20 mars 2022 – 964

MARDI.

Lecture.

Histoires à vous couper le souffle (Tales to Make you Weak in the Knees, Collectif, Davis Publications, 1981 pour l’édition originale, Pocket, 1996 pour la traduction française, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : 100 autres histoires extraordinaires », Presses de la Cité, coll. Omnibus, 1995; 1224 p., 145 F). 

Nouvelles.

MERCREDI.                 

Éphéméride.

[16 mars 1982]

“Mon cher Guérif,

Vous téléphoner vous priverait d’un fragment de chef-d’œuvre. Aussi vous écris-je…

… pour vous demander de me signaler, dès que vous apercevrez dans la presse corporative du cinéma, quelque chose de sérieux ayant trait à ce putain de film, de me signaler, dis-je, ce quelque chose. Avec références. C’est pour, dès que le sort de ce film sera officiel, me permettre de sauter en direction du portefeuille du producteur.

À propos de cinéma… J’ai vu, hier, à la télé, Le gorille vous salue bien. Merde ! C’est avec ça que certains gagnaient du pognon, en 1957, alors que je fourbissais mes Nouveaux Mystères entre deux ardoises chez les commerçants ? Il y a de quoi faire rétrospectivement hurler les astres.

À propos de hurlements… Pouvez-vous me procurer l’adresse personnelle d’Eddy Mitchell ? Merci.

Amicalement,

Léo Malet” (Léo Malet, “Mon vieux Guérif)

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Listes de commissions, collection de l’auteur. De l’infiniment grand à l’infiniment petit.

Épinal (Vosges), 19 décembre 2020 (recto verso)

idem, 24 septembre 2017

SAMEDI.

Films vus.

  • Trafic (Jacques Tati, France – Italie, 1971)                             
  • La Bataille du rail (Jean-Charles Paugam, France, 2019)                             
  • La Couleur des sentiments (The Help, Tate Taylor, É.-U., 2011)                             
  • Bergman Island (Mia Hansen-Løve, France – Belgique – Allemagne – Suède – Mexique, 2021)
  • Je suis #nightout (c.m., Elliot & Valentin Clarke, France, 2019)
  • Rien à foutre (Julie Lecoustre, Emmanuel Marre, France – Belgique, 2021).             

L’Invent’Hair perd ses poils.

Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Christian Ramette, 6 avril 2012

Paris (Seine), rue des Petits-Champs, photo de l’auteur, 15 décembre 2013             

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

24 décembre 2020. 97 km. (39 810 km).

Commune d’Épinal

Pas de monument aux morts, on le savait déjà mais il fallait photographier la pancarte puisque Le Saut-le-Cerf était répertorié dans le calendrier des postes qui nous sert de guide. Le Saut-le-Cerf est un quartier qui n’a jamais eu de vie autonome, à la différence de Saint-Laurent, aujourd’hui quartier de la ville, jadis commune indépendante, qui possède son monument aux morts… et que le calendrier des postes ignore. L’IPAD aussi, par conséquent.

Poil et pellicule.

Happy End (Michael Haneke, France – Autriche – Allemagne, 2017)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

13 mars 2022 – 963

DIMANCHE.

Vie professionnelle (fin ?).

Le message est tombé à 7 heures 39. “L’instruction de votre dossier de départ à la retraite est terminée. Votre demande est validée.” Le soulagement est immense. Je n’y ai jamais cru. J’ai beau avoir eu une “carrière” aussi linéaire que possible, j’ai beau être salarié depuis l’âge de 18 ans, j’ai beau avoir toutes les années et tous les trimestres requis, j’ai beau avoir reçu l’estimation de ma pension, j’ai beau savoir que reprendre le travail est désormais, littéralement, au-dessus de mes forces, je n’y crois toujours pas. Je n’ai jamais eu confiance dans ces démarches sur Internet, j’ai toujours eu la crainte d’un document manquant, d’un message non délivré, d’une avarie dans les tuyaux. J’ai toujours pris soin de dire que j’avais fait ma demande, je n’ai jamais affirmé que je partirais à la date demandée. Encore asteure, j’ai du mal à me convaincre que la cause est entendue. Une demande validée est-elle une demande acceptée ? Ne manque-t-il pas la réponse à cette demande ? On me promet maintenant l’envoi d’un “titre de pension”. Quand je l’aurai reçu, je serai peut-être un peu plus rassuré. Une étape est franchie, pas la ligne d’arrivée.

MERCREDI.                 

Éphéméride.

Lundi 9 [mars 1914]

Je fais ma première conférence à la salle des Champs-Élysées sur la femme turque, assiste de Mme Barthou; salle comble.” (Pierre Loti, Soldats bleus : Journal intime 1914-1918)

Lecture.

Le meilleur des insultes : et autres noms d’oiseaux (Jean-Paul Morel, Mille et une nuits, n° 625, 2015; 144 p., hors commerce).

Je me souviens de l’excellent Jean-Paul Morel, qui fut un pilier du Colloque des Invalides. Il faisait partie du groupe, de plus en plus restreint, qui se retrouvait à chaque moment de pause sur le boulevard pour griller une cigarette. La dernière année, il avait troqué la cibiche traditionnelle pour un mini-bazooka électronique. Comme je lui en faisais la remarque, il m’avait confié qu’une visite à un cardiologue l’avait convaincu de la nécessité de ce changement. Surtout après que, quand l’homme de l’art lui avait demandé depuis quand il fumait, Morel lui avait répondu : “Depuis l’âge de huit ans.”

Séquences mortelles (Fair Warning, Michael Connelly, Little, Brown & Company, New York, 2020 pour l’édition originale; Calmann-Lévy, coll. Robert Pépin présente…, 2021 pour la traduction française, traduit de l’américain par Robert Pépin; 450 p., 21,90 €).

Jack McEvoy est un peu le mal-aimé des héros de Michael Connelly : trois apparitions en vingt ans (Le Poète, L’Épouvantail et ces Séquences mortelles), c’est peu par rapport à Harry Bosch et à Mickey Haller. McEvoy est journaliste. Depuis ses débuts, il est passé de la presse papier à Internet mais il fait toujours dans le journalisme d’investigation. L’ADN et le commerce de ses données sont au cœur de son dernier reportage, qui tourne vite à l’enquête policière autour d’un bon vieux tueur en série. C’est comme toujours chez Connelly extrêmement documenté, plein de rythme et de rebondissements. Malgré tout, le sujet est trop technique, trop complexe pour susciter un intérêt soutenu. Mal connu, mal défini, dépourvu de la richesse des autres créations de l’auteur, McEvoy apparaît comme un personnage secondaire, une sorte de bouche-trou entre deux livres consacrés à ses concurrents.

VENDREDI.                 

Vie professionnelle (fin).

Prenons cela comme un cadeau d’anniversaire pour les notules, nées le 11 mars 2001, et pour leur auteur. La lettre arrivée ce matin ne laisse cette fois plus de place au doute : “Suite à votre demande, je vous rappelle que vous êtes admis à la retraite pour ancienneté d’âge et de service à compter du 01/06/2022.” Si le soulagement, lundi, était immense, il atteint aujourd’hui des proportions extraordinaires. D’autant que cette lettre contient aussi l’avis favorable à la prolongation de mon congé de longue maladie jusqu’au 31 mai, avis prononcé par le médecin de prévention du rectorat suite aux derniers examens, bilans et certificats – datant d’une période où je marchais encore sur deux bras. Il semble bien que je n’aurai à retourner au collège que pour vider mon armoire et rendre mes clés. La sortie est certes peu glorieuse (“Il est toujours pas là l’ancien ? Ben non, il paraît qu’il ne reviendra plus…”) mais le fait de m’effacer ainsi n’est pas pour me déplaire. J’ai vécu ces derniers mois dans la terreur d’avoir à reprendre le travail, même pour une courte durée : revenir diminué dans un lieu et auprès d’un public que j’avais quittés en bon état, les abandonner en laissant cette impression me faisait peur. Je n’ai pas eu un parcours étincelant, loin de là (“J’ai eu la vie professionnelle d’un bibelot : on m’a posé dans un coin et j’ai pris la poussière”, disait une notule de 2014), mais j’ai tenu ma place vaille que vaille et vécu en bonne entente avec mes élèves, leurs parents, mes collègues et mes supérieurs immédiats. Il est encore trop tôt pour en faire le bilan mais je suis soulagé d’avoir atteint l’objectif qui a toujours été le mien : sortir de chaque heure de cours sans être blessé et sans avoir blessé personne.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Aperçu d’une collection de Lions d’or, photos de l’auteur.

La Clusaz (Haute-Savoie), 15 mai 2016

La Cluse-et-Mijoux (Doubs), 16 mai 2016

SAMEDI.

Lecture.

L’Écrivain fantôme (The Ghost Writer, Philip Roth, Farrar, Straus & Giroux, New York, 1979, Gallimard, 1981 pour la traduction française, traduit de l’américain par Henri Robillot, rééd. in “Romans et récits 1979-1991”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 663, 2022, traduction revue par Philippe Jaworski; 1546 p., 69 €).

Football.

SA Spinalien – Fleury 1 – 1.             

Films vus.

  • Trop d’amour (Frankie Wallach, France, 2020)
  • Une histoire simple (Claude Sautet, France – R.F.A., 1978)
  • Tokyo Shaking (Olivier Peyon, France – Belgique, 2021)
  • Procès de singe (Inherit the Wind, Stanley Kramer, É.-U., 1960)                              
  • Open Season (Jagdzeit, Sabine Boss, Suisse – Luxembourg), 2020)                              
  • Sept ans de réflexion (The Seven Year Itch, Billy Wilder, É.-U., 1955)                              
  • Tueurs nés (Natural Born Killers, Oliver Stone, É.-U., 1994).             

L’Invent’Hair perd ses poils.

Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Christian Ramette, 6 avril 2012

Saint-Nicolas (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 31 mai 2018

Poil et pellicule.

Le Tigre du Bengale (Der Tiger von Eschnapur, Fritz Lang, R.F.A. – France – Italie, 1959)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

6 mars 2022 – 962

LUNDI.

Tramadolce vita.

Retour à la vie ordinaire après la séquence girondine. Mon bras en capilotade et ma silhouette à la Jamel Debbouze m’obligent à la mener sur un rythme pépère, ce qui n’est pas un mal. C’est que je m’aperçois que je me suis vu trop beau à l’issue de mon épisode cardiaque, en pensant justement – faussement plutôt – que ce n’était qu’un épisode et que j’en connaissais l’issue. J’ai voulu trop vite retrouver mes activités d’avant, répondre à toutes les échéances et sollicitations. Mieux, comme j’étais dispensé de travail professionnel et qu’il fallait avant tout ne pas passer pour un fainéant, j’ai ajouté des pelletées de sable dans la brouette, étant plus disponible pour un certain nombre de tâches, sans parler des courses, démarches, consultations et visites induites par une situation familiale délicate. Total, à courir partout comme un canard sans tête je me suis cassé la figure, au propre comme au figuré. Veillons à éviter chutes et rechutes.

MARDI.           

Lecture.

Schnock n° 36 (La Tengo, septembre 2020; 176 p., 15,50 €).

Les années Canal+.

MERCREDI.                 

Éphéméride.

“Mardi 2 mars [1943]

Me suis remis dès l’aube à refaire l’article sur le bouquin de Tabarant. Vers 9h 1/2, téléphoné à Trentat pour qu’il mette la feuille de présence. Marine de 10h 1/2 à 17h. Quand je suis arrivé, Tardieu venait de partir. À 11h, [Henri] Thomas débarque avec ses fiches. C’est moi qui les contrôle avec lui. Je fais preuve d’une indulgence extrême. Il ne peut pas déjeuner avec nous. À midi moins dix, Faure débarque. Déjeuner avec lui, Mme Tinayre, T[ardieu] puis Frénaud. Ça colle à peu près. Demi-engueulade avec Frénaud au sujet de Milosz. Je lui fais retirer le mot “crotte” appliqué au Don Juan de Milosz.” (Jacques Lemarchand, Journal 1942-1944)

JEUDI.

Vie littéraire.

Georges Perec est mort le 3 mars 1982. Pour marquer cet anniversaire, une “Tentative d’épuisement d’un lieu planétaire” doit se dérouler aujourd’hui sur un réseau bien connu. Mode d’emploi : “chacun(e) se poste dans un lieu de son choix et décrit, à la manière “infraordinaire” ce qu’il voit et perçoit, le banal, le quotidien et le poste en série sur Twitter. Chacun des tweets est accompagné systématiquement d’un hashtag donnant le nom de la ville où il ou elle se trouve.” Je ne vais pas me lancer dans l’aventure. Je ne pratique pas Twitter et, surtout, j’ai déjà donné. En 1996, j’avais en effet déjà essayé de donner une version spinalienne de la Tentative de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978 de Perec. La chose était ainsi présentée :

Le principe de ce texte est le suivant : décrire de la façon la plus neutre possible ce qui se déroule en un lieu spinalien, toujours le même, pendant une durée déterminée (environ trois heures d’affilée) avec une fréquence elle aussi déterminée (une fois par mois).

Le lieu en question devait être assez animé et visible depuis une table de café, poste d’observation idéal du point de vue du confort et des commodités (abri, chauffage, toilettes, boisson…). Le bistrot choisi devait être un de ceux que je ne fréquente pas habituellement, ceci pour éviter d’être dérangé par le patron ou des clients. Après quelques hésitations, mon choix se porta sur le café de l’Arrivée, un bar vivant et plutôt anonyme, situé à un carrefour passant et offrant une large point de vue sur la gare d’Épinal et son esplanade.

Ma démarche fut de m’y poster une matinée entière, une fois par mois, pendant un an, et de noter tout ce que je pouvais capter, véhicules, personnes, bruits, odeurs, animaux, objets, mouvements… afin de donner à ce lieu spinalien une vision à la fois fixe et évolutive au fil des mois. Je pensais, à l’origine, me consacrer uniquement à ce qui se passait à l’extérieur du bistrot mais il m’est vite apparu que ce qui se déroulait à l’intérieur était tout aussi intéressant. Le texte fait donc alterner les séquences extérieures et intérieures.

Je me propose d’adresse ce texte à quelques amis susceptibles d’être intéressés par ma prose et, plus particulièrement, à ceux qui ont quitté Épinal après y avoir passé une partie de leur vie. Il pourrait agir comme une sorte de carte postale qui dirait “Voici ce que votre ville est devenue”, ou plus exactement, “Voici ce que votre ville est au moment où j’écris”.

Le 9 août 1996 eut lieu ma première séance d’observation. Neuf autres devaient suivre, ce qui fait que l’exercice ne dura pas aussi longtemps que prévu. Il en reste toutefois un texte volumineux, d’une bonne centaine de pages tapées à la machine (on était loin de Twitter), d’un intérêt contestable pour d’autres yeux que les miens. En voici les première lignes.

Date : 9 août 1996. Inondation du camping de Biescas en Espagne, au moins 70 morts.

Heure : 8 heures 56.

Temps : ciel bleu, un peu de brume, impression d’étouffement dans le bistrot.

Lieu : Café de l’Arrivée. Devant moi, en partie cachée par un poteau, débouche l’avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Au loin, la gare routière. En tournant la tête vers la droite, j’ai une vue parfaite sur la place du Général-de-Gaulle.

Matériel : stylo à bille Waterman, bloc-notes Casino de 200 pages à petits carreaux.

Observation : dans le bistrot, j’occupe une des quatre chaises disposées autour de ma table. Sur celle-ci, Libération du jour, un cendrier noir Marlboro, une paire de lunettes de soleil, une tasse de café, une cuiller et un sucre enveloppé Erstein sur une soucoupe, un étui à stylo, deux paquets de Marlboro. A ma droite, une tablette cache-radiateur supportant des revues (Femme actuelle, VSD…), un annuaire téléphonique du département des Vosges et un dépliant sur le parc d’attractions Nigloland.

Sur la place du Général-de-Gaulle, la gare dont la façade supporte une pendule, les lettres SNCF, le blason de la ville d’Épinal. Un mât porte-affiches (aujourd’hui, “Le Monde des Dinosaures”) surmonté d’un drapeau aux armes d’Épinal. Le Buffet de la gare et sa terrasse. Des feux de signalisation. La place est en travaux : bitume neuf par endroits, tas de gravats, barrières Vauban, trottoirs défoncés, quilles bicolores. Un panneau électronique Épinal infos, consacré aux nouvelles municipales, et dont le message change régulièrement. Plus loin, la gare routière, inaccessible (route barrée).

Avenue de-Lattre, deux cabines téléphoniques, un magasin Micro-Édite (photocopies, secrétariat d’entreprise), une restaurant-pizzeria Les Mains à la pâte, au store vert et blanc. La Société Colmarienne de surveillance, l’agence immobilière Rialto (à vendre). Des feux de signalisation.

Bruit de marteau-piqueur.

A part moi, il y a sept consommateurs dans le bar, une femme et six hommes dont un au comptoir.

Un homme avec des lunettes de soleil traverse l’avenue du Général-de-Gaulle en se tenant le ventre.

Une femme avec une queue de cheval.

Une mère de famille avec trois gosses dont deux portent une corde.

Un couple âgé entre au bar avec deux petites filles.

Je bois mon café.

J’allume une Marlboro.

Deux autos et quatre autocars stationnés sur le parc de la gare routière. L’un des cars fait partie des Rapides de Lorraine.

Quatre taxis devant le Buffet.

Une voiture s’arrête en plein carrefour.

Avenue de-Lattre, un car urbain.

Un homme à sacoche entre au bar.

La dame de Panorama 88, la librairie qui jouxte le bar, va au boulot.

Un balèze avec une brouette sur le trottoir. Il l’emplit de ciment.

Le feu passe au rouge avenue de-Lattre.

Une Fiat.

Une autre dame de Panorama 88.

Une jeune fille à la poitrine généreuse.

Un 4 x 4.

Une camionnette Avenir.

Un car urbain Golbey-Jeanne d’Arc-Centre Ville-Saint-Laurent. Il klaxonne (fort) à cause de l’auto mal garée. D’après un client, la conductrice est chez la couturière. J’ignorais la présence d’une couturière dans le quartier.

Un autre bus est bloqué derrière le premier. La conductrice va aux nouvelles auprès de son collègue. Le premier bus parvient à passer et à s’engager dans son couloir réservé, à contresens de la circulation normale. Le deuxième le suit.

“Salut Marco, comment qu’c’est ?” dit le barman.

Les deux petites filles jouent au flipper : “On a du bonus, en plus !” Il y a aussi un juke-box et un baby-foot.

Entrée de deux hommes en combinaison.

Avenue de-Gaulle, une auto grise.

Un homme traverse, lunettes en sautoir.

Un car urbain Gare-Hôpital.

La terrasse n’est pas encore installée. Un jeune en survêtement avec une baguette.

Aux feux de l’avenue de-Lattre, une camionnette EDF – GDF.

Place de Gaulle, un homme à cheveux blancs avec une baguette.

Une mouche sur la vitrine.

Un homme en short avec un sachet Mr Bricolage.

Une camionnette orange Colas (ce doit être le nom de l’entreprise en charge des travaux) s’arrête à la gare routière.

La dame qui bloquait le carrefour démarre enfin.

Un taxi.

Une auto-école rouge.

Une dame à lunettes avec un sac en bandoulière.

Un couple traverse l’avenue de-Gaulle. Le feu est rouge.

Une 205 blanche.

L’abbé Lambert qui va sûrement à Panorama 88.

Un car urbain avec une dame à chapeau, seule passagère.

Il est 9 heures 26 et je commence à avoir mal à la main.

Un type avec une espèce de sac à dos.

Une BMW.

Une 205 rouge.

Un petit camion.

Une Peugeot.

Un client à la terrasse du Buffet, avec des lunettes de soleil.

Une camionnette La Poste.

Le garçon installe la terrasse.

Les deux hommes en combinaison boivent des cafés et discutent.

Une dame avec un prospectus jaune à la main.

La grand-mère boit un Viandox.

Une dame avec un sac rouge dans un ensemble chamarré.

Deux clientes.

Les gens marchent lentement, sans précipitation, effet de la chaleur et de l’état du trottoir.

Une mouche sur la chemise d’un consommateur.

Les messages du panneau d’Épinal Infos changent régulièrement. Ils sont trop longs pour que je puisse les recopier entièrement : Nouveaux horaires Off. Du Tourisme…, Football Super D2 saison 96-97…, ça change déjà.

Le drapeau au-dessus du mât flotte faiblement.

Une camionnette Sodicolor.

Un homme avec un livre format poche et un sac de voyage se dirige vers la gare.

Les deux combinaisons vont payer au comptoir.

Une femme traverse en courant.

M. Dusseux, je crois, avec un filet à provisions contenant une baguette.

Un car urbain Golbey-Jeanne d’Arc.

Six taxis, les chauffeurs discutent. Quelle vie !

Une auto blanche, une grise. A part les modèles très typés, 2CV, 205, 4L, R5 et autres du genre, je ne sais pas reconnaître les marques et modèles.

Un homme à cheveux longs en short avec des baskets et des chaussettes de tennis laides.

Une vieille dame en sandales, qui a du mal à marcher dans les gravats.

Une autre dame plus jeune a choisi de marcher sur la chaussée.

Une femme qui manque de se casser la figure.

Un retraité en sandales de cuir avec une casquette blanche.

Nous sommes sept dans le bar.

Une dame dans un ensemble rouge vif va vers la gare.

Il reste du ciment sur le trottoir, le type n’a pas tout mis dans sa brouette. Il revient.

Une auto verte.

Une camionnette Danzas.

Des filles attendent pour traverser.

Au juke-box, “Tommy”, des Who, vient de s’arrêter. Le marteau-piqueur aussi. Calme.

L’homme à la brouette a maintenant un seau à la main.

Les grands-parents sont partis avec leurs petites-filles.

Une camionnette CPAM.

Un punk avec un sac à dos.

Le garçon est content : la grand-mère a laissé 20 francs de pourboire, certainement pour se faire pardonner : elle a malencontreusement vidé la totalité du flacon de sel au céleri dans son Viandox. J’échange un sourire complice avec lui.

Céline Dion au juke-box.

L’abbé Lambert repasse avec un sac Panorama 88. : j’avais raison.

Un camion Charles SA Produits Frais.

Un car urbain.

Une Clio blanche.

Un homme avec un gilet gris et noir, moche, informe. J’ai horreur des gilets.

Un couple s’installe.

La dame en ensemble rouge repasse.

Une dame qui tire un chariot à provisions (sur la chaussée bien sûr, ce serait impossible sur le trottoir).

Une fille avec trois sacs : un sur le dos et un dans chaque main.

Une dame avec deux baguettes.

Le costaud a rempli son seau.

Une GS vert métallisé.

Bernard Lavilliers au juke-box.

Un camion Ciolino.

Une camionnette blanche.

Un client au look SDF boit un rouge. Il semble être un habitué.

Une jeune fille avec un sac de voyage sur l’épaule.

Le SDF demande du volume pour le juke-box. Le garçon obtempère. “J’aime bien les décibels”, apprécie le mélomane.

Le retraité à casquette passe et repasse, les mains dans le dos. Ça doit être pour ça que je l’ai catalogué retraité.

Reprise du marteau-piqueur.

Un homme avec un short trop large pour ses jambes maigres.

Le garçon vient encaisser. Il a fini son service et est remplacé par un couple.

Un homme avec une béquille jaune s’est assis derrière moi et a commandé un demi.

Une dame avec un sac plastique Siloë.

Une dame avec un réticule rouge.

Un type qui fait du VTT sur le trottoir. Un autre.

Un autre titre de Céline Dion. Je sifflote.

Un camping car Pilote.

Un Espace vert (le véhicule, pas une pelouse).

Un jeune avec des cheveux roux, pantalon à pois.

Un livreur avec un colis.

Silence.

Le livreur met son colis dans le coffre d’une 205 garée avenue de-Lattre. Il doit plutôt être livré que livreur.

Une camionnette JC Decaux.

A l’avant des cars urbains, l’entrée est divisée en deux : voyageurs avec billets – voyageurs sans billets.

Le livreur-livré repasse avec un autre carton.

Une mobylette.

Un scooter.

Je commande une menthe à l’eau et allume une Marlboro.

[J’abrège]

Il est 11 heures 30, le temps passe vite.

Un client aux cheveux décolorés lit L’Est Républicain au comptoir.

La demie sonne à Notre-Dame.

Un camion d’arrosage Ville d’Épinal.

Un jeune avec un petit sac à dos.

Une voiture d’une entreprise de peinture de Rambervillers.

Une dame avec un tee-shirt bleu turquoise.

L’ouvrier marche sur le ciment qu’il a étalé, l’air satisfait.

Une femme à lunettes.

Un employé de Panorama 88.

Un couple.

Une dame avec un panier en osier.

Une Twingo mauve.

Un retraité avec un chapeau de paille.

Un homme avec un porte-documents.

Un autre.

Un jeune couple.

Une voiture grise.

Une auto avec un vélo, deux vélos sur le toit.

Un homme à casquette, trop jeune pour être en retraite.

Une caravane.

Une camionnette Colas.

Une femme avec son mari et un petit caniche. J’aurais cru voir plus de chiens.

Une voiture verte.

Les taxis ont la portière ouverte. Ils sont en plein soleil.

Peu de circulation.

Un couple avec un enfant.

Une camionnette Police.

Épinal Infos : “Ouverture du Fort d’Uxegney…”

Une dame âgée avec sa petite-fille.

Trois jeunes entrent au bar, deux gars pour la même fille.

Un camion Bonini.

Un car urbain.

Un autre.

Une Renault 9.

Un homme en costume cravate sort de la gare.

Nouvelle inspection du ciment par l’ouvrier.

L’homme en costume attend.

Un jeune avec une enveloppe bulle à la main.

Une dame en gilet.

Un jeune avec un sac duquel dépasse un rouleau de papier, genre poster roulé. Sa mère est venue le chercher à la gare.

Un homme avec une sacoche. Quelle invention ! Même en short avec une casquette de base-ball, il porte une sacoche !

Une rousse.

Deux jeunes.

Le couple étranger s’en va.

Mouche sur mes doigts, mon bloc, ma table.

[J’abrège]

Je pourrais rester ici jusqu’au soir sans m’ennuyer.

Un combi Volkswagen jaune.

Un car urbain.

Dernière Marlboro.

Une R5 de l’Équipement.

Un motard qui fait vrombir sa machine au feu rouge. Démarrage en trombe.

Je sors 10 francs pour payer ma menthe à l’eau, en faisant claquer la pièce sur la table pour attirer la serveuse. Sans effet.

Un jeune avec un petit sac Go Sports.

Une AX.

Deux filles.

Une dame.

Deux ouvriers discutent, appuyés à une barrière Vauban. Ils ne doivent pas avoir le droit d’aller au bistrot.

Un homme en costume fait les cent pas.

Un homme avec un pantalon clair.

Un coup de klaxon d’un camion Dumez.

La terrasse de la pizzeria est installée : chaises blanches, nappes vert bouteille.

Les trois jeunes sortent du bar. La fille a fait son choix et tient la main d’un des garçons. Le beau, la belle et le couillon.

Une dame toute petite.

Un jeune à queue de cheval avec un rat blanc sur l’épaule.

Une jeune fille avec sa mère.

Une camionnette L’Est Républicain.

Nous sommes cinq hommes dans le bar.

Deux employées de Panorama 88, dont la dame rousse avec une baguette à la main. Une autre, celle qui était ma voisine faubourg d’Ambrail (Geneviève) et celle qui s’occupe du rayon religieux (une vieille demoiselle). Ca fait donc trois.

Le jeune au rat repasse.

Je suis allé payer au bar.

Midi à Notre-Dame.

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Librairies, photos de Jean-Damien Poncet.

Paris (Seine), rue Duchefdelaville, 25 février 2020

Montpellier (Hérault), 6 juin 2020

Lecture.

Ada Blackjack : survivante de l’Arctique (Jennifer Niven, Hyperion, 2003 pour l’édition originale, Paulsen, 2019 pour la traduction française, traduit de l’américain par Jean-François Chaix; 424 p., 24,90 €).

SAMEDI.             

Films vus.

  • The Quarry (Scott Teems, , É.-U., 2020)                              
  • Maigret (Patrice Leconte, France – Belgique, 2022)                              
  • Le Merdier (Go Tell the Spartans, Ted Post, É.-U., 1978)                              
  • Sons of Philadelphia (The Sound of Philadelphia, Jérémie Guez, France – Belgique – Pays-Bas – É.-U., 2020)                              
  • First Cow (Kelly Reichardt, É.-U., 2019)                              
  • Trois hommes sur un cheval (Marcel Moussy, France – Italie, 1969)                              
  • Je l’aime alors je la quitte (c.m., Ilan Zerrouki, France, 2020)                              
  • Un autre monde (Stéphane Brizé, France, 2021).             

L’Invent’Hair perd ses poils.

Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Franck Queyraud, 3 avril 2012

Paris (Seine), boulevard de Ménilmontant, photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 5 août 2013

Poil et pellicule.

La Femme au gardénia (The Blue Gardenia, Fritz Lang, É.-U., 1953)

Bon dimanche,

Philippe DIDION