N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 8 août 2021.
DIMANCHE.
Bestiolaire domestique. Identification d’un Poliste gaulois.
LUNDI.
Lecture. Sagesses populaires (J. Biniou, V. Puente, Les 4 Mers, coll. Encyclopédie Antipodiste IX, 1998; n.p., 60 F).
MARDI.
Lecture. Misère de la philosophie(Karl Marx, 1847, rééd. in “Œuvres : Économie I, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1963; 1824 p., 66 €).
Si la préface qui ouvre cette édition est illisible – à nos pauvres yeux du moins – la chronologie qui la suit est très précise et éclairante pour le non initié. On y voit le modèle qu’a tenté de suivre Bergounioux sans l’avouer : une vie uniquement consacrée à l’étude et à l’écriture, des masses de lectures “extraites” dans d’innombrables cahiers, la pauvreté la plus noire en plus. Misère de la philosophie est écrit directement en français, en réponse, sous forme de chiasme, à Philosophie de la misère de Proudhon, paru un an plus tôt. S’il faut être plus versé que je ne le suis dans la chose économique pour en saisir toutes les vertus, le travail de Marx vaut surtout par la manière dont il met en pièces les arguments de Proudhon. C’est une patiente démolition de tout le livre, presque ligne par ligne, éclairée par des exemples et des citations tirées de l’immense réservoir de lectures que possède déjà Marx à l’âge de vingt-neuf ans. Proudhon est son aîné d’une dizaine d’années mais il ne l’impressionne pas. À la place de la réfutation respectueuse, c’est l’attaque, avec des flèches d’une ironie féroce. Un exemple : Marx recopie un paragraphe sur l’augmentation des salaires que Proudhon conclut ainsi : “cela est aussi certain que deux et deux font quatre.” Commentaire de Marx : “Nous nions toutes ces assertions, excepté que deux et deux font quatre.”
MERCREDI.
Éphéméride.
“[14 juillet 1828].
Fontainebleau. Départ de nuit, la pluie finissant à 8 et demie du soir. 14 juillet 1828.” (Stendhal, Journal)
JEUDI.
Lecture. Histoires littéraires n° 78 (Du Lérot éditeur, avril-mai-juin 2019; 208 p., 25 €).
Dossier Lamartine.
Contribution du notulographe à ce numéro : une note de lecture sur Pierre Michon.
VENDREDI.
Tourisme médical. En m’engouffrant dans le taxi, je me fracasse la tronche contre la paroi de plexiglas qui me sépare du conducteur. Le cuir chevelu entaillé, c’est un peu sanguinolent que je débarque à la clinique Louis-Pasteur d’Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), craignant un temps qu’on me verse dans un autre service que celui où je suis attendu. Il n’en sera rien et je pourrai poursuivre, un peu plus tard, mon expérience de lecture sous emprise anesthésique.
Lecture. L’Écluse n° 1 (Georges Simenon, Arthème Fayard, 1933, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret” V; 552 p., s.p.m.).
L’histoire se déroule dans le milieu des mariniers, entre Charenton et le port de Paris, autant dire que Simenon est à son aise. Il est moins assuré dans la construction du personnage de Maigret, dont on pourrait penser que, rendu à sa dix-neuvième enquête, il avait atteint ses traits définitifs. Il n’en est rien : ici, il ne se prénomme pas Jules mais Joseph, il n’habite pas boulevard Richard-Lenoir mais boulevard Edgar-Quinet et il s’apprête à prendre sa retraite dans une petite maison des bords de Loire.
Les Jardiniers du bitume (Roger Riffard, Julliard, 1956, rééd. Bouclard, 2021; 128 p., 16 €).
Quand j’ai voulu lire Roger Riffard, je me suis aperçu à mon grand dam que ses livres étaient devenus complètement introuvables. Une bonne chose, puisqu’elle m’a permis de découvrir La Grande Descente dans l’exemplaire de René Fallet que m’avait prêté sa femme Agathe. Mais tout finit par arriver : en mai dernier, les éditions Bouclard, auxquelles on doit déjà une petite revue pleine d’intérêt, ont eu la bonne idée de rééditer les œuvres complètes de Riffard, à savoir La Grande Descente et ces Jardiniers du bitume. Les deux romans se caractérisent pas la veine populiste qui sera aussi celle de Fallet et qui n’est pas sans rappeler les récits d’Emmanuel Bove. Le héros des Jardiniers s’appelle Alexis Plantin, un nom qui dira quelque chose aux amateurs de Fallet puisque celui-ci donnera ce patronyme au personnage principal de Paris au mois d’août en 1964.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Faudrait savoir.
Savenay (Loire-Inférieure), photo de Bernard Bretonnière, 16 décembre 2019
Épinal (Vosges), photo de Lucie Didion, 17 janvier 2020
SAMEDI.
Lecture. Schnock n° 34 (La Tengo, mars 2020; 176 p., 15,50 €).
Sylvie Vartan.
Films vus.
- Sicario (É.-U. – Mexique – Hong Kong, 2015)
- Wild Love (court métrage, Paul Autric, Quentin Camus, Léa Georges, Maryka Laudet, Zoé Sottiaux, Corentin Yvergniaux, France, 2019)
- Ibrahim (Samir Guesmi, France, 2020)
- Blackbird Roger Michell, É.-U. – R.-U., 2019)
- Enough (court métrage, Anna Mantzaris, R.-U., 2019)
- Cinquième set (Quentin Reynaud, France, 2020)
- Obsession (Brian De Palma, É.-U., 1976)
- Raoul Taburin (Pierre Godeau, France – Belgique, 2018).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Ischia (Italie), photo de Laurence Bessac, 2 octobre 2011
Lima (Pérou), photo de Bernard Visse, 2 décembre 2016
Poil et plume. “Parce qu’elle se refuse de toute évidence à admettre que ses cheveux ne repousseront jamais, la truite conserve précieusement un peigne dans sa poche intérieure.” (Eric Chevillard, L’Autofictif)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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