29 mai 2022 – 973

DIMANCHE.

Courriel.

Une demande de désabonnement aux notules.

MERCREDI.

Éphéméride.               

“Pékin, 25 mai 1917.

“Mère chérie,

J’ai été découragé ces jours-ci d’apprendre que nos deux derniers courriers nous étaient renvoyés. Les Anglais font maintenant passer leurs lettres par le Canada. Nous allons reprendre la voie de Suez.

Je confie à la Valise une caissette légère qui vous portera une bien menue chose de votre fils : trois petits objets de cloisonné en vieil émail authentique du XVe siècle chinois. Leur patine naturelle en dégradé vous fera songer à certaines études peu connues que vous aimiez de mon vieil ami Odilon Redon. […]” (Saint-John Perse, Lettres)                 

Lecture.

L’Âge d’homme (Michel Leiris, Gallimard, 1939, rééd. Bibliothèque de la Pléiade n° 600, 2014; 1402 p. 75 €).

Curiosité. “La fréquentation d’un bizarre personnage nouvellement survenu dans notre groupe – séminariste défroqué qui était un mythomane doublé d’un aventurier – acheva de me faire perdre pied.” On reconnaît, dans ce portrait express, la figure d’Ernest Gengenbach, notre vieille connaissance qui fait l’objet d’une note développée. On savait que Michel Leiris avait croisé sa route : dans une lettre à Jacques Baron du 26 juillet 1925, il le décrivait déjà comme “un prêtre défroqué très sympathique mais probablement fou.”

JEUDI.

En feuilletant Livres Hebdo.

James Sacré, Brouettes, Obsidiane, 2022; 52 p., 13 €. “Recueil de poèmes autour de la brouette.”

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Deux fois rien.

Saint-Germain-du-Bel-Air (Lot), photo de Dominique Renaux, 14 juillet 2018

Sippenaeken (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 30 août 2021

Lecture.

La Sainte Touche (Djamel Cherigui, Jean-Claude Lattès, coll. La Grenade, 2021; 224 p., 19 €).                      

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2022.                 

Courriel.

Une demande d’abonnement aux notules.

SAMEDI.            

Films vus.

  • Douce (Claude Autant-Lara, France, 1943)
  • Le Charlatan (Nightmare Alley, Edmund Goulding, É.-U., 1947)                             
  • C’est la vie (Julien Rambaldi, France – Belgique, 2020)                             
  • Quelqu’un de bien (Patrick Timsit, France, 2002)                             
  • The Trip (I onde dager, Tommy Wirkola, Norvège, 2021).            

Football.

SA Spinalien – Auxerre B 3 – 0.            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Gien (Loiret), photo de Pierre Cohen-Hadria, 27 mai 2012

La Bâthie (Savoie), photo de Sylvie Bernasconi, 31 octobre 2017            

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

6 mai 2021. 116 km. (40 760 km).

100 habitants

L’herbe est bien verte sur le flanc de l’église où une dalle de ciment supporte un monument tout blanc, entouré d’une lourde chaîne. Le sommet de l’obélisque est couvert d’un drapé, deux drapeaux, véritables ceux-ci, sont dressés sur les côtés.

À nos morts glorieux

HOCQUARD Lucien . Nancy 22 7bre 1914

RICHARD Charles . Guillaucourt 1r 8bre

GENION Victor . Bs-Le-Prêtre 20vier 1915

ARNOULD Paul . Neuvele St Vaast 9 mai

ARNOULD Albert . Carency 19 mai

FLOGNY Thdore .  Ablain-St Nazaire 26 mai

GALLOIS Chles . Hopl Gama Toul 27 mai

BROUSSIER Henri . Bs-le-Prêtre 31 mai

PINOT Georges . Gambigneulles 6 juilt

Gauche :

DERUF Paul . Lingekopf 2 août 1916

JUSSOT Louis . Souain 8 octobre

JUSSOT Henri . Aubigny 17 octobre

JUSSOT Émile . Jouy 5 mai 1917

LEVIEUX Cles . Htal Necker Paris 9 mai 1918

MOUGINOT Paul . Eve 23 mai

RICHARD Henri . Ridge-Wood 8 juin

FLOGNY Denis . Côte 17 Oise 11 juin

HUGUES René . Lieut Méry Courcelles 11 juin

Droite : une plaque pour les trois victimes de la guerre 39-45.

Le monument est signé : Genion (qui est le nom d’une des victimes) à Sauville.            

Poil et pellicule.

Fahrenheit 451 (François Truffaut, R.-U., 1966)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

22 mai 2022 – 972

DIMANCHE.

Vie culturelle.

Nous profitons d’une visite aux filles pour aller nous promener dans “le musée sentimental d’Eva Aeppli” au Centre Pompidou de Metz. L’air du temps a parfois du bon : il pousse, par exemple, les responsables des musées à fouiller leurs méninges et leurs réserves pour donner une place plus importante aux artistes féminines dans leurs expositions et les bouses des vaches de Rosa Bonheur sont en passe d’atteindre le prestige des nymphéas de Monet. Tant mieux pour Toyen, Eva Jospin, pour les pionnières des Années folles, pour les femmes photographes de guerre, à l’honneur ces derniers temps, et pour Eva Aeppli, qui sort ainsi de l’ombre. D’une ombre double même, celle de Tinguely dont elle fut l’épouse, et celle de Niki de Saint Phalle qui lui succéda sous ce statut. On ne savait rien d’elle pour ce qui nous concerne et voir ainsi surgir ses immenses sculptures textiles, particulièrement impressionnantes dans les compositions de groupes, a de quoi couper le souffle. Bonne chose aussi : Pompidou-Metz semble avoir renoncé aux expositions gigantesques et épuisantes de ses débuts : celle-ci est à taille humaine et on peut en faire deux ou trois fois le tour sans se lasser.

MARDI.

Lecture.

Notes d’un embusqué (Aurèle Patorni, La Maison française d’Art et d’Édition, 1919, rééd. Mille et une nuits n° 633, 2014; 80 p., 3 €).

Qui gagne perd (Somebody Owes Me Money, Donald Westlake, 1969 pour l’édition originale, Gallimard coll. Série Noire n° 1356, 1970 pour la traduction française, rééd. Payot & Rivages, coll. Rivages/Noir, 2021, traduit de l’américain par Jean Esch; 288 p., 21 €).

MERCREDI.

Éphéméride.                                                                               

“Harar, 18 mai 1889.

“Ma chère mère, ma chère sœur,

J’ai bien reçu votre lettre du 2 avril. Je vois avec plaisir que, de votre côté, tout va bien.

Je suis toujours fort occupé dans ce satané pays. Ce que je gagne n’est pas en proportion des tracas que j’ai; car nous menons une triste existence au milieu de ces nègres.

Tout ce qu’il y a de bon dans ce pays, c’est qu’il n’y gèle jamais; nous n’avons jamais moins de 10 au-dessus de zéro et jamais plus de 30. Mais il y pleut à torrents dans la saison actuelle; et, comme vous, ça nous empêche de travailler, c’est-à-dire de recevoir et d’envoyer des caravanes.

Celui qui vient par ici ne risque jamais de devenir millionnaire, – à moins que de poux, s’il fréquente de trop près les indigènes. […]

En attendant de vos nouvelles, je vous souhaite beau temps et bon temps.

RIMBAUD.

Adresse : chez Monsieur César Tian

Négociant.

Aden.”

(Arthur Rimbaud, Correspondance)

JEUDI.

Lecture.

Danse avec la foudre (Jérémy Bracone, L’Iconoclaste , 2021; 286 p., 19 €).                         

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2022.         

Brève de trottoir.

VENDREDI.                 

Obituaire.

C’est un dimanche du printemps 1995 que je suis venu pour la première fois à Saint-Jean-du-Marché. Je ne sais plus ce que j’avais fait la veille mais j’avais une gueule de bois de plusieurs stères quand Caroline m’a présenté ce jour-là à ses parents. Je n’ai pas dû paraître très brillant mais enfin, on ne m’a pas chassé et Saint-Jean est devenu, au fil du temps, le refuge des beaux jours et des vacances. Pour les filles, ce fut le lieu des découvertes, des libellules et des papillons que je ne savais pas encore nommer, des brimbelles et des confitures, des premiers gadins à vélo et des balades à la remorque du petit tracteur, des bains dans la fontaine et des siestes interminables de leur père. Il n’y aura plus d’été, il n’y a plus d’après à Saint-Jean-du-Marché. Il va falloir vendre la ferme, personne, dans la famille, n’a les moyens, l’envie, le temps, les épaules pour continuer à l’entretenir. Mais nous reviendrons. Seulement, nous nous arrêterons là où nous sommes aujourd’hui réunis, au cimetière, autour de celui qui fit que tout cela fut possible.

Saint-Jean-du-Marché (Vosges), photos de l’auteur, 24 juillet 2004 & 14 février 2010

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Hommage à un ancien Premier ministre.

Paris (Seine), photo de Francis Henné, 12 février 2022

SAMEDI.            

Films vus.

  • Retour de manivelle (Denys de La Patellière, France, – Italie, 1957)
  • L’École buissonnière (Jean-Paul Le Chanois, France, 1949)
  • The Impossible (Lo impossible, J.A. Bayona, Espagne – Thaïlande – É.-U., 2012)                           
  • Le BGG : Le Bon Gros Géant (The BFG, Steven Spielberg, R.-U. – Inde – É.-U., 2016)                            
  • Le Jouet (Francis Veber, France, 1976).            

Bestiolaire de Saint-Jean-du-Marché.

Identification d’un Grand Clairon.            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Milly-la-Forêt (Essonne), photo de Pierre Cohen-Hadria, 26 mai 2012

Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), photo de Christophe Hubert, 31 mars 2014

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

24 mai 2021. 26 km. (40 644 km).

240 habitants

L’obélisque est à l’entrée de l’église, ceinte par le cimetière qui, avertit un écriteau, “n’est pas une aire de jeux”. Le temps n’autorise pas la prise de notes sur mon habituel calepin, je prends des photos que je décortiquerai at home.

À ses fils

La commune

Reconnaissante

Gauche :

JACQUES Paul

BOMBARDE Jules

MATHIS Joseph

Grande Guerre

RENAUX Marcel

SAUFFROY Louis

COLIN Henri

1914-1918

LAVALLÉE Léon

REMY Joseph

DEMENGEON Mathieu

39-45

Joséphine BAJOLET

Née COLIN

SAUFFROY Marcel (Tunisie)

Âmes chrétiennes pensez à eux

Dans vos prières

Dos :

Pour la Patrie

Ils ont donné leur vie

Gloire immortelle

À nos héros

L’église est ouverte, on trouve à l’entrée une simple plaque avec les noms des victimes des deux guerres. Pour une fois, ce sont exactement les mêmes que ceux du monument extérieur.

Poil et pellicule.

Shoah (Claude Lanzmann, France – R.-U., 1985)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

15 mai 2022 – 971

MARDI.           

Lecture.

Bouclard n° 4 (Bouclard Éditions, 2021; 64 p., 10 €).

“Revue littéraire” Le Rapport chinois (Pierre Darkanian, Éditions Anne Carrière, 2021; 304 p., 19,90 €).                         

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2022.

MERCREDI.                 

Éphéméride.

“9 juin [1894].

Ces locations meublées si douteuses qu’on y coucherait dans des journaux, et qu’on en étale partout.

J’écris tout de même de gentilles lettres. Si les gens savaient, ils voudraient ne jamais me connaître que par correspondance.

Il faut que notre Journal ne soit pas seulement un bavardage comme l’est trop souvent celui des Goncourt. Il faut qu’il nous serve à former notre caractère, à le rectifier sans cesse, à le remettre droit.” (Jules Renard, Journal)                 

Lecture.

Les Sept Minutes (Georges Simenon, Gallimard, 1938, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret” V; 552 p., s.p.m.).                               

Nouvelles.                               

Les trois nouvelles rassemblées sous ce titre mettent en scène l’inspecteur G 7 qui passe, au fil des histoires, de la police officielle à la police privée. Le récit est pris en charge, sur le modèle holmésien, par un ami du héros qui s’attache à ses pas. Bien que plus jeune que Maigret, G 7 applique les mêmes méthodes, privilégiant l’imprégnation, l’observation et l’écoute à l’action, et obtenant les mêmes résultats.

VENDREDI.

Lecture.

Propriété privée (Julia Deck, Minuit, 2019, rééd. coll. double, 2021; 176 p., 8 €).

Ça commence comme un épisode de Desperate Housewives transposé dans une banlieue parisienne. Un couple de bobos s’installe dans un nouveau quartier, écoquartier pardon, parmi ses semblables qui tous, derrière une façade lisse et polie, cachent leur lot de névroses. La peinture du milieu est fine, drôle, cruelle : les mesquineries et les jalousies ne tardent pas à apparaître sous les dehors policés. Julia Deck est moins à son aise quand elle choisit de faire subir à son roman un tournant policier (une femme et son bébé disparaissent, le mari de la narratrice est arrêté) peu convaincant qui aboutit à un dénouement tronqué et décevant.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Rayonnement capital sur divers supports.

La Souterraine (Creuse), photo de l’auteur, 7 août 2020

Smic Smac Smoc (Claude Lelouch, France, 1971)

SAMEDI.            

Films vus.

  • La Vierge du Rhin (Gilles Grangier, France, 1953)
  • Tais-toi quand tu parles ! (Philippe Clair, France – Italie, 1981)
  • Éducation sentimentale (Alexandre Astruc, France – Italie, 1962)
  • Meurtre en suspens (Nick of Time, John Badham, É.-U., 1995)                            
  • Voyage sans espoir (Christian-Jaque, France, 1943).            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Épinal (Vosges), 11 mai 2012, photo de l’auteur

Felletin (Creuse), 8 août 2014, photo de l’auteur

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

9 mai 2021. 172 km. (40 618 km).

43 habitants

   L’obélisque surélevé – terrasse et piédestal – est à l’entrée de l’église. Le granit gris, très propre, est orné d’une croix de Lorraine et d’une palme dorées. Au sol, une vasque de fleurs sans fleurs. Le tout est signé “Le Granit Abainville”.

Seraumont

À ses enfants

Morts

Pour la France

1914-1918

ANDRIEUX Gustave

CHRETIEN Léon

DIDIER Albert

VIARD Fernand

Poil et pub.

Épinal (Vosges), Musée de l’image

Bon dimanche,

Philippe DIDION

8 mai 2022 – 970

LUNDI.

Lecture.

Les Papillons (Barcello, Le Cherche Midi, 2021; 224 p., 18 €).                        

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2022.

MARDI.           

Lecture.

Paroles juives (Albert Cohen, G. Crès et Cie, 1921, rééd. in “Œuvres”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 402, 1993; 1438 p., 66 €).                         

Curiosité. Dans les remerciements adressés par les responsables de cette édition à diverses personnes et institutions, on trouve “la bibliothèque municipale d’Épinal”. Je me demande bien pourquoi.           

MERCREDI.

Éphéméride.

“4 mai [1916] –  Je n’ai pas été au cinéma; j’ai beaucoup marché mais je n’ai rien remarqué d’important.” (Raymond Queneau, Journal du  Havre, 1914-1920)                  

Lecture.

Schnock n° 37 (La Tengo, décembre 2020; 368 p., 19,50 €).

Alain Delon.                                

Temps Noir n° 21 (Joseph K., 2019; 352 p., 19,50 €).

Le roman policier sous l’Occupation.

Les Apprenties Détectives (Boileau-Narcejac, magazine Elle, 1967, rééd. in « Quarante ans de suspense » vol. 2, Robert Laffont, coll. Bouquins, édition établie par Francis Lacassin, 1988; 1314 p., 120 F).

Nouvelles.

Curiosité. On peut lire, dans la nouvelle intitulée “Certain vendredi soir” : “Au loin, une radio jouait une rengaine disco et Michel se trémoussa en chantonnant.” De la musique disco en 1967 ? Boileau et Narcejac étaient-ils des visionnaires ?

JEUDI.

Brève de trottoir.

Lecture.

La Mue (Pierre Bergounioux, Gallimard, coll. Blanche, 1991; 136 p., 12,90 €).

La mue, c’est celle que connaît le narrateur au tournant de ses dix-sept ans, lorsqu’il passe de l’enfance à l’adolescence, de la campagne à la ville, du cocon familial à l’internat, de la torpeur à l’éveil politique. Deux événements déclencheurs sont à l’origine de ce tournant : la guerre du Viêt Nam et le tourbillon de Mai-68. Seulement, on est chez Bergounioux et c’est au lecteur de deviner ces événements qui ne sont jamais nommés mais évoqués au sein d’un réseau complexe d’allusions et de métaphores. Le propos est clairement autobiographique, mais clairement seulement pour ceux qui connaissent le bonhomme à travers ses Carnets de notes, dans lesquels il est souvent revenu sur son parcours. Et l’on en vient à se demander comment ce livre, et ceux qui précèdent, ont pu être accueillis au moment de leur parution, quand on ne connaissait rien de Bergounioux. C’est tellement obscur, difficile, que cela a dû en décourager plus d’un et l’on admire d’autant plus l’éditeur d’avoir laissé l’auteur conduire ainsi son œuvre de la manière qu’il l’entendait.

VENDREDI.                 

Lecture.

Dans l’œil du démon (Hakuchû kigo,Jun’ichirô Tanizaki, 1918 pour l’édition originale, Picquier, 2019 pour la traduction française, rééd. Picquier coll. poche, 2021; 142 p., 7 €).

“Trois poèmes parus dans La Tribune des jeunes” (Robert Desnos, 1918, rééd. in “Œuvres”, Gallimard, coll. Quarto, 1999; 1400 p., 27 €).                               

Spéculations. Viridis Candela, 10e série, n° 1 (15 septembre 2021, 80 p., 15 €).

Les mobilités douces.

La dénomination est récente et fort à la mode chez les responsables politiques de tout poil. Cependant, le concept n’est pas neuf, comme le montre ce dossier qui présente des véhicules parfois venus du fond des âges et n’offrant aucun risque pour l’environnement : chaise à porteur, vélocipède à glace avec roue arrière munie d’un patin, landau-corbillard (pour enfant mort en bas âge), tricycle amphibie, canot à voile pour chemin de fer, bicyclette rouleau-compresseur, galère, etc. Il y manque toutefois ce moyen de locomotion déniché dans l’Encyclopédie des farces et attrapes de François Caradec et consorts parue chez Jean-Jacques Pauvert en 1964 :

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Papillons fakiristes, collecte d’Alice Didion.

Nancy (Meurthe-et-Moselle), 31 octobre 2020

Metz (Moselle), décembre 2021

SAMEDI.            

Films vus.

  • Jenny (Marcel Carné, France, 1936)
  • Les Canons de Navarone (The Guns of Navarone, Jack Lee Thompson, R.-U. – É.-U., 1961)               
  • Maestro (court métrage, Illogic, France, 2019)                             
  • Vortex (Gaspar Noé, France – Belgique – Monaco, 2021)                             
  • Les Passagers de la nuit (Mikhaël Hers, France, 2022).            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Golbey (Vosges), 1er mai 2012

Saulcy-sur-Meurthe (Vosges), 22 décembre 2013, photos de l’auteur

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

28 mars 2021. 78 km. (40 446 km).

128 habitants

   Un monument de pierre blanche se dresse à côté de l’église. Il est lourdement chargé en bas-reliefs représentant des gerbes, des médailles, des macarons, des armes, des drapeaux, un coq, une croix…

Senonges à ses enfants

Morts pour la France

1914-1918

Hommage de la commune

Et de ses habitants

Face :

SUPRIN Marcel

SUPRIN Eugène

BERTRAND Léon LT

BLANCHARD Roger

BOULANGE Georges

MARON Marius

GAUDÉ André

PARISOT Alexandre SOF

VALENTIN Alphonse SOF

SUPRIN Louis

BLANCHARD Gaston

BARTHELEMY Marc

FRANQUIN Charles

Gauche :

Jean BARBIER Brigadier chef

Guy EPPLÉ Sous/lieutenant

Abel NOËL Déporté

Louis GEORGES Déporté

Poil et plume.

“Aglaia n’a-t-elle pas imaginé, il y a six mois, de couper sa magnifique chevelure ? (Mon Dieu ! mais je n’en avais même pas une aussi belle dans mon jeune temps !) Elle avait déjà les ciseaux en main; il a fallu que je la supplie à genoux pour qu’elle renonce à sa lubie… Et encore ! admettons que celle-là ait voulu se tondre par malice, rien que pour faire enrager sa mère, car, c’est une fille méchante, volontaire, gâtée, mais surtout méchante, oui, méchante ! Mais est-ce que ma grosse Alexandra n’a pas été sur le point de l’imiter et de se couper les cheveux ? Chez elle, ce n’était pas de la malice ni du caprice, mais de la simplicité; Aglaia avait fait accroire à cette sotte qu’en se rasant la tête elle dormirait mieux et n’aurait plus de migraines ! Et Dieu sait combien de partis convenables se sont présentés à elles depuis cinq ans ! Il y en a eu qui étaient vraiment très bien, même magnifiques ! Qu’attendent-elles donc, et pourquoi ne se marient-elles pas, si ce n’est pour fâcher leur mère ? Elles n’ont pas, absolument pas, d’autre raison !” (Fiodor Dostoïevski, L’Idiot)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

1er mai 2022 – 969

DIMANCHE.                  

Lecture.

Un poulet chez les spectres (Ghosts, Ed McBain, 1980 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 1832, 1981 pour la traduction française, rééd. in “87e District 5”, Omnibus, 2000, traduction de l’américain par Rosine Fitzgerald, revue et augmentée par Pierre de Laubier; 1374 p., 145 F).                                  

On ne trouve pas de personnages plus ancrés dans la réalité que les inspecteurs du 87e mis en scène par Ed McBain. Aussi, quand ceux-ci doivent enquêter sur la mort d’un écrivain spécialisé dans le paranormal et que Steve Carella doit prendre pour associée à une femme médium qui voit des fantômes partout pour découvrir l’assassin, on se trouve face à un conflit des valeurs du genre aigu. Aucun des deux camps ne l’emporte : le réel et le fantastique jouent leur rôle dans la résolution de l’affaire, preuve de l’habileté d’Ed McBain qui n’a pas cédé à la facilité de montrer le triomphe des flics sur les charlatans.

LUNDI.          

Lecture.

Le Pan-Pan au cul du nu nègre (Clément Pansaers, Éditions Alde, 1920, rééd. Allia, 2005; 48 p., 6,10 €).

MARDI.           

Lecture.

Aussi riche que le roi (Abigail Assor, Gallimard, coll. Blanche, 2021; 208 p., 18 €).                         

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2022.

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“Dimanche [27 avril 1958]

[GP à JL]

J’ai passé quasiment toute la journée au lit m’y étant couché hier soir à 7 heures – J’ai lu trois romans noirs – 1 Chase sadique et con – 2 autres, classiques, pas mal faits – lu aussi un “San Antonio” (alias Frédéric Dard). Pensé à Dominique, à toi, à Paris, à La Nuit et autres sujets plus ou moins intéressants.

Lever à 4 heures demain –

Pour le stage de saut – Si possible je t’écrirai tous les soirs afin de te donner le maximum de mes impressions – l’Action se passant tjs de commentaires cela risque parfois d’être con (je ne suis pas St-Ex).” (“Cher, très cher, admirable et charmant ami…” : Correspondance Georges Perec & Jacques Lederer)

JEUDI.

Lecture.

Biographie de la faim (Amélie Nothomb, Albin Michel, 2004, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche n° 30562, 2006; 192 p., 6,40 €).

Ce titre fait partie du pan autobiographique de l’œuvre d’Amélie Nothomb, qui raconte ici son enfance. Si l’on en croit les entretiens enregistrés dans l’émission À voix nue en 2019, les événements évoqués sont authentiques, malgré leur aspect peu commun. Tout le monde n’a pas eu l’enfance d’Amélie Nothomb, ballottée de pays en pays au gré de la carrière diplomatique de son père, expérimentant tour à tour la boulimie et l’anorexie, alcoolique à l’âge de neuf ans et qui se voit offrir un éléphant pour son douzième anniversaire. Mais le traitement accordé aux faits n’est pas banal non plus, mélange de détachement léger et d’analyse profonde, de sérieux et d’autodérision. L’humour est présent mais le tragique n’est jamais loin, comme lorsqu’elle évoque, en trois phrases, le viol dont elle a été victime pour conclure de façon glaçante : “La vie devint moins bien.”

VENDREDI.                 

Lecture/Écriture.

Mots croisés : Grilles confortables 1 (Michel Laclos, Zulma, coll. Grain d’orage, 2009; 50 grilles, 142 p., 15,95 €).                  

Le cabinet de curiosités du notulographe.

La lettre volée, photos de l’auteur.

Chantraine (Vosges), 15 avril 2018

Épinal (Vosges), 11 juillet 2020

SAMEDI.            

Films vus.

  • Piège pour Cendrillon (André Cayatte, France – Italie, 1965)
  • La Femme invisible, d’après une histoire vraie (Agathe Teyssier, France, 2009)
  • Lunes de fiel (Bitter Moon, Roman Polanski, France – R.-U., 1992)
  • La Tunique (The Robe, Henry Koster, É.-U., 1953)                             
  • Un divorce heureux (Henning Carlsen, France – Danemark, 1975)                             
  • L’Étranger au paradis (Kismet, Vincente Minnelli, É.-U., 1955)                           
  • À l’ombre des filles (Étienne Comar, France – Belgique, 2021).            

Lecture.

Résine (Harpiks, Ane Riel, Tiderne Skifter, 2015 pour l’édition originale, Le Seuil, coll. Cadre noir, 2021 pour la traduction française, traduit du danois par Terje Sinding; 304 p., 20 €).            

L’Invent’Hair perd ses poils.

Condé-sur-Noireau (Calvados), photo de Pierre Cohen-Hadria, 26 avril 2012

Compiègne (Oise), photo de Jean-Damien Poncet, 4 mai 2018

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

20 mars 2021. 115 km. (40 368 km).

2 464 habitants

Avant de photographier le monument, j’alimente mes diverses collections : salons de coiffure, panneau indiquant un musée du VéloSoleX, publicités et enseignes peintes… Parmi celles-ci, un vieux café dont le nom est inscrit en lettres artistement formées et dont la façade est ornée de guirlandes et de frises à peine visibles. Pour prendre la photo, il faut s’approcher. Problème : sur le trottoir, devant l’édifice, se tient une réunion au sommet. Une bonne demi-douzaine de punks à chiens, bouteille en main, titubants et un rien braillards. Si je m’avance, je peux dire adieu à mon Canon tout neuf, à mes dents et à mon froc. Caroline me dit que le zoom peut suffire, tant pis j’y vais, les cannes molles. Un des types pose sa bière et s’avance vers moi. Mon compte est bon. Je prends quand même la photo en vitesse et j’entends : “Vous savez que Monsieur de Voltaire a fréquenté cet établissement ? On peut voir certaines de ses lettres à la bibliothèque si ça vous intéresse.” Je réponds que non, je ne savais pas, je remercie d’une voix chevrotante et tourne les talons en philosophant, puisque c’est le lieu, sur le mystère des apparences. 

Le monument est au pied de l’église, sur une place en partie pavée qui témoigne du passé prestigieux de la ville. Entouré d’une bordure circulaire de cotonéaster, l’obélisque parallélépipédique est dressé sur trois marches.

Gauche : 90 noms sur deux colonnes, d’ANDRÉ Alexandre à FUGER Antoine, au-dessus de l’inscription ALSACE VERDUN.

Droite : 93 noms de HUMBERT Jean à GRANDADAM Auguste, au-dessus de l’inscription MARNE ARTOIS.

Dos : Victimes civiles. 46 noms de MME ROTH Joséphine à MARY Camille, au-dessus de l’inscription suivante :

Monument érigé par souscription publique

Avec le concours de la municipalité

Sous le haut patronage de M. Constant Verlot

Maire de Senones – Député des Vosges

Inauguré par M. le Maréchal Joffre

Le 18 octobre 1925

Poil et plume.

“Ensuite, la coiffure. Le coiffeur de l’hôpital, d’après mon père, avait appris son métier “plusieurs siècles auparavant”, quand on coupait encore les têtes et que l’on devait dégager la nuque des condamnés. Lorsqu’il entrait dans la chambre, ses premiers mots étaient souvent : “Bon Dieu, mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait encore !“ Et il passait de longues minutes à tenir entre ses doigts, d’un air sinistre, les mèches raides et ternes qui tombaient sur le cou de la malade. Mais aujourd’hui maman était bien – très bien – coiffée. Ses cheveux noirs brillaient et, je le remarquai en m’approchant, sentaient bon; une boucle s’enroulait souplement sur son front. Jamais je ne l’avais vue aussi coquette, pas même sur la photo de son voyage de noces à Paris, où elle contemplait la tour Eiffel d’un air dubitatif.” (Jean-Pierre Ohl, Redrum)

Bon dimanche,

Philippe DIDION