Perec, un polar creusois, un livre de Svetlana Alexievitch pour préparer les prochaines rencontres de Chaminadour. Chaleur. Baignade à Châtelus-Malvaleix. Je termine Alain-Fournier et attaque Le Frémissement de la grâce : Le roman du Grand Meaulnes, de Jean-Christian Petitfils.
JEUDI.
Vie en Creuse. Travail sur Perec (Les Revenentes). Adieux à Guéret avec la traditionnelle visite du musée local où, cette fois, l’on ne passe pas en coup de vent devant la collection d’insectes du cabinet d’histoire naturelle. J’identifie au passage un petit gravelot et un serin cini rencontrés au cours de la semaine. Réservation d’une chambre pour Chaminadour.
VENDREDI.
Vie en Creuse (fin). Une carpe honnête au petit jour. Marché à Felletin, pique-nique à Saint-Frion. Aux livres à Aubusson d’où l’on rapporte du polar creusois, du théâtre, du Bergounioux, de l’entomologie, de l’astronomie ainsi que le Frede de Denis Cosnard.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Exotisme en cordonnerie.

Brazzaville (République du Congo), photo d’Arno Bertina, 20 mai 2017 / Paris (Seine), rue Amelot, photo de Jean-Damien Poncet, 25 septembre 2016
SAMEDI.
Courriel. Une demande d’abonnement aux notules.
Film vu. L’Amour en fuite (François Truffaut, France, 1979).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Blois (Loir-et-Cher), photo de François Bon, 26 novembre 2010 / Lyon (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 18 mars 2012
Poil et plume. “Il y a des cheveux disposés au suicide, à la coagulation de sang et de cheveux du coup de pistolet.” (Baldomero Fernández Moreno, Le Papillon et la Poutre)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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