Juillet 2012

1er juillet 2012 – 541

DIMANCHE.

Lecture. Souvenirs d’Edmond Charlot (Impressions du Sud, n° 15/16, 17 & 18, 1987-1988, rééd. Domens, coll. Méditerranée vivante/Essais n° 2, 96 p., 18 €€).

« Entretiens avec Frédéric Jacques Temple »

Edmond Charlot (1915-2004) tint une librairie renommée à Alger à partir de 1936, à l’enseigne des « Vraies Richesses ». Une librairie qui était aussi une bibliothèque de prêt à laquelle il eut tôt fait d’adosser une maison d’édition, suivant en cela le modèle d’Adrienne Monnier à qui il avait au préalable rendu visite et qui l’avait, dit-il, « très impressionné ». Elève de Jean Grenier, comme Albert Camus, il eut l’occasion de publier les premiers textes de ce dernier, L’Envers et l’Endroit et Noces. Il revient ici sur son parcours, sur Alger où il côtoya, outre Camus, Emmanuel Roblès, Max-Pol Fouchet, Gide, Soupault, Saint-Exupéry et bien d’autres avant de tenter, après-guerre, une aventure parisienne qui se solda par un échec. Le parcours d’un honnête homme qui mit sa vie au service des auteurs qu’il a croisés, des livres qu’il a édités (plus de 400), des revues qu’il a soutenues (Rivages, Fontaine) : « […] je dois avoir une vocation, je crois que j’attire les livres; il y a des gens qui attirent des choses, moi j’attire les livres et ils viennent à moi sans que je les cherche beaucoup. » Edmond Charlot, après le plasticage de sa librairie par l’OAS, s’installa à Pézenas où il poursuivit son travail dont la maison Domens, qui publie cette élégante plaquette, est l’émanation.

Curiosité. Un souvenir d’Edmond Charlot semble ne pas correspondre à la réalité : « Et de Soupault j’ai publié, à ce moment-là [pendant la guerre], Stèle pour James Joyce et L’Ode à Londres bombardée. » Stèle pour James Joyce paraît bien en 1941, mais c’est un recueil d’articles de Louis Gillet publié aux éditions du Sagittaire. En fait, le livre de Soupault dont parle Charlot date de 1945 et s’appelle Souvenirs de James Joyce. L’erreur a été répétée dans la chronique d’Histoires littéraires n° 42 qui rendait compte du livre. Les chroniqueurs de cette revue passent pourtant pour des gens sérieux… A noter (ce que c’est que l’histoire littéraire, vous tirez sur un bout de fil qui dépasse et ça n’arrête plus) que Philippe Soupault a écrit un Charlot en 1931, consacré… à Charlie Chaplin.

Camus chez Charlot (Guy Basset, Méditerranée vivante/Essais n° 1, non paginé, 14 €€)

Guy Basset fait ici l’inventaire précis des liens éditoriaux entre Albert Camus et Edmond Charlot : les ouvrages qu’il a publiés sous son enseigne, la collection qu’il y a dirigée (Poésie et Théâtre), les revues auxquelles il a participé (Rivages, L’Arche), jusqu’aux articles qu’il a consacrés aux « auteurs Charlot ». Références précises, documentées, un travail de spécialiste pour spécialistes.

LUNDI.

Vie sportive. Nacer Bouhanni est devenu hier champion de France de cyclisme professionnel sur route. Nacer Bouhanni est né à Epinal. Il a grandi près d’ici, à Hennecourt, un charmant village sans doute, dont j’irai visiter très prochainement le monument aux morts. Le 22 avril dernier, au premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen a recueilli à Hennecourt 21,29 % des suffrages exprimés, un score supérieur à sa moyenne nationale. Quand on s’appelle Bouhanni, on apprend à pédaler vite, à Hennecourt.

Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Apocalypse bébé de Virginie Despentes au Livre de poche (2012).

Lecture scolaire. Le quai de Ouistreham (Florence Aubenas, éditions de l’Olivier, 2010, rééd. Points P 2679; 256 p., 6,50 €€).

MARDI.

Lecture. Stèle pour James Joyce (Louis Gillet, Editions du Sagittaire, 1941, rééd. Pocket, coll. Agora n° 343, 2010, édition préfacée et annotée par Olivier Cariguel; 192 p., s.p.m.).

Donc, les choses sont claires, ce n’est pas Philippe Soupault, c’est Louis Gillet. Soupault sur Joyce, c’était dans l’ordre des choses : on imagine bien le poète surréaliste à l’affût des nouveautés, intrigué et intéressé par les trouvailles de Joyce, son inventivité, son usage de la langue. Gillet, c’est plus surprenant (Larbaud l’appelait « le Rasoir Gillet »), même s’il n’est pas encore académicien à l’heure où il écrit le premier article de ce recueil, en 1925 (les deux autres datent de 1931 et 1940). Gillet écrit alors surtout sur la peinture mais il tient la rubrique « Littératures étrangères » dans la Revue des Deux Mondes. Et c’est dans cette revue qu’il va faire paraître ses articles sur Joyce, ce qui constitue une autre surprise : la Revue des Deux Mondes, organe sage et traditionnaliste, s’enflamme à l’époque pour Paul Bourget, on voit le gouffre… Pourtant, c’est bien dans ses pages que va paraître le premier article destiné au grand public sur Ulysse. Gillet a lu le livre en anglais, sur la recommandation de Marie de Régnier et fait part de son scepticisme au lecteur français. Car ce premier article n’est pas un adoubement : Louis Gillet décortique le livre, essaie d’en suivre pas à pas le déroulement et conclut de façon fort dubitative en se demandant si le jeu en vaut la chandelle. Il reconnaît l’audace de Joyce dans la construction, dans la multiplicité des langages mis en oeuvre dans son livre mais ne ressort pas très convaincu de sa lecture. Le ton change lorsqu’il écrit les deux articles suivants : il a cette fois digéré Ulysse et s’attache à faire découvrir Finnegans Wake alors même qu’on n’en connaît que quelques fragments. Il faut dire qu’entre-temps, Gillet a rencontré Joyce. L’entrevue a eu lieu en janvier 1930, par l’intermédiaire de Sylvia Beach. Gillet commença par s’excuser pour son article sur Ulysse, sachant que l’écrivain l’avait trouvé plutôt tiède. Mais Joyce ne s’en formalisa pas : il avait tout de suite vu l’intérêt qu’il pouvait y avoir à installer un allié dans la Revue des Deux Mondes et il traita Gillet de façon fort amène. La relation fut ensuite plus franche, les lettres et les rencontres de plus en plus chaleureuses, Joyce n’hésitant pas à confier à Gillet quelques secrets de fabrication de Finnegans Wake. Gillet fut un des rares à rendre visite à l’Irlandais à l’époque où celui-ci s’était réfugié à Saint-Gérand-le-Puy, au début des années 40. Les habitants de cette petite commune de l’Allier furent d’ailleurs davantage éblouis par la visite d’un académicien français que par le séjour du génie qu’ils avaient accueilli sans le connaître. Cette proximité permit à Gillet d’écrire un bel hommage à la mort de Joyce, un long article paru en 1942 dans deux numéros des Lettres françaises, éditées à Buenos Aires par Roger Caillois, et qui figure en deuxième partie de cette Stèle pour James Joyce.

MERCREDI.

Lecture. Perles de la littérature (Pierre Ferran, Dominique Jacob, Horay, 2012; 132 p., 5,99 €€).

Compte rendu à rédiger pour Histoires littéraires.

Histoires littéraires n° 46 (avril-mai-juin 2011, Histoires littéraires et Du Lérot éditeurs; 152 p., 25 €€).

Revue trimestrielle consacrée à la littérature française des XIXe et XXe siècles.

Léautaud est à l’honneur dans ce numéro, avec sa photo en couverture, une étude de sa relation mal connue avec Henri Jeanson par Jean-Marc Canonge et les propos de Jérôme Dupuis, enquêteur littéraire à L’Express, qui revient sur le procès ayant opposé Pierre Perret au Nouvel Observateur (c’est à Dupuis que Perret a montré la dédicace que Léautaud lui avait faite en 1954 et qui a joué le rôle que l’on sait dans cette affaire). Jacques Vallet poursuit le récit de ses expéditions nocturnes dans les théâtres parisiens et banlieusards au cours de l’année 1993 avant de laisser la place à quelques morceaux de correspondance (une lettre de Stendhal, des lettres d’Eugène Fromentin, une lettre inédite de Flaubert) puis aux rubriques habituelles : Delfeil de Ton pour un retour sur le numéro précédent, l’irremplaçable Jean-Paul Goujon pour sa chronique des ventes et des catalogues et, pour terminer, la copieuse section des comptes rendus de lecture dans laquelle je me suis intéressé à Brassens, à Gainsbourg, à Régis Messac, à Léo Malet et à la revue Alibi.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. A président normal, premier ministre normal : voir son logement de fonction, photographié par l’auteur à Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) le 30 mai 2012.

air eau, vandoeuvre, 541

SAMEDI.

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 12 juin 2011. 133 km. (15856 km).

fraize, 541

3108 habitants

  Le monument à base triangulaire est adossé au mur du cimetière, sur une large avenue. Le parvis est un vaste demi-cercle pavé de grès dont le pourtour est doublé par des bornes minérales. Trois mâts à gauche, un seul est garni, un mât à droite, qui encadrent une stèle à laquelle on a ajouté les ailes de la Victoire. A droite, une femme de granit poli tend à bout de bras une couronne de lauriers. Les noms apparaissent en relief sur une plaque de cuivre (de bronze ?) dont le centre est occupé par un Poilu au repos.

fraize monument, 541

Aux enfants de Fraize

Morts pour la France

1914-1918

  Face : la liste commence par les gradés, 3 capitaines et 3 lieutenants. Suivent 60 noms sur deux colonnes, d’’ANDRE à CITE Jean Camille (colonne de gauche) et de CLAUDE Georges à EISELE Laurent (colonne de droite). A l’’avant, une plaque « A notre frère. A notre oncle ».

Gauche : 74 noms sur deux colonnes, de FAIVRE Auguste à HOULNE Ernest (gauche) et de HUMBERT Lucien à MOÏSE René (droite).

Droite : 22 noms sur la colonne de gauche de NOËL Emile à RITZENHAL Georges, 24 noms sur la colonne de droite de SAINT-DIZIER Emile (en deux exemplaires) à WIRTH Henri. Puis, sous l’’inscription « Victimes civiles de la guerre », 8 noms dont 5 désignent des femmes. Notons la présence, puisque la littérature est partout, d’’un PRUD-HOMME Joseph.

A droite du monument principal, une stèle pour les victimes d’’Algérie (4 noms), d’’Indochine (3 noms) et Autres territoires (1 nom) récemment fleurie de deux corbeilles tricolores en provenance de la maison « Au camélia fleuri », à Fraize.

A gauche du monument principal, une stèle pour les victimes de 1939-1945, 54 noms d’’ALISON Hélène à THIRIET Armand.

Ne quittons pas la place sans un clin d’oe’œil à la facétie fraxinienne :

fraize détail, 541

             L’Invent’Hair perd ses poils.

lombr'elle & lui, lombron, 541 (2)

Lombron (Sarthe), photo de Xavier X, 14 août 2008

             Poil et plume. « D’aucuns y vont pour rafraîchir leur coloration, leur frange, leurs idées en bavardant avec la coiffeuse, en écoutant ses bavardages, moi je n’ai pas besoin qu’on me lise le journal, les faits divers, je me les invente en ouvrant toujours l’oeil, et grand mes oreilles. On a beau avoir un but, se faire couper les cheveux par Sonia, on n’est pas fermé aux rencontres et au merveilleux.

Il ne brille pas, ce salon, par son originalité – il n’intéressera pas mon ami d’Epinal, ne figurera pas dans son Invent’Hair – il n’est pas dans l’Hair du temps, pas Inven’tif du tout, mais on n’en sort pas humilié, contraint de dissimuler son nez en relevant son col, son absence de nez, d’accuser le froid si c’est le rasoir qui l’a coupé, Sonia ne dérape pas quand elle vous fait la nuque ou les pattes, quand elle rapporte les propos et gestes déplacés du prof de français qui est heureusement, une fois sur deux, absent. Ni quand elle vous abandonne tout à trac pour encaisser, répondre au téléphone ou tenir la porte à la dame. » (Denis Montebello, « Le jour d’après », site http://cotojest.over-blog.com/, 6 février 2012)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

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8 juillet 2012 – 542

LUNDI.

Lecture. Journal particulier 1935 (Paul Léautaud, édition établie, présentée et annotée par Edith Silve, Mercure de France, 2012; 352 p., 22,50 €€).

Compte rendu rédigé pour Histoires littéraires.

MARDI.

En feuilletant Livres Hebdo. Olivia Provost, Franck Provost sans rendez-vous, le Cherche Midi, 2012, 128 p., 17 €€.

Lecture. La nièce de Flaubert (Willa Cather, in Not Under Forty, édition originale chez Alfred A. Knopf, 1936, traduction de l’américain et préface d’Anne-Sylvie Homassel, Les Editions du Sonneur, coll. La Petite Collection; 72 p., 6,50 €€).

Compte rendu rédigé pour Histoires littéraires.

MERCREDI.

El condom pasa.

vitrine gérard 5, 542

                                            Certains auront reconnu sur cette photo la vitrine de la pharmacie Didion, sise rue du Char-d’Argent à Epinal. A droite de la vitrine, sous la lampe, c’est un distributeur de préservatifs. Enfin, c’était : le distributeur a été volé dans la nuit du 23 au 24 juin dernier. Au commissariat, Caroline a été bien reçue : pour le personnel, ça changeait des déclarations concernant les vols de portable. Tout de même, il y en a qui décorent leur intérieur avec de drôles de choses. Si vous apercevez l’objet, n’hésitez pas à faire signe : discrétion et forte récompense en bons d’achat Manix assurées.

JEUDI.

Lecture. Géographie de l’enfance (François Decq, Edilivre, coll. Classique, 2012; 242 p., 22,50 €€, http://www.edilivre.com/geographie-de-l-enfance-fran-decq.html).

Je connais la situation dans un sens seulement : des écrivains qui deviennent des familiers. La chimie notulienne m’a permis de découvrir et de fréquenter un certain nombre d’auteurs, de converser avec eux, de les apprécier en tant que personnes en dépassant le statut alloué par un nom sur une couverture. Avec François Decq, je découvre la situation inverse : un familier, et quel, qui devient écrivain. Un mot sur ce qui nous lie : quarante ans d’amitié, de connaissances partagées, d’expériences vécues, de parcours parallèles, c’est un témoin de mes heures de gloire mais aussi de mes faiblesses et de mes lâchetés. Un historique qui valut au gaillard, pour ne donner qu’un exemple, d’être le premier destinataire des notules et même, pendant un temps, le seul. Cela m’étonnerait qu’il les lise encore, mais lui a le droit d’échapper au pensum comme j’ai le droit d’encombrer impunément sa boîte à courriel chaque dimanche. Je peux écrire sur les écrivains devenus des familiers, même si ce n’est pas l’exercice que je préfère : ils m’envoient leurs livres, je rédige une notule, pas pour tous parce qu’il y en a trop, je n’arrive pas toujours à suivre. Je m’aperçois aujourd’hui que je ne peux guère écrire, et je serai donc très bref, pour un familier devenu écrivain. Difficile de le faire sans être de taxer de copinage, ce qui est bien la moindre des choses quand il s’agit d’un copain mais François Decq, de toute façon, n’est pas du genre à rameuter ses potes pour pondre des notices louangeuses sur Internet. J’avais déjà lu d’autres choses de lui, qui ne m’avaient pas pleinement convaincu. Géographie de l’enfance a effacé mes réticences : cette fois c’est un livre abouti, construit, maîtrisé. L’auteur a su faire le pas de côté nécessaire pour contourner la banale autobiographie, dévoiler des aspects de sa vie sur lesquels il ne s’était jamais étendu. On peut être proche et rester pudique. On peut avoir des amis qui deviennent écrivains.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Rubrique « y a pas que les coiffeurs », route nationale 70, environs de Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire), photo de l’auteur, 2 juin 2012.

buscéphale, ciry-le-noble, 542

SAMEDI.

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 13 juin 2011. 99 km. (15955 km).

frapelle, 542

222 habitants

   Nous ne sommes venus que pour la pancarte, les morts figurant sur le monument de Bertrimoutier, déjà visité. L’’esplanade et la façade de la Mairie recèlent pourtant quelques souvenirs patriotiques.

frapelle mairie 3, 542  frapelle mairie 1, 542  frapelle mairie 2, 542

             L’Invent’Hair perd ses poils.

épi'tête, bar-le-duc, 542 (2)  épi'tête, tarbes, 542 (2)

Non localisé, photo de Marc-Gabriel Malfant (?), 27 septembre 2008 / Tarbes (Hautes-Pyrénées), photo de Marc-Gabriel Malfant, 20 avril 2010

Poil et plume. « Le matin suivant, donc le lundi, après avoir placé la tête embaumée chez un coiffeur, comme buste, je réglai ma note et celles de mon camarade avec l’argent de ce dernier. » (Herman Melville, Moby Dick)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

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 15 juillet 2015 – 543

MARDI.

En feuilletant Livres Hebdo. Claude Lussac, Nathalie Marx, Pisser à Paris : guide pratique et culturel des WC gratuits, Ed. du Palio, 2012, 192 p., 19 €€.

JEUDI.

Lecture. Le Camp des morts (Death Without Company, Craig Johnson, 2006 pour l’édition originale, Gallmeister, 2010 pour l’édition française, rééd. Gallmeister, coll. Totem, 2012, traduit de l’américain par Sophie Aslanides; 384 p., 10,20 €€).

Deuxième volet des aventures du shérif Walt Longmire qui opère à Durant, Wyoming, où vit, c’est une surprise, une petite communauté basque. Little Bird, le premier volet, avait permis la mise en place d’un personnage attachant, original, conçu selon les canons de Jim Harrison. Maintenant que son personnage est bien installé dans son cadre, entouré des seconds rôles désormais familiers, Craig Johnson consacre plus d’espace à l’histoire policière et on en viendrait presque à le regretter tant celle-ci est embrouillée. Le charme du premier livre ne revient que de façon épisodique et le tout se solde par une légère déception, si l’on prend en compte les espoirs entretenus.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Cimetière d’Hagécourt (Vosges), photo de l’auteur, 17 juin 2012. Ici repose sans doute un amateur d’automobiles.

 hagécourt, 543 (2)

SAMEDI.

IPAD. 19 juin 2011. 154 km. (16109 km).

frebécourt, 543

312 habitants

   Le seul élément original de ce monument, situé sur le côté de l’’église, est constitué par les piquets qui soutiennent la chaîne entourant la stèle. Ils sont en forme de torches. Un enfant dirait de cornets de glace.

 frebécourt monument, 543

   Face :

Aux enfants de Frébécourt*

Morts pour la Patrie

1914-1918

  Droite :

1914-1918

OUINOT Maurice

FAUCHERIS Adrien

GUY Eugène

REGNIER Paul

LARCHER Georges

MARQUE Alphonse

VAN DEN ENDE Paul

LECLERE Georges

BLANCHOT Henri

OUINOT Gaston

BEIGUE Raymond

  Gauche :

1914-1918

POISSONNIER Georges

LECLERC Gabriel

FAVE Henri

JARDIN Louis

GALAND Henri

1939-1945

ROUSSEL Roger

FOLTZ Léon

  * L’’accent sur le premier e apparaît et disparaît au gré des cartes et pancartes sur lequel on lit le nom de la commune. Frebécourt ou Frébécourt ? Le mystère reste entier.

L’Invent’Hair perd ses poils. Rendons d’abord à César ce qui lui est dû : l’Epi-tête de provenance inconnue qui figurait ici la semaine dernière était situé à Bar-le-Duc (Meuse) et la photo était signée Patrick Valroff. Précision importante puisqu’il s’agit du seul salon meusien figurant à ce jour dans l’Invent’Hair.

 diminu'tif, montmartin-sur-mer, 543 (2)  diminu'tif, milly-la-forêt, 543 (2)

 Montmartin-sur-Mer (Manche) / Milly-la-Forêt (Essonne), photos de Pierre Cohen-Hadria, 29 août 2008 / 26 mai 2012

Poil et plume. « À l’’instar du pou, le coiffeur est un parasite du cheveu. » (Pierre Desproges, Textes de scène)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

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22 juillet 2012 – 544

DIMANCHE.

Vie fatigante. Je l’avoue sans détour : je rigolais doucettement quand Pierre Bergounioux, dans ses Carnets de notes, parlait de la « noire fatigue » qui lui tombait dessus à l’issue de ses journées de collège. J’ai rigolé jusqu’à ce que cette fatigue me saisisse à mon tour, au début de ces vacances. Un trou noir, une pesanteur extrême, des siestes vécues comme des puits sans fond. Il y avait eu des signes avant-coureurs : voilà que je m’endormais dans le train du retour, puis dans celui de l’aller; un matin des derniers jours de classe, le réveil, que j’ai toujours devancé ou attendu plus ou moins patiemment, m’a cueilli comme une gifle. Des bâillements incoercibles du lever au coucher. Et puis une bonne partie de ma chevelure envolée, mais qui commençait tout de même à repousser, blanche mais bon, on n’est pas en train de repeindre une chambre, on ne choisit pas la couleur. Pourtant, l’année avait été paisible et j’avais pris soin de la vivre à l’économie, sachant le boulot qui m’attendait pendant ces vacances. Un boulot qui se révéla impossible à entreprendre : des chantiers bloqués, des articles en souffrance (des livres à chroniquer mais aussi un gros travail sur René Fallet), une notule sur la fatigue impossible à écrire pour cause de fatigue, des tâches domestiques accomplies au ralenti. A un point tel que je me suis demandé si cet état ne cachait pas un dérèglement biologique quelconque. Mais les analyses ne révèlent rien d’anormal : il ne s’agit donc que de l’usure de la bête, et ça risque de ne pas s’arranger avec le temps. Autant dire que j’ai accueilli avec un soulagement non feint le décret du 2 juillet dernier rétablissant le droit de la retraite à 60 ans au titre des carrières longues pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans. Mon premier bulletin de salaire date d’octobre 1978 (2576,97 F, j’ai tout de suite acheté une chaîne hi-fi), j’avais 18 ans et 5 mois, je n’ai jamais arrêté depuis sauf pour aller faire le zouave sous les drapeaux, je suis dans les clous et je m’en réjouis.

Il reste tout de même du temps à accomplir, une huitaine d’années. A ce stade, Bergounioux, lui, a choisi de changer d’air. L’opportunité d’un poste à l’Ecole des Beaux-arts s’offrait, il l’a saisie et ne semble pas regretter de l’avoir fait. Je pourrais moi aussi, sans prétendre à une fonction aussi prestigieuse, aller voir ailleurs, demander un poste au lycée voisin par exemple, me frotter à un nouveau public qui me réveillerait un peu. Je ne le ferai pas. Déjà parce qu’il faudrait, pour cela, solliciter et dépendre d’une hiérarchie que je vomis et qui me le rend bien. Ensuite parce que je me sens plus à ma place auprès du public défavorisé que je côtoie que dans une structure où l’accompagnement et l’encouragement cèdent la place à une sélection qui n’est pas dans ma nature – ce n’est peut-être pas le cas partout mais c’est ainsi que je vois les choses. Donc, il va falloir les aligner, ces huit années et ce ne sera pas simple. Pas seulement à cause de la fatigue. Ni à cause de la lassitude : mon métier (je ne parle ici que du temps de classe, en présence du public qui m’est confié) ne me pèse pas encore, je l’accomplis toujours avec un plaisir relatif. L’âge n’est pas non plus un véritable souci : que vous ayez vingt-cinq ou cinquante-deux ans, pour les mômes, c’est la même chose, vous êtes de l’autre côté. Non, ce qui me préoccupe vraiment, c’est le fossé qui se creuse entre le monde que je représente et ce que j’appellerais le monde réel, le quotidien de mes élèves. Je continue à m’agiter avec des instruments frappés d’obsolescence, un tableau, un bâton de craie, des livres, des textes, du papier, des stylos, à l’heure où tout est écran. Une heure de cours, c’est aujourd’hui, à part les plages de sommeil, la période la plus longue au cours de laquelle un adolescent ne jette pas un oeil sur son écran de téléphone ou d’ordinateur. La question n’est pas de savoir si c’est une chose louable ou regrettable, c’est ainsi et cela semble irréversible. Le monde qui est le mien, la culture que j’essaie de transmettre, celle ni plus ni moins des humanités, les moyens qui me sont donnés pour agir en ce sens ne correspondent plus à la réalité et je ne sais combien de temps je pourrai encore faire face.

Heureusement, mes jeunes collègues, je les admire sans les envier, sont mieux armés et plus à l’aise avec cet état de fait. Ils ont grandi avec ces nouvelles pratiques. Ils évoluent avec aisance, « valident les acquis » comme j’enfile mes pantoufles, parlent du « socle commun de compétences » comme d’un vieil ami, ils viennent au collège avec leur ordinateur personnel sur lequel tout est enregistré, reçoivent leurs directives sur leur boîte à courriel professionnelle (jamais ouvert la mienne, j’ai jeté les codes comme j’ai jeté mon téléphone de poche le jour où l’administration m’a demandé de fournir mon numéro), ils passent des coups de fil à la récréation, envoient des textos pendant les réunions, ils sont au poil. Je travaille avec des professeurs de lettres qui ne lisent pas trois livres par an mais qui connaissent les instructions officielles par coeur et c’est eux qui ont raison, pas moi. Je regarde tout cela d’assez loin parce que je suis d’un univers qui ne les intéresse pas et surtout je ne veux pas gêner. Le genre j’ai tout vu, j’ai tout fait, croyez-en mon expérience, très peu pour moi. Je suis depuis un bon moment dans un processus d’effacement progressif : je ne me mêle pas des conversations, je ne parle pas du passé, je dis bonjour le lundi et au revoir le vendredi, le reste du temps je me fais peu visible et je pourrais être absent pendant trois semaines sans que personne ne le remarque. En attendant, je vais devoir être présent encore huit ans en essayant de maintenir les choses en état. Jusqu’à maintenant, j’ai eu la chance de faire mon parcours sans me blesser et sans blesser personne, ce qui a toujours été mon objectif premier. Je croise les doigts pour que ça dure le plus longtemps possible.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Ticket de caisse (magasin Monoprix) pêché dans une poubelle sur un trottoir d’Epinal par le notulographe le 16 juillet 2012. Le recto indique l’achat de 10 centilitres de crème fraîche (0,42 €€) et de 300 grammes de boeuf bourguignon (2,56 €€), produits réglés en espèces (3 €€). Le verso est recouvert d’un texte manuscrit en deux parties, l’une disposée sur la largeur du ticket (texte 1), l’autre sur sa hauteur (texte 2), écrit au feutre noir, pointe fine.

ticket monoprix, 544

   Texte 1. Je n’ai pas connu celle qui a dit « t’es bien » par télépathie en Juillet 90; je ne connais pas non + celles qui ont dit par télépathie tout de suite après, aussi en juillet 90, à Chantraine également – « t’es mieux qu’avant » (profiteurs de misères)  

Texte 2. je ne suis jamais le père s’il y a une Pascale P…. refusée aux fêtes pascales – je n’ai su que j’avais une fille de Cathy B….. qu’en automne 95; je n’ai su que j’avais une fille d’une Sarah qu’en mais [sic] 04 mais un Rudy a feint de me connaître parce que mon immeuble avait été détruit

                 Lecture. Souvenirs désordonnés (José Corti, Librairie José Corti, 1983, rééd. coll. Les Massicotés n° 23, 2010; 256 p., 10 €€).

Le titre ne ment pas : José Corti livre ses souvenirs de libraire-éditeur sans aucun souci de l’ordre chronologique : ils sont servis comme ils surviennent dans la mémoire de l’auteur, librement. Ils ne concernent pas la totalité de sa vie : Corti passe très vite sur ses jeunes années et ne parle guère de la période contemporaine. C’est qu’un événement tragique a pour lui arrêté le temps : la mort en déportation de son fils unique, arrêté le 2 mai 1944 à l’âge de 19 ans pour faits de Résistance. L’ombre de ce fils s’étend sur chacune des pages, Corti ne cesse d’y revenir à chaque souvenir évoqué. Dans sa boutique de la rue de Clichy, puis de la rue de Médicis, Corti a vu passer des personnages importants et a joué un rôle essentiel dans la littérature française, notamment avec la création des Editions surréalistes. C’est donc l’occasion de voir défiler, dans ces pages, Julien Gracq, Gaston Bachelard, Dali, Breton, Eluard, Crevel, Cayatte, Georges Fourest (à qui il suggéra le titre de son recueil, Le Géranium ovipare) mais aussi des moins connus comme Jean Pommier, Jean Ferry ou Jules Crépet. Corti s’étend aussi sur des épisodes peu ou pas connus, comme l’histoire du Prix Rabelais, monté de toutes pièces en 1936 pour moquer le milieu littéraire et prouver l’inanité des prix décernés – l’éditeur est, sur ce plan, en accord total avec son écrivain Julien Gracq. Ces témoignages de première main sont précieux et la lecture de ces Souvenirs désordonnés est pleinement enrichissante. Mais ce n’est pas tout. A lire les souvenirs de Corti à la suite de ceux de son confrère et contemporain Edmond Charlot, un malaise survient. Autant Charlot, dans ses entretiens, se montrait ouvert, chaleureux, solaire, généreux, autant Corti apparaît comme un être froid, distant, sûr de lui et dominateur comme disait l’autre. Jamais il ne se montre fautif : si, par exemple, quelque amitié nouée (Eluard, Jean Ballard) se solde par une brouille, c’est toujours de la faute des autres. Corti a toujours raison, Corti est toujours droit, Corti est toujours trahi (André Schiffrin lui a même piqué l’idée de la Pléiade, c’est dire). Et il se venge : le pauvre René Crevel, qui a droit à un très bel hommage, se verra, après son suicide, refuser la réimpression de son Clavecin de Diderot à cause de ses pages « puérilement antireligieuses » (car Corti est croyant). Ces variations sur le thème « Moi, pour la modestie, je ne crains personne » s’allient avec une nostalgie un peu rance (ah les diligences, ah le bon pain d’antan) quand elle n’est pas franchement réactionnaire : « Quand je vois tant de jeunes filles se livrer à de très précoces expériences amoureuses, je pense qu’elles ont tort; mais je pense aussi que beaucoup d’entre elles, assagies, feront un jour de bonnes mères de famille. » Et puis il y a la haine. Ça, c’est plutôt à son avantage, les livres de mémoires étant souvent bien aseptisés mais elle surprend quand même quand on découvre qui en est l’objet, à savoir François Le Lionnais. Le Lionnais, mathématicien, fondateur de l’Oulipo, déporté et auteur de ce chef-d’oeuvre qu’est « La peinture à Dora », Le Lionnais dont on a l’image d’un homme rond et débonnaire, est ici dépeint de façon tout à fait différente : un parasite, un profiteur que Corti accuse (l’histoire est assez embrouillée) d’être à l’origine de l’arrestation de son fils. Les mots sont durs : « ignoble individu », « un misérable; un misérable que je n’ai pas tué, malgré la tentation que j’en ai eue et la possibilité… » (car Corti est corse). Dans son intransigeance – en fait, seuls Gracq et René Char échappent au lance-flammes – José Corti ne fait pas toujours preuve de la plus grande honnêteté. Ainsi quand il s’en prend à Léautaud. Il n’aime pas le personnage, il n’aime pas le Journal, soit. Mais quand il accuse Léautaud de mentir à son sujet et qu’il cite le passage du Journal du 27 mai 1944 dans lequel Léautaud annonce son arrestation, il omet de signaler que Léautaud prend la précaution de dire que cette (fausse) information est colportée par Maurice Guyot. Bref, cette lecture (pas facile, Corti manie une écriture affectée parfois lourdingue) suscite un certain malaise : l’oeuvre de l’éditeur en sort intacte, l’homme qui l’a portée pas vraiment. Un dernier mot pour déplorer l’état de cette réédition : on ose espérer que l’amour du boulot bien fait, qui a toujours été le souci de José Corti, se serait mal accommodé de ce travail de salopiot qui aligne les coquilles, les répétitions et les mots coupés en milieu de ligne.

SAMEDI.

IPAD. 30 juin 2011. 56 km. (16165 km).

fremifontaine, 544

382 habitants

   Le monument se situe en haut du village, sur le côté de l’’église dont il est séparé par le cimetière. Le parterre en demi-cercle est pavé, la stèle est enclose d’’une grille noire et de buissons de roses fanées. Elle est surmontée d’’une Croix de guerre, et d’une croix de Lorraine, encadrée par deux douilles d’’obus, ornée d’’une palme, d’’un casque et d’’un étendard. Une gerbe de fleurs en plastique, qui parviennent toutefois à ne pas sembler de la première fraîcheur, provient de la marbrerie Saclusa à Pouxeux. Les noms sont inscrits sur des plaques noires, récentes.

fremifontaine monument, 544

1914-1918

BONTEMPS Antoine                   FRANCOIS Emile

COLIN Léon                   GURY Henri

COLLIGNON Joseph                   HUGUENY Marius

DEMANGEL Albert                   LENOIR Joseph

DEMANGEL Pierre                   MAILLARD Lucien

DELAITE Albert                   MATHIEU Joseph

DELAITE Amédée                   MOUGIN Léopold

  DELAITE Joseph                   PETITDEMANGE Alphonse

DURAND Léon                   PIERRAT Charles

DIVOUX Charles                   RENARD Gabriel

FETET Paul                   ROTH Denis

FORTIER Pierre                   SCHNEIDER Zacharie

  Une deuxième plaque mentionne trois victimes militaires et six victimes civiles de 1939-1945. En recopiant tout cela, je m’’aperçois qu’’il n’’y a pas, et il faudrait vérifier si c’’est la première fois, d’’inscription du genre « A nos morts » ou « Fremifontaine, à ses glorieux soldats ».

L’Invent’Hair perd ses poils.

planet'hair, annoville, 544 (2)  planet'hair, villeurbanne, 544 (2)

Annoville (Manche), photo de Pierre Cohen-Hadria, 29 août 2008 / Villeurbanne (Rhône), photo de Bernard Gautheron, 14 mars 2009

             Invent’Hair, bilan d’étape.

                                                 Bilan géographique. 1100 salons font à ce jour partie de l’’Invent’’Hair. Les cent dernières enseignes enregistrées sont marquées par une grande variété géographique : 9 pays différents dont 3 nouveaux entrants (Argentine, Inde, Maurice), 15 régions françaises représentées sur 26, 29 départements dont un nouveau (Mayenne), 63 communes dont 42 nouvelles. Pour les pays, l’’Espagne consolide sa 3e place derrière la France et le Royaume-Uni avec 3 nouveaux salons, Madagascar, la République tchèque, la Suisse et l’’Italie progressent chacun d’’une unité. Pour ce qui est des régions, Rhône-Alpes se taille une fois de plus la part du lion avec 46 nouveaux salons, devant l’’Île-de-France (+ 8). Ces deux régions mènent la danse devant le Languedoc-Roussillon (+ 2), la Lorraine (+ 6) et Provence-Alpes-Côte-d’’Azur (+ 2), positions inchangées. Départementalement parlant, le Rhône abrite un quart des nouveaux clichés, devant l’’Isère (+ 9) et l’’Ardèche (+ 7). Au classement général, le Rhône dépasse maintenant Paris (128 contre 123) et les Vosges (57, + 4) retrouvent le podium en repassant devant les Pyrénées-Orientales (56, inchangé). Grâce à son score remarqué, l’’Isère passe de la 40e à la 22e place, mais l’’Ardèche (6e) ne gagne qu’’une place dans un haut de tableau où les positions sont plus fermement établies. Passons aux communes, en commençant par les gros morceaux : Paris (+ 5) Lyon (+ 16) n’’ont toujours pas fini de livrer leurs richesses et sont toujours en tête, devant Nancy, Epinal et Barcelone qui conservent leurs places en gagnant un salon chacune. Strasbourg (+ 3) passe du 11e au 7e rang mais la plus belle performance est à mettre à l’’actif de Vienne (la Vienne de l’Isère) qui, avec 6 salons, entre directement à la 17e place (sur 562 tout de même). On note d’’ailleurs d’’autres belles pièces qui font leur entrée dans le classement : Brno, Buenos Aires, Caen, Chantilly, Epernay, Florence, Laval, Le Havre, Tananarive, dont le palmarès ne demande qu’’à s’’étoffer.

      Bilan humain. Encore 46 photos signées Marc-Gabriel Malfant dans cette nouvelle centaine. C’’est toujours impressionnant, même si c’’est un peu moins que pour la série précédente où il en signait 65. Il culmine dans notre classement avec 353 clichés. La meute des poursuivants est toujours menée par le notulographe (122, + 7), Pierre Cohen-Hadria (110, + 15) et Benoît Howson (43, inchangé), désormais talonné par Philippe de Jonckheere (41, + 5). Notons les belles progressions des deux photographes auteurs chacun d’’un brelan : Martine Sonnet qui passe de la 27e à la 20e place (8 photos au total) et Thierry Vohl qui passe de la 66e à la 38e place (4 photos au total). Saluons l’’entrée du petit nouveau, Franck Queyraud, qui devient le 119e contributeur de notre chantier.

                                      Etude de cas. Contrairement à une idée répandue, il n’’est pas nécessaire de présenter un jeu de mots particulièrement acrobatique pour entre dans l’’Invent’’Hair. Celui-ci peut en effet accueillir les enseignes les plus banales… à condition qu’’elles possèdent ce je ne sais quoi qui les fait sortir de cette banalité. Par exemple, une lettre manquante, comme dans les exemples ci-dessous, qui sont à l’image des peignes édentés qu’on imagine peupler les tiroirs de leurs propriétaires.

coiffe r, nantes, 472, 544  coiffe r, collobrières, 544  minivague, paris, 544

Nantes (Loire-Atlantique), photo de Marc-Gabriel Malfant, 3 juillet 2007/ Collobrières (Var), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 8 juillet 2011 / Paris, rue Chaudron, photo de Pierre Cohen-Hadria, 14 mars 2010

Poil et plume. « Cole entra dans la pièce, qui, à première vue, ressemblait à un salon de coiffure, rempli de fauteuils de coiffeur. Sauf que ce n’étaient pas exactement des fauteuils de coiffeur, pas plus que l’’homme en blouse blanche qui lui ordonna aussitôt de se retourner n’’était pas exactement un coiffeur. » (Donald Westlake, Mémoire morte)

Bon dimanche,

Philippe DIDION