21 février 2021 – 917

DIMANCHE.                   

Lecture. L’Arrache-cœur (Boris Vian, Vrille, 1953 pour l’édition originale, rééd. in “Œuvres romanesques complètes II”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 563, 2010; 1368 p., 62,50 €).                                 

Relecture.                                 

J’ai lu ce roman pour la première fois en 1979, à une époque où Boris Vian avait droit à une nouvelle naissance grâce aux efforts de gens comme François Caradec, Noël Arnaud, Christian Bourgois et Jean-Jacques Pauvert. Vian était en plein boum, on rééditait tout, théâtre, chansons, romans, articles et le jeune public, j’en étais, en raffolait. J’ignorais alors que L’Arrache-cœur était la dernière tentative de Vian dans le domaine romanesque, domaine qu’il allait abandonner par manque de succès et de reconnaissance. Pourtant, Il avait un allié chez Gallimard, Raymond Queneau, et l’on comprend pourquoi : outre l’inventivité lexicale commune à ces deux auteurs, on trouve chez eux la même peinture d’un milieu étrangement cruel (la foire aux vieux de L’Arrache-cœur vaut bien la Fête du Midi de Gueule de pierre), les mêmes préoccupations concernant les liens familiaux. Las, Queneau ne put vaincre les réticences de Jacques Lemarchand et le roman, refusé, trouva refuge chez Vrille, une petite maison d’édition qui en vendit un peu plus de deux cents exemplaires. Queneau, il ne pouvait guère faire moins, se fendit d’une préface qui se concluait par ces mots : “Boris Vian va devenir Boris Vian.” Il suffisait d’être patient.    

LUNDI.           

Lecture. La Peau d’Anne (Fred Kassak, in “Romans humoristiques”, Le Masque, coll. Intégrales, 2003; 800 p., s.p.m.).                         

Nouvelle radiophonique.  

MERCREDI.                  

Éphéméride. “Vendredi 17 février [18]99  

[…] Les journaux sont pleins de la mort de Félix Faure et de son successeur éventuel. Qui sera-ce ? Encore un bourgeois et toujours un bourgeois ! Alors que le diable les patafiole tous. Ils me dégoûtent et je m’en fous. Il peuvent bien si ça leur plaît mettre un chimpanzé sur le trône de l’Élysée que ça ne me ferait pas plus d’effet.” (Jehan-Rictus, Journal quotidien 21 septembre 1898 – 26 avril 1899)                    

Vie ludique. C’est aujourd’hui la remise des listes du Couic Parade. L’opération se déroule habituellement au comptoir mais les choses étant ce qu’elles sont, c’est à distance que les concurrents se sont transmis leurs propositions. Je rappelle le principe de la chose : établir une liste de dix personnalités appelées à passer l’arme à gauche dans les douze prochains mois. L’exercice précédent aura été plutôt bénéfique pour ma pomme, puisque j’avais prédit la disparition de Claude Bolling, Daniel Cordier, Suzy Delair, Kirk Douglas, Robert Massin et Albert Uderzo. Pour l’année à venir, les heureux élus, si on peut les appeler ainsi, sont :  

  • Marcel Bluwal, réalisateur, 1925
  • Renée Dorléac, comédienne, 1911
  • Marc Dudicourt, comédien, 1932
  • Lawrence Ferlinghetti, poète, 1919
  • Émile Idée, coureur cycliste, 1920
  • Jean Malaurie, ethnologue, 1922
  • Jacques Roubaud, écrivain, 1932
  • Henri Vernes, écrivain, 1918
  • Anne Vernon, comédienne, 1924
  • Sabine Weiss, photographe, 1924.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Aperçu d’une collection de Lions d’or.  

Lieu indéterminé, archives familiales famille Schnepp

Estivareilles (Allier), photo de Jean-Damien Poncet, 27 septembre 2020    

SAMEDI.              

Lecture. Schnock n° 32 (La Tengo, septembre 2019; 176 p., 15,50 €).                            

Uderzo & Goscinny.                

Films vus.

  • Malcolm & Marie (Sam Levinson, É.-U., 2021)                               
  • Fourmi (Jules Rappeneau, France – Belgique, 2019)                               
  • Je me suis fait tout petit (Cécilia Rouaud, France, 2012)                               
  • Le Meilleur reste à venir (Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte, France –Belgique, 2019)
  • Le Combat dans l’île (Alain Cavalier, France, 1962)                               
  • L’Histoire personnelle de David Copperfield (The Personal History of David Copperfield, Armando Iannucci, R.-U. – É.-U., 2019)                               
  • L’Aigle s’est envolé (The Eagle Has Landed, John Sturges, R.-U., 1976).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Morlaix (Finistère), photo de François Golfier, 23 octobre 2011

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 2 mars 2014                

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 17 novembre 2019. 104 km. (37 982 km).  

146 habitants     

Dans le coin du cimetière qui jouxte l’entrée de l’église, le monument repose sur un socle de rocaille du plus laid effet. Un Christ en croix est accroché sur une des faces de l’obélisque, un pot de chrysanthèmes a été déposé au-dessous du macaron tricolore RF fixé à la grille.  

  Aux morts pour la Patrie

La commune de ST Paul

Reconnaissante

1914-1918  

1914  

DROUOT Camille  

1915   EULRY Paul  

1916  

VIRIOT Fernand     

Les trois noms, à peine lisibles, figurent sur une vieille dalle posée à terre dans le cimetière, vestige, peut-être, d’un monument plus ancien.                

Poil et plume. “Un bon barbiere, se dit Gaetano, était son propre patron. Il pouvait s’installer où il voulait. Dans le monde entier, les hommes avaient des cheveux. Quand ils les perdaient, d’autres hommes prenaient leur place. Un coiffeur était comme un prêtre. On venait le voir qu’on le veuille ou non, car on avait l’impression de se sentir plus propre ensuite; c’était une chose qu’il fallait faire. Une coupe de cheveux était un sacrement, un rituel, une communion, pas avec Dieu, mais avec d’autres hommes. Un salon de coiffure faisait office d’église de la sincérité : dans ce lieu, les péchés de chacun étaient célébrés et non pas confessés puis absous; chacun à son tour montait sur le trône de la cathédrale, où le sifflement doux et rythmé, le clic-clic de la tondeuse, le glissement expert du rasoir à travers la mousse chaude plongeaient chacun dans cet état de vanité paisible qui se cache derrière la grâce. Oui, se disait Gaetano, un bon coiffeur pouvait trouver des ouailles dans n’importe quelle ville. Come croce, come palo. Les fidèles marchaient vers l’enseigne en spirale comme ils marchaient vers la croix.” (Nick Tosches, Dino)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

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