Brève de trottoir.
MERCREDI.
Éphéméride. “Mercredi 29 [juillet 1874]. Ce matin, vers neuf heures, je rangeais toutes mes affaires, quand Arthur, sombre et nerveux, a dit tout à coup qu’il sortait et qu’il ne rentrerait pas à midi. Mais à dix heures il revient et nous annonce qu’il partira demain. Quelle nouvelle ! J’en suis suffoquée. Suis-je contente au moins, moi qui ai tant désiré cet instant ? En conscience, je serais bien en peine de répondre franchement; et je ne m’explique pas du tout cette épine qui me laboure le coeur au moment où je devrais être si joyeuse.” (Vitalie Rimbaud, Journal et autres récits)
VENDREDI.
Lecture. Nuit sombre et sacrée (Dark Sacred Night, Michael Connelly, Little, Brown & Company, New York, 2018 pour l’édition originale; Calmann-Lévy, coll. Robert Pépin présente…, 2020 pour la traduction française, traduit de l’américain par Robert Pépin; 468 p., 21,90 €).
Michael Connelly n’aura pas attendu longtemps avant de faire travailler ensemble son héros historique, Harry Bosch, et sa nouvelle création, Renée Ballard. Bien qu’appartenant à des services différents de la police, ils unissent ici leurs forces pour résoudre un cold case, un meurtre de toxicomane remontant à plusieurs années. Mais ce n’est pas leur seule occupation : en parallèle, chacun bosse sur ses propres enquêtes, ce qui fait que le roman se partage en trois flux, enquêtes Bosch, enquêtes Ballard, enquête commune, répartis au fil des chapitres. C’est trop mécanique pour être totalement réussi : bien sûr, Connelly construit tout cela avec une maîtrise absolue et un métier consommé, bien sûr il donne en un livre assez de matière pour nourrir une demi-douzaine de polars ordinaires, mais il y a si peu d’âme, si peu d’humanité dans son œuvre qu’on peut vraiment parler à son sujet de littérature industrielle.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Au vrai chic patronymique.
Vosges Matin, 5 octobre 2018, collection de l’auteur
SAMEDI.
Films vus. Benni (Systemsprenger, Nora Fingscheidt, Allemagne, 2019)
Sauver ou périr (Frédéric Tellier, France – Belgique, 2018)
Intérieurs (Interiors, Woody Allen, É.-U., 1978)
Je promets d’être sage (Ronan le Page, France, 2019)
Le Dossier Odessa (The Odessa File, Ronald Neame, R.-U. – Allemagne, 1974).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Gênes (Italie), photo de Pierre Cohen-Hadria, 11 août 2011 / Palerme (Italie), photo de Bernard Cattin, 17 avril 2016
Poil rap.
Bestiolaire de la Creuse. Identification d’un Frelon européen.
DIMANCHE.
Bestiolaire de la Creuse. Identification d’un Taon tropique.
Vie en Creuse. En arrivant ici, je pensais trouver une population relativement indifférente à la situation sanitaire et aux changements dans le mode de vie induits par celle-ci. Le coin avait été épargné par la première vague du virus et, confinés ou pas, les gens d’ici n’en avaient entendu parler qu’à la télévision. Mais en parcourant ce matin le marché de Jarnages, je m’aperçois que tout le monde porte un masque, et pas seulement les touristes. Enfin, il y a masque et masque : je reconnais une figure de La Celle-sous-Gouzon porteuse d’un jetable dont la couleur et l’état semblent indiquer qu’il a été porté en continu depuis le 17 mars.
MARDI.
Bestiolaire de la Creuse. Identification d’un Silène. Comme pour beaucoup, la fin du déconfinement aura créé un chez moi un appel d’air. Les promenades occasionnelles que je pouvais faire sont devenues quasi quotidiennes et je compte sur les doigts de la main les jours où je ne suis pas sorti, nez au vent et boîte à insectes en main. Attention, je dis bien promenades, je ne fais pas de marche, encore moins de randonnée, je laisse cela aux sportifs. Je me promène, j’observe, je capture avec mon filet à papillons, j’identifie quand je le peux, je relâche. Sur les 450 insectes décrits dans le petit guide Delachaux et Niestlé que j’utilise le plus souvent, j’en ai déjà reconnu 72. Il y a encore du boulot et c’est tant mieux, je ne suis pas pressé d’arriver à la situation que j’ai connue avec l’ornithologie, un domaine dans lequel, au bout d’une trentaine d’années, j’ai déterminé à peu près tout ce qui était à la portée de mes pas et de mes connaissances. J’arriverai sans doute un jour au bout de mes découvertes en entomologie, il sera temps alors pour moi de me consacrer à des choses plus statiques, les arbres, les pierres, les herbes si je peux encore me baisser.
MERCREDI.
Éphéméride. “Mardi 5 août [2014]. Cent deux ans et seize jours.
Petite, elle demandait à sa mère en ouvrant plus ou moins les bras : “Tu m’aimes comment ?” Comme les acteurs, elle n’existait pas sans l’amour et le désir des autres. C’est une grande faiblesse.” (Véronique Robert-Chovin, Lucette Destouches, épouse Céline)
Bestiolaire de la Creuse. Identification d’un Sphinx du chèvrefeuille.
JEUDI.
Obituaire. La Montagne du jour annonce le décès de Frédéric Jacques Temple, “poète, romancier, traducteur, essayiste et journaliste”, à l’âge de 98 ans. Il n’en avait donc que 94 lorsque je l’ai entendu raconter son passé de tankiste dans les Vosges lors des premières Rencontres de Chaminadour auxquelles j’ai assisté.
Pierre Michon et Frédéric Jacques Temple à Guéret (Creuse), photo de l’auteur, 17 septembre 2016
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Chanteur au balcon.
Gérardmer (Vosges), photo de l’auteur, 2 mai 2018
SAMEDI.
L’Invent’Hair perd ses poils.
Besançon (Doubs), photo d’Olivier Bertin, 16 août 2011 / Amiens (Somme), photo de François Golfier, 21 décembre 2016
Poil et pellicule.
Cecil B. Demented (John Waters, É.-U. – France, 2000)
Bestiolaire de la Creuse. Identification d’une Écaille chinée.
MARDI.
Vie immobilière. Il aura fallu deux allers et retours entre Guéret et Bordeaux pour réussir à loger Lucie pour la prochaine année universitaire. Ce ne fut pas simple, les Bordelais ont beau tordre le nez devant les Parisiens et les considérer comme des envahisseurs venus bouffer leurs précieuses chocolatines, ils ont eu tôt fait d’adopter leurs mœurs et tarifs immobiliers.
MERCREDI.
Éphéméride. “Mardi, 12 août [1941]
Voilà que notre départ est reporté, du moins pour le moment. “Pour le moment”… Tout est “pour le moment”. On est revenu à la dernière minute sur la convocation d’hier. Un communiqué publié aujourd’hui annonce que “la réquisition des Juifs est suspendue pour dix jours” et que de nouveaux ordres seront donnés après le 21 août. Je ne connais pas l’explication de ces atermoiements. Peut-être est-ce la simple, la vieille, la fameuse incurie de l’administration. Peut-être ne sait-on pas encore que faire de nous. Peut-être, enfin, a-t-on décidé de nous laisser quelques jours pour attendre les souscriptions à l’emprunt, la perspective du travail forcé servant alors d’épée de Damoclès, de moyen de pression. Quoi qu’il en soit, ce sont quelques jours, ou seulement quelques heures, de relative tranquillité. Autant de gagné.” (Mihail Sebastian, Journal 1935-1944)
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Cave canem. Rappelons que dans cette collection, le “coup du roi” consiste à photographier le modèle à côté de son image,
Vigeville (Creuse), photo de l’auteur, 31 juillet 2019
SAMEDI.
Films vus. La Dernière Valse (The Last Waltz, Martin Scorsese, 1978)
Banco (70 Binladens, Koldo Serra, Espagne, 2018).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Paris (Seine), rue de La Villette, photo de Pierre Cohen-Hadria, 21 août 2011 / Bougival (Yvelines), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 2 juillet 2014
Poil et pellicule.
Le Tout Nouveau Testament (Jaco Van Dormael, Belgique – France – Luxembourg, 2015)
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