22 janvier 2023 – 999

N.B.

Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 5 février 2023.

LUNDI.

Obituaire.

“… et le courrier du soir au milieu duquel on remarque surtout le Jours de France de Madame Moreau dont la couverture représente, bras dessus, bras dessous sur la Croisette, Gina Lollobrigida, Gérard Philipe et René Clair avec la légende “Il y a vingt ans Les Belles de Nuit triomphaient à Cannes”.” (Georges Perec, La Vie mode d’emploi)

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“18 janvier [1910] : Effroyable remue-ménage des cercles d’art de Bruxelles en vue de la prochaine exposition universelle pour l’élection d’un jury de placement. Il faut admirer le courage des prétendants qui veulent tenir tête à toutes ces hordes si belliqueuses dénommées : l’Essor, l’En-avant, le Sillon, l’Élan, le Cercle artistique et littéraire, Art, Sciences et Lettres de Schaerbeek; Doe, Stil Voort, l’Estampe, la Libre Esthétique, les Indépendants, Pour l’art, le Lierre, Société nationale des aquarellistes et pastellistes, Société royale belge des aquarellistes, Société royale des Beaux-Arts, Vie et Lumière, le dernier Carré, En pleine pâte, le cercle Cambronne, etc., – etc. – etc.” (Henry de Groux, Journal)                 

Lecture.

Absalon, Absalon ! (Absalom, Absalom!, William Faulkner, Random House, 1936 pour l’édition originale, Gallimard, 1953 pour la traduction française, rééd. in “Œuvres romanesques II”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 417, 1995, traduction de l’américain par R.-N. Raimbault et Ch.-P. Vorce, revue par François Pitavy; 1480 p., 66 €).

Paru la même année qu’Autant en emporte le vent, Absalon, Absalon ! en utilise le même thème et les  mêmes ingrédients : l’histoire du Sud des États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle, la guerre, la famille, la cohabitation entre Noirs et Blancs, les histoires d’amour, la richesse et la ruine, la destruction des idéaux, la renaissance, la mort. Mais là où Margaret Mitchell livre un récit ordonné et linéaire voué au romanesque, Faulkner place ces ingrédients dans sa lessiveuse créatrice et les ressort en désordre, incomplets, émiettés. Tout y est, mais dispersé aux quatre coins du roman, comme les morceaux d’un tableau cubiste. Ceci parce que la narration est confiée à différentes voix, plusieurs narrateurs qui cherchent à reconstituer la vie de la famille Sutpen sans en connaître tous les épisodes, se livrant à des conjectures pour meubler leurs manques ou leurs oublis, imaginant les motivations, actes et pensées des protagonistes quand ils ne les connaissent pas. Au lecteur de reconstituer le puzzle en essayant de tracer un chemin dans ce dédale sans que Faulkner, par son écriture tortueuse, ses phrases torrentielles “aux limites possibles de la patience et de la compréhension” comme le dit justement François Pitavy dans sa notice, ne leur apporte aucune aide. On comprend, après en avoir lu quelques-uns, la fascination qu’ont pu exercer les romans de Faulkner sur le jeune Pierre Bergounioux et leur influence sur les premiers livres de celui-ci : avant de tourner le dos au roman, Bergounioux a essayé d’être une sorte de Faulkner corrézien, aussi abrupt et déroutant.

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Ciné flipper.

Belle fille (Méliane Marcaggi, France, 2020)

Blood Father (Jean-François Richet, France, 2016)

SAMEDI.            

Films vus.

  • Qui m’aime me suive ! (José Alcala, France, 2019)
  • Madeleine Collins (Antoine Barraud, France – Belgique – Suisse, 2021)
  • Fedora (Billy Wilder, France – R.F.A., 1978)
  • Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, Sergio Leone, Italie – Espagne – R.F.A., 1964)
  • La Conspiration du Caire (Wald Min Al Janna, Tarik Saleh, Suède – France – Finlande – Danemark, 2021)
  • Daguerreotypes (Agnès Varda, France – R.F.A., 1975).            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Chambon-sur-Voueize (Creuse), photo de l’auteur, 5 août 2012

Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 31 mai 2016

IPAD. (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

3 mars 2022. 52 km. (41 820 km).

513 habitants

L’obélisque de granit se dresse sur le côté de l’église sur une base bétonnée ceinte d’une chaîne métallique. Les décorations traditionnelles, palme et Croix de Guerre, sont au rendez-vous.

À la

Mémoire glorieuse

Des enfants de Tendon et

Faucompierre

Morts pour la France

   Notons tout d’abord que Faucompierre possède son propre monument aux morts.

   Gauche : 31 noms de BABEL Camille à GRAVIER Louis, plus une plaque pour les victimes de 39-45.

   Dos : Une plaque pour les morts d’Indochine.

   Droite : 31 noms de JACQUEMIN Paul à GEORGES Fernand Léon (ajouté après VINOT Constant).            

Poil et plume.

“Dans le car qui rentrait de la ville, Winnie a vu Irene et elle lui a demandé si elle était allée chez le coiffeur. Irene a porté la main à sa tête, bien qu’elle n’en ait pas eu l’intention. Elle a répondu à Winnie que c’était seulement sa coiffure ordinaire. Je l’entretiens, a-t-elle expliqué. Enfin, ça vous va bien, lui a dit Winnie. Irene s’est contentée de hocher la tête, puis elle s’est tournée pour faire face à l’avant du car. Winnie s’est demandé si elle ne l’avait pas blessée. Ce n’était pas toujours facile à dire, avec Irene. À l’arrêt du car, Irene a vu Sally Fletcher, qui voulait se renseigner sur les projets concernant la prochaine vente à l’Institut des Femmes et qui a également trouvé nécessaire de lui faire des réflexions sur ses cheveux. Quel merveilleux travail ils ont fait là, a-t-elle dit, puis elle a posé un instant la main sur l’épaule d’Irene, l’air de vouloir la tourner et retourner comme un genre de mannequin de couture. Eh bien, a dit Irene, je les préfère courts, vous savez. C’est pratique.” (John McGregor, Réservoir 13)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

15 janvier 2023 – 998

DIMANCHE.

Lecture.

Solak (Caroline Hinault, Éditions du Rouergue, coll. “Rouergue Noir”, 2021; 128 p., 15 €).

Du fait de sa présence dans une collection policière, ce roman semble avoir échappé à la critique autorisée au moment de sa sortie. Il s’agit cependant, pour ce que j’ai lu, d’un des meilleurs romans de ces derniers temps, à tel point que la touche policière, un meurtre survenant dans les dernières pages, apparaît comme une justification inutile. L’essentiel est ailleurs, dans la description de la vie menée par quatre hommes, trois militaires et un scientifique, isolés sur la presqu’île de Solak, une base située au nord du cercle arctique. Quatre hommes qui n’ont rien en commun, n’éprouvent aucun sentiment d’amitié l’un envers l’autre et qui sont pourtant obligés de cohabiter dans le froid, la nuit et la solitude. La tension permanente qui résulte de cette proximité forcée est rendue par une langue chaotique, à la limite du poétique, très travaillée, qui surprend à chaque phrase et fait de ce roman une œuvre remarquable.

LUNDI.

Courriel.

Une demande de désabonnement aux notules suite à l’appel annuel.

MARDI.

Vie littéraire.

On connaît le rôle joué par le dessin de Saül Steinberg dans la genèse de La Vie mode d’emploi mais ce n’est pas la seule représentation d’un immeuble dépourvu de façade. Georges Perec aurait tout aussi bien tomber sur cette image d’Épinal intitulée “Les Quatre Étages”. On imagine que le nom de l’imprimeur – et même son initiale – ne me laisse pas indifférent.

MERCREDI.

Éphéméride.

Lundi 11 janvier [1943]. Courses exténuantes pour trouver un appartement. Tout cela m’est rendu supportable seulement par la présence de Robert, qui transforme tout. Cet après-midi, seul chez Stechert dans la 10e Rue. J’ai regardé des Bibles grecques et hébraïques. Cela m’a permis de me replonger dans ce qui est pour moi “l’atmosphère” de la vérité, dans ce qui demeure alors que le monde se précipite follement vers sa perte. J’ai feuilleté ces vieux livres avec un peu du bonheur que j’éprouvais, jadis, à Paris. Bibliothèques, débris de notre Atlantide.” (Julien Green, Journal intégral 1940-1945)

JEUDI.         

Courriel.

Une demande d’abonnement aux notules. L’équilibre est rétabli.

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Cave canem, support céramique, photos de l’auteur.

Charmes (Vosges), 4 juillet 2017

Saint-Remimont (Vosges), 5 janvier 2020

SAMEDI.

Films vus.

  • Murder Party (Nicolas Pleskof, France, 2022)
  • Le Parfum vert (Nicolas Pariser, France – Belgique, 2022)
  • Doute (Doubt, John Patrick Shanley, É.-U., 2008).             

Invent’Hair, bilan d’étape.

Bilan établi au stade de 5 600 salons, atteint le 7 mai 2022.

Bilan géographique.

Classement général par pays.

  1. France : 4 684 (+ 87)
  2. Espagne : 180 (=)
  3. Royaume-Uni : 120 (+ 10)
  4. Belgique : 82 (=)
  5. Italie : 65 (+ 1)
  6. Suisse : 47 (=)
  7. États-Unis : 45 (=)
  8. Portugal : 39 (+ 1)
  9. Allemagne : 36 (=)
  10. Danemark : 34 (=)

Pas de changement en tête du classement.

Classement général par régions.

  1. Rhône-Alpes : 760 (+ 1)
  2. Île-de-France : 748 (+ 14)
  3. Languedoc-Roussillon : 372 (+ 1)
  4. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 353 (+ 1)
  5. Lorraine : 349 (+ 3)
  6. Midi-Pyrénées : 245 (=)
  7. Pays de la Loire : 193 (+ 11)
  8. Bretagne 187 : (+ 1)
  9. Centre : 179 (=)
  10. Bourgogne : 176 (+ 5)

Les Pays de la Loire passent devant la Bretagne. Le top 10 est encore loin pour l’Auvergne qui engrange 34 salons et gagne 4 places (11e avec 137 unités).

Classement général par départements (France).

  1. Seine (Paris) : 593 (+ 10)
  2. Rhône : 343 (=)
  3. Vosges : 185 (=)
  4. Loire-Atlantique : 135 (=)
  5. Hérault : 128 (=)
  6. Alpes-Maritimes : 103 (=)
  7. Meurthe-et-Moselle : 102 (=)
  8. Loire : 101 (+ 1)
  9. Pyrénées-Orientales : 96 (=)
  10. Bouches-du-Rhône : 93 (+ 1)

L’Allier connaît la progression la plus importante avec 26 nouveaux salons et un bond de la 36e à la 13e place pour un total de 74.

Classement général par communes.

  1. Paris : 593 (+ 10)
  2. Lyon : 163 (=)
  3. Nantes : 68 (=)
  4. Nice : 59 (=)
    “. Barcelone : 59 (=)
  5. Nancy : 56 (=)
  6. Épinal : 52 (=)
  7. Montpellier (=)
  8. Marseille : 32 (=)
  9. Dijon : 28 (=)
    “. Metz : 28 (+ 3)

Notons l’entrée de Metz dans un top 10 particulièrement figé. Vichy engrange 18 salons et passe de la 101e à la 17e place.

Bilan humain.

  1. Jean-Damien Poncet : 697 (+ 47)
  2. Philippe Didion : 418 (=)
  3. Pierre Cohen-Hadria : 417 (+ 22)
  4. François Golfier : 348 (=)
  5. Jean-Christophe Soum-Fontez : 173 (+ 3)
  6. Sylvie Bernasconi : 159 (+ 1)
  7. Hervé Bertin : 148 (+ 1)
  8. Bernard Cattin : 133 (=)
  9. Jean-François Fournié : 119 (+ 4)
  10. Benoît Howson : 88 (=)

Pas de changement dans le top 10 mais la 2e place du notulographe est fortement menacée.

Étude de cas.

Coiffure mythologique.

  Paris (Seine), rue Daguerre, photo de Jean-Damien Poncet, 22 septembre 2017

Besançon (Doubs), photo du même, 10 mai 2018

Saint-Pierre (Martinique), photo de François Golfier, 17 juin 2013

Paris (Seine), rue Lamartine, photo de Jean-Damien Poncet, 25 janvier 2020

              L’Invent’Hair perd ses poils.

Bouguenais (Loire-Inférieure), photo de Bernard Bretonnière, 3 août 2012

La Chevrolière (id.), photo du même, 20 août 2012

Poil et plume.

“Métamorphoses, alibis, migrations. J’ai rencontré un jour, chez un coiffeur pour dames, une mère de famille qui, d’avance, voulait se vivre dans le rôle de veuve. Elle était venue se faire faire exprès une permanente. Comme elle était en noir et couverte de crêpes, le coiffeur s’étonnait (il connaissait le mari). Elle expliqua sans aucun embarras qu’elle voulait aller se faire photographier d’avance sur le riche tombeau de son époux. C’était flatteur, et elle concevait la chose comme une attention conjugale. Les morts jouissent trop peu du désespoir de leur femme.” (Alexandre Vialatte, “Le Carnaval du baron Corvo”, Le Spectacle du monde, n°13, avril 1963)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

8 janvier 2023 – 997

DIMANCHE.                  

Bilan annuel 2022.                                                

* 157 titres lus (= par rapport à 2021)

                                                 * 286 films vus (- 34) dont 47 au cinéma (+ 16)

                                                 * 402 abonnés aux notules courriel + 12 abonnés internet = 414 (+ 4)

                                                 Chantiers littéraires :

                                                 * 484 communes visitées (+ 12) d’Ableuvenettes (Les) à Tignécourt dans le cadre de l’Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental

                                                 * 346 photos de Bars clos (+ 3)

                                                 * 829 publicités murales et enseignes peintes photographiées (+ 33)

                                                 * 5 595 photographies de salons de coiffure pour l’Invent’Hair (+ 269)

                                                 * 236 frontons d’école photographiés pour un Aperçu d’épigraphie républicaine (+ 6)

                                                 * 150 Lieux où j’ai dormi retrouvés ou ajoutés et photographiés (+ 10)

                                                 Parutions :

                                                 * Bulletin de l’Association Georges Perec n° 80, juin 2022

                                                 * Bulletin de l’Association Georges Perec n° 81, décembre 2022

* « Des sables de l’oubli : Paul Tisseyre, dit Ananké », Les Refusés n° 23, dossier « Déserts », Nancy, 2022.                                                

Mentions :                                               

* Cahiers Lautréamont, Nouvelle série n° 1, Classiques Garnier, 2019

                                                 * Christophe Stener, Ernest (de) Gengenbach: Sa vie, Books on Demand, 2022.

                                                 Contributions :

       * Collectif, 31 vues sur rue, Éditions Deleatur, coll. Club Samizdat, 2022

                                                 * Le Canard enchaîné n° 5295, 4 mai 2022.

                                                 Précision concernant la politique photographique des notules :

                                                 * Les notuliens contribuent de façon efficace à l’avancée des chantiers photographiques qui meublent nos livraisons dominicales : le cabinet de curiosités et l’Invent’Hair leur doivent beaucoup, sans parler des aptonymes ou de la rubrique Poil et plume. Merci. Une précision s’impose toutefois : ne sont acceptés que les clichés dûment localisés, pris “en vrai”, à l’aide d’un appareil idoine ou d’un téléphone de poche. Les photos issues de sites internet ou de réseaux plus ou moins sociaux ne sont pas homologuées.

                                                Appel :

* Le début de l’année est généralement propice aux bonnes résolutions. Si parmi ces résolutions figure celle de ne plus vous laisser importuner par des messages électroniques antédiluviens, pesants, inutiles, creux, mal écrits, pompeux, j’en passe, et si vous vous apercevez tout à coup que les notules correspondent à l’une des catégories précitées, inutile d’engorger les tuyaux pour rien : un simple mot « stop » en réponse à ce numéro mettra fin à votre abonnement.

LUNDI.

Lecture.

Tintin au Congo (Hergé, Casterman, 1931, 62 p., 11,95 €).

MERCREDI.                 

Éphéméride.

“4 janvier [1871]

Aujourd’hui, encore souffrant, je passe toute ma journée au lit dans un état vague de demi-sommeil. Il flotte, en ma cervelle, des idées informulées, à tout moment prêtes à devenir des rêves, mais arrêtées au bord du sommeil par une détonation du mont Valérien ou par la piaillerie pondeuse de trois poules, que j’ai dans une cage contre mon petit feu de bois vert. Ces trois volatiles sont la dernière ressource que j’ai gardée contre la viande de tire-fiacre d’aujourd’hui, contre la faim de demain. Dans les queues à la porte des boucheries de Paris, une fois, on vous offre à la place de viande un paquet de chandelles, une autre fois, du vin chaud sucré.” (Edmond et Jules de Goncourt, Journal : Mémoires de la vie littéraire)

JEUDI.

Obituaire.

Je trouve dans Le Monde du jour cet avis de décès, version post mortem de “Moi, pour la modestie, je ne crains personne”.

Le triste hasard veut que j’assiste aujourd’hui aux obsèques de ma tante, décédée le même jour que Mme Gradwohl. La sœur de mon père ne bénéficiait pas d’un nom de plume comme celle-ci, c’était tout bonnement tata Josette. Dire que ses qualités familiales et amicales étaient hors pair l’auraient fait rougir, sinon pouffer, elle ne s’adonnait ni à l’écriture, ni au journalisme, ni au piano, ni au militantisme, pas plus au karaté. Les travaux d’intérieur et le soin de son jardin devaient lui suffire, occupée qu’elle fut à élever ses huit enfants et meurtrie d’en voir trois partir avant elle. Vient un jour où les vies riches et parfumées des Enthoven ne valent pas plus lourd que nos vies minuscules.

VENDREDI.                 

Lecture.

Le Commencement & la Fin de la civilisation (Luigi Serafini, Collège de ‘Pataphysique, coll. Bibliothèque optimatique n° 6, 2018; 16 p., hors commerce).

Le Cœur est un chasseur solitaire (The Heart Is a Lonely Hunter, Carson McCullers, Houghton Mifflin Co., 1940 pour l’édition originale, Stock, 1947 pour la première traduction française, rééd. coll. “La Cosmopolite”, 2017, traduit de l’américain par Frédérique Nathan et Françoise Adelstein; 576 p., 24 €).                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Chaussures, anciens et nouveau modèles.

Pierrefonds (Oise), photo de Jean-François Fournié, 15 juillet 2007

Pézenas (Hérault), photo de Jean-Damien Poncet, 29 décembre 2020

SAMEDI.

Football.

SA Épinal – F.C. Metz B 4 – 1.

Films vus.

  • Double messieurs (Jean-François Stévenin, France, 1986)
  • La Vraie Famille (Fabien Gorgeart, France, 2021)
  • Robin des Bois (Robin Hood, Ridley Scott, É.-U. – R.-U., 2010)                              
  • Last Night in Soho (Edgar Wright, R.-U. – Chine, 2021)                              
  • La Garçonnière (The Apartment, Billy Wilder, É.-U., 1960)                              
  • Nuits blanches à Seattle (Sleepless in Seattle, Nora Ephron, É.-U., 1993).             

L’Invent’Hair perd ses poils.

Saint-Mammès (Seine-et-Marne), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 20 juillet 2012

Rouen Seine-Inférieure), photo de Francis Pierre, 24 novembre 2012

Poil et plume.

“Une femme de la reine munie d’un petit carnet vint chercher Léonard pour s’entretenir avec lui à l’écart. S’il avait pu croire qu’il accédait enfin à la reconnaissance et aux hommages, il fut déçu.–Pour quel motif attendez-vous, exactement ?– Je suis Léonard Autier, j’ai été mandé.– Ah ! Le coiffeur.Il eut un coup au cœur, poussa un petit cri de douleur et fit mine de chanceler.– Perruquier ? rectifia son interlocutrice.– De mieux en mieux.– Que dois-je écrire, enfin ?– Écrivez “Maître ès-arts capillaires”, cela suffira.Elle le considéra avec plus d’attention. Une longue mèche poudrée bouclait à l’arrière de son crâne et une autre devant.– Pour un “ce que vous dites”, vous êtes bizarrement coiffé.– C’est parce que je ne peux me coiffer moi-même.” (Frédéric Lenormand, Au service secret de Marie Antoinette : L’Enquête du Barry)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

1er janvier 2023 – 996

DIMANCHE.

Vie littéraire.

Il y a un an environ, j’ai été contacté par un universitaire qui se disait désireux de travailler sur Ernest Gengenbach et avait trouvé trace des écrits que j’avais consacrés à l’énergumène. Nous avons correspondu de façon assez suivie, je l’ai guidé vers le fonds Gengenbach de la bibliothèque de Saint-Dié et vers d’autres horizons, lui ai transmis tout ce que j’avais trouvé et entrepris pour lui quelques recherches supplémentaires. Je n’ai pas eu à le regretter car l’homme a travaillé vite et a auto-édité sur le sujet (avec tous les inconvénients de cette pratique) quatre forts volumes dans lesquels le notulographe est crédité, cité et remercié pour son humble contribution. François Angelier, à qui rien n’échappe, l’a invité à en parler dans son émission Mauvais genres, diffusée hier soir sur France Culture. Un réveillon avec Gengenbach, il fallait oser. J’écoute ça aujourd’hui avec intérêt, heureux d’avoir pu passer le relais et de voir le défroqué remis en lumière par des gens plus compétents et plus audibles que moi. Maintenant, Gengenbach, pour moi, c’est terminé. C’est ce que disait Jean-Jacques Lefrère à propos de Lautréamont en 1976 – sans savoir qu’il allait passer quasiment le reste de sa vie à travailler dessus.

LUNDI.

Lecture.

En attendant Dogo (Jean-Bernard Pouy, Gallimard, coll. “ La Noire”, 2022; 206 p., 18 €).

En publiant de façon plus que soutenue (on lui prête plus d’une centaine de romans), Jean-Bernard Pouy prend le risque de connaître quelques coups de mou et il faut bien dire, malgré la sympathie qu’on a pour le personnage, qu’il a parfois déçu. Sa dernière collaboration avec Marc Villard (La Mère noire) ne cassait pas des briques, on est d’autant plus heureux de le retrouver ici en pleine forme. On reconnaît dans Dogo son goût pour la politique, son attrait pour les communautés (voir Ma ZAD), son penchant pour les jeux de mots lamentables (voir le titre). En attendant Dogo rappelle les romans de la collection “Pierre de Gondol”, à laquelle il a participé, où le polar se mêlait à la “grande” littérature, mélange qu’on retrouve ici en voyant les œuvres de Raymond Roussel et de Fernando Pessoa jouer un rôle dans l’histoire. Pouy ne néglige pas celle-ci, racontée par une femme en quête de son frère disparu sans laisser d’adresse, pleine d’intérêt et empreinte d’un léger suspense.

“Le Philosophe” (“The Philosopher”, Sherwood Anderson, in Winesburg, Ohio, B.W. Huebsch, 1919 pour l’édition originale, in Les Meilleures Nouvelles de Sherwood Anderson, Éditions Rue Saint Ambroise, coll. “Les Meilleures Nouvelles”, 2021 pour la traduction française, traduit de l’américain par Nathalie Barrié; 348 p., 16,50 €).

Nouvelle.

MERCREDI.

Éphéméride.

“28 décembre [1946]

Bossuet parle des “points de foi qu’il faut croire explicitement pour être sauvé” (États d’oraison, II, 19). Il rugirait en voyant aujourd’hui l’Église se montrer si accommodante et d’entendre parler de son évolution. Il la veut immuable, et toutes les “variations” appartiennent à l’hérésie.

À Genève : Préface à l’Anthologie. Scénario d’Isabelle.

“Je n’ai point connu qu’elle ait dans l’âme aucun ressentiment de mon ardeur.” (Amants Magnifiques, acte I, scène II.)

et plus loin : acte II, scène I, quatrième réplique : “J’en ai, madame, tout le ressentiment qu’il est possible (des soins qu’on a pris pour moi).” (André Gide, Journal)

JEUDI.

Vie touristique.

Nous rentrons d’un séjour à Reims (Marne) au cours duquel le poids des choses vues (la cathédrale, incontournable, la bibliothèque Carnegie, la maison-musée Le Vergeur, la basilique saint Remi et son musée) aura tout de même dépassé celui des choses manquées (le Musée des Beaux-Arts, fermé, la chapelle Foujita, fermée, le musée de l’automobile, fermé, la Villa Demoiselle, trop chère), de toute façon on ne pouvait pas tout faire.         

Lecture.

Chroniques de la vie quotidienne (René Fallet, Les Belles Lettres, 2006; 200 p., 19 €).

En 1989, André Santini remportait le prix de l’humour politique pour la phrase : “Si Saint Louis rendait la justice sous un chêne, Arpaillange [alors garde des Sceaux] la rend comme un gland.” En 1955, René Fallet écrivait dans Le Monde libertaire : “Saint Louis rendait la justice sous un chêne. De nos jours, ce sont les glands qui rendent la justice.” Rendons à César… C’est la première chronique de ce recueil qui reprend principalement celles parues dans Franc-Tireur au cours de l’année 1956. Fallet livrait un billet par semaine à ce journal qui, à le lire, ne mégotait pas sur la liberté d’expression. L’auteur y exprime sans retenue son antimilitarisme, son anticléricalisme (avec comme réjouissante tête de Turc le Spinalien Daniel-Rops, dit Daniel-Roll Mops) et son peu de goût pour les figures politiques de l’époque, se dresse contre la peine de mort et, quinze ans avant le Manifeste des 343, réclame le libre droit à la contraception. Plus léger, il parle aussi de son coin du Bourbonnais, des monuments aux morts (qu’il n’aime guère), d’un marchand de bestiaux originaire d’Haréville-les-Châteaux, commune qui ne semble pas exister. L’annotateur, Michel Lécureur je pense, la situe dans le département des Vosges (où l’on trouve un Haréville-sous-Montfort) mais il pourrait bien s’agir d’Harréville-les-Chanteurs, en Haute-Marne. Qu’importe, l’essentiel est de retrouver notre René féroce, léger, drôle, comme on l’aime. La chronique est un art difficile, je m’y suis exercé pendant plusieurs années à la demande de Jean-Jacques Lefrère, dont on parlait plus haut, pour sa revue. Une revue trimestrielle, le rythme n’était donc pas effréné, mais suffisamment prenant pour prendre la mesure du travail de ceux qui s’y adonnent chaque semaine. Après Franc-Tireur, René Fallet livrera encore quelques billets dans d’autres publications (France-Soir, Le Monde…), plus amers (il y est question d’urbanisme, on est en train de détruire les Halles, son quartier) et moins intéressantes.

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Soupe salée.

Paris (Seine), photo de Lucie Didion, 22 septembre 2022

SAMEDI.

Films vus.

  • Pinocchio (Guillermo del Toro’s Pinocchio, Guillermo del Toro, Mark Gustafson, É.-U. – Mexique – France, 2022)
  • Le Nouveau Monde (The New World, Terrence Malick, É.-U. – R.-U., 2005)                              
  • Forrest Gump (Robert Zemeckis, É.-U., 1994)                              
  • Zootopie (Zootopia, Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush, É.-U., 2016)                              
  • La Dernière Bourrée à Paris (Raoul André, Italie – France, 1973).             

L’Invent’Hair perd ses poils.

Pouldergat (Finistère), photo de Bernard Bretonnière, 22 juillet 2012

Nice (Alpes-Maritimes), photo de Jean-Damien Poncet, 31 août 2020

Poil et plume.

“Une rafale a balayé mes cheveux en tous sens. J’avais horreur de ça. Horreur du vent et d’être décoiffée. J’étais complexée par mes extrémités, mes pieds et mes cheveux, et si je m’étais faite aux premiers, les seconds occupaient toute mon attention. J’avais beau dépenser des fortunes en produits capillaires, coupes et brushing, rien n’y faisait, ils demeuraient mous, fins, minables.” (Vanessa Bramberger, Alto Braco)

Bon dimanche, et surtout

Lyon (Rhône), photo de Gérard Luraschi, 25 décembre 2022

Philippe DIDION