28 juin 2020 – 888

LUNDI.

           Lecture. Quel avenir pour la cavalerie ? Une histoire naturelle du vers français (Jacques Réda, Buchet-Chastel, 2019; 224 p., 20 €).

Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de voir un poète s’attacher à parler de son outil de travail, sans souci universitaire. Et comme poète, Jacques Réda se pose là, lui qui est l’auteur d’un nombre impressionnant de recueils. Comme objet d’étude, il choisit l’élément de base de l’écriture poétique, le vers, dont il livre un historique complet et érudit. Le spécialiste du jazz qu’il est aussi – je ne sais s’il a toujours son rond de serviette à Jazz Magazine mais il y a longtemps livré des critiques – l’autorise à établir des passerelles entre poésie et musique, là aussi de façon fort savante. Lorsqu’il s’attaque à la poésie des deux derniers siècles, l’auteur devient plus subjectif et se laisse porter par ses goûts, donnant une large part à Rimbaud, Lautréamont, Claudel, Roussel et Cendrars. Des choix qui ne surprendront pas, mais Réda se montre parfois plus pointu en parlant d’Armand Robin, de Jean-Paul de Dadelsen ou d’Armen Lubin. Quelle que soit l’époque étudiée, le propos est savant et l’expression travaillée à un point tel qu’elle en devient parfois obscure. Chaque lecteur, c’est la loi du genre, regrettera l’omission de tel ou tel poète : pour notre part, on aurait aimé voir soumis à l’étude le vers si surprenant d’Henry J.-M. Levet.

MERCREDI.
                  Éphéméride.
                                      « À : Sanatorium, St Blasien, Schwarzwald
[Berlin]
24/VI [1926]
Petit buisson,
Ce matin j’ai retrouvé Sack à la gare de Charlottenburg. Nous voulions aller à l’Exposition canine, mais elle était déjà fermée. Nous nous sommes promenés dans les fourrés de Westend. Je suis rentré et ai téléphoné à Roul. Ma nouvelle paraîtra dans le numéro de dimanche (après-demain). Samedi matin j’irai à la “Rédaction” corriger les épreuves. Hessen est ravi. Le temps est couvert, mais sec. Après le déjeuner (foie et gelée de groseilles à maquereau – on aurait dit des œufs de grenouilles), je me suis allongé, ai relu Machenka (cela m’a plu) et vers quatre heures, je suis allé jouer au tennis. J’ai oublié de te dire hier que cinq cordes se sont rompues à la suite d’un service puissant. Elles sont maintenant réparées. J’ai bien joué.” (Vladimir Nabokov, Lettres à Véra)
JEUDI.
          Vie culturelle. Retour au cinéma. On ne s’y bouscule pas vraiment.

888-min

Épinal (Vosges), photo du jour, Lucie Didion
VENDREDI.
                  Lecture. Là où chantent les écrevisses (Where the Crawdads Sing, Delia Owens, G.P. Putnam’s Sons, 2018 pour l’édition originale, Le Seuil, 2020 pour la traduction française, traduit de l’américain par Marc Amfreville; 480 p., 21,50 €).
                                Spécialiste en biologie et zoologie, Delia Owens a parfaitement su transférer ses connaissances dans le domaine romanesque pour raconter l’histoire d’une sauvageonne, abandonnée par sa famille dans une cabane des marais de Caroline du Nord et accusée de meurtre. Le parallèle établi entre les comportements animaux et humains est un peu forcé mais le décor naturel est planté de façon magistrale. Énigme policière, racisme ordinaire (on est dans les années 1960), construction d’un personnage de l’enfance à l’âge adulte, prédominance de la flore et de la faune, tout est solidement campé. Il n’est guère que la partie sentimentale de l’histoire, avec des dialogues d’une grande mièvrerie, qui se distingue par son inconsistance. Comme le remarquait Claire Devarrieux dans son papier de Libération, on n’est pas au niveau de Harper Lee (Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur) mais c’est un roman très bien construit, efficace, émouvant, qui mérite le succès qu’il a rencontré.
                      Le cabinet de curiosités du notulographe. Les cabinets de curiosités du cabinet de curiosités.
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Montpellier (Hérault), photo de Jean-François Fournié, 10 août 2019 / Dijon (Côte-d’Or), photo de l’auteur, 27 août 2019
SAMEDI.
              Films vus. René la canne (Francis Girod, France – Italie, 1977)
                                Absence de malice (Absence of Malice, Sydney Pollack, É.-U., 1981)
                                Pauvre Georges ! (Claire Devers, Canada – Belgique – France, 2018)
                                Rocky Balboa (Sylvester Stallone,  É.-U., 2006)
                                Guide Dog (court métrage, Bill Plympton, É.-U., 2006)
                                La Bonne Épouse (Martin Provost, France, 2020)
                                Celle que vous croyez (Safy Nebbou, France – Belgique, 2019)
                                Le Repas des fauves (Christian-Jaque, France – Espagne – Italie, 1964).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Ussel (Corrèze), leurre, photo de l’auteur, 9 août 2011 / Grillon (Vaucluse), photo d’Hervé Bertin, 22 février 2012
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 30 mars 2019. 108 km. (36 761 km).
888 (5)-min

20 079 habitants

   Une colonne tronquée se dresse sur un quai de la Meurthe, au centre d’un parterre gazonné et fleuri. Une rambarde métallique ferme le cercle qui l’entoure. Une plaque indique que le monument ”a été dépouillé en septembre 1940 de ses ornements et motifs en bronze par les autorités d’occupation”, ce qui explique son caractère dénudé. Il est signé DESVERGNES au dos. Sur la base ont été fixées les plaques portant les noms des victimes de 14-18, qui vont d’ACKERMANN Louis à ZURCHER Jean.

888 (6)-min

La Ville de Saint-Dié
À ses enfants
Morts pour la France
1914-1918
1939-1945
T.O.E.
A.F.N.
              Poil et plume. « Jim [un épagneul breton] apprend aussi, au doigt et à l’œil, mais sans laisse ni collier, à m’accompagner partout. À la boulangerie, où je lui offre un morceau de mon pain au chocolat, à la boucherie où c’est comique de le voir renifler tant de bonnes odeurs à la fois, chez le coiffeur où, allongé au pied du fauteuil, il accueille sur sa tête rousse la pluie fine de mes cheveux que l’on coupe. » (Gérard Lefort, Les Amygdales)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

21 juin 2020 – 887

MARDI.
            Lecture. Des gens comme eux (Samira Sedira, Éditions du Rouergue, coll. la brune, 2020; 144 p., 16,50 €).
                          Qu’est-ce qui a poussé Constant à tuer ses voisins, les cinq membres d’une famille venue s’installer dans son village ? On ne le saura pas vraiment, au bout de ce petit polar d’excellente facture : c’est une accumulation de petits faits, de vexations minuscules, de choses incontrôlables qui sont relatées dans une écriture d’une simplicité bienvenue. On retient le nom de Samira Sedira, auteure à suivre.
MERCREDI.
                   Éphéméride.
                                      « 17 juin  [1904]
« M. Georges Desvallières m’a conduit au haut de Montmartre, au-dessus du moulin de la Galette, chez Bloy, qui habite un modeste rez-de-chaussée, entouré d’un modeste jardin.
Bloy m’a crié sa misère, trop peut-être. Il a conscience de son talent, trop peut-être. Il vocifère contre les catholiques qui ne l’ont pas utilisé contre les Pères de l’Assomption, en particulier. Ce moi du mendiant choque les délicats. Il a lu, avec déclamation parfois, la préface de son futur livre qui est, sous ce titre : Mon Journal, la continuation du Mendiant ingrat. C’est son séjour en Danemark.
Il ne croit pas aux douleurs des riches. Pour Bloy, il n’y a qu’une douleur, c’est de manquer d’argent. Il écrira un livre sur l’argent qu’il intitulera : Le Sang des pauvres.
Physiquement, l’homme, qui est gris, ne déplaît pas. Sa voix non plus n’est pas désagréable. Il a une femme très grande et laide, et deux filles.” (Abbé Mugnier, Journal 1879-1939)
                   Lecture. Dans un mois, dans un an (Françoise Sagan, Julliard, 1957, rééd. in “Œuvres”, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2019; 1494 p., 30 €).
                                 Troisième roman de Sagan, première déception. Sa brièveté est son atout majeur, car jamais on ne parvient à s’intéresser à ce chassé-croisé amoureux qui mêle des personnages fades, bobos avant l’heure, issus du monde de l’édition et du théâtre. La simplicité dans la peinture des sentiments, qui était jusque là l’atout majeur de la romancière, a totalement disparu.
JEUDI.
          Lecture. Clavier universel (Pierre Véry, Gallimard, 1933, rééd. in « Les Intégrales du Masque », tome 2, Librairie des Champs-Élysées, 1994; 980 p., s.p.m.).
                        Après s’être essayé dans différents genres, Pierre Véry semble, avec ce titre, s’orienter vers le roman policier, mais à sa manière : multiplication des fausses pistes, abandon d’intrigues secondaires en cours de route, personnages dont l’originalité confine au loufoque. C’est très bien construit, écrit avec légèreté et on a plaisir à voir Véry s’acheminer tranquillement vers le chef-d’œuvre qu’il livrera, deux ans plus tard, avec Les Disparus de Saint-Agil.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Les cabines du cabinet.
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Mont-Saxonnex (Haute-Savoie), 10 juillet 2017 / Châtelus-Malvaleix (Creuse), 29 juillet 2018, photos de l’auteur
Le temps que je me décide à les photographier, ces vestiges téléphoniques avaient tous disparu et je n’ai que ces deux exemplaires à ranger dans le cabinet. Ils suffiront pour que reviennent en mémoire les douloureuses contorsions qu’il fallait exercer pour s’y insérer et pour s’en extraire. C’était un temps où les architectes de la communication s’ingéniaient à préserver des oreilles indiscrètes la teneur de nos conversations à distance, sans imaginer qu’un jour celles-ci, claironnantes et impudiques, envahiraient les espaces ouverts par le biais du téléphone de poche.
SAMEDI.
              Films vus. Goodbye, South, Goodbye (Nan guo zai jian, nan guo, Hou Hsiao-Hsien, Taïwan – Japon, 1996)
                               La Vertu des impondérables (Claude Lelouch, France, 2019)
                               Nos plus belles années (The Way We Were, Sydney Pollack, É.-U., 1973)
                               Le Crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, France, 1936)
                               Rocky V (John G. Avildsen, É.-U., 1990)
                               Le Parfum – Histoire d’un meurtrier (Perfume : The Story of a Murderer, Tom Tykwer, Allemagne – France – Espagne – É.-U., 2006)
                               Radio Days (Woody Allen, É.-U., 1987).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Chamblet (Allier), 30 juillet 2011 / Châtenois (Vosges), 6 octobre 2013, photos de l’auteur
            
              Poil et photographie.
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Man Ray, Autoportrait
Bon dimanche,
Philippe DIDION

14 juin 2020 – 886

MARDI.
            Lecture. Les Derniers jours (Raymond Queneau, Gallimard, 1936, rééd. in “Œuvres complètes II”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 485, 2002; 1766 p., 69 €).
                          Le Dictionnaire des personnages de Raymond Queneau de Pierre David s’est révélé très précieux pour accompagner cette lecture. Un des protagonistes y apparaît en effet sous “une dizaine de noms, tous plus beaux les uns que les autres” : Antoine Brabbant, Blaisolle, Dutilleul, Martin-Martin, etc. Mais c’est un certain Vincent Tuquedenne qui représente ici le jeune Queneau dans la transposition de sa vie d’étudiant parisien à la recherche d’une philosophie personnelle.
MERCREDI.
                  Éphéméride. Samedi 10 juin 1972
Le jeudi, Mélissa est allée chez le coiffeur, j’ai travaillé au Gerassi après avoir dormi tout le matin. Le soir, nous avons dîné chez Vera.
Le vendredi, il y a eu une sorte de masque à propos de la Série Noire. J’ai déjeuné avec A.D.G. et Mounier.
Aujourd’hui, travail (un peu insuffisant) à CAMILO TORRES.
Vu à la télévision LES RAISINS DE LA COLÈRE (John Ford).(Jean-Patrick Manchette, Journal 1966-1974)
                  Lecture.  
                               La Fiancée de Noël (Fred Kassak, in “Romans humoristiques”, Le Masque, coll. Intégrales, 2003; 800 p., s.p.m.).
                               Nouvelle inédite de 1955.
                               Schnock n° 29 (La Tengo, décembre 2018; 176 p., 15,50 €).
                               Jean Gabin.
                               La Nouvelle Revue française n° 633 (Gallimard, décembre 2018; 174 p., 15 €).
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Pain rassis.
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Aulnois (Vosges), 11 octobre 2015 / Dun-le-Palestel (Creuse), 31 juillet 2015, photos de l’auteur
SAMEDI.
              Films vus. Thalasso (Guillaume Nicloux, France, 2019)
                               Nous sommes tous des assassins (André Cayatte, France – Italie, 1952)
                               Le Plus Joli Péché du monde (Gilles Grangier, France, 1951)
                               La Fiancée des ténèbres (Serge de Poligny, France, 1945)
                               Le Dernier Saut (Édouard Luntz, France – Italie, 1970)
                               Rocky IV (Sylvester Stallone, É.-U., 1985)
                               Souvenirs d’en France (André Téchiné, France, 1975).
              Lecture. Dans les ruines : les massacres d’Adana, avril 1909 (Zabel Essayan, 1911 pour l’édition originale, Phébus, 2011 pour la traduction française, rééd. Libretto n° 485, 2015, traduit de l’arménien par Léon Ketcheyan; 336 p., 10 €).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Épinal (Vosges), 23 juillet 2011 / Dompierre-sur-Besbre (Allier), 13 juin 2015, photos de l’auteur
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 3 mars 2019. 70 km. (36 653 km).
886 (6)-min
424 habitants

   Sur la place de la Mairie, le monument de grès, flanqué d’un drapeau tricolore, surplombe un petit étang. Il est posé sur une dalle bétonnée, entouré d’un parterre semé de copeaux de bois. Les noms figurent sur trois plaques de marbre, sur toute la hauteur du fût. Sur la plaque du haut, la dorure des lettres a disparu en partie. Je ne recopie donc que les noms lisibles sur les deux plaques du dessous.

886 (5)-min

Aux glorieux enfants
De Saint-Benoît
Morts pour la France
LAURENT Paul [1915]
VAUTRIN Paul “
THOMAS Henry “
VILMAIN Paul “
HENRY Marius 1916
RUYER Charles “
ANDRÉ Henri “
MILOT Paul “
HELLE Paul 1917
LAINTE Victor “
HENRY Alphonse “
PETITDEMANGE Émile 1918
NOËL Charles “
SAGARD Charles “
ANTONOT Charles “
PETITDEMANGE Henri “
LAINTE Jules “
BRIDEY Henri 1919
LÉVÊQUE Henri 1914
BALLAND Catherine 1914
   Sur le côté, une stèle récente porte les noms des victimes de 1939-1945.
              Poil et pellicule.
886-min
La Science des rêves (Michel Gondry, France – Italie – É.-U., 2006)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

7 juin 2020 – 885

LUNDI.
           Lecture. The Asphalt Jungle (William R. Burnett, Knopf, 1949 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 106, 1951 pour la traduction française, rééd. coll. Quarto, “Underworld : romans noirs”, 2019, traduit de l’américain par Jeanne-G. Marquet, révisé par Marie-Caroline Aubert; 1120 p., 28 €).
                         J’ai découvert W.R. Burnett il y a bien longtemps, en 1983, par l’intermédiaire d’un roman mineur, Dark Hazard, qui se déroulait dans le milieu des courses de lévriers. Roman mineur, peu connu, qui m’avait donné envie d’en lire et d’en savoir plus sur Burnett. Ses grands romans avaient été publiés en Série Noire mais je n’y ai pas retrouvé ce qui m’avait tant plu dans Dark Hazard. Quarto fait aujourd’hui le pari de dépoussiérer Burnett en révisant les traductions et en redonnant à ses romans leurs titres originaux. The Asphalt Jungle, c’est Quand la ville dort, adapté au cinéma un an après sa publication. John Huston, scénariste et réalisateur, n’a pas eu beaucoup d’efforts à faire pour la transposition : le roman est découpé en courts chapitres qui sont autant de séquences avec multiplication des points de vue et montage parallèle. Ce qui a dû être plus gênant, c’est le refus de Burnett de faire dans le spectaculaire. Il est bien question d’un braquage, celui d’une bijouterie effectué par une bande assez hétéroclite, mais les détails de la préparation sont passés sous silence et le cambriolage lui-même est expédié en quelques paragraphes. En fait, comme le dit à peu près un des participants, “les alarmes se déclenchent toutes seules et il y a des coups de feu qui partent n’importe comment.” Laissant cela de côté, l’auteur se concentre sur la traque qui verra chacun des malfrats se faire rattraper par son point faible : le goût de l’un pour les très jeunes filles, le désir de l’autre de retrouver ses racines rurales, le penchant d’un troisième pour le luxe, etc. Pas de jugement moral pour autant chez Burnett : comme dans toute bonne tragédie, les personnages se précipitent vers leur perte sans rien maîtriser.
MARDI.
            Vie professionnelle. Retour aux affaires scolaires, sans les élèves pour l’instant, qui permet de constater un effet inattendu du travail à distance sur l’épiderme enseignant : on peut, c’est indéniable, bronzer à la lumière des écrans d’ordinateur, écrans que chacun jure n’avoir quittés que pour se nourrir et dormir – et encore. On se croirait à une assemblée générale de copropriétaires à Palavas-les-Flots.
            Lecture. Globalisation (Pierre Bergounioux, Gallimard, coll. Tracts de crise n° 5; 5 p., offert en période de confinement).
                          Carnet d’adresses de quelques personnages de la littérature (Didier Blonde, Gallimard, coll. L’arbalète, 2020; 256 p., 19 €).
                          Cela fait un moment que Didier Blonde exploite le filon des adresses littéraires. Il a commencé par faire l’inventaire de celles de Baudelaire avant de se tourner vers celles des personnages avec un premier Carnet d’adresses paru en 2010, suivi de deux éditions d’un Répertoire des domiciles parisiens de quelques personnages fictifs de la littérature. le tout ici “corrigé, augmenté, retouché et en partie réécrit”. Recopié, surtout, car il y a peu de différences avec ses textes précédents. C’est le genre de livre qui est certainement plus intéressant à faire qu’à lire mais l’amateur de répertoires et d’inventaires y trouve de quoi faire son miel. À travers la sélection effectuée par l’auteur se dessine son portrait en lecteur : un grand amateur de Balzac, Modiano et de tout le roman populaire du XIXe : Ponson du Terrail, Souvestre et Allain, Gaston Leroux et Eugène Sue occupent plusieurs pages de son carnet auquel, bien sûr, chaque lecteur est tenté d’ajouter ses propres trouvailles.
MERCREDI.
                  Éphéméride. Vendredi 3 juin 1983
À partir de midi, une migraine ophtalmique différente de celles déjà subies. Inquiétude. Oh ! et puis, merde !
Après-midi, visite d’Isabelle Saïd et de sa copine Carolyne Franck. Très agréables filles. Projet radio.” (Léo Malet, Journal secret)
JEUDI.
          Brèves de trottoir.
885-min
          Lecture. Le Sourire du scorpion (Patrice Gain, Le mot et le reste, 2020; 210 p., 19 €).
                        Recommandé par l’excellent Bernard Poirette (Le Polar de Poirette, chaque samedi sur Europe 1), Le Sourire du scorpion montre tout d’abord qu’il n’y a pas que les Américains de chez Gallmeister qui savent parler de la nature. Patrice Gain fait preuve en effet d’un réel talent pour raconter une histoire dans laquelle le cadre géographique (le canyon de la Tara au Monténégro puis le Causse aveyronnais) joue un rôle primordial, avec la même précision dans le vocabulaire botanique et zoologique que celle de Manchette dans le domaine des armes à feu. Partant d’un accident de rafting au cours d’une expédition calquée sur le modèle de Délivrance, l’histoire aboutit aux séquelles de la guerre de Yougoslavie au terme d’un parcours très bien mené. Patrice Gain s’y entend pour créer une ambiance inquiétante qui vient autant de la nature sauvage que de la psychologie complexe de ses personnages en évitant les longueurs et les clichés.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Aperçu d’une collection de boucheries chevalines, photos de l’auteur.
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Paris (Seine), rue de la Glacière, 10 décembre 2016 / Troyes (Aube), 27 octobre 2019
SAMEDI.
              Films vus. Rocky III, l’œil du tigre (Rocky III, Sylvester Stallone, É.-U., 1982)
                               Le Saut de l’ange (Yves Boisset, France – Italie, 1971)
                               La Veuve joyeuse (The Merry Widow, Ernst Lubitsch, É.-U., 1934)
                               Mischka (Jean-François Stévenin, France, 2002)
                               Zouzou (Marc Allégret, France, 1934)
                               Fripouillard et Cie (I tartassati, Steno, Italie – France, 1959)
                               Selma (Ava DuVernay, R.-U. – É.-U. – France, 2014).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
885 (3)-min 885 (4)-min
Paris (Seine), rue Parrot, photo de Pierre Cohen-Hadria, 23 juillet 2011 / Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 22 août 2012
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 24 février 2019. 90 km. (36 583 km).
885 (5)-min
81 habitants
   Le monument, surmonté d’un coq, s’élève sur un ensemble de maçonnerie remis à neuf. La pierre elle-même a été nettoyée, le gravier et le sable du terre-plein sont tout blancs. Sur la face avant de la flèche à base carrée, une croix de Lorraine, deux canons entrecroisés et des ramures en bas-relief.
885 (6)-min
Aux morts
Pour la Patrie
1914-1918
Eugène GRANDCLERC
Antoine ANDRÉ
Charles DUFAYS
Marcel ERBA
René DEROUX
Paul LIÉGEOIS
Ernest CONROUX
Gustave LIÉGEOIS
Charles LENNERET
Henri DITGEN

   Henri Ditgen a sa tombe dans le cimetière situé au sommet du village, tout comme René Deroux, avec quelques détails pour ce dernier.

885 (7)-min

Poil et pellicule.
885 (8)-min
Coup de torchon (Bertrand Tavernier, France, 1981)
Bon dimanche,
Philippe DIDION