26 janvier 2020 – 866

LUNDI.
           Lecture. Bonjour tristesse (Françoise Sagan, Julliard, 1954, rééd. in “Œuvres”, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2019; 1494 p., 30 €).
                         Relecture.
                         Le terme “relecture” est peut-être impropre : je n’avais jamais lu Bonjour tristesse mais je l’avais entendu sous la forme d’un livre audio, lu par je ne sais plus qui, Catherine Deneuve, peut-être. À cette époque, 1989, je ne pouvais plus lire, et les aminches m’approvisionnaient en cassettes diverses : je me souviens de Sagan, des Pensées de Pierre Dac, du Boucher d’Alina Reyes, d’un polar de Tito Topin, de textes d’Henry de Monfreid… Le marché du livre audio était certainement moins étendu qu’aujourd’hui, et il fallait alimenter l’infirme, F. & M. avaient poussé la sollicitude jusqu’à enregistrer eux-mêmes, à deux voix, Mygale de Thierry Jonquet. Quoi qu’il en soit, découverte ou redécouverte, le premier roman de Françoise Sagan est remarquable, au moins dans sa première partie. Là où les nouveaux romanciers d’aujourd’hui ne voient le salut que dans le travail sur l’image – c’est à qui fournira la métaphore la plus audacieuse, la comparaison la plus originale – Sagan livre un récit aussi dépourvu d’effets qu’un roman de Simenon. Elle joue sur un autre tableau : Bonjour tristesse se singularise par la richesse et la justesse des sentiments analysés, ceux d’une jeune fille en vacances sur la Côte d’Azur, prisonnière de son père et de ses maîtresses. Les états d’âme de l’héroïne ne sont pas très éloignés de ceux qui tourmentent le jeune Marcel à Balbec. La seconde partie est plus convenue, plus romanesque, mais les trente premières pages de cette édition justifient l’engouement dont Sagan fut l’objet à la sortie de son premier roman. “Je me rendis compte que l’insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d’arguments pour se défendre.” Proust ? Non, Sagan.
MARDI.
            Vie merdicale. Rendez-vous à la clinique locale pour faire examiner un doigt douloureux depuis des mois et qui prend depuis peu une forme convexe. Radiographie, examen, verdict : fracture, rupture de tendon, arthrose. Rien à faire pour corriger la chose, dit l’homme de l’art, une intervention pour redresser la bête (devenue un mallet finger en l’occurrence) la rendrait inflexible. Pas grave. Il reste à avouer l’inavouable, à savoir la cause du mal : je me suis tordu le petit doigt en fourrant ma main un peu trop vivement dans la poche de mon peignoir. On imagine ce que je pourrais m’infliger si j’avais à enfiler une armure.
MERCREDI.
                  Éphéméride. à J. l’A.
22 janvier 1948.
Vous êtes trop jeune, cher L’A. de mon coeur, pour en avoir souvenance mais il prit un jour l’idée à Alphonse Daudet et quelques autres de faire jouer à l’Opéra ma chère un joueur de Galoubet qui les avait séduits. Et on vit l’homme sur la scène du grand opéra installé dessus un tonneau, seulement cet humble instrument champêtre sans grande portée était impuissant à être entendu des spectateurs dans cette immensité. L’Opéra vous joue de ces tours. Dans ce même ordre d’idées il y a des peintres qui “s’enflent la voix” dans les grands salons. Il faut être tonitruant dans les grands salons sinon.
CHAISSAC.” (Gaston Chaissac, Hippobosque au Bocage)
JEUDI.
          Vie musicale. Le mystère est épais : qu’est-ce qui a pu conduire Lucy Peterson à donner un concert ce soir à Épinal ? Un avion détourné ? Un brouillard trop dense qui l’aurait égaré ? La farce d’un tourneur facétieux ? Toujours est-il qu’il est là, et en forme. Plus très svelte, plus souvent assis – voire vautré – que debout, mais vaillant, râpeux, véloce sur le manche de sa guitare ou sur le clavier de son orgue Hammond pour une prestation de haute volée.
VENDREDI.
                  Lecture. Histoires noires pour nuits blanches (I Am Curious (Bloody), Dell Publishing, 1971 pour l’édition originale, Pocket n° 2363, 1986, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : Encore 109 histoires extraordinaires », Collectif, Presses de la Cité, 1994; 1230 p., 145 F).
                                  Nouvelles.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. À table.
866 (1)-min 866-min
Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 6 octobre 2017 / Paris (Seine), quai de Montebello, photo de François Golfier, 3 juillet 2017
SAMEDI.
              Lecture. Les Zeugmes au plat (Sébastien Bailly, Mille et une nuits n° 585, 2011; 112 p., 3 €).
              Films vus. La Mule (The Mule, Clint Eastwood, É.-U., 2018)
                               Une autre vie (Emmanuel Mouret, France, 2013)
                               Le Lac aux oies sauvages (Nan Fang Che Zhan De Ju Hui, Yi’nan Diao, Chine – France, 2019)
                               Le Secret des Marrowbone (Marrowbone, Sergio G. Sánchez, Espagne, 2017)
                               What a Flash ! (Jean-Michel Barjol, France, 1972)
                               All Inclusive (Fabien Onteniente, France – Belgique, 2019).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
866-min 
866 (2)-min
Paris (Seine), rue Saint-Amboise, photo de Pierre Cohen-Hadria, 9 juin 2011 / Bourg-en-Bresse (Ain), photo de Jean-Damien Poncet, 22 septembre 2018
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 16 décembre 2018. 74 km. (35 791 km).
866 (4)-min
194 habitants
   Le monument de pierre blonde est situé à un croisement, au centre d’un parterre gravillonné recouvert partiellement d’une dalle de béton. Une lourde chaîne métallique peinte en vert relie les plots qui l’encadrent. En bas-relief, une croix chrétienne, une Croix de Guerre, une frise végétale et une couronne mortuaire. Les noms sont inscrits en lettres dorées sur une plaque de marbre veiné.

866 (3)-min

À nos morts
1914-1918
SUIGNIER Alphonse     1880-1914
PETITJEAN Pierre     1890-1915
SIMONIN André     1893-1915
LAURENT Auguste     1875-1916
BARRARD André     1897-1916
CABLÉ Benoît     1888-1918
ODOT Robert     1898-1918
CHOLÉ Georges     1897-1918
SIMONIN Paul     1886-1920
DUFOUR André     1888-1921
              Poil et plume. “Une après-midi où mon envie de coiffeur me démangeait, ma mère – elle avait honoré mon dernier retour de chez Guido d’un : Je te regarderai quand tes cheveux auront repoussé –, ma mère refusait de se laisser convaincre, elle me considérait à peine, demeurant insensible, ou alors elle déchiquetait d’un mot ou d’un geste mes envies. Durant plus d’une heure, par des détours, des spirales, des chemins de traverse, des écarts, des escarboucles langagières, je répétais la nécessité d’aller chez le coiffeur.” (Michel Layaz, Les Larmes de ma mère)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

26 janvier 2020 – 866

LUNDI.
           Lecture. Bonjour tristesse (Françoise Sagan, Julliard, 1954, rééd. in “Œuvres”, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2019; 1494 p., 30 €).
                         Relecture.
                         Le terme “relecture” est peut-être impropre : je n’avais jamais lu Bonjour tristesse mais je l’avais entendu sous la forme d’un livre audio, lu par je ne sais plus qui, Catherine Deneuve, peut-être. À cette époque, 1989, je ne pouvais plus lire, et les aminches m’approvisionnaient en cassettes diverses : je me souviens de Sagan, des Pensées de Pierre Dac, du Boucher d’Alina Reyes, d’un polar de Tito Topin, de textes d’Henry de Monfreid… Le marché du livre audio était certainement moins étendu qu’aujourd’hui, et il fallait alimenter l’infirme, F. & M. avaient poussé la sollicitude jusqu’à enregistrer eux-mêmes, à deux voix, Mygale de Thierry Jonquet. Quoi qu’il en soit, découverte ou redécouverte, le premier roman de Françoise Sagan est remarquable, au moins dans sa première partie. Là où les nouveaux romanciers d’aujourd’hui ne voient le salut que dans le travail sur l’image – c’est à qui fournira la métaphore la plus audacieuse, la comparaison la plus originale – Sagan livre un récit aussi dépourvu d’effets qu’un roman de Simenon. Elle joue sur un autre tableau : Bonjour tristesse se singularise par la richesse et la justesse des sentiments analysés, ceux d’une jeune fille en vacances sur la Côte d’Azur, prisonnière de son père et de ses maîtresses. Les états d’âme de l’héroïne ne sont pas très éloignés de ceux qui tourmentent le jeune Marcel à Balbec. La seconde partie est plus convenue, plus romanesque, mais les trente premières pages de cette édition justifient l’engouement dont Sagan fut l’objet à la sortie de son premier roman. “Je me rendis compte que l’insouciance est le seul sentiment qui puisse inspirer notre vie et ne pas disposer d’arguments pour se défendre.” Proust ? Non, Sagan.
MARDI.
            Vie merdicale. Rendez-vous à la clinique locale pour faire examiner un doigt douloureux depuis des mois et qui prend depuis peu une forme convexe. Radiographie, examen, verdict : fracture, rupture de tendon, arthrose. Rien à faire pour corriger la chose, dit l’homme de l’art, une intervention pour redresser la bête (devenue un mallet finger en l’occurrence) la rendrait inflexible. Pas grave. Il reste à avouer l’inavouable, à savoir la cause du mal : je me suis tordu le petit doigt en fourrant ma main un peu trop vivement dans la poche de mon peignoir. On imagine ce que je pourrais m’infliger si j’avais à enfiler une armure.
MERCREDI.
                  Éphéméride. à J. l’A.
22 janvier 1948.
Vous êtes trop jeune, cher L’A. de mon coeur, pour en avoir souvenance mais il prit un jour l’idée à Alphonse Daudet et quelques autres de faire jouer à l’Opéra ma chère un joueur de Galoubet qui les avait séduits. Et on vit l’homme sur la scène du grand opéra installé dessus un tonneau, seulement cet humble instrument champêtre sans grande portée était impuissant à être entendu des spectateurs dans cette immensité. L’Opéra vous joue de ces tours. Dans ce même ordre d’idées il y a des peintres qui “s’enflent la voix” dans les grands salons. Il faut être tonitruant dans les grands salons sinon.
CHAISSAC.” (Gaston Chaissac, Hippobosque au Bocage)
JEUDI.
          Vie musicale. Le mystère est épais : qu’est-ce qui a pu conduire Lucy Peterson à donner un concert ce soir à Épinal ? Un avion détourné ? Un brouillard trop dense qui l’aurait égaré ? La farce d’un tourneur facétieux ? Toujours est-il qu’il est là, et en forme. Plus très svelte, plus souvent assis – voire vautré – que debout, mais vaillant, râpeux, véloce sur le manche de sa guitare ou sur le clavier de son orgue Hammond pour une prestation de haute volée.
VENDREDI.
                  Lecture. Histoires noires pour nuits blanches (I Am Curious (Bloody), Dell Publishing, 1971 pour l’édition originale, Pocket n° 2363, 1986, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : Encore 109 histoires extraordinaires », Collectif, Presses de la Cité, 1994; 1230 p., 145 F).
                        Nouvelles.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. À table.

 

866 (1)-min 866-min

Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 6 octobre 2017 / Paris (Seine), quai de Montebello, photo de François Golfier, 3 juillet 2017
SAMEDI.
              Lecture. Les Zeugmes au plat (Sébastien Bailly, Mille et une nuits n° 585, 2011; 112 p., 3 €).
              Films vus. La Mule (The Mule, Clint Eastwood, É.-U., 2018)
                               Une autre vie (Emmanuel Mouret, France, 2013)
                               Le Lac aux oies sauvages (Nan Fang Che Zhan De Ju Hui, Yi’nan Diao, Chine – France, 2019)
                               Le Secret des Marrowbone (Marrowbone, Sergio G. Sánchez, Espagne, 2017)
                               What a Flash ! (Jean-Michel Barjol, France, 1972)
                               All Inclusive (Fabien Onteniente, France – Belgique, 2019).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
866-min
866 (2)-min
Paris (Seine), rue Saint-Amboise, photo de Pierre Cohen-Hadria, 9 juin 2011 / Bourg-en-Bresse (Ain), photo de Jean-Damien Poncet, 22 septembre 2018
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 16 décembre 2018. 74 km. (35 791 km).
866 (4)-min
194 habitants
   Le monument de pierre blonde est situé à un croisement, au centre d’un parterre gravillonné recouvert partiellement d’une dalle de béton. Une lourde chaîne métallique peinte en vert relie les plots qui l’encadrent. En bas-relief, une croix chrétienne, une Croix de Guerre, une frise végétale et une couronne mortuaire. Les noms sont inscrits en lettres dorées sur une plaque de marbre veiné.

866 (3)-min

À nos morts
1914-1918
SUIGNIER Alphonse     1880-1914
PETITJEAN Pierre     1890-1915
SIMONIN André     1893-1915
LAURENT Auguste     1875-1916
BARRARD André     1897-1916
CABLÉ Benoît     1888-1918
ODOT Robert     1898-1918
CHOLÉ Georges     1897-1918
SIMONIN Paul     1886-1920
DUFOUR André     1888-1921
              Poil et plume. “Une après-midi où mon envie de coiffeur me démangeait, ma mère – elle avait honoré mon dernier retour de chez Guido d’un : Je te regarderai quand tes cheveux auront repoussé –, ma mère refusait de se laisser convaincre, elle me considérait à peine, demeurant insensible, ou alors elle déchiquetait d’un mot ou d’un geste mes envies. Durant plus d’une heure, par des détours, des spirales, des chemins de traverse, des écarts, des escarboucles langagières, je répétais la nécessité d’aller chez le coiffeur.” (Michel Layaz, Les Larmes de ma mère)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

19 janvier 2020 – 865

DIMANCHE.

                   Lecture. Le Testament de Basil Crookes (Pierre Véry, Le Masque, 1930, rééd. in « Les Intégrales du Masque », tome 2, Librairie des Champs-Élysées, 1994; 980 p., s.p.m.).
                                 Drôle de construction pour cette intégrale de Pierre Véry au Masque puisqu’il faut attendre le deuxième volume pour découvrir ce Testament qui lança véritablement la carrière de l’auteur après avoir obtenu le Prix du roman d’aventures. Véry n’y fait pas encore appel au merveilleux qui sera sa marque de fabrique mais livre un récit qui imite les romans anglais de détection. L’histoire est embrouillée à souhait, le cadre britannique est du genre chromo mais les personnages sont assez réussis. La découverte de quelques cadavres n’empêche pas la légèreté, à cette époque le polar ne se prenait pas encore au sérieux.
LUNDI.
           Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Nicolas Mathieu, Rose Royal, in8, 2019.
           Lecture. Paris-Berry (Frédéric Berthet, Gallimard, coll. Blanche, 1993; 96 p., s.p.m.).
                         Grâces soient rendues à la revue Schnock qui a présenté ce livre dans sa section “Trésors cachés” en 2017 et m’a permis de le découvrir. Frédéric Berthet y fait le récit de son installation provisoire dans une maison de campagne. Pas de façon continue mais au moyen de notes brèves qui racontent son métier d’écrivain, sa découverte de la campagne, sa vie tranquille. On pense à André Blanchard et à ses carnets mais en moins prétentieux et en mieux écrit.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Paris, le 15 janvier 1967
Mon Cher Pia,
Je ne vous ai pas donné de nouvelles depuis bien longtemps… Pourtant, je songe toujours à votre Bruant. La collection dite des “Voix perpendiculaires” va démarrer bientôt. Le Jarry d’Arnaud prend bonne tournure et paraîtra en mai. Pour septembre, je refais mon Christophe, de fond en comble, et si possible l’Apollinaire d’Adéma. Entre-temps, nous glisserons le Pétomane, les Poèmes Amorphes de Franc-Nohain, Ramollot peut-être, l’Abbé Prout, Mac-Nab
Fr. Caradec”(François Caradec & Pascal Pia, Correspondance 1957-1979)
VENDREDI.
                   Lecture. Keller en cavale (Hit & Run, Lawrence Block, Harper Collins Publishers, 2008 pour l’édition originale, Le Seuil, 2010 pour la traduction française, rééd. Points Policier P2659, 2011, traduit de l’américain par Frédéric Grellier; 352 p., 7 €).
                  Vie littéraire. Amélie Nothomb est en signature à la librairie d’en face. Beau succès, la foule afflue, on a même installé des barrières Vauban sur le trottoir pour la canaliser, je vois ça depuis la fenêtre de la cuisine. J’ai pensé un moment m’ajouter au nombre, ne serait-ce que pour savoir si Amélie se souvenait du Prix René-Fallet qu’elle avait reçu pour son premier roman ou pour lui dire que nous avions couché dans la même chambre (mais pas la même nuit) près de Jaligny-sur-Besbre, mais je renonce. Je me surprends à être capable d’aligner plus de cinq cents kilomètres pour aller voir Bergounioux à Ussel, je l’ai déjà fait, et infoutu de traverser la rue pour aller saluer Amélie. J’espère qu’elle n’en saura rien.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Splendeurs architecturales passées de l’administration postale, photos de l’auteur.
865 (3)-min
865 (2)-min
Montluçon (Allier), 2 août 2016 / Château-Chinon (Nièvre), 12 avril 2019
SAMEDI.
              Couic parade. C’est aujourd’hui qu’on remet, au bistrot d’en face, la liste des dix morts illustres de l’année en cours. Je prévois, sans la souhaiter je le précise, la disparition dans les mois à venir de :
Claude Bolling, compositeur né en 1930
Michel Bouquet, comédien 1925
Daniel Cordier, résistant 1920
Suzy Delair, comédienne 1917
Kirk Douglas, comédien 1916
Lawrence Ferlinghetti, poète 1919
Robert Massin, typographe 1925
Albert Uderzo, dessinateur 1927
Henri Vernes, écrivain 1918
Gilles Vigneault, chanteur 1928
              Football. SA Spinalien – JS Saint-Pierroise 0 – 0, 1 – 0 après prolongations.
                              Beaucoup de monde, ici aussi, pour ce seizième de finale de Coupe de France. Tous les exilés de La Réunion semblent s’être donné rendez-vous à la Colombière. Parmi eux, j’en suis sûr, des Creusois : le département abrite, pour des raisons historiques, une forte communauté réunionnaise. Si je trouve une voiture immatriculée 23 sur le parking, je me cache dans le coffre.
              Films vus.
                               Alad’2 (Lionel Steketee, France, 2018)
                               Elle s’en va (Emmanuelle Bercot, France, 2013)
                               Le Gendre de ma vie (François Desagnat, France, 2018)
                               Barbarella (Roger Vadim, France – Italie, 1968)
                               La Fille au bracelet (Stéphane Demoustier, France – Belgique, 2019)
                               Un beau voyou (Lucas Bernard, France, 2018)
                               La Ronde (Max Ophüls, France, 1950).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
865-min
Veneux-les-Sablons (Seine-et-Marne), photo de Michèle Thiebaud, 9 juin 2011
              Poil et plume. “Le salon de coiffure était vaste, plein de lumière et de parfums; il y avait plusieurs mois que l’écrivain n’était descendu en ville pour semblable mission et il apprit que son coiffeur habituel était immobilisé par l’arthrite; il expliqua néanmoins à un autre garçon comment utiliser la lotion, refusa un journal et s’installa, éprouvant un certain bonheur et une sensation délicieuse à sentir des doigts vigoureux lui masser le cuir chevelu tandis qu’un agréable mélange de tous les coiffeurs qu’il avait connus lui revenait à la mémoire.” (Francis Scott Fitzgerald, “L’après-midi d’un écrivain, in Récits 1924-1939)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

12 janvier 2020 – 864

LUNDI.
           Lecture. Cahiers Georges Perec n° 13 (Collectif, Les Venterniers – Le Castor astral, 2019; 256 p., 20 €).
                         “La Disparition 1969 – 2019 : un demi-siècle de lectures”
                         Compte rendu à rédiger pour Histoires littéraires.
MARDI.
            Lecture. Clair de femme (Romain Gary, Gallimard, coll. Blanche, 1977; 176 p., s.p.m.).
                          Je n’ai pas souvenir du film de Costa-Gavras, tiré de ce roman, que j’ai vu il y a très longtemps. Il y a fort à parier que je n’en garderai pas beaucoup plus du livre.
MERCREDI.
                  Éphéméride. Jeudi 8 janvier [1942]
Les jeunes gens cherchent beaucoup plus à se mettre en valeur qu’à s’instruire. C’est pourquoi il est si facile de les faire parler. Ils ne demandent, ils ne cherchent que ça. Et moi-même…” (Jacques Brenner, Journal, tome I : Du côté de chez Gide 1940-1949)
JEUDI.
          Brèves de trottoir.

864-min 864 (5)-min

VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Les beaux titres de la presse locale : le retour de Benjamin Button.
864 (3)-min
Vosges Matin, 11 janvier 2017
SAMEDI.
              Vie ferroviaire. Quatre TGV sur cinq roulent aujourd’hui. Malheureusement, j’ai réservé dans le cinquième et reste cloué au sol. Les notules, elles, partiront donc demain.
              Football. SA Spinalien – Saint-Quentin 0 – 0.

              Films vus. Doubles vies (Olivier Assayas, France, 2018)

                               Les Désemparés (The Reckless Moment, Max Ophüls, É.-U., 1949)
                               Ma mère est folle (Diane Kurys, Belgique – France, 2018)
                               Les Grandes Ondes (à l’ouest) (Lionel Baier, Suisse – France – Portugal, 2013)
                               En liberté ! (Pierre Salvadori, France, 2018)
                               Le Chevalier des sables (The Sandpiper, Vincente Minnelli, É.-U., 1965).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
864 (4)-min 864 (2)-min
Cravant (Yonne), photo de Laurent Grisel, 23 mai 2011 / Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 2 mars 2014
              Poil et plume. “Il m’a dit : “Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine.
Je les caressais; et c’étaient les miens, et nous étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine.” (Pierre Louÿs, Les Chansons de Bilitis)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

5 janvier 2020 – 863

N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 19 janvier 2020 – ou à la date normale, selon le bon vouloir de la SNCF.
LUNDI.
          Vie littéraire. Je lis avec intérêt les pages que Libération consacre à l’affaire Matzneff. Je n’ai jamais lu une ligne de Gabriel Matzneff, je n’ai aucune indulgence pour les actes dont il se flatte et l’homme lui-même, que j’avais entendu à la tribune du Colloque des Invalides en 2010, m’a toujours paru assez détestable. Mais ce qui m’intéresse dans cette affaire, c’est le changement de regard porté sur la justice. Antoine Compagnon, dans une récente série de cours donnés au Collège de France sur “la littérature comme sport de combat” pouvait affirmer que la prison était presque un point de passage obligé dans la carrière d’un écrivain du XIXe siècle. On cite toujours les cas exemplaires de Flaubert, de Baudelaire, d’Oscar Wilde pour stigmatiser une justice sévère, à la limite du ridicule. Pour les écrivains d’aujourd’hui et du siècle dernier, on a tendance à la trouver trop indulgente, voire aveugle.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Je crois, m’écrit un religieux, que ce qui enflamme le patriotisme de Paul Bourget, c’est qu’il a 62 ans et qu’on n’appellera pas la classe de 1873 !” (Léon Bloy, Au seuil de l’Apocalypse, 1er janvier 1915)
                 Bilan annuel 2019.
                                                * 122 livres lus (- 4 par rapport à 2018)
                                                * 344 films vus (+ 40)
                                                * 403 abonnés aux notules courriel + 6 abonnés internet + 1 abonnée papier = 410 (+ 1)
                                                Chantiers littéraires :
                                                * 438 communes visitées (+ 25) d’Ableuvenettes (Les) à Saint-Prancher dans le cadre de l’Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental
                                                * 332 photos de Bars clos (+ 27)
                                                * 1 355 tableaux commentés dans la Mémoire louvrière (+ 25)
                                                * 717 publicités murales et enseignes peintes photographiées (+ 71)
                                                * 4 724 photographies de salons de coiffure pour l’Invent’Hair (+ 664)
                                                * 215 frontons d’école photographiés pour un Aperçu d’épigraphie républicaine (+ 19)
                                                * 122 Lieux où j’ai dormi retrouvés ou ajoutés et photographiés (+ 12)
                                                Parutions :
                                                * Bulletin de l’Association Georges Perec n° 73, décembre 2018
                                                * Bulletin de l’Association Georges Perec n° 74, juin 2019
                                                * Bulletin de l’Association Georges Perec n° 75, décembre 2019
                                                * “Les auditeurs ont la parole”, in Comme il vous plaira : Vingtième colloque des Invalides, Centre Culturel Canadien, Paris, 28 octobre 2016, Du Lérot éditeur, coll. “en marge”, 2018
                                                * Ernest de Gengenbach, Espis, un nouveau Lourdes ? : Des Ténèbres Sataniques à l’Étoile du Matin, précédé d’une lettre inédite de l’auteur, présentation de Philippe Didion, Marc-Gabriel Malfant éditeur, 2019
                                                * Journées littéraires de Jaligny-sur-Besbre : 30 ans de découvertes, Agir en pays jalignois, 2019
                                                * “Lettres et papillons”, Les Refusés n° 21, dossier “L’effet papillon”, Nancy, septembre 2019
                                                * Notes de lecture, Histoires littéraires n° 78 (Du Lérot éditeur, avril – mai – juin 2019)
                                                Mentions :
                                                * Denis Cosnard, “Le surréaliste luciférien surgi des oubliettes”, Le Monde des livres, 7 juin 2019
                                                * Sabine Lesur, “Il exhume la vie d’Ernest de Gengenbach, curé local défroqué”, Vosges Matin, 22 août 2019
                                                * Bernard Bretonnière, Ça m’intéresse de savoir suivi de Ça m’amuse de savoir, L’ Œil ébloui, 2019
                                                Plus ancien :
                                                * Alain Chevrier, Couacs : Volume 2, Éditions des Vanneaux, 2016.
                                                Études :
                                                * René Audet, “Penser les carnets numériques d’écrivain : écritures médiatisées et réinvestissement de l’idée de publication”, in Études littéraires, vol. 48, n° 1-2, Québec, Université de Laval, 2019
                                                Internet :
                                                * L’Oreille tendue (Benoît Melançon), 20 janvier 2019 : “Le zeugme du dimanche matin et d’Émile Henriot” https://urlz.fr/8GOw
                                                * L’Oreille tendue (Benoît Melançon), 7 octobre 2019 : “Les verbes de la notulie” http://oreilletendue.com/2019/10/07/les-verbes-de-la-notulie/
                                                * L’Alamblog ( Éric Dussert), “Des Ténèbres Sataniques à l’Étoile du Matin”, 24 avril 2019 http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/04/24/Gengenbach-i
                                                * Miguel José Pérez Corrales, “Nuevos delirios de Ernest de Gengenbach”, Surrealismo Internacional, 21 juillet 2019 http://surrint.blogspot.com/2019/07/nuevos-delirios-de-ernest-de-gengenbach.html
                                                * Gérard Goutierre, “Gengenbach, un drôle de paroissien”, Les Soirées de Paris, 27 août 2019 http://www.lessoireesdeparis.com/2019/08/27/gengenbach-un-drole-de-paroissien/#more-24397
                                                * Flânerie quotidienne, mars 2019 https://flaneriequotidienne.wordpress.com/2019/04/01/365-jours-journal-poetique-an-3-mars-2019/
                                                * Le défi du samedi, 17 août 2019 http://samedidefi.canalblog.com/archives/2019/08/17/37563668.html#comments
                                                * Martine Monteau, “Le Purgatoire pour Gengenbach ?”, Mélusine, 20 octobre 2019 http://melusine-surrealisme.fr/wp/?p=3345&utm_source=sendinblue&utm_campaign=Semaine_42&utm_medium=email
                                                Radio :
                                                * Médiathèques : Journées littéraires de Jaligny, RCF, 6 juin 2019
                                                Précision concernant la politique photographique des notules :
                                                * Les notuliens contribuent de façon efficace à l’avancée des chantiers photographiques qui meublent nos livraisons dominicales : le cabinet de curiosités et l’Invent’Hair leur doivent beaucoup, sans parler des aptonymes ou de la rubrique Poil et plume. Merci. Une précision s’impose toutefois : ne sont acceptés que les clichés dûment localisés, pris “en vrai”, à l’aide d’un appareil idoine ou d’un téléphone de poche. Les photos issues de sites internet ou de réseaux plus ou moins sociaux ne sont pas homologuées.
                                                Appel :
                                                * Le début de l’année est généralement propice aux bonnes résolutions. Si parmi ces résolutions figure celle de ne plus vous laisser importuner par des messages électroniques antédiluviens, pesants, inutiles, creux, mal écrits, pompeux, j’en passe, et si vous vous apercevez tout à coup que les notules correspondent à l’une des catégories précitées, inutile d’engorger les tuyaux pour rien : un simple mot « stop » en réponse à ce numéro mettra fin à votre abonnement.
                  Lecture. L’Île des morts (The Skull Beneath the Skin, P.D. James, 1982 pour l’édition originale, Mazarine, 1985 pour la traduction française, rééd. Librairie Générale Française, coll. le Livre de poche, 1987, traduit de l’anglais par Lisa Rosenbaum; 512 p., s.p.m.).
JEUDI.
          Vie merdicale. Premier défi de l’année : prendre un rendez-vous auprès du service d’ophtalmologie à l’hôpital de la ville. L’opération ne peut se faire que le premier jour ouvrable de chaque mois, et attire du monde : je n’avais pas vu une telle queue depuis la mise en vente des billets pour le SAS – OM de Coupe de France il y a deux ans. Quatre heures d’attente, on a embauché un vigile pour prévenir d’éventuels débordements. Comme dans la course de fond, c’est la première heure qui est la plus dure. On jauge les concurrents plus affûtés qui étaient déjà là les mois précédents, on ne se sent pas de taille, on pense à l’abandon, on panique. Et puis on prend le rythme, on s’organise, on y croit. J’ai pris de quoi lire, mais pas assez, je dors un peu, je pactise avec le voisin, il faut bien que j’emprunte son téléphone de poche pour prévenir qu’on ne m’attende pas at home, j’observe, j’écoute et suis tout surpris de voir mon tour arriver : j’aurais pu, comme le marathonien parvenu au bout de son parcours, comme le champion du jeûne de Kafka, comme l’homme qui dort de Perec (“Tu vis dans une bienheureuse parenthèse, dans un vide plein de promesses et dont tu n’attends rien. Tu es invisible, limpide, transparent”), prolonger l’épreuve une ou deux heures de plus sans souffrir. Je ne suis même pas essoufflé et j’ai un rendez-vous pour le 9 juillet. Champion. 
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Chats des rues.

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Tornay (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 1er avril 2018 / Rocourt (Vosges), photo de l’auteur, 3 juin 2018
SAMEDI.

              Films vus. Lola (Jacques Demy, France – Italie, 1961)

                               The Renegade (Black ‘47, Lance Daly, Irlande – Luxembourg, 2018)
                               Fantastic Mr. Fox (Wes Anderson, É.-U. – R.-U., 2009)
                               Stars in My Crown (Jacques Tourneur, É.-U., 1950)
                               Une vie cachée (A Hidden Life, Terrence Malick, Allemagne É.-U., 2019)
                               L’Ordre des médecins (David Roux, France – Belgique, 2018)
                               Mud – Sur les rives du Mississippi (Mud, Jeff Nichols, É.-U., 2012).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Auxerre (Yonne), photo de Pierre Cohen-Hadria, 30 mai 2011 / Galway (Irlande), photo de Régis Conraud, 10 août 2018
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 2 décembre 2018. 66 km. (35 717 km).
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404 habitants
     Pas de monument aux morts visible, nous dit l’autochtone interrogé. En insistant un peu, on apprend qu’il y a une plaque dans l’église (fermée) et une autre à l’intérieur de la Mairie (fermée). Par chance, l’accès à celle-ci se fait par une porte vitrée qui permet de voir la plaque, au bas d’un escalier, et de la photographier. Deux rustines ont été ajoutées sous la plaque principale pour ajouter les morts des guerres plus récentes.

863 (5)-min

Pro Patria

Aux enfants

De Roville-aux-Chênes

Tombés au Champ d’Honneur

1914-1918

JACQUOT Joseph Cal N.D. Lorette 1915

ANTONOT Auguste id. id.

PERRIN Émile id. id.

PIERRE Lucien Cal Bois le Prêtre 1916

LHUILLIER Camille id. id.

HUMBERT René Verdun id.

SIMON Adrien M.d.L. Nord 1918

RENARD Alphonse Tué Civil 1914

Reconnaissance

MANGIN Paul Victime civile 1940

LARUELLE Augustin MplF 1945

BALLAND Robert Tué en déportation 1945

Souvenir

RENARD Roland 12-2-1958 Aumale

BERNARD Jean 28-3-1961 Oran

              Poil et pellicule.
863-min
Made in U.S.A. (Jean-Luc Godard, France, 1966)
Bonne année,
Philippe DIDION