29 octobre 2017 – 767

MARDI.
            Lecture. Les Histoires de Pat Hobby (The Pat Hobby Stories, F. Scott Fitzgerald, Charles Scribner’s Sons, New York, 1962 pour l’édition originale, in “Romans, nouvelles et récits” II, Gallimard, 2012, Bibliothèque de la Pléiade n° 582, traduit de l’américain par Agnès Derail-Imbert et Cécile Roudreau; 1780 p., 70 €).
                          Les dix-sept nouvelles qui constituent ce recueil ont été publiées dans Esquire entre janvier 1940 et mai 1941. Certaines l’ont été à titre posthume puisque Fitzgerald est mort en décembre 1940. On pouvait s’attendre à un Fitzgerald crépusculaire, sombre, mais c’est surtout l’urgence qui domine dans ces textes : ils sont courts, enlevés, pour répondre au besoin d’argent de l’auteur qui doit payer les soins de sa femme et les études de sa fille. Ils tournent tous autour de Pat Hobby, un scénariste qui connut son heure de gloire à Hollywood à l’heure du muet et qui peine à survivre dans ce qu’est devenue l’industrie cinématographique à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Hollywood, que Fitzgerald connaît bien, est un monde ingrat, peuplé de médiocres et d’arrivistes. Pat Hobby, le double de l’auteur, ne vaut pas mieux que les autres mais son cynisme lucide finit par le rendre sympathique. Il permet en tout cas à Fitzgerald de faire bouillir la marmite pour travailler sur son dernier roman, qu’il ne parviendra pas à terminer.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “25 octobre [1939]
Donc aujourd’hui, je suis entré dans le saint des saints, j’entends à l’hôtel Continental, dans l’empire de monsieur Giraudoux chargé d’entretenir le moral de la France et de propager au loin la vérité française. C’est un curieux bastion.
On y entre non par la rue de Rivoli mais par la rue Rouget-de-Lisle rendue à sens unique pour l’occasion. Si l’on vient en voiture, il faut s’arrêter à plus de cent mètres de l’entrée tant de véhicules officiels ou non stationnent aux alentours. Tout le monde a sa voiture là-dedans et ceux qui n’en ont pas de personnelle s’en sont fait distribuer de réquisitionnées. On les reconnaît, outre qu’elles sont plus belles, à ce qu’on a peint sur la carrosserie, de grands numéros blancs.
Dès l’entrée, on est arrêté devant une grande table, qui barre le chemin près de la place habituelle du portier. Ce n’est point un concierge qui trône là, reconnaissable aux deux clefs brodées en croix sur le revers de la veste, mais deux officiers et un nombre incroyable de soldats. C’est à croire qu’on ne sait pas quoi faire des militaires. Au-dessus de leur tête, une grande pancarte porte que tout visiteur doit d’abord justifier de son identité avant d’adresser la parole au lieutenant.” (Maurice Garçon, Journal 1939-1945)
JEUDI.
          J’ai tué Hemingway. Ces jours-ci doit venir à la librairie du coin un auteur qui me rappelle des souvenirs. Il y a quelques années, il avait écrit un livre d’inspiration autobiographique plutôt réussi que j’avais chroniqué dans la défunte Liberté de l’Est. Las, j’y avais, à ses yeux, montré trop peu d’enthousiasme et il m’avait pour cette raison agoni. J’étais tout simplement jaloux de son talent et cette jalousie m’avait conduit à vouloir étouffer le Hemingway qui sommeillait en lui. Bigre. Depuis, il a changé son stylo d’épaule et, comme il est prof, il fait des livres de prof sur son métier de prof : souvenirs, expériences, et, lie de l’encre, perles d’élèves. S’il doit encore un titre à son éditeur, il finira par recopier les menus de la cantine.
            Lecture. Retour à Tillary Street (The Black Curtain, William Irish, 1941 pour l’édition originale, Ditis, 1945 pour la première traduction française, rééd. Presses de la Cité, coll. Omnibus, vol. « Nuit noire », 1994, d’après la traduction de P. Desplanches; 948 p., 135 F).
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Le mot est juste.
767
Bouillargues (Gard), photo de Sylvie Mura, 2 mai 2016
SAMEDI.
              Football. SA Spinalien – Saint-Priest 3 – 2.
              Films vus pendant la semaine. The Nice Guys (Shane Black, É.-U., 2016)
                                                                L’Assaut (Pierre-Jean Ducis, France, 1936)
                                                                Victoria (Justine Triet, France, 2016)
                                                                L’Ami américain (Der Amerikanische Freund, Wim Wenders, R.F.A. – France, 1977)
                                                                Toril (Laurent Teyssier, France, 2016).                                                              
              L’Invent’Hair perd ses poils. Pour le concours de l’enseigne la plus courte.
767 (2)
Étival-Clairefontaine (Vosges), photo de l’auteur, 19 janvier 2011
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 19 juillet 2015. 104 km. (29347 km).
767 (3)
234 habitants

   Planté au sommet des marches qui mènent à l’église, le monument est dressé au milieu d’un carré entouré d’une chaîne métallique. Les quatre coins sont matérialisés par des obus coniques. Le parterre est semé de graviers. En bas-relief, un motif héraldique (les armes de la ville ?) et divers motifs végétaux. Une composition de plantes grillées a été mise à l’écart, peut-être par un coup de vent. Deux écussons RF sont fixés à la chaîne, côté face et côté gauche.

767 (1)

Hommage

des habitants de Norroy

Aux enfants de la commune

Morts pour la France

1914-1918

STIN Émile – 1922

RICHARD Paul – 1922

MOUCHET Léon – 1924

   Gauche :

MOUCHET Charles 1914

RICHARD Félix 1914

BECLIER Henri 1914

EVROT Louis 1915

   Plaque :

RICHARD Jean

Mort pour la France

juin 1940

   Dos :

POIRSON Henri 1914

MOUCHET Augustin 1915

THIEBAUT André 1916

GRANDMANGIN Émile 1917

   Plaque :

A mon époux

Adrien HATIER

   Droite :

GARILLON Abel 1915

HATIER Adrien 1915

MOUCHET Victor 1915

MAIRERICHARD Fernand 1915

              Poil et plume. “Le dix-septième jour, il se rend chez un coiffeur. Corto, se borne-t-il à demander. Pero non demasiado corto. Le coiffeur semble se contenter de ce peu. Il sourit. Ce n’est pas, au bout du compte, ce qu’il a voulu dire par corto mais il n’ose pas intervenir pendant la coupe.” (Christophe Fourvel, Le Mal que l’on se fait)
Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

22 octobre 2017 – 766

LUNDI.

           Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Javier Cercas, Soldados de Salamina, Debolsillo, 2016. 

           Lecture. La Madone des sleepings (Maurice Dekobra, Librairie Baudinière, 1925, rééd. Pocket n° 1255, 1997; 256 p., s.p.m.).
                         On s’attendait à devoir remuer la poussière en ouvrant ce classique de la littérature populaire, énorme succès des années 20, mais une agréable surprise est au rendez-vous. Le volet aventure, celui qui voit une riche héritière faire appel à son secrétaire, issu de l’aristocratie, pour éviter de voir disparaître sa fortune, est bien mené avec ce qu’il faut de péripéties et de rebondissements. Une partie du récit se déroule dans une U.R.S.S. naissante au sujet de laquelle Dekobra donne des pages pleines d’une lucidité qu’on chercherait en vain chez nombre de ses contemporains. Mais c’est par son écriture que l’auteur étonne le plus. Plutôt que d’éviter les clichés qui font l’ordinaire de ce genre de littérature, il les pousse au maximum, les gonfle à l’envi, les pervertit pour mieux les tourner en ridicule. Et c’est ainsi que l’héroïne offre “le stradivarius de [sa] sensibilité à l’archet de [ses] courtisans”, que le narrateur sourit machinalement “en calfatant de beurre les pores de [son] pain grillé” et y “cisèle des lunules” avant de passer à la salle de bains pour “badigeonner de mousse de savon l’hémisphère austral de [son] visage rugueux”. Ainsi, à tout moment, les épisodes dramatiques du récit se trouvent attaqués par des pointes d’humour bienvenu et l’heureux mélange qui en résulte explique aisément l’immense popularité de ce roman.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “18 octobre [1959]
Somptueux déjeuner chez Josette Day, avec les Chardonne, qui ne jurent plus que par elle. Salle à manger de château en plein Paris, maître d’hôtel aux cheveux de neige, plus digne qu’un ambassadeur, et des vins de toutes les couleurs, auxquels le maître résiste mal. En sortant de table, il me retient dans l’immense vestibule qui résonne comme une cathédrale, pour m’entretenir à haute voix des mérites de l’hôtesse. Cela tourne vite aux cocasses confidences sur “cette bergère épousée par un prince” – son mari, le richissime Solvay, que nous n’avons pas vu –, le tout hurlé devant elle, qui sourit.” (Mathieu Galey, Journal intégral 1953-1986)
JEUDI.
          Lecture. Snjór (Snjóblinda, Ragnar Jónasson, 2010 pour l’édition originale, La Martinière, 2016 pour la traduction française, rééd. Points Policiers P 4526, 2017, traduit de la version anglaise, d’après l’islandais, par Philippe Reilly; 360 p., 7,60 €).
                        Polar régionaliste islandais sans intérêt. On est loin d’Indridason.
VENDREDI.
                  Lecture. Du côté de chez Jacques-Émile Blanche (Collectif, Flammarion Skira, 2012; 146 p., 30 €).
                                Catalogue de l’exposition “Du côté de chez Jacques-Émile Blanche : Un salon à la Belle-Époque”, Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Paris (Seine), 11 octobre 2012 – 27 janvier 2013.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Faits divers, Le Journal de la Haute-Marne, documents transmis par J.-F. Fournié.
  
Date inconnue / 19 août 2016
SAMEDI.
              Films vus pendant la semaine.
                                                               Chromosome 3 (The Brood, David Cronenberg, Canada, 1979)
                                                               Comancheria (Hell or High Water, David Mackenzie, É.-U., 2016)
                                                               Le plus sauvage d’entre tous (Hud, Martin Ritt, É.-U., 1963)
                                                               Le Tout Nouveau Testament (Jaco Van Dormael, Belgique – France – Luxembourg, 2015)
                                                               Deux grandes filles dans un pyjama (Jean Girault, France, 1974)
                                                               Dans les forêts de Sibérie (Safy Nebbou, France, 2016)
                                                               Last Chance for Love (Last Chance Harvey, Joel Hopkins, É.-U., 2008).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
Leurre à Barcelone (Catalogne), photo de Marc-Gabriel Malfant, 7 janvier 2011
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 12 juillet 2015. 45 km. (29243 km).
766 (3)
43 habitants

   Pas de monument aux morts visible.

              Poil et pellicule.
Phantom of the Paradise (Brian De Palma, É.-U, 1974)
Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

15 octobre 2017 – 765

DIMANCHE.

Lecture. Autres histoires de Basil et Josephine (F. Scott Fitzgerald, in “Romans, nouvelles et récits” II, Gallimard, 2012, Bibliothèque de la Pléiade n° 582, traduit de l’américain par Christine Savinel; 1780 p., 70 €).
                                 Nouvelles non recueillies en volume.
MARDI.
Courriel. Une demande d’abonnement aux notules.
MERCREDI.
Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Terry Pratchett, Allez les mages !, Pocket, 2017.
                  Éphéméride. À Jules Duplan
“[Croisset,] samedi soir. [11 octobre 1856.]
[…] J’ai cet automne beaucoup travaillé à ma vieille toquade de Saint-Antoine; c’est récrit à neuf d’un bout à l’autre, considérablement diminué, refondu. J’en ai peut-être encore pour un mois de travail. Je n’aurai le coeur léger que lorsque je n’aurai plus sur les épaules cette satanée œuvre, qui pourrait bien me traîner en cour d’assises, et qui à coup sûr me fera passer pour fou. – N’importe ! une si légère considération ne m’arrêtera pas.
Je ne sais trop ce que j’écrirai cet hiver (le drame de Bouilhet va d’abord me prendre du temps). Je suis plein de projets, mais l’enfer et les mauvais livres sont pavés de belles intentions.
Adieu, mon cher vieux. J’arrive jeudi soir, et je compte sur vous dimanche.
En attendant je vous embrasse. (Gustave Flaubert, Correspondance)
                  Lecture. Histoires renversantes (Pocket n° 2360, 1985, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : Encore 109 histoires extraordinaires », Collectif, Presses de la Cité, 1994; 1230 p., 145 F).
                          Nouvelles.
La Corne de brume n° 9 (C.R.A.M., décembre 2012; 176 p., s.p.m.).
                                Revue du C.R.A.M.
                                Qu’est-ce que le C.R.A.M. ? Le Centre de Réflexion sur les Auteurs Méconnus. On dit bien “méconnus” et pas “oubliés” ou, pire, “inconnus”. Sage précaution qui permet d’éviter les querelles d’Allemand sur le mode “mais moi je me souviens très bien de Machin” ou “mais moi je connais parfaitement Bidule”. Considérons donc, même si cela doit défriser quelques connaisseurs, Marcel Arland, Jacques de Lacretelle, Jean-René Huguenin, Roger Peyrefitte, Pierre Benoit, Jean Raspail, Jacques Chardonne et certains autres comme des auteurs méconnus. Chacun a droit à une intervention, ce numéro réunissant les Actes d’un colloque organisé par le C.R.A.M. en 2011 à Paris, qui s’attache à réhabiliter tout ou partie de son œuvre. Une section est consacrée à Daniel-Rops. Attardons-nous donc sur le cas Daniel-Rops. Un jour lointain, à Jaligny-sur-Besbre (Allier), un jeune romancier avec qui je bavardais, apprenant d’où je venais, me glissa d’un air entendu : “Épinal… patrie de Daniel-Rops…” J’imitai son air entendu, histoire de ne pas avoir l’air cruche, n’osant avouer que, de Daniel-Rops, je ne connaissais que le nom (et encore, je devais le confondre avec Félicien Rops, l’illustrateur de Baudelaire) et que j’ignorais tout de ses écrits et de ses racines spinaliennes. J’avais des excuses : jamais celles-ci n’avaient été évoquées dans un discours d’édile ou dans un article de la presse locale. Inutile de chercher à Épinal une rue Daniel-Rops ou toute autre trace, il n’y en a pas. Né en 1901 à Épinal, comme tant d’autres, pour raisons militaires (père officier en garnison sur place), il n’y séjourna guère et abandonnant son véritable nom, Henry Petiot, pour celui de Daniel-Rops, partit construire son œuvre ailleurs. Une œuvre bien oubliée aujourd’hui et qui, pourtant, eut son heure de gloire, conduisant son auteur jusqu’aux fauteuils de l’Académie française. Une œuvre bien reçue dans les milieux catholiques, une œuvre populaire aussi, si l’on en croit sa présence dans le Livre de poche : pas un vide-greniers creusois (je ne les fréquente pas ailleurs) qui ne propose sa cargaison de Daniel-Rops. J’en ai acheté quelques-uns, reste à savoir si je les lirai un jour.
VENDREDI.
                  Lecture. Du côté de chez Jacques-Émile Blanche (Collectif, Flammarion Skira, 2012; 146 p., 30 €).
                                Catalogue de l’exposition “Du côté de chez Jacques-Émile Blanche : Un salon à la Belle-Époque”, Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Paris (Seine), 11 octobre 2012 – 27 janvier 2013.
                      Le cabinet de curiosités du notulographe. Ex-voto de circonstance.
765 (2)  765
Basilique Notre-Dame de Sion, Saxon-Sion (Meurthe-et-Moselle), 14 mars 2014 / Basilique Saint-Maurice, Épinal (Vosges), 21 novembre 2015, photos de l’auteur
SAMEDI.
              Films vus pendant la semaine. Voyage à travers le cinéma français (Bertrand Tavernier, France, 2016)
La Madone des sleepings (Henri Diamant-Berger, France, 1955)
Vendeur (Sylvain Desclous, France, 2016)
La Foule hurle (The Crowd Roars, Howard Hawks, É.-U., 1932)
                                                                Le Secret des banquises (Marie Madenier, France – Belgique, 2016)
                                                                L’Associé (René Gainville, France – Hongrie – R.F.A., 1979)
                                                                Le Poids de l’eau (The Weight of Water, Kathryn Bigelow, É.-U. – Canada – France, 2000).
              L’Invent’Hair perd ses poils. Hommage à Jean Rochefort.
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Rochefort (Charente-Maritime), photo de François Decq, 11 juin 2015 / Rochefort-sur-Nenon (Loir-et-Cher), photo de Jean-Damien Poncet, 4 novembre 2012
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 21 juin 2015. 86 km. (29198 km).
765 (7)
233 habitants

   La pierre du monument, adossé à l’église, est salie, noircie, effritée. Les marches qui le supportent sont couvertes de champignons, la Croix de Guerre qui la surmonte est attaquée par la mousse, les couleurs des drapeaux sont passées.

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   Face :

A nos morts pour la Patrie

1914

1918

La commune de Nonville

Reconnaissante

ARNOUX René

AUBERT Paul

FRANCAIS André

DAMIEN Émile

VAILLANT Émile

MORQUIN Eugène

VAILLANT Charles

GRANDCLAIR Louis

DODIN Charles

GALAND Émile

LARCHER Albert

JUSSOT Paul

MORUQIN Auguste

MORQUIN Aimé

  Gauche :

Morts pour la France

FEVRE Maurice

ANTOINE Paul

THOUVENIN Pierre

FRANCAIS Pierre

   Non loin de là, le curé J. Michel, mort en 1884, a droit lui aussi à un petit monument.

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              Poil et plume. “Les tout premiers jours après notre arrivée à Tilliers, on ne la voyait pas : j’avais les cheveux un peu longs et pas très bien coiffés. Et puis, un samedi après-midi, mon père et moi nous sommes allés chez Tif et Tondu, les coiffeurs de la place du Marché. (Ils ne s’appelaient pas comme ça bien sûr, mais l’un était chauve et l’autre barbu et j’étais incapable de me rappeler leur nom alors pour moi c’était plus simple).” (Martin Winckler, Abraham et fils).
Bon dimanche,

Philippe DIDION

8 octobre 2017 – 764

   LUNDI.

           Obituaire. Caroline, qui a de bonnes relations sur Facebook, m’apprend la mort de Philippe Rahmy, écrivain et notulien discret. Toutes nos pensées vers sa famille et ses amis.
           Lecture. Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier n° 132 (Association des Amis de Jacques Rivière et l’Alain-Fournier, 1er semestre 2014, 120 p., 19 €).
                         Le centenaire du Grand Meaulnes.
                         Le bulletin rend compte des manifestations et éditions qui se sont multipliées en 2013 pour célébrer Le Grand Meaulnes, paru en 1913. On devine que le champ est vaste et il est méticuleusement arpenté par divers contributeurs, les articles parus dans Histoires littéraires ne sont pas oubliés. Mais le gros morceau, c’est un long texte d’Agathe Rivière Corre, qui doit être à la tête de l’Association, faisant le point sur les circonstances de la mort d’Alain-Fournier. La descendante de Jacques Rivière, beau-frère d’Alain-Fournier, a été surprise et apparemment blessée par la thèse d’un certain Michel Algrain selon laquelle l’écrivain aurait été fusillé, avec plusieurs de ses camarades, par des Allemands parce que “son unité avait attaqué un convoi sanitaire.” Bien aidée par la découverte, en 1991, de la fosse dans laquelle Alain-Fournier avait été enterré et par l’étude des ossements par un archéologue-anthropologue, elle démonte patiemment la construction d’Algrain en confrontant les archives, familiales et militaires, aussi bien françaises qu’allemandes. Son exposé ne laisse pas de place au doute, tout atteste que le capitaine Henri Fournier est bien mort au combat, et peut reposer en paix dans le cimetière de Saint-Remy-la Calonne (Meuse).
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Samedi 4 [octobre 1947]
[…] Donc comme convenu je passe au club du Faubourg. Une bonne femme m’accueille et me dit, comme ça, samedi prochain nous vous avons inscrit pour parler de la jeunesse. Ah ! non, il suffit d’une fois. On me dit d’aller dans la salle attendre la mère Poldès. Je m’emmerde cinq minutes à écouter des conneries anticommunistes et sors sur la pointe des pieds et m’éclipse à l’air libre. Merde, s’il faut avoir affaire aux cons pour partir, ce sera un méchant boulot. Je vais écrire à Hoppenop, l’ambassadeur de France à Berne, comme m’avait dit Blaise.” (René Fallet, Carnets de jeunesse 2, 9 août 1947 – 2 août 1948)
                  Lecture. L’Homme posthume (The Posthumous Man, Jake Hinkson, 2012 pour l’édition originale, Gallmeister, coll. néo noir, 2016 pour la traduction française, traduit de l’américain par Sophie Aslanides; 172 p., 15,50 €).
                                Citation : “Il cala le fusil contre le bras du fauteuil. Puis il sortit le repose-pieds, croisa les mains sur sa bedaine comme un ivrogne accoudé sur un bar et regarda fixement la télévision.”
                                Ce qui demande une certaine souplesse.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Enseignes familiales.                                                                                                                                                                                 
                                                                                                                                                                                                                             
Paris (Seine), rue Bonaparte, 20 août 2015 / Plombières-les-Bains (Vosges), 5 mai 2016, photos de l’auteur
SAMEDI.
              Films vus pendant la semaine. Ma révolution (Ramzi Ben Slimane, France, 2016)
                                                                Les Chansons d’amour (Christophe Honoré, France, 2007)
                                                                Hibou (Ramzy Bedia, France – Canada, 2016)
                                                                Sortilèges (Christian-Jaque, France, 1945)
                                                                L’Aigle et l’Enfant (Brothers in the Wind, Gerardo Olivares & Otmar Penker, Autriche, 2015)
                                                                Les Deux Fragonard (Philippe Le Guay, France, 1989).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
       
Barcelone (Catalogne), photo de Marc-Gabriel Malfant, 4 janvier 2011 / Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), photo de l’auteur, 4 novembre 2012
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 14 juin 2015. 93 km. (29112 km).
569 habitants

Pas de monument aux morts visible. Ce qui s’en approche le plus est une stèle dressée en bord de route, à l’aplomb du cimetière et qui porte l’inscription suivante :

En ce lieu, de 1929 à 1925,

reposent sur 41 ares,

en deux cimetières distincts,

les corps de 297 soldats Français

et de 656 soldats Allemands

Souvenons nous !

              Poil et plume. Chauves, lisez Choléra*, vos cheveux repousseront.” (Pierre Drieu La Rochelle, Nouvelle Revue française)

                                      * de Joseph Delteil

Bon dimanche,

Philippe DIDION

1er octobre 2017 – 763

LUNDI.

            Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Victoria Hislop, Une dernière danse, Le Livre de poche, 2015.
MARDI.
            Lecture. Quand sonne la diane (Taps at Reveille, F. Scott Fitzgerald, Charles Scribner’s Sons, New York, 1935 pour l’édition originale, in “Romans, nouvelles et récits” II, Gallimard, 2012, Bibliothèque de la Pléiade n° 582, traduit de l’américain par Christine Savinel; 1780 p., 70 €).
                          C’est le dernier recueil de nouvelles publié par Fitzgerald de son vivant, immédiatement après Tendre est la nuit. Son relatif échec poussera l’auteur à se diriger vers Hollywood pour y trouver de quoi subsister pendant les six années qui lui restent à vivre. On y trouve d’abord deux séries d’histoires construites autour de deux jeunes gens, Basil et Josephine, et de leurs démêlés sentimentaux. C’est un ensemble léger, drôle, plein de flirts, de bals, de promenades au clair de lune, dans lequel l’enchaînement des liaisons, fiançailles et mariages n’est pas loin de ressembler aux romans de P.G. Wodehouse. Les nouvelles qui suivent ces deux volets sont beaucoup plus sombres et rappellent le Fitzgerald crépusculaire des romans. L’implication autobiographique se fait plus actuelle, plus prégnante et les ombres de Zelda et Scottie assombrissent des pages d’une beauté désespérée, jusqu’au point d’orgue que constitue “Retour à Babylone” qui est à la fois le point final du recueil et son sommet.
                          Schnock n° 17 (La Tengo, décembre 2015; 176 p., 14,50 €).
                          Choron et Cavanna.
JEUDI.
          Lecture. Les Clients du Père Conscrit (Pierre Véry, éditions Colbert, 1946; rééd. in « Les Intégrales du Masque », tome 1, Librairie des Champs-Élysées, 1992; 1024 p., s.p.m.).
                        Cette nouvelle est dédiée “à la mémoire de Maurice Leblanc pieusement” et offre effectivement une histoire à la Lupin, pleine de déguisements, de pseudonymes, de souterrains cachés et autres ingrédients, menée à un rythme élevé.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Multilinguisme éthylique à Arcachon (Gironde), La Vanguardia, 1er septembre 2015, document transmis par Marc-Gabriel Malfant.
763
SAMEDI.
              Football. SA Spinalien – Lyon B 3 – 2.
              Films vus pendant la semaine. West Coast (Benjamin Weill, France, 2016)
                                                                Possession (Andrzej Zulawski, France – R.F.A., 1981)
                                                                Un petit boulot (Pascal Chaumeil, France – Belgique, 2016)
                                                                Knock (Guy Lefranc, France, 1951)
                                                                La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne, Belgique – France, 2016)
                                                                Un beau soleil intérieur (Claire Denis, France, 2017)
                                                                Un beau jour (One Fine Day, Michael Hoffman, É.-U., 1996).
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              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier), photo de Philippe de Jonckheere, 9 janvier 2011 / Fontevraud-l’Abbaye (Maine-et-Loire), photo de Pierre Cohen-Hadria, 8 juillet 2012
              Poil et plume. Or je n’aurois jamais faict si je voulois nombrer tous les maistres de camp de la religion, comm’ont esté les sieurs de Mouy, très-vaillant et honneste gentilhomme; de Bourry qui, depuis, quictant l’espée a pris la robe longue, contre le naturel de tous quasi ordinairement; d’Aubigny, qui est bon celuy-là pour la plume et pour le poil, car il est bon capitaine et soldat, très-sçavant, et très-éloquent et bien disant, s’il en fut onc.” (Brantôme, Discours sur les couronnels de l’infanterie de France)
Bon dimanche,
Philippe DIDION