N.B.
Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 5 février 2023.
LUNDI.
Obituaire.
“… et le courrier du soir au milieu duquel on remarque surtout le Jours de France de Madame Moreau dont la couverture représente, bras dessus, bras dessous sur la Croisette, Gina Lollobrigida, Gérard Philipe et René Clair avec la légende “Il y a vingt ans Les Belles de Nuit triomphaient à Cannes”.” (Georges Perec, La Vie mode d’emploi)
MERCREDI.
Éphéméride.
“18 janvier [1910] : Effroyable remue-ménage des cercles d’art de Bruxelles en vue de la prochaine exposition universelle pour l’élection d’un jury de placement. Il faut admirer le courage des prétendants qui veulent tenir tête à toutes ces hordes si belliqueuses dénommées : l’Essor, l’En-avant, le Sillon, l’Élan, le Cercle artistique et littéraire, Art, Sciences et Lettres de Schaerbeek; Doe, Stil Voort, l’Estampe, la Libre Esthétique, les Indépendants, Pour l’art, le Lierre, Société nationale des aquarellistes et pastellistes, Société royale belge des aquarellistes, Société royale des Beaux-Arts, Vie et Lumière, le dernier Carré, En pleine pâte, le cercle Cambronne, etc., – etc. – etc.” (Henry de Groux, Journal)
Lecture.
Absalon, Absalon ! (Absalom, Absalom!, William Faulkner, Random House, 1936 pour l’édition originale, Gallimard, 1953 pour la traduction française, rééd. in “Œuvres romanesques II”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 417, 1995, traduction de l’américain par R.-N. Raimbault et Ch.-P. Vorce, revue par François Pitavy; 1480 p., 66 €).
Paru la même année qu’Autant en emporte le vent, Absalon, Absalon ! en utilise le même thème et les mêmes ingrédients : l’histoire du Sud des États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle, la guerre, la famille, la cohabitation entre Noirs et Blancs, les histoires d’amour, la richesse et la ruine, la destruction des idéaux, la renaissance, la mort. Mais là où Margaret Mitchell livre un récit ordonné et linéaire voué au romanesque, Faulkner place ces ingrédients dans sa lessiveuse créatrice et les ressort en désordre, incomplets, émiettés. Tout y est, mais dispersé aux quatre coins du roman, comme les morceaux d’un tableau cubiste. Ceci parce que la narration est confiée à différentes voix, plusieurs narrateurs qui cherchent à reconstituer la vie de la famille Sutpen sans en connaître tous les épisodes, se livrant à des conjectures pour meubler leurs manques ou leurs oublis, imaginant les motivations, actes et pensées des protagonistes quand ils ne les connaissent pas. Au lecteur de reconstituer le puzzle en essayant de tracer un chemin dans ce dédale sans que Faulkner, par son écriture tortueuse, ses phrases torrentielles “aux limites possibles de la patience et de la compréhension” comme le dit justement François Pitavy dans sa notice, ne leur apporte aucune aide. On comprend, après en avoir lu quelques-uns, la fascination qu’ont pu exercer les romans de Faulkner sur le jeune Pierre Bergounioux et leur influence sur les premiers livres de celui-ci : avant de tourner le dos au roman, Bergounioux a essayé d’être une sorte de Faulkner corrézien, aussi abrupt et déroutant.
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe.
Ciné flipper.
Belle fille (Méliane Marcaggi, France, 2020)
Blood Father (Jean-François Richet, France, 2016)
SAMEDI.
Films vus.
- Qui m’aime me suive ! (José Alcala, France, 2019)
- Madeleine Collins (Antoine Barraud, France – Belgique – Suisse, 2021)
- Fedora (Billy Wilder, France – R.F.A., 1978)
- Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, Sergio Leone, Italie – Espagne – R.F.A., 1964)
- La Conspiration du Caire (Wald Min Al Janna, Tarik Saleh, Suède – France – Finlande – Danemark, 2021)
- Daguerreotypes (Agnès Varda, France – R.F.A., 1975).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Chambon-sur-Voueize (Creuse), photo de l’auteur, 5 août 2012
Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 31 mai 2016
IPAD. (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).
3 mars 2022. 52 km. (41 820 km).
513 habitants
L’obélisque de granit se dresse sur le côté de l’église sur une base bétonnée ceinte d’une chaîne métallique. Les décorations traditionnelles, palme et Croix de Guerre, sont au rendez-vous.
À la
Mémoire glorieuse
Des enfants de Tendon et
Faucompierre
Morts pour la France
Notons tout d’abord que Faucompierre possède son propre monument aux morts.
Gauche : 31 noms de BABEL Camille à GRAVIER Louis, plus une plaque pour les victimes de 39-45.
Dos : Une plaque pour les morts d’Indochine.
Droite : 31 noms de JACQUEMIN Paul à GEORGES Fernand Léon (ajouté après VINOT Constant).
Poil et plume.
“Dans le car qui rentrait de la ville, Winnie a vu Irene et elle lui a demandé si elle était allée chez le coiffeur. Irene a porté la main à sa tête, bien qu’elle n’en ait pas eu l’intention. Elle a répondu à Winnie que c’était seulement sa coiffure ordinaire. Je l’entretiens, a-t-elle expliqué. Enfin, ça vous va bien, lui a dit Winnie. Irene s’est contentée de hocher la tête, puis elle s’est tournée pour faire face à l’avant du car. Winnie s’est demandé si elle ne l’avait pas blessée. Ce n’était pas toujours facile à dire, avec Irene. À l’arrêt du car, Irene a vu Sally Fletcher, qui voulait se renseigner sur les projets concernant la prochaine vente à l’Institut des Femmes et qui a également trouvé nécessaire de lui faire des réflexions sur ses cheveux. Quel merveilleux travail ils ont fait là, a-t-elle dit, puis elle a posé un instant la main sur l’épaule d’Irene, l’air de vouloir la tourner et retourner comme un genre de mannequin de couture. Eh bien, a dit Irene, je les préfère courts, vous savez. C’est pratique.” (John McGregor, Réservoir 13)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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