DIMANCHE.
Lecture.
Gaston d’Ercoule (Valery Larbaud, Éditions Vrille, 1952, rééd. in “Œuvres”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 126, 1958; 1316 p., 52,99 €).
“La femme du professeur, aussi, est en bon point”, écrit Larbaud. Le Trésor de la langue française m’apprend que l’embonpoint d’aujourd’hui est issu de cette expression qui signifiait jadis “en bonne santé”.
LUNDI.
Transhumance.
Alice a suivi son dernier cours samedi, quitté son statut d’étudiante et laissé son logement messin à Lucie. Elle va désormais exercer ses talents à Bruxelles, où nous débarquons en fin de journée pour prendre nos quartiers à Anderlecht. Anderlecht, pour moi, c’est le football, nous sommes d’ailleurs à portée de fumigène du stade. Un coup d’œil sur le calendrier… Mince, pas de match domicile cette semaine.
MARDI.
Chez les Belges.
Installation d’Alice dans son nouveau logis, à Schaerbeeck, arpentage du quartier, photos de salons et curiosités, ravitaillement. J’achète Le Soir, déception, il n’y pas d’avis de décès. J’essaierai demain La Libre Belgique. Après-midi touristique, à la découverte de Bruxelles. Nous prenons le métro à la station Saint-Guidon qui, c’est une bonne chose, se trouve sur la même ligne que la station Eddy Merckx. Le hasard nous mène sur la Grand-Place, puis au pied de la colonne du Congrès qui sert de monument aux morts, en passant par les galeries royales Saint-Hubert, là où Paul Verlaine acheta, le 10 juillet 1873, certain objet qui allait être à l’origine d’un sacré coup de pétard. Promenade agréable mais le cœur n’y est pas, les nouvelles de Metz ne sont pas bonnes.
MERCREDI.
Éphéméride.
“Lundi 22 mars [1943]
Marine de 9h1/2 à 12h. Passé à Comœdia. Vu personne. Rabourdin m’a fait vendre 800 francs mes Ronsard de la Pléiade. Un coup de téléphone de Reyer me demandant de venir à 3h à l’imprimerie de La Gerbe, 16 rue du Croissant, parce que mon récit sur Dominique de Gourgue doit paraître, qu’il y a des coupures à faire, et qu’il veut mon avis. Je demande mon après-midi à Braibant. Allé chez le percepteur toucher mes 570 francs de prime de constat et allé à pied rue du Croissant, par un temps inouï de douceur.” (Jacques Lemarchand, Journal 1942-1944)
Chez les Belges.
Poursuite du circuit touristique avec la visite des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (découverte d’un certain Léon Frédéric qui rappelle étrangement Émile Friant et Bastien-Lepage) et la Bibliothèque royale. Pendant ce temps, Lucie est admise à l’hôpital de Mercy à Metz. Inutile d’écourter notre séjour, les visites ne sont pas autorisées.
JEUDI.
Chez les Belges.
La visite du Muséum des sciences naturelles, dont la signalétique restera toujours pour nous un mystère, nous rassure sur la vitalité et la vigueur des cordes vocales de l’écolier belge. Nous arpentons Ixelles où les cafés proposent l’expresso à 3 euros, récupérons Alice satisfaite de sa première journée de labeur et visitons la famille de mon frère à Rhode-Saint-Genèse. Volière locale. Je photographie un couple de Pies bavardes au nid et une Ouette d’Égypte dans le parc du Muséum.
VENDREDI.
Vie familiale.
Nous quittons Bruxelles pour Metz, rassemblons quelques affaires et papiers dans l’appartement de Lucie, assurons quelques démarches administratives en ville et à l’hôpital où nous montons en début d’après-midi. Une interne bienveillante nous explique la situation, qui est encore incertaine. Nous sommes dans le couloir, à deux pas de la chambre de Lucie mais les visites restent interdites. Nous repartons avec l’espoir de la voir la semaine prochaine. Le soir venu, nous regardons un épisode de la série Hippocrate, histoire de rester dans l’ambiance. C’était ça ou relire La Montagne magique.
Le cabinet de curiosités du notulographe.
Ferronnerie dard.
Renaix (Belgique), photo de Monique Carlier, 2 mars 2021
Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 10 janvier 2021
SAMEDI.
Film vu.
Mission : Impossible – Protocole fantôme (Mission: Impossible – Ghost Protocol, Brad Bird ,É.-U., 2011).
Lecture.
Histoires à lire et à pâlir (Death-Reach,Collectif, Davis Publications, 1982 pour l’édition originale, Pocket, 1983 pour la traduction française, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : 100 autres histoires extraordinaires », Presses de la Cité, coll. Omnibus, 1995; 1224 p., 145 F).
Nouvelles.
Vie littéraire.
Nous restons à Metz, même si ça ne sert à rien. J’achète le nouveau livre de Pierre Michon, sans savoir si je l’ouvrirai un jour. Michon, couvert de prix et de louanges à chaque pas qu’il fait et à chaque ligne qu’il écrit, est devenu la statue du Commandeur des lettres. On n’imagine plus tenter un mot un peu tiède sur l’homme ou l’œuvre. Et si le bouquin, tant attendu, était finalement décevant ? Je n’y crois guère, j’ai confiance, mais comme l’écrit aujourd’hui Jean-Claude Bourdais dans un billet, si c’est le cas personne n’osera le dire. Avant de rentrer, nous faisons une courte incursion au Petit Salon du livre de Kanfen (Moselle). Le rassemblement d’auteurs locaux fait penser à celui de Felletin (Creuse), Raymond Poulidor en moins. Nous y faisons la connaissance de l’alerte Nicolas Turon, auteur de petites plaquettes policières sur tous les bleds de Moselle et des alentours, qui nous confie son intention de sévir bientôt sur Épinal.
L’Invent’Hair perd ses poils.
Badonviller (Meurthe-et-Moselle), photo de Francis Henné, 27 juillet 2012
Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes), photo d’Hervé Bertin, 17 avril 2016
Poil et pellicule.
L’Étrange Histoire de Benjamin Button (The Curious Case of Benjamin Button, David Fincher, É.-U., 2008)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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