DIMANCHE.
Lecture. La Folie de Banvard (Banvard’s Folly, Paul Collins, 2001 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Le Promeneur, 2008 pour la traduction française, traduit de l’américain par Lionel Leforestier; 344 p., 28,50 €).
Paul Collins est allé fouiller dans les archives oubliées du XIXe siècle et en a retiré une douzaine d’excentriques et monomaniaques versés dans diverses disciplines : astronomie, poésie, photographie, médecine, mécanique… Tous ont en commun d’avoir connu la gloire avant de sombrer dans l’oubli, comme le Banvard du titre qui amassa une fortune avec ses peintures panoramiques avant d’être ruiné par l’irruption du cinématographe. De ce côté-ci de l’Atlantique, Bruno Fuligni sort des livres à la chaîne sur le même modèle, consacrés à des inventeurs ou explorateurs oubliés. Paul Collins ne déploie peut-être pas l’éventail historique de Fuligni, il n’offre pas les mêmes richesses bibliographiques qu’André Blavier (car plusieurs de ses personnages apparaissent dans Les Fous littéraires, comme ce René Blondlot, inventeur des rayons N, N comme Nancy où il dirigeait la faculté de physique), mais il sait raconter des histoires et rendre attachantes des figures qui, dans la réalité, étaient sans doute parfaitement imbuvables.
LUNDI.
Lecture. L’Orangeraie (Larry Tremblay, Éditions Alto, Québec, 2013, La Table Ronde, 2015, rééd. Gallimard, coll. Folio n° 6139, 2017; 160 p., 6 €).
MARDI.
Lecture. Les Heures noires (The Deadly Climate, Ursula Curtiss, 1954 pour l’édition originale, Presses de la Cité, coll. Un Mystère n° 209, 1954 pour la traduction française, traduit de l’américain par Maurice-Bernard Endrèbe, rééd. in « Polars années 50 », vol. 2, Omnibus, 1996; 1078 p., 145 F).
Une jeune femme qui vient d’assister à un meurtre se réfugie dans une maison inconnue. L’assassin rôde aux alentours, désireux de supprimer un témoin gênant. Ce thème de la femme traquée est, d’après Claude Mesplède (Dictionnaire des littératures policières), une constante de l’œuvre d’Ursula Curtiss. Elle a dû faire mieux dans le genre pour accéder à la notoriété car avec ses effets appuyés et ses rebondissements peu vraisemblables, cette histoire ne présente pas un grand intérêt.
MERCREDI.
Vie professionnelle. J’inaugure aujourd’hui une pratique qui sévit déjà depuis un moment, et pas seulement dans ma profession, la formation à distance. Il est fini le temps où l’on partait en stage à droite ou à gauche, heureux à l’idée de découvrir de nouveaux horizons et de retrouver des figures perdues de vue. Une lointaine notule (n° 38, 9 décembre 2001) évoquait ces pratiques révolues :
En général, on était convoqués à 9 heures, à 9 heures 45 tous les stagiaires étaient là, la formatrice arrivait parfois avant 10 heures, un tour de table pour se présenter, arrivée de la gestionnaire pour savoir qui mange à la cantine à midi, bon, on fait une pause pour boire un café, bon, déjà 11 heures 30, on va constituer les groupes pour cet après-midi, allez, on se retrouve à 13 heures 30 pour finir à 16 heures 30 plutôt qu’à 17 heures, hein, il y en a qui on des enfants, on sait ce que c’est, à 14 heures 15 on reprenait, bataillait une demi-heure pour trouver un couillon qui accepte d’être le rapporteur du groupe, à 15 heures 30 on commençait à entendre des raclements de chaises et des claquements de cartables, vous comprenez, mes enfants à l’école, j’habite loin, j’ai un conseil de classe, allez, à demain, c’était très enrichissant. Moi, je m’en fichais, je m’inscrivais à tous les stages qui se déroulaient à Nancy pour pouvoir aller coucher à Liverdun chez Y. et J., les enfants étaient contents de me voir et de me céder une chambre, on faisait de la musique, on se couchait tard et ça me changeait de ma solitude.
Après ont débarqué les Castafiore du Powerpoint qui lisaient fidèlement ce qui était inscrit sur leurs diapositives, on roupillait paisiblement après une croûte trop copieuse, quel beau métier. Il était temps de mettre le holà, de couper court à ces pratiques du monde d’hier. Aujourd’hui, je reste donc at home. J’ai réussi, en recopiant des liens interminables et en repêchant des identifiants oubliés depuis lurette, à me connecter sans trop de difficultés. Je me méfie du micro et de la caméra intégrées à l’ordinateur : et si l’on pouvait me voir ou m’entendre ? Donc je reste coi, j’ai mis une chemise propre, mais j’ai gardé mes chaussons, hors champ. Je constate avec soulagement qu’une chose reste immuable : les premiers mots de l’inspectrice en chef sont pour dire que le bazar, censé débuter à 9 heures, commencera à 9 heures 30. En attendant, on peut lire les messages des stagiaires qui disent poliment bonjour au fur et à mesure de leur arrivée sur le site. Une dame : “Bonjour, je suis conectée”. On est bien heureux de l’apprendre et de savoir à qui l’on confie nos enfants. D’après l’intitulé du bazar, il s’agit d’“Accompagner la mise en œuvre des ajustements des programmes de français collège”. Des programmes qui datent d’un an et qui sont déjà modifiés, j’ai bien fait de ne pas les étudier en profondeur. J’écoute religieusement l’inspectrice en chef dérouler son laïus, admirant son implication et sa conscience à l’heure où son esprit doit être occupé pas le sort qui sera le sien quand le nouveau découpage des rectorats suivra celui des régions et qu’elle recevra ses ordres de Strasbourg. C’est vite ennuyeux (je m’occupe, je classe des photos, je notule) mais parfois drôle : quand le son est coupé, trente personnes envoient un message (il y a un cadre “chat”) pour dire que le son est coupé. Quand il revient au bout de vingt secondes, ils sont cinquante à dire que le son est rétabli. Fin des hostilités à midi, j’ai appris des choses, j’en ai noté, sans pouvoir m’empêcher d’être déprimé par le fossé qui existe entre ces belles paroles prononcées depuis la forteresse rectorale et la réalité que je vis. Les hyperactifs interactifs disent merci, le flagorneur de service, qui vient de franchir dans le bon sens le seuil de pauvreté, ajoute même “c’était très enrichissant”. La “classe virtuelle”, c’était le nom du bazar, est enregistrée et peut être rediffusée. Ça peut aider ceux qui ont du mal à trouver le sommeil. En attendant, j’éteins l’ordinateur, retourne à l’époque où je vis et allume le transistor pour écouter Le Jeu des mille francs.
Éphéméride. “Dimanche 10 octobre [1943]
Visite de Gautheron. Avec lui, visite aux 4 Sergents et chez les Champonnet. Déjeuné chez moi. Allé avec Arlette à Versailles : train de Montparnasse à 3h 50. Très bonne après-midi. Brouillard. Beaucoup de cons. Trianon. Retour à 6h 1/2. Allés à la Porte Saint-Martin voir Les surprises du divorce. Souper chez Arlette. Couché. Baisé.” (Jacques Lemarchand, Journal 1942-1944)
Lecture. La Femelle du Requin n° 48 (automne/hiver 2017; 94 p., 10 €).
Marie-Hélène Lafon – Marc Graciano.
VENDREDI.
Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Amos Oz, Judas, Folio, 2018.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Place des grands hommes.


Paris (Seine), rue des Petites-Écuries, photo d’Hervé Lechat, 16 janvier 2018 / Le Journal de la Haute-Marne, 19 juin 2018, transmis par Jean-François Fournié
SAMEDI.
Films vus. Petit paysan (Hubert Charuel, France, 2017)
La Villa (Robert Guédiguian, France, 2017)
Shoah (Claude Lanzmann, France – R.-U., 1985)
Seven Sisters (What Happened to Monday, Tommy Wirkola, R.-U. – France – Belgique, 2017).
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 4200 salons, atteint le 28 avril 2018.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
- France : 3506 (+ 85)
- Espagne : 169 (+ 1)
- Royaume-Uni : 81 (+ 5)
- Belgique : 59 (+ 2)
- Italie : 51 (=)
- États-Unis : 45 (=)
- Danemark : 34 (=)
- Suisse : 26 (+ 1)
- Portugal : 25 (+ 5)
- Allemagne : 23 (=)
Le Portugal dépasse l’Allemagne.
Classement général par régions (France).
1. Rhône-Alpes : 643 (+ 2)
2. Île-de-France : 554 (+ 17)
3. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 281 (+ 18)
4. Languedoc-Roussillon : 279 (+ 4)
5. Lorraine : 267 (+ 8)
6. Midi-Pyrénées : 220 (+ 20)
7. Pays de la Loire : 141 (+ 1)
“. Bretagne : 141 (+ 1)
9. Bourgogne : 134 (=)
10. Centre : 123 (+ 1)
16 régions sur 27 progressent. PACA prend place sur le podium en dépassant le Languedoc-Roussillon. Les Pays de la Loire et la Bretagne ne se quittent pas d’un pouce.
Classement général par départements (France).
1. Seine (Paris) : 445 (+ 13)
2. Rhône : 324 (+ 2)
3. Vosges : 150 (+ 3)
4. Loire-Atlantique : 111 (+ 1)
5. Pyrénées-Orientales : 92 (=)
6. Loire : 91 (=)
7. Meurthe-et-Moselle : 83 (=)
8. Alpes-Maritimes : 76 (=)
9. Bouches-du-Rhône : 72 (+ 17)
“. Saône-et-Loire : 72 (=)
Bond en avant des Bouches-du-Rhône qui gagnent 3 places et chassent l’Hérault du top 10.
Classement général par communes.
1. Paris : 445 (+ 13)
2. Lyon : 149 (+ 2)
3. Nantes : 57 (=)
4. Barcelone : 55 (=)
5. Nancy : 47 : (=)
6. Épinal : 40 (+ 2)
7. Nice : 36 (=)
8. Marseille : 29 (+ 3)
9. Copenhague : 24 (=)
“. Villeurbanne : 24 (=)
La 11e place est occupée par Toulouse, précédemment 28e, qui compte 21 salons (+ 10).
Bilan humain.
Délaissons un peu les têtes d’affiche, qui changent peu, pour regarder le classement au-delà de la 10e place.
11. Christophe Hubert : 62 (=)
12. Jean-François Fournié : 59 (+ 3)
13. Francis Henné : 53 (=)
14. Philippe de Jonckheere : 43 (=)
“. Bernard Gautheron : 43 (=)
16. Bernard Bretonnière : 41 (=)
17. Bernard Visse : 40 (=)
18. Yannick Séité : 31 (=)
19. Francis Pierre : 30 (+ 1)
20. Antoine Fetet : 20 (=)
Étude de cas. Ces chers disparus.

Brive-la-Gaillarde (Corrèze), photo de Marc-Gabriel Malfant, 28 mars 2013 / Tournus (Saône-et-Loire), photo du même, 5 octobre 2018

Châtenois (Vosges), photo de l’auteur, 6 octobre 2013 / Pont-Saint-Vincent (Meurthe-et-Moselle), photo de Denis Garcia, 13 juillet 2013
IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 12 mars 2017. 115 km. (32340 km).

287 habitants
Le monument de pierre blonde se trouve adossé à une haie de thuyas au bout d’une courte allée dallée. Un bas-relief, deux branches autour d’une torche, figure sur deux faces de la colonne, à l’avant et à l’arrière.

À ses enfants
Morts pour la France
La Commune de Rainville
reconnaissante
1914-1918
Droite :
1914
DUVAL Louis
THIÉRY Marcel
BILLET Maurice
CHAUMONT Paul
ROLIN Abel
GALAND Fernand
1915
BASTIEN Alfred
1916
DEVAUX Émile
BASTIEN Marcel
1917
GRANDIDIER Maurice
FLORENTIN Paul
DEVILLE Joseph
Dos :
Ceux qui sont morts
Pour la Patrie
Ont droit qu’a leur tombe
La foule vienne et prie
Paul Chaumont a droit à une plaque individuelle.

Poil et dessin.

Chaval, L’Homme-page
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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