DIMANCHE.
Lecture. Un écrivain bâillonné (Jack Thieuloy, Séguier, coll. L’Indéfinie, 2019; 248 p., 20 €).
On trouve encore, çà et là, le nom de Jack Thieuloy, dans la biographie de Jean-Edern Hallier par exemple, ou dans le Journal de Mathieu Galey. Il fut un temps, celui des années 1970, où personne ne l’ignorait : Jack Thieuloy fut un activiste des lettres rendu célèbre, entre autres, par son attentat au ketchup contre Michel Tournier et par celui, au cocktail Molotov, qui endommagea l’appartement de Françoise Mallet-Joris. Thieuloy ne s’était jamais remis d’avoir été évincé des éditions Gallimard, puis Grasset, après y avoir publié ses deux premiers livres qui rencontrèrent un succès d’estime. Obligé de publier ensuite dans des maisons qu’il considérait comme indignes de sa valeur, il sombra peu à peu dans l’oubli, ne se faisant remarquer que par les actions d’éclat précitées et sa volonté de révolutionner un milieu littéraire qui refusait de l’accueillir. Les archives de Thieuloy ont été déposées à la Société des gens de lettres où Olivier Bessard-Banquy a retrouvé le tapuscrit d’Un écrivain bâillonné pour l’éditer, le présenter et l’annoter. L’auteur maudit y fait le récit de son parcours, de ses combats, la liste de ses haines multiples au premier rang desquelles figure celle de Jean-Edern Hallier qui sut bien utiliser Thieuloy, écrivain plus couillonné que bâillonné en la circonstance, pour servir la seule cause valable à ses yeux, la sienne. Il y a du Gengenbach dans ce texte : la posture de l’incompris, la réécriture d’une vie peu transparente, l’auto-justification permanente, la plainte continuelle, l’indulgence face à soi-même sont des choses que l’on connaît bien si l’on a fréquenté le défroqué des Vosges. La présentation et les notes, sans concession celles-ci, de Bessard-Banquy, remettent les choses à leur place. Thieuloy milite pour une juste reconnaissance de l’écrivain par les éditeurs. Ceux-ci devraient, à ses yeux, indexer les droits d’auteur non pas sur les ventes mais sur le talent, un talent qui, pour son propre cas, équivaut au génie. Incapable de se faire reconnaître par ses œuvres, Thieuloy choisira d’autres méthodes plus brutales : “… le choix de la deuxième alternative (L’encre, le cri) sur la première (le feu, le plomb), est longtemps resté pour moi loin d’être évident.” Ce qui lui vaudra la prison et une position de pestiféré qu’il cultivera jusqu’à la fin de ses jours.
Lino Ventura et l’œil de verre (Arnaud Le Gouëfflec & Stéphane Oiry, Glénat, coll. 91/2, 2019; 146 p., 22,50 €).
MARDI.
Lecture. L’Horoscope du mort (Yves Dartois, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque n° 232, 1937; 192 p., s.p.m.).
“L’Horoscope du mort compte parmi les bons romans policiers des années 30”, affirme le Mesplède. On manque de points de comparaison mais le fait est qu’il s’agit d’un livre agréable à lire, écrit dans un style un peu suranné mais élégant. L’intrigue se déroule à Montreuil-sur-Mer dans une ambiance presque surnaturelle qui évoque l’univers de Pierre Véry. Le personnage principal est accusé d’un meurtre, les indices et témoignages concordent à un point tel qu’il finit par se persuader de l’avoir commis… jusqu’à la révélation finale.
MERCREDI.
Éphéméride. “Comme je lui parlais de cette gare Montparnasse, où les trains ont coutume de se jeter sur les butoirs et de défoncer les murs, le vieil aiguilleur me dit : “Il faut s’attendre à cela; ils augmentent toujours le poids des machines et des wagons, en même temps que la vitesse, mais les freins sont toujours les mêmes : ils ne peuvent que caler les roues. Vous me direz que si les trains sont plus lourds, les roues frottent alors plus énergiquement; oui, mais la force acquise par les gros poids en mouvement augmente avec le poids bien plus vite que n’augmente le frottement; et les ingénieurs le savent pourtant mieux que moi; voilà pourquoi, avec ces monstres de machines qu’on emploie maintenant, et ces gros wagons en fer de trente-cinq tonnes, vous avez beau serrer les freins, vous arrivez en traîneau sur l’obstacle, et cela ne finit pas toujours par du matériel brisé : on l’a bien vu à Épernon.” (Alain, Propos d’un Normand, 13 novembre 1907)
JEUDI.
Brèves de trottoir.
* 
* Jean Dayros
Obituaire. Poulidor sur un vélo, je ne me rappelle pas l’avoir vu. Je l’ai certainement vu passer dans le peloton à plusieurs reprises quand je fréquentais les bords des routes du Tour de France, mais sans le reconnaître. Plus tard, en revanche, quand il a intégré la caravane publicitaire, je l’ai vu plusieurs fois distribuer des échantillons, pour la Maison du café je crois. Mais c’est comme écrivain que je connais le mieux Raymond Poulidor. Auteur d’un livre de souvenirs – j’ai oublié le titre mais pas l’éditeur, c’était chez Jacob-Duvernet – il n’hésitait pas à fréquenter les manifestations littéraires de sa région d’origine pour des séances de signature où il était pris d’assaut et où je n’ai jamais osé l’aborder. La dernière fois, c’était en 2013, aux Journées littéraires à Jaligny-sur-Besbre (Allier).

Felletin (Creuse), photo de l’auteur, 13 août 2010
VENDREDI.
Lecture. Les Conquérants du feu (J.-H. Rosny aîné, Éditions des Portiques, 1929, rééd. in “La Légendes des millénaires : Les Conquérants du feu et autres récits primitifs, I Origines”, Les Moutons électriques, coll. Le Rayon vert, 2014; 352 p., 24 €).
Le cabinet de curiosités du notulographe. Servez-vous.

Châteauvillain (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 4 juin 2017 / Clugnat (Creuse), photo de l’auteur, 25 juillet 2018
SAMEDI.
Films vus. Mon chien Stupide (Yvan Attal, France – Belgique, 2019)
Mademoiselle de Joncquières (Emmanuel Mouret, France, 2018)
La Momie (The Mummy, Karl Freund, É.-U., 1932)
L’Espion qui m’a larguée (The Spy Who Dumped Me, Susanna Fogel, Canada – É.-U., 2018)
Jeune et innocent (Young and Innocent, Alfred Hitchcock, R.-U., 1937)
Johnny English, le retour (Johnny English Reborn, Oliver Parker, É.-U. – France – R.-U., 2011)
L’Art d’aimer (Emmanuel Mouret, France, 2011)
Comme des garçons (Julien Hallard, France, 2018).
Football. SA Épinal – Sochaux 2 – 0.
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 4 700 salons, atteint le 15 mars 2019.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
1. France : 3 910 (+ 84)
2. Espagne : 177 (+ 5)
3. Royaume-Uni : 90 (+ 3)
4. Belgique : 69 (=)
5. Italie : 54 (=)
6. États-Unis : 45 (=)
7. Portugal : 37 (=)
8. Danemark : 34 (=)
“. Suisse : 34 (+ 3)
10. Allemagne : 30 (=)
La Suisse rejoint le Danemark, seul mouvement sensible dans le haut du classement.
Classement général par régions (France).
1. Rhône-Alpes : 700 (+ 4)
2. Île-de-France : 617 (+ 20)
3. Languedoc-Roussillon : 311 (+ 5)
4. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 307 (+ 14)
5. Lorraine : 286 (+ 6)
6. Midi-Pyrénées : 224 (+ 1)
7. Bretagne 170 : (+ 1)
8. Pays de la Loire : 154 (+ 1)
9. Bourgogne : 145 (+ 4)
10. Centre : 139 (+ 4)
17 régions sur 27 progressent. À petits pas pour la plupart, ce qui explique le statu quo qui règne dans le top 10, même s’il faut signaler que PACA menace désormais le Languedoc-Roussillon pour une place sur le podium.
Classement général par départements (France).
1. Seine (Paris) : 498 (+ 18)
2. Rhône : 336 (+ 2)
3. Vosges : 160 (+ 2)
4. Loire-Atlantique : 117 (+ 1)
5. Pyrénées-Orientales : 94 (+ 2)
6. Loire : 92 (=)
7. Meurthe-et-Moselle : 89 (+ 3)
8. Bouches-du-Rhône : 87 (+ 5)
9. Hérault : 81 (+ 3)
10. Alpes-Maritimes : 79 (+ 3)
Tous les départements de tête progressent, sauf la Loire, qui perd ainsi sa 5e place.
Classement général par communes.
1. Paris : 498 (+ 18)
2. Lyon : 158 (+ 1)
3. Nantes : 60 (+ 1)
4. Barcelone : 57 (+ 2)
5. Nancy : 51 (+ 2)
6. Épinal : 45 (+ 2)
7. Nice : 37 (+ 1)
8. Marseille : 31 (=)
9. Strasbourg 24 (=)
“. Copenhague : 24 (=)
“. Villeurbanne : 24 (=)
Les positions restent les mêmes en tête. Compiègne s’en approche avec un seul salon ajouté dans cette centaine mais un total de 22. Notons les entrées de Beauvais, Toulon et Zurich dans le classement.
Bilan humain.
Nous nous étions arrêtés à la 67e place. Poursuivons notre exploration des étages inférieurs.
68. Alain Nowak : 3 (+ 1)
“. Olivier Bertin : 3 (=)
“. Sophie Bertin : 3 (=)
“. Marie-Rose Blomgren : 3 (=)
“. Jean-Claude Bourdais : 3 (=)
“. Carole & Chris X : 3 (=)
“. Alice Cohen-Hadria : 3 (=)
“. Olivier Cuenin : 3 (=)
“. Paul Edmond : 3 (=)
“. Laurent Fetet : 3 (=)
“. Philippe Guerry : 3 (=)
“. Annie-France Mistral : 3 (=)
“. Élisabeth Nicole : 3 (=)
“. Chantal Potart : 3 (=)
“. Christian Ramette : 3 (=)
“. Danielle Renault : 3 (=)
“. Bernard Rohmer : 3 (=)
“. Emmanuel Roy : 3 (=)
“. Rémi Schulz : 3 (=)
“. Joachim Séné : 3 (=)
“. Nathalie Valdevit : 3 (=)
“. Xavier X : 3 (=)
Étude de cas. Latinisme.

Caen (Calvados), photo de Pierre Cohen-Hadria, 14 août 2014 / Valence (Drôme), photo de François Golfier, 15 octobre 2015

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de Sylvie Mura, 13 octobre 2017 / Bastia (Corse), photo de Jean-Damien Poncet, 7 novembre 2017
IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 21 octobre 2018. 54 km. (35 391 km).

201 habitants
C’est une plaque sur le mur de l’école, entre deux fenêtres aux volets clos.

Aux enfants du Roulier
Morts pour la France
1914-1918
SAINT-DIZIER Lucien 1884-1915
SAUFFROY Séraphin 1882-1916
MICHEL Joseph 1876-1916
MICHEL Stanislas 1869-1917
DANIEL Maurice 1897-1917
DEFRANOUX Hilaire 1889-1918
COLLIGNON Jules 1878-1918
POURCHER Charles 1885-1918
CHASSEL Albert 1883-1919
Guerre 1939-1945
GALMICHE Louis 1915-1941
DIVOUX André 1904-1944
LEJAL André 1914-1944
Poil et plume. “La vieille, comme toujours, était tête nue. Ses cheveux rares, clairs et grisonnants, grassement enduits à l’huile, comme à son habitude, étaient tressés en une petite natte en queue de rat, et tenus par un débris de peigne en corne qui se dressait sur sa nuque. Le coup tomba juste sur le haut du crâne, ce qui était dû aussi à sa petite taille. Elle poussa un cri, mais très faible, et, soudain, s’affaissa sur le sol, même si elle eut encore le temps de lever les deux bras vers la tête.” (Fédor Dostoïevski, Crime et Châtiment)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.