24 novembre 2019 – 857

LUNDI.

Obituaire. “Je me souviens que c’est grâce à Édith Piaf que les Compagnons de la Chanson, Eddie Constantine et Yves Montand débutèrent.” (Georges Perec, Je me souviens). Fred Mella, le soliste des Compagnons, est mort samedi. Je l’avais couché sur ma liste du Couic Parade en janvier dernier et il m’apporte, après Zappy Max, mon deuxième point dans ce concours des morts illustres de l’année.

MERCREDI.

Éphéméride. “Samedi 20 Novembre 1920

Je travaille avec les décorateurs à l’achèvement de mon décor. Monté sur une échelle depuis le matin, je suis exténué le soir.

Le Chanoine de Villeneuve vient déjeuner. Familier de la Cour de Monaco depuis de longues années et aumônier-archéologue attaché à la personne du Prince, il me raconte le départ de la ci-devant Princesse Alice de Monaco née Heine, veuve du Duc de Richelieu, dont le frère s’est tué au château, en se jetant par une fenêtre dans la cour.” (Ferdinand Bac, Livre journal 1920)

Lecture. Les Archives de Sherlock Holmes (The Case-book of Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, éditions John Murray, 1927 pour l’édition originale, in Les Aventures de Sherlock Holmes” vol. 3, nouvelle traduction d’Éric Wittersheim, édition bilingue, Omnibus 2007; 1084 p., 23,50 €).

On le sait, Sherlock Holmes n’a jamais prononcé la fameuse phrase “Élémentaire, mon cher Watson”. Il faut attendre quasiment la dernière page du dernier recueil de ses aventures pour trouver celle qui, sans doute, s’en approche le plus : dans l’ultime nouvelle intitulée “Le Marchand de couleurs retraité”, Holmes dit en effet à son compagnon : “Quite simple, my dear Watson”. C’est peut-être cette sentence, qui, légèrement remaniée, est passée à la postérité.

JEUDI.

  Brèves de trottoir.

857-min* 857 (2)-min

* Raymond Roussel

Lecture. Rue du Havre (Paul Guimard, Denoël, 1957, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche, 1967; 160 p., s.p.m.).

Les femmes dans les grands magasins vues par Paul Guimard (p.72) : “Voilà donc à qui nous cédons notre place dans les autobus ! Retranchées dans leurs boxes, comme les canonniers de Koutouzoff dans la redoute de Borodino, des vendeuses hagardes subissent les assauts toujours renouvelés d’une horde de tricoteuses. Ces femmes qu’on dirait possédées du haut mal s’arrachent mutuellement les marchandises qu’elles convoitent, déchirent les coupons fragiles, abattent leurs mains de fer sur les gants de velours, flétrissent les lingeries pour en éprouver la souplesse. Des milliers de doigts crochus se tendent et se crispent. […] Dans ménagère, il y a mégère.” En 1957, Paul Guimard était déjà marié à Benoîte Groult. Je ne sais si celle-ci avait déjà rejoint la cause féministe. Si c’est le cas, on peut être sûr que le Paulo ne lui montrait pas ses brouillons.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Notes remarquables, achats de l’auteur.

857 (3)-min 857 (4)-min

note bègue, 22 juillet 2016 / note palindrome, 25 mars 2019

SAMEDI.

Vie interrompue. Georges Brassens aimait à raconter qu’un jour, voulant se rendre aux obsèques de René-Louis Lafforgue, il s’était trompé de corbillard et avait suivi le cortège funèbre d’un inconnu. Ce mercredi, je ne me suis pas trompé de sapin, mais de funérarium, et je n’ai jamais trouvé celui où le corps d’OJ a été réduit en cendres. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous pouvons lui dire adieu en prenant part au cortège qui l’accompagne de sa maison natale au cimetière d’Archettes (Vosges), trois cents mètres pour résumer 59 années de vie. Dans le groupe au sein duquel je poussais la romance autour des années 90, OJ s’occupait de la sono. Les prises, les câbles, les réglages, les branchements. OJ s’est branché d’une manière différente et définitive le 12 novembre dernier. Ce matin, dans le brouillard et le froid de novembre, la dernière chanson est bien triste et il n’y aura pas de rappel.

Films vus. Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (National Treasure, Jon Turteltaub, É.-U., 2004)

Amoureuse (Jacques Doillon, France, 1992)

La Belle Époque (Nicolas Bedos, France, 2019)

Renoir (Gilles Bourdos, France, 2012)

L’Empereur de Paris (Jean-François Richet, France, 2018)

Les Chinois à Paris (Jean Yanne, France – Italie, 1974)

L’Ange (El Ángel, Luis Ortega, Argentine – Espagne, 2018)

   L’Invent’Hair perd ses poils.

857 (1)-min 857 (2v)-min

Dieulefit (Drôme), photo d’Olivier Cuenin, 3 juin 2011 / Paris (Seine), rue Lamarck, photo de l’auteur, 29 juillet 2012

Poil et pellicule.

857 (5)-min

Broadway Danny Rose (Woody Allen, É.-U., 1984)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

17 novembre 2019 – 856

DIMANCHE.

Lecture. Un écrivain bâillonné (Jack Thieuloy, Séguier, coll. L’Indéfinie, 2019; 248 p., 20 €).

On trouve encore, çà et là, le nom de Jack Thieuloy, dans la biographie de Jean-Edern Hallier par exemple, ou dans le Journal de Mathieu Galey. Il fut un temps, celui des années 1970, où personne ne l’ignorait : Jack Thieuloy fut un activiste des lettres rendu célèbre, entre autres, par son attentat au ketchup contre Michel Tournier et par celui, au cocktail Molotov, qui endommagea l’appartement de Françoise Mallet-Joris. Thieuloy ne s’était jamais remis d’avoir été évincé des éditions Gallimard, puis Grasset, après y avoir publié ses deux premiers livres qui rencontrèrent un succès d’estime. Obligé de publier ensuite dans des maisons qu’il considérait comme indignes de sa valeur, il sombra peu à peu dans l’oubli, ne se faisant remarquer que par les actions d’éclat précitées et sa volonté de révolutionner un milieu littéraire qui refusait de l’accueillir. Les archives de Thieuloy ont été déposées à la Société des gens de lettres où Olivier Bessard-Banquy a retrouvé le tapuscrit d’Un écrivain bâillonné pour l’éditer, le présenter et l’annoter. L’auteur maudit y fait le récit de son parcours, de ses combats, la liste de ses haines multiples au premier rang desquelles figure celle de Jean-Edern Hallier qui sut bien utiliser Thieuloy, écrivain plus couillonné que bâillonné en la circonstance, pour servir la seule cause valable à ses yeux, la sienne. Il y a du Gengenbach dans ce texte : la posture de l’incompris, la réécriture d’une vie peu transparente, l’auto-justification permanente, la plainte continuelle, l’indulgence face à soi-même sont des choses que l’on connaît bien si l’on a fréquenté le défroqué des Vosges. La présentation et les notes, sans concession celles-ci, de Bessard-Banquy, remettent les choses à leur place. Thieuloy milite pour une juste reconnaissance de l’écrivain par les éditeurs. Ceux-ci devraient, à ses yeux, indexer les droits d’auteur non pas sur les ventes mais sur le talent, un talent qui, pour son propre cas, équivaut au génie. Incapable de se faire reconnaître par ses œuvres, Thieuloy choisira d’autres méthodes plus brutales : “… le choix de la deuxième alternative (L’encre, le cri) sur la première (le feu, le plomb), est longtemps resté pour moi loin d’être évident.” Ce qui lui vaudra la prison et une position de pestiféré qu’il cultivera jusqu’à la fin de ses jours.

Lino Ventura et l’œil de verre (Arnaud Le Gouëfflec & Stéphane Oiry, Glénat, coll. 91/2, 2019; 146 p., 22,50 €).

MARDI.

Lecture. L’Horoscope du mort (Yves Dartois, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque n° 232, 1937; 192 p., s.p.m.).

L’Horoscope du mort compte parmi les bons romans policiers des années 30”, affirme le Mesplède. On manque de points de comparaison mais le fait est qu’il s’agit d’un livre agréable à lire, écrit dans un style un peu suranné mais élégant. L’intrigue se déroule à Montreuil-sur-Mer dans une ambiance presque surnaturelle qui évoque l’univers de Pierre Véry. Le personnage principal est accusé d’un meurtre, les indices et témoignages concordent à un point tel qu’il finit par se persuader de l’avoir commis… jusqu’à la révélation finale.

MERCREDI.

Éphéméride. “Comme je lui parlais de cette gare Montparnasse, où les trains ont coutume de se jeter sur les butoirs et de défoncer les murs, le vieil aiguilleur me dit : “Il faut s’attendre à cela; ils augmentent toujours le poids des machines et des wagons, en même temps que la vitesse, mais les freins sont toujours les mêmes : ils ne peuvent que caler les roues. Vous me direz que si les trains sont plus lourds, les roues frottent alors plus énergiquement; oui, mais la force acquise par les gros poids en mouvement augmente avec le poids bien plus vite que n’augmente le frottement; et les ingénieurs le savent pourtant mieux que moi; voilà pourquoi, avec ces monstres de machines qu’on emploie maintenant, et ces gros wagons en fer de trente-cinq tonnes, vous avez beau serrer les freins, vous arrivez en traîneau sur l’obstacle, et cela ne finit pas toujours par du matériel brisé : on l’a bien vu à Épernon.” (Alain, Propos d’un Normand, 13 novembre 1907)

JEUDI.

Brèves de trottoir.

856 (5)-min* 856 (6)-min

* Jean Dayros

Obituaire. Poulidor sur un vélo, je ne me rappelle pas l’avoir vu. Je l’ai certainement vu passer dans le peloton à plusieurs reprises quand je fréquentais les bords des routes du Tour de France, mais sans le reconnaître. Plus tard, en revanche, quand il a intégré la caravane publicitaire, je l’ai vu plusieurs fois distribuer des échantillons, pour la Maison du café je crois. Mais c’est comme écrivain que je connais le mieux Raymond Poulidor. Auteur d’un livre de souvenirs – j’ai oublié le titre mais pas l’éditeur, c’était chez Jacob-Duvernet – il n’hésitait pas à fréquenter les manifestations littéraires de sa région d’origine pour des séances de signature où il était pris d’assaut et où je n’ai jamais osé l’aborder. La dernière fois, c’était en 2013, aux Journées littéraires à Jaligny-sur-Besbre (Allier).

856-min

Felletin (Creuse), photo de l’auteur, 13 août 2010

VENDREDI.

Lecture. Les Conquérants du feu (J.-H. Rosny aîné, Éditions des Portiques, 1929, rééd. in “La Légendes des millénaires : Les Conquérants du feu et autres récits primitifs, I Origines”, Les Moutons électriques, coll. Le Rayon vert, 2014; 352 p., 24 €).

Le cabinet de curiosités du notulographe. Servez-vous.

856 (7)-min 856 (8)-min

Châteauvillain (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 4 juin 2017 / Clugnat (Creuse), photo de l’auteur, 25 juillet 2018

SAMEDI.

Films vus. Mon chien Stupide (Yvan Attal, France – Belgique, 2019)

Mademoiselle de Joncquières (Emmanuel Mouret, France, 2018)

La Momie (The Mummy, Karl Freund, É.-U., 1932)

L’Espion qui m’a larguée (The Spy Who Dumped Me, Susanna Fogel, Canada – É.-U., 2018)

Jeune et innocent (Young and Innocent, Alfred Hitchcock, R.-U., 1937)

Johnny English, le retour (Johnny English Reborn, Oliver Parker, É.-U. – France – R.-U., 2011)

L’Art d’aimer (Emmanuel Mouret, France, 2011)

Comme des garçons (Julien Hallard, France, 2018).

Football. SA Épinal – Sochaux 2 – 0.

              Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 4 700 salons, atteint le 15 mars 2019.

Bilan géographique.      

Classement général par pays.

1. France : 3 910 (+ 84)
2. Espagne : 177 (+ 5)
3. Royaume-Uni : 90 (+ 3)
4. Belgique : 69 (=)
5. Italie : 54 (=)
6. États-Unis : 45 (=)
7. Portugal : 37 (=)
8. Danemark : 34 (=)
“. Suisse : 34 (+ 3)
10. Allemagne : 30 (=)

La Suisse rejoint le Danemark, seul mouvement sensible dans le haut du classement.

Classement général par régions (France).

1. Rhône-Alpes : 700 (+ 4)
2. Île-de-France : 617 (+ 20)
3. Languedoc-Roussillon : 311 (+ 5)
4. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 307 (+ 14)
5. Lorraine : 286 (+ 6)
6. Midi-Pyrénées : 224 (+ 1)
7. Bretagne 170 : (+ 1)
8. Pays de la Loire : 154 (+ 1)
9. Bourgogne : 145 (+ 4)
10. Centre : 139 (+ 4)

17 régions sur 27 progressent. À petits pas pour la plupart, ce qui explique le statu quo qui règne dans le top 10, même s’il faut signaler que PACA menace désormais le Languedoc-Roussillon pour une place sur le podium.

Classement général par départements (France).

1. Seine (Paris) : 498 (+ 18)
2. Rhône : 336 (+ 2)
3. Vosges : 160 (+ 2)
4. Loire-Atlantique : 117 (+ 1)
5. Pyrénées-Orientales : 94 (+ 2)
6. Loire : 92 (=)
7. Meurthe-et-Moselle : 89 (+ 3)
8. Bouches-du-Rhône : 87 (+ 5)
9. Hérault : 81 (+ 3)
10. Alpes-Maritimes : 79 (+ 3)

Tous les départements de tête progressent, sauf la Loire, qui perd ainsi sa 5e place.

Classement général par communes.

1. Paris : 498 (+ 18)
2. Lyon : 158 (+ 1)
3. Nantes : 60 (+ 1)
4. Barcelone : 57 (+ 2)
5. Nancy : 51 (+ 2)
6. Épinal : 45 (+ 2)
7. Nice : 37 (+ 1)
8. Marseille : 31 (=)
9. Strasbourg 24 (=)
“. Copenhague : 24 (=)
“. Villeurbanne : 24 (=)

Les positions restent les mêmes en tête. Compiègne s’en approche avec un seul salon ajouté dans cette centaine mais un total de 22. Notons les entrées de Beauvais, Toulon et Zurich dans le classement.

Bilan humain.

Nous nous étions arrêtés à la 67e place. Poursuivons notre exploration des étages inférieurs.

68. Alain Nowak : 3 (+ 1)
“. Olivier Bertin : 3 (=)
“. Sophie Bertin : 3 (=)
“. Marie-Rose Blomgren : 3 (=)
“. Jean-Claude Bourdais : 3 (=)
“. Carole & Chris X : 3 (=)
“. Alice Cohen-Hadria : 3 (=)
“. Olivier Cuenin : 3 (=)
“. Paul Edmond : 3 (=)
“. Laurent Fetet : 3 (=)
“. Philippe Guerry : 3 (=)
“. Annie-France Mistral : 3 (=)
“. Élisabeth Nicole : 3 (=)
“. Chantal Potart : 3 (=)
“. Christian Ramette : 3 (=)
“. Danielle Renault : 3 (=)
“. Bernard Rohmer : 3 (=)
“. Emmanuel Roy : 3 (=)
“. Rémi Schulz : 3 (=)
“. Joachim Séné : 3 (=)
“. Nathalie Valdevit : 3 (=)
“. Xavier X : 3 (=)

Étude de cas. Latinisme.

856 (1)-min 856 (2)-min

Caen (Calvados), photo de Pierre Cohen-Hadria, 14 août 2014 / Valence (Drôme), photo de François Golfier, 15 octobre 2015

856 (4)-min 856 (3)-min

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de Sylvie Mura, 13 octobre 2017 / Bastia (Corse), photo de Jean-Damien Poncet, 7 novembre 2017

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 21 octobre 2018. 54 km. (35 391 km).

856.JPG (2)-min

201 habitants

   C’est une plaque sur le mur de l’école, entre deux fenêtres aux volets clos.

856.JPG (1)-min

Aux enfants du Roulier

Morts pour la France

1914-1918

SAINT-DIZIER Lucien 1884-1915

SAUFFROY Séraphin 1882-1916

MICHEL Joseph 1876-1916

MICHEL Stanislas 1869-1917

DANIEL Maurice 1897-1917

DEFRANOUX Hilaire 1889-1918

COLLIGNON Jules 1878-1918

POURCHER Charles 1885-1918

CHASSEL Albert 1883-1919

Guerre 1939-1945

GALMICHE Louis 1915-1941

DIVOUX André 1904-1944

LEJAL André 1914-1944

              Poil et plume. “La vieille, comme toujours, était tête nue. Ses cheveux rares, clairs et grisonnants, grassement enduits à l’huile, comme à son habitude, étaient tressés en une petite natte en queue de rat, et tenus par un débris de peigne en corne qui se dressait sur sa nuque. Le coup tomba juste sur le haut du crâne, ce qui était dû aussi à sa petite taille. Elle poussa un cri, mais très faible, et, soudain, s’affaissa sur le sol, même si elle eut encore le temps de lever les deux bras vers la tête.” (Fédor Dostoïevski, Crime et Châtiment)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

10 novembre 2019 – 855

LUNDI.
           Lecture. Maldonne (Boileau-Narcejac, Denoël, coll. Crime-Club n° 222, 1964 pour la première édition, rééd. in « Quarante ans de suspense » vol. 2, Robert Laffont, coll. Bouquins, édition établie par Francis Lacassin, 1988; 1314 p., 120 F).
              Un bon cru que ce Boileau-Narcejac de 1964 : une histoire d’identité floue, voire usurpée qui évoque La Sirène du Mississippi que réalisera Truffaut quelques années plus tard. La dimension psychologique est toujours un peu lourdingue chez ce duo d’auteurs, elle prend ici la forme d’un monologue intérieur longuet, mais leur art d’emmêler et de dénouer les fils d’une intrigue est toujours très sûr.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “6 novembre [1914]
Avant-hier, les camarades m’ont offert le champagne pour fêter ma médaille. Il faut faire une demande au préfet par l’intermédiaire du maire en stipulant que tu es mariée à un sous-officier mobilisé.” (Albert Viard, Lettres à Léa)
JEUDI.
          Brèves de trottoir.

 

855-min 855-min2*

* Léon Tolstoï
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Métiers rares.
855 (1)-min  855 (2)-min
Col des Aravis (Haute-Savoie), 15 mai 2016 / Plombières-les-Bains (Vosges), 25 mai 2017, photos de l’auteur
SAMEDI.
              Films vus. The Little Stranger (Lenny Abrahamson, R.-U. – Irlande – France, 2018)
                               Les Vieux Fourneaux (Christophe Duthuron, France, 2018)
                               Quelle joie de vivre (Che gioia vivere, Italie – France, 1961)
                               Le Poulain (Mathieu Sapin, France, 2018)
                               Jason Bourne : L’Héritage (The Bourne Legacy, Tony Gilroy, É.-U. – Japon, 2012)
                               Everybody Knows (Todos lo saben, Asghar Farhadi, Espagne – France – Italie, 2018)
                               Beaumarchais l’insolent (Édouard Molinaro, France, 1996).
              Football. SA Épinal – Sainte-Geneviève 1 –1.
              L’Invent’Hair perd ses poils.
855 (4)-min 855 (3)-min
Chazelles-sur-Lyon (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 28 mai 2011 / Cahors (Lot), photo du même, 1er mars 2013
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 14 octobre 2018. 69 km. (35 337 km).
855 (6)-min
87 habitants
   Le monument de granit gris se trouve face à la Mairie, sous un vinaigrier aux feuilles rougies par l’automne. Une double enceinte le protège : une grille de fer peinte en noir et, au-dessus de quelques marches, une chaîne à gros anneaux. L’obélisque est installé sur un socle en béton, au centre d’un parterre de cailloux blancs. Croix de Guerre et palme figurent sur la flèche.
855 (7)-min
Guerre 1914-1918

Aux enfants des

Rouges-Eaux

Morts pour la Patrie

   Gauche :

TRABACH Émile

ANGEL Paul

ROUSSEL Albert

LEMASSON Augustin

JARDINE Léon

VALENTIN Henri

BASTIEN Jules

SIMON Marcel

DILLENSEGER Auguste

   Droite :

LECOMTE Camille

PAGE Paul René

DEVOT Joseph

VALENCE Florian

HUIN Jules

THOMAS Rodolphe

THOMAS Alphonse

RENOUARD Henri

COSTET Alphonse

   Une plaque inclinée à l’avant du monument porte les noms des victimes de 1939-1945.

              Poil et photographie.
855 (5)-min
Bon dimanche,
Philippe DIDION

3 novembre 2019 – 854

DIMANCHE.
                   Lecture. Encre sympathique (Patrick Modiano, Gallimard, coll. nrf, 2019; 144 p., 16 €).
                                 Pendant que les auteurs en vue de la rentrée s’agitent sur les plateaux, dans les studios et dans les foires à la saucisse littéraire, Modiano joue au matou assoupi. Il consulte le cours des actions dans lesquelles il a placé sa bourse Nobel, passe le plumeau sur sa collection de Bottin et de plans de Paris, fait semblant de roupiller puis il lance un coup de patte. Il n’en fait pas des tonnes, 110 pages en 2017 (Souvenirs dormants), 140 cette année, bel effort, mais ça suffit pour montrer qui est le boss dans le milieu. C’est la patte du maître, celle de Bergounioux quand il fait le tour de Descartes ou de Freud en soixante pages, celle de Modiano quand il nous entraîne dans une quête romanesque qu’on pense avoir déjà lue dix ou vingt fois et qui subjugue toujours. Le matou a bâillé, les souris sont rentrées dans leur trou.
MARDI.
            Lecture. Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 18 (15 décembre 2018, 80 p., 15 €).
                          “Candidats à la sainteté”
                          Bouclard n° 1 (Bouclard Éditions, 2018; 64 p., 10 €).
                          Cette nouvelle revue nantaise (domiciliée dans la même rue que les éditions Joseph K) présente un sommaire varié avec une visite à l’Institut Métapsychique International (domicilié, lui, à Paris), un texte sur Arthur Cravan boxeur et les premières impressions d’une oulipienne fraîchement cooptée, Clémentine Mélois. Celle-ci raconte notamment sa visite à Paul Braffort, peu avant la disparition de ce dernier en mai 2018, visite qui lui permit de récupérer de précieuses archives sur l’histoire de l’Oulipo.
MERCREDI.
                  Éphéméride.
“23 octobre 1822.
Superbe soleil, vent chaud et cependant du nord.
Qu’est-ce qu’un homme sans amour et une femme sans délicatesse ?
Miroir, 23 octobre.
Upon Dom[ini]que.
D’un tempérament mélancolique, il fut gai à force d’esprit. Sérieux et froid au commencement d’une soirée dans une maison agréable, il se sentait mourir d’être obligé de sortir à 2 heures du matin.
D[OMINI]QUE.”
(Stendhal, Journal)
                  Lecture. Schnock n° 26 (La Tengo, mars 2018; 176 p., 15,50 €).
                                Pierre Tchernia
                                Étrange créature (A Sleeping Life, Ruth Rendell, Hutchinson, 1978 pour l’édition originale, Le Masque, 1979 pour la traduction française, rééd. Librairie générale Française, coll. Le Livre de poche n° 6301, 1987, traduit de l’anglais par Marie-Louise Navarro; 192 p., s.p.m.).
                                Je n’achète pratiquement plus de polars, sinon d’occasion, je me contente de ce que je peux rafler dans les brocantes ou dans les boîtes à livres. Sans cela, je ne serais sans doute pas retourné à Ruth Rendell, que j’ai fréquentée surtout à la fin de sa carrière, Étrange créature met en scène son personnage le plus célèbre, l’inspecteur Wexford, dans une intrigue assez complexe, pas facile à suivre, mais au dénouement habile et inattendu. Cela dit, ce qui marque surtout dans ce bouquin, c’est l’incurie avec laquelle il a été édité : une traduction peu assurée, émaillée de coquilles et d’erreurs à toutes les pages ou presque : la femme de Wexford se prénomme tantôt Dora, tantôt Nora, on s’échange des giffles, on porte des cheveux brun et du verni à ongles, etc. Un vrai festival.
JEUDI.
          Brèves de trottoir.

 

854-min* 854 (2)-min

* Henri Michaux
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Listes de commissions. Où l’on voit que l’on achète encore des cartes postales et des journaux en papier.
 854 (1)-min  854 (3)-min
Épinal (Vosges), 2017 / Felletin (Creuse), 29 décembre 2017, collection de l’auteur
                
SAMEDI.
              Films vus. Ma fille (Naidra Ayadi, France – Belgique, 2018)
                              Les Aventures de Pinocchio (Le avventure di Pinocchio, Italie – France – R.F.A., 1972)
                               Mary Shelley (Haifaa Al-Mansour, R.-U. – Luxembourg – É.-U. – Irlande, 2017)
                               La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause, Nicholas Ray, É.-U., 1955)
                               Un peuple et son roi (Pierre Schoeller, France – Belgique, 2018).
                             
              L’Invent’Hair perd ses poils.
854 (4)-min  854 (5)-min
Angoulême (Charente), photo de Philippe de Jonckheere, 28 mai 2011 / Genève (Suisse), photo de l’auteur, 19 août 2016
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 7 octobre 2018. 146 km. (35 268 km).
854 (7)-min
Commune de Neufchâteau
   Il n’y a pas de panneau séparant Rouceux de la commune qui l’a avalé. Elle a conservé l’allure d’un petit village avec ses commerces, ses écoles, son église et son monument aux morts. Celui-ci est du modèle, couleur bronze, “Poilu à l’écu”, sur lequel on peut lire “1914-1918 – L’Yser – Verdun”. Il est bien garni, avec une face consacrée aux officiers et sous-officiers et deux autres portant les noms des simples soldats. Une palme enveloppe l’inscription

À nos enfants

Morts pour la France

1914-1918

                                                                                                               854 (6)-min

Droite : 22 noms de RENARD Édouard à DAUCHEZ Maurice (dont un RENARD Jules)

Dos : 23 noms de CREPET Auguste à LAPÔTRE Henri

Gauche : 20 noms de JACQUOT Sirel à CUSSE (ou GUSSE) Émile.

   C’est ce dernier côté qui est dédié aux gradés. On y trouve un chef de bataillon, un capitaine, deux sous-lieutenants, deux adjudants, cinq sergents et neuf caporaux.

Poil et plume. Un détail frappait Alban Wouters : les yeux de Sarah-Jeanne Loubier étaient devenus visibles, comme revenus d’hibernation. L’explication du prodige tenait sans doute à ce que l’épaisse frange châtain qui les recouvrait avait été accourcie entre-temps par une personne du métier; mais le fait même de cette modulation capillaire semblait témoigner d’un renouveau advenu tel un sursaut printanier en son for intime.” (David Turgeon, Simone au travail)
DIMANCHE.
                   Vie en Aube. Nous sommes depuis hier et jusqu’à demain à Troyes (Aube) pour un séjour touristique. Lorsque j’ai fait part de cette destination à des connaissances, celles-ci ont eu une réaction unanime : “Troyes ? C’est une belle ville”. Réaction qui aurait été la même si j’avais annoncé que j’allais à Lille, à Metz, à Reims ou à Bourges. Que de belles villes en notre beau pays ! Loin de moi l’idée de contester cet état de faits, Troyes est une belle ville, nous prenons plaisir à l’arpenter comme nous en avons pris récemment à Dijon ou plus loin dans le temps à Lyon, à Rouen ou à Strasbourg, et comme nous en prendrions si nous venait l’idée de déambuler à Toulouse, Le Mans ou Bordeaux. Mais à mes yeux, les belles villes sont toujours un peu les mêmes avec leurs cathédrales, leurs colombages, leurs pavés, leurs ponts et leurs ruelles au minimum médiévales. J’aime les découvrir – surtout, je l’avoue, pour des raisons capillicoles – mais je m’y ennuie vite, je n’ai pas envie de m‘y attarder. Mon goût va aux villes neutres, sans charme apparent, voire sans charme du tout – ne parlons pas de villes moches, l’autochtone est généralement susceptible – c’est pour ça que je me plais tant à Guéret et que je ne souffre pas d’habiter Épinal.
LUNDI.
           Vie en Aube. Un crochet sur la route du retour nous permet de découvrir le lac d’Orient, proche de Troyes. Ou ce qu’il en reste : l’eau semble avoir été aspirée comme celle d’une vulgaire baignoire, la digue surmonte une étendue de terre et la grue de mise à l’eau des bateaux est plantée sur une steppe. Les oiseaux sont loin, je n’ai pas apporté mes jumelles, les aigrettes garzettes sont reconnaissables mais les canards impossibles à identifier.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Mardi 30 octobre 1906.
Je me souviens d’une anecdote qui confirme ma conviction; cela a précédé l’épisode que je viens de raconter. À cette époque reculée de mon enfance, je n’étais pas conscient que les mauvaises plaisanteries, outre qu’elles sont le plus souvent assez sottes, sont un passe-temps vil et honteux. En ces jours anciens, je ne leur accordais aucune pensée et m’abandonnais librement aux mauvaises plaisanteries sans m’arrêter pour réfléchir à leur aspect moral. Pendant les trois quarts de ma vie j’ai tenu le mauvais plaisant dans un mépris et une détestation sans limites; je l’ai détesté davantage que je n’ai détesté d’autres criminels et, quand je donne mon opinion sur lui, me rappeler que j’ai moi-même été un mauvais plaisant semble accroître mon amertume plutôt que l’adoucir.” (Mark Twain, L’Autobiographie de Mark Twain : L’Amérique d’un écrivain)
                  Lecture.
                               La Nouvelle Revue française n° 631 (Gallimard, juillet 2018; 128 p., 15 €).
JEUDI.
          Brèves de trottoir.
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* Horace
VENDREDI.
                  Lecture. Vers le pôle (Fridtjof Nansen, 1897 pour l’édition originale, Omnibus, in “Le Roman des pôles”, 2008; 970 p., 25 €).
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Lunettes urbaines.
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Aubusson (Creuse), 5 août 2016 / Chamonix-Mont-Blanc, 11 juillet 2017, photos de l’auteur
SAMEDI.
              Lecture. Le Meilleur des jeux de mots (Sébastien Bailly, Mille et une nuits n° 493, 2006; 96 p., 2,50 €).
              Films vus. Tragique rendez-vous (Whistle Stop, Léonide Moguy, É.-U., 1946)
                                La Fille de passage (court métrage, Hugo Malpeyre, France, 2018)
                                Sorry We Missed You (Ken Loach, R.-U. – France – Belgique, 2019)
                                L’École est finie (Anne Depétrini, France – Belgique, 2018)
                                Donnez-moi ma chance (Léonide Moguy, France, 1957)
                                L’Heure de la sortie (Sébastien Marnier, France, 2018)
                                Vivre sa vie : Film en douze tableaux (Jean-Luc Godard, France, 1962)
                                Hors normes (Olivier Nakache & Éric Toledano, France, 2019).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Chazelles-sur-Lyon (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 28 mai 2011 / Paris (Seine), rue Ramey, photo de Jean-Damien Poncet, 13 juillet 2018
Poil et plume. “Pat, dit Joe le coiffeur. Orson est venu aujourd’hui et il m’a demandé de lui tailler la barbe.
– J’espère que tu y as mis le feu, dit Pat.
– Pour sûr”, répondit Joe, en faisant un clin d’œil par-dessus une serviette chaude aux clients qui attendaient leur tour. “Il m’a demandé de lui faire un brûlage et j’en ai profité pour tout enlever. À présent il a le visage aussi glabre que le tien. En fait vous vous ressemblez un peu.” (Francis Scott Fitzgerald, Les Histoires de Pat Hobby)
Bon dimanche,
Philippe DIDION