MARDI.
Obituaire. Bon sang, ça n’a pas traîné. La semaine dernière, je publiais ma liste du Couic Parade. J’apprends ce soir la mort d’un de ses membres, Lawrence Ferlinghetti, poète de la Beat Generation. Autour de moi, on dit qu’à ce train-là je risque d’avoir des ennuis avec la police. Je clame mon innocence. Je n’y suis pour rien, je n’ai jamais approché Ferlinghetti. Encore que… Nous avons un lieu en commun : Shakespeare and Company, la librairie parisienne de son ami George Whitman, à qui il rendait parfois visite et que j’avais eu la chance de voir derrière son comptoir quelques années avant sa mort. Ferlinghetti avait 101 ans, Whitman, petit joueur, 98.
MERCREDI.
Éphéméride. À Claud W. Sykes (Carte postale)
[cachet de la poste : 24 février 1920] “Via Sanita 2, III, Trieste.
L’épisode de “Nausicaa” a été envoyé à Budgen [il y a] trois semaines mais je ne sais pas s’il est bien arrivé. Son adresse est : be Frei, Forchstrasse, 168. Veuillez le lui demander et me le renvoyer en recommandé après l’avoir lu. J’avais organisé les choses ainsi avant de quitter Zurich. […] Le gouvernement des États-Unis a brûlé tout le dernier tirage de la Little Review et menace de suspendre sa licence si la publication d’Ulysse continue. Traduction suédoise du Portrait et italienne des Exilés le mois prochain. Je travaille aux “Bœufs du soleil”. Conditions très défavorables ici. […]” (James Joyce, Choix de lettres)
Lecture. Au royaume des glaces : L’Impossible Voyage de La Jeannette (In the Kingdom of Ice, Hampton Sides, 2014, Paulsen, 2018 pour la traduction française, traduit de l’américain par Sophie Aslanides; 512 p., 24,90 €).
Chaque hiver, un récit d’aventures polaires, c’est ma dose. En général, je me fournis chez Paulsen, l’éditeur qui ne met jamais le chauffage, et je lis ça sur les quais de de gare battus par les vents, ça me réchauffe. Au royaume des glaces fait partie de ce que j’ai lu de meilleur dans le genre. L’aventure commence en 1878, quand un magnat de la presse américaine décide d’envoyer une expédition à la découverte du pôle Nord. À cette époque, on croit encore à l’existence d’une mer libre autour du pôle, accessible après s’être frayé un chemin à travers les glaces. On pense donc la chose réalisable par bateau. Le capitaine De Long s’embarque avec une trentaine de marins sur La Jeannette, traverse le détroit de Béring et se trouve rapidement bloqué par la banquise. Après cet hivernage forcé, le bateau finit par couler et l’équipage se répartit sur trois canots pour rebrousser chemin vers le sud. L’un coulera, les deux autres atteindront séparément le delta de la Lena, en Sibérie du Nord. Une dizaine d’hommes seront sauvés, les autres périront de froid et de faim après avoir bouffé jusqu’au cuir de leurs bottes. Pour raconter cette aventure, Hampton Sides prend son temps : le financement de l’opération, les préparatifs de l’expédition, le portrait de ses membres, tout cela occupe un bon tiers du livre et on a hâte d’entrer dans le vif du sujet. Mais une fois qu’on y est, c’est époustouflant. En mêlant habilement à sa propre narration les extraits de journaux de bord, les récits faits par les survivants et la correspondance retrouvée entre De Long et sa femme, l’auteur construit un récit haletant qui possède tous les ingrédients du genre. Vivement l’hiver prochain.
JEUDI.
Devoirs de vacances. Un notulien ami m’a sollicité pour un travail sur les publicités et enseignes murales peintes des Vosges, projet scolaire pouvant déboucher sur un catalogue ou un exposition aux Archives départementales. Depuis le début de la semaine, j’ai fouillé et, pour l’occasion, remis un peu d’ordre dans ma collection. J’envoie un dossier d’une cinquantaine de photos prises ces dernières années.
Lecture. Les Refusés n° 21 (Association Les Refusés, 2019; 176 p., 10 €).
Dossier “L’effet papillon”.
Contient un article du notulographe sur les papillons littéraires.
VENDREDI.
Lecture. L’Arrache-coeur (Boris Vian, adaptation et scénario JD Morvan, dessin Maxime Péroz, Delcourt, 2020; 112 p., 17,50 €).
Roman graphique.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Listes de commissions, collection de l’auteur.
Épinal (Vosges), transmis par Vincent Garcia, 20 février 2017 (recto verso) / 2 novembre 2018
SAMEDI.
Films vus.
- Monseigneur (Roger Richebé, France, 1949)
- Happiness Therapy (Silver Linings Playbook, David O. Russell, É.-U., 2012)
- The Goya Murders (El asesino de los caprichos, Gerardo Herrero, Espagne – Belgique, 2019)
- Les Secrets professionnels du docteur Apfelgluck (Alessandro Capone, Stéphane Clavier, Mathias Ledoux, Thierry Lhermitte, Hervé Palud, France, 1991)
- The Dig (Simon Stone, R.-U., 2021)
- Sol (Jézabel Marques, France, 2020)
- Le Prédicateur (The Apostle, Robert Duvall, É.-U., 1997).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Collobrières (Var), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 8 juillet 2011
Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher), photo de l’auteur, 4 novembre 2012
Poil et plume. “En fin d’après-midi, elle se rend en voiture dans la Vallée (San Fernando Valley), elle traîne le long de Ventura, elle s’arrête dans le quartier sans caractère particulier de Tarzana, elle entre d’un pas décidé dans un salon de coiffure minable, au moins par comparaison avec ceux qu’elle fréquente habituellement. Et là, Seigneur ! sous les yeux horrifiés de la patronne, Esther Tognozzi, promise bien malgré elle à une brève mais fulgurante notoriété, elle s’empare d’une tondeuse, et…” ((Jean Rolin, Le Ravissement de Britney Spears)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.