26 février 2023 – 1003

DIMANCHE.

Courriel.

Une demande de désabonnement aux notules.

LUNDI.

Courriel.

Une demande de réabonnement aux notules. L’honneur est sauf.

Lecture.

Une vie de chien (Senninger, Collège de ‘Pataphysique, coll. Bibliothèque optimatique n° 2, 2005; 32 p., hors commerce).

La Place du mort (Pascal Garnier, Zulma, 2010, rééd. Points Roman noir P 2946, 2013; 168 p., 5,70 €).

C’est toujours un plaisir de découvrir qu’on n’a pas tout lu de Pascal Garnier, un des auteurs de polars les plus intéressants des dernières années. Il est mort en 2010, ce roman devait être le dernier publié de son vivant ou son premier posthume. Il montre l’auteur en pleine possession de ce qui fut sa marque de fabrique : une histoire courte, noire, digne d’un Manchette débarrassé de ses préoccupations politiques, qui n’offre aucune issue à ses personnages sinon la violence et la mort.

MERCREDI.                  

Éphéméride.

22 février [1915] – Complète incapacité sous tous les rapports.” (Franz Kafka, Journaux)                 

Lecture.

“Premiers écrits et articles” (Antonin Artaud, 1921-1924, in “Œuvres”, Gallimard, coll. “Quarto”, 2004; 1792 p., 35 €).

Ce volume présente les écrits d’Artaud dans un ordre strictement chronologique. Il omet volontairement Tric Trac du Ciel, son premier recueil de poèmes publié en 1922 puis renié. On ouvre donc avec deux nouvelles et quelques articles qui montrent la curiosité d’Artaud le jeune : peinture, cinéma, et, bien sûr, théâtre. La seconde nouvelle est un rien hermétique mais comme l’écrivait l’auteur dans le préambule à ses œuvres complètes en 1946 : “Que mes phrases sonnent le français ou le papou c’est exactement ce dont je me fous.”                               

“Le Crâne” (“The Skull”, Philip K. Dick, in If, juillet-août 1952, traduit de l’américain par Pierre-Paul Durastanti et révisé par Hélène Collon, in “Nouvelles complètes I 1947-1953”, Gallimard, coll. Quarto, 2020; 1280 p., 28 €).                               

Nouvelle.

JEUDI.

Vie familiale.

Quand on me demandait ce que j’allais faire de ma retraite, la réponse “voyager” était bien la dernière qui me serait venue à l’esprit. J’aspirais plutôt à goûter le confort douillet de mon home et à pantoufler sans entraves. C’était sans compter sur une situation familiale qui m’empoisonne et m’épuise depuis un an maintenant. Après une période d’accalmie, l’hospitalisation de ma mère, devenue flèche de haine n’ayant que ma pomme pour cible, m’a redonné accès à mon père. Je vais le voir tous les jours ou presque, même s’il ne sait plus qui je suis. Il me prend tantôt pour un jardinier, tantôt pour un infirmier, au mieux pour un voisin, jamais pour un fils. Il ne sait plus distinguer le jour de la nuit, l’armoire du frigo, l’endroit de l’envers. Toute chose sur laquelle il met la main disparaît comme par enchantement. Quand je passe, j’essaie de rétablir un peu d’ordre dans son esprit et dans sa maison, je fais la chasse aux objets manquants et aux papiers nécessaires à son hébergement car la situation ne peut s’éterniser. C’est éreintant : j’y reste une heure, je vieillis d’un mois. Mais je le fais, relayé par mes frères et sœur quand ils peuvent se déplacer, parce que, contrairement à ma ma mère que je ne reverrai plus jamais, lui est resté doux et paisible, désespérant mais touchant. Il a l’Alzheimer docile, mais cavaleur : il s’enfuit régulièrement, laissant la maison vide et ouverte à tous les vents, il faut courir dans tous les azimuts pour le récupérer. Heureusement, toute la ville le connaît ou presque et c’est souvent une relation plus ou moins vague qui le ramène au bercail. L’autre jour – facile à retenir, c’est celui où Alice s’est cassé le bras, ces choses arrivent en cascade – l’Alzheimer familial s’est doublé d’un Alzheimer vicinal : notre voisin du dessus, dont l’esprit flotte aussi dans l’éther, s’est endormi en laissant un robinet ouvert dans sa cuisine, ce sont les cataractes dégringolant du plafond qui nous ont alertés. Pas trop de dégâts mais des démarches à entreprendre, des travaux à faire réaliser, des devis, des déclarations, des pièces à vider, ce genre de choses. Alors, voyager, oui, ou plutôt déguerpir, prendre la tangente, fuir, là-bas fuir, pour respirer un peu. Je n’aspire qu’à sacrer mon camp, à repartir en mer avec mon capitaine courageux, à aller visiter les amis lointains, à partir installer Alice à Bruxelles, à revoir Jaligny et la Creuse le plus tôt possible, à aller encombrer sans vergogne, définition du tourisme, ceux qui ne m’ont rien demandé. Aujourd’hui, une première dans nos annales, nous avons acheté des billets d’avion. C’est dire si la situation est grave.         

Lecture.

Spéculations.Viridis Candela, 10e série, n° 5 (15 septembre 2022, 48 p., 15 €).

Michel Leiris pataphysicien.

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Murs en colère, photos de l’auteur.

Moulins (Allier), 20 juin 2021

Le Syndicat (Vosges), 12 décembre 2021

SAMEDI.

Films vus.

  • Adorables créatures (Christian-Jaque, France – Italie, 1952)
  • La Montagne (Thomas Salvador, France, 2022)
  • As bestas (Rodrigo Sorogoyen, Espagne – France, 2022)
  • Une aussi longue absence (Henri Colpi, France – Italie, 1961)
  • Retour à la bien-aimée (Jean-François Adam, France, 1979).            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Arles (Bouches-du-Rhône), photo de Sylvie Bernasconi, 23 juillet 2012

Sault (Vaucluse), photo d’Hervé Bertin, 10 juin 2013

IPAD. (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

17 avril 2022. 95 km. (41 941 km).

128 habitants

Dans la partie encore inoccupée du cimetière (où reposent six aviateurs de la R.A.F.), l’obélisque de pierre usée a été reposé sur un socle de granit récent, agrémenté par quelques pissenlits en fleur. Récente aussi la plaque sur laquelle les noms sont inscrits.

1914-1918

They-sous-Montfort

À ses enfants

Morts pour la France

THIÉRY Charles                    COLIN Auguste

CLÉMENT Gustave                    COLAS Louis

NOËL Léon                    FRANCAIS François

DORGET Eugène                    DORGET Jules

1939-1945

Georges BECK – Charles SIMUS            

Poil et pellicule.

Brice 3 (James Huth, France, 2016)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

Publicité

Une réflexion sur “26 février 2023 – 1003

Les commentaires sont fermés.