29 mars 2020 – 875

DIMANCHE.

                   Vie de confiné. Il conviendrait ici d’ouvrir, on en voit fleurir çà et là, un “Journal de confinement” mettant en lumière les nouveautés apportées par cette situation inédite. Le problème, c’est que je ne saurais de quoi le nourrir : je mentirais en présentant comme un acte héroïque le fait de ne pas franchir une porte. Je m’aperçois en effet que cette existence diffère assez peu de celle que je mène en vacances, en dehors des séjours en Creuse bien entendu. Les notules sont de culture domestique, c’est marqué dessus, et montrent une certaine tendance, consentie, au confinement. En temps ordinaire, lorsque je ne vais pas au boulot, je me contente d’une escapade matinale pour le ravitaillement et les journaux, je suis de retour at home avant neuf heures et je ne bouge guère plus que les vieux dans la chanson de Brel. Je passe la majeure partie de mes journées à remuer du papier, je regarde un film le soir venu et je recommence le lendemain, j’aime ça. Ma vie sociale est peu mouvementée, je ne sors longuement que pour aller au football et visiter les monuments aux morts, autant dire que pour l’instant la situation présente ne me pèse guère, si je fais abstraction des nouvelles qui nous arrivent du dehors et du souci qu’on peut avoir pour l’entourage, souci qui affecte d’ailleurs davantage mes nuits que mes jours. Il y a bien quelques bricoles professionnelles à assumer mais ce que je vis est tout de même plus proche de la téléretraite que du télétravail. Pas de quoi en faire un journal en tout cas.
LUNDI.
           Vie des grands mages. “Le ministre Blanquer envisage un retour à l’école le 4 mai” (Vosges Matin). Vu les dons de pythie de l’oiseau, on est tranquille jusqu’à fin août.
MARDI.
            Obituaire. La mort d’Albert Uderzo m’apporte un point au Couic Parade.
            Vie professionnelle. Le collège m’appelle pour m’avertir que je dois répondre d’urgence à une enquête sur l’amiante, lancée par le service santé du rectorat. C’est à ça qu’on reconnaît les grands chefs de guerre : ils ont le sens des priorités.
MERCREDI.
                   Éphéméride. 25 mars [1920]. Multiplicité. Nous ne sommes pas simples, ni doubles, ni triples; nous sommes une infinité de gens. Je ne parle pas ici des personnages que nous jouons vis-à-vis du monde et selon les exigences de notre vie quotidienne, car nous ne sommes pas ces personnages ou nous les sommes imparfaitement; nous avons des masques que nous mettons et ôtons pour adapter notre visage à l’esprit de celui qui nous entretient.” (Julien Green, Journal intégral 1919-1940)
VENDREDI.
                  Lecture. Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 20 (15 juin 2018, 80 p., 15 €).
                                “Noël Arnaud au Collège”
                                L’Amour aux temps du choléra (El amor en los tiempos del cólera, Gabriel García Márquez, Sudamericana, 1985 pour l’édition originale, Grasset, 1987 pour la traduction française, rééd. France Loisirs, 1988, traduit de l’espagnol par Annie Morvan; 444 p., s.p.m.).
                                C’était ça ou La Peste, une découverte ou une relecture. Bon choix : je me suis trouvé dans l’obligation de lire deux ou trois fois chacune des cinquante dernières pages pour retarder le moment de mettre fin à l’enchantement.
875
Paris (Seine), rue Cujas, photo de l’auteur, 31 mai 2014
                                
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Cela fait trois fois que je dois annuler un voyage à Paris. Deux fois, cet hiver, pour raisons sociales, les grèves SNCF, la troisième ce week-end pour raisons sanitaires. C’est bien dommage mais on n’a pas chanté, en début de semaine, les vertus de l’assignation à résidence pour se dédire aussitôt. D’autant que si je ne peux aller à Paris, Paris peut toujours venir à moi en images.
OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA
cimetière de Vigeville (Creuse), photos de l’auteur, 31 juillet 2019
SAMEDI.
              Films vus. Les Petits Flocons (Joséphine de Meaux, France, 2019
                               Le Hasard et la Violence (Philippe Labro, France – Italie, 1974)
                               L’Adieu à la nuit (André Téchiné, France – Allemagne, 2019)
                               Les Victimes (Patrick Grandperret, France, 1996)
                               Un homme pressé (Hervé Mimran, France, 2018)
                               Le Livre de la jungle (Jungle Book, Zoltan Korda, É.-U. – R.-U., 1942)
                               Green Book : Sur les routes du Sud (Green Book, Peter Farrelly, É.-U., 2018).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
875 (4) 875 (3)
Tourlaville (Manche), photo de Sibylline, 14 juin 2011 / Rennes (Ille-et-Vilaine), photo de Denis Cosnard, 27 mai 2012
              Poil de course.
875 (5) 875 (6)
Châtelus-Malvaleix (Creuse), photos de l’auteur, 30 juillet, 2017
Bon dimanche,
Philippe DIDION

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s