29 novembre 2020 – 906

DIMANCHE.                    

Lecture. Schnock n° 31 (La Tengo, juin 2019; 176 p., 15,50 €).                              

Eddy Mitchell.    

MERCREDI.                   

Éphéméride. Gaston Chaissac à Jean Dubuffet

[25 novembre 1946]

“Cher Ami. J’ai une série de bonnes gouaches faites au temps ou je n’avais d’autres ressources pour me payer des matériaux pour peindre que les 20 sous de l’heure que j’ai gagné en sana quand j’y fut en rééducation. Leur prix de revient m’a trop coûté pour que je m’en sépare pour deux fois rien. De toutes façons c’est une sottise de vendre trop tôt ses tableaux, donc mon ambition n’est pas de vendre les miens mais de les laisser en héritage à ma fille qui aura besoin de ressources pour entreprendre une carrière artistique ou littéraire. Je ne pourrais lui laisser que des tableaux, et si je vous ai laissé entendre que j’en échangerais avec vous c’est parce que j’ai la conviction que votre peinture se vendra un bon prix et qu’il m’est indiférent que ce soit avec des chaissac ou avec des dubuffet que ma fille trouvera les ressources qui lui sont nécessaires.” (Gaston Chaissac, Jean Dubuffet, Correspondance 1946-1964)                     

Lecture. La Marche de Radetzky (Joseph Roth, Gustav Kiepenheuer Verlag, 1932 pour l’édition originale, Plon, 1934 pour la traduction française, rééd. Le Seuil, coll. Points Grands romans P8, 2008, traduit de l’allemand par Blanche Gidon; 412 p., 7,80 €).    

JEUDI.          

Lecture. Le Mystère de Sutton Place (Boileau-Narcejac, Femme pratique, 1965, rééd. in « Quarante ans de suspense » vol. 2, Robert Laffont, coll. Bouquins, édition établie par Francis Lacassin, 1988; 1314 p., 120 F).

Nouvelle.    

VENDREDI.                  

Lecture. Aimez-vous Brahms… (Françoise Sagan, Julliard, 1959, rééd. in “Œuvres”, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2019; 1494 p., 30 €).                    

Le cabinet de curiosités du notulographe. Simplicité épicière.  

  Landévennec (Finistère), photo de l’auteur, 6 juillet 2014 / Charmois-l’Orgueilleux, photo de Françoise Plain, 4 mars 2010    

SAMEDI.              

Films vus.

  • L’Ami Fritz (Jacques de Baroncelli, France, 1933)
  • Debout sur la montagne (Sébastien Betbeder, France, 2019)                    
  • Le Chant du styrène (court métrage, Alain Resnais, France, 1958)
  • Nevada (Mustang, Laure de Clermont-Tonnerre, France – Belgique, 2019)
  • Adieu Philippine (Jacques Rozier, France – Italie, 1962)
  • La Stratégie de la poussette (Clément Michel, France, 2012)
  • Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate, Jonathan Demme, É.-U., 2004).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Paris (Seine), rue Lepic, photo de Pierre Cohen-Hadria, 5 octobre 2011 / Dijon (Côte-d’Or), photo de Thierry Vohl, 21 septembre 2012                   

Poil et pub.  

  Épinal (Vosges), photo de l’auteur, 26 février 2018    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

22 novembre 2020 – 905

MERCREDI.                  

Éphéméride.Mercredi 18 novembre [1942]  

“La stupidité de mes condisciples m’atterre… c’est eux qui sont la majorité.” (Jacques Brenner, Journal, tome I : Du côté de chez Gide 1940-1949)    

JEUDI.          

Obituaire. Je n’ai pas vu passer la nécrologie de Nelly Kaplan, décédée le 12 de ce mois, dans Le Monde. Je l’ai peut-être ratée, elle a peut-être été réservée à l’édition en ligne du quotidien. Ce n’est pas bien grave, j’en sais assez sur la vie de Nelly Kaplan pour l’avoir entendue souvent évoquer l’un ou l’autre de ses épisodes (le tournage de La Fiancée du pirate, ses liens avec Soupault, Mandiargues ou Breton) au cours des différentes éditions du Colloque des Invalides. Le Colloque des Invalides s’est tenu chaque année à Paris de 1997 à 2016, j’y ai participé en tant que spectateur à partir de 2005, je crois, avant d’y prendre la parole pour sa dernière édition. La règle du colloque : un thème et cinq minutes, pas plus, pour le traiter, ce que les intervenants s’appliquaient à faire avec érudition et fantaisie. Nelly Kaplan était une habituée des lieux, elle y venait toujours accompagnée de Claude Makovski avec qui elle avait partagé beaucoup d’aventures cinématographiques. Claude Makovski était un homme très discret, il restait toujours dans les rangs du public mais il prenait parfois la parole quand il était question de cinéma. Un jour, il avait soufflé tout le monde en élevant la voix, pour une fois, pour s’écrier : “François Truffaut n’était qu’une petite frappe !” Claude Makovski est mort, lui, en août dernier, et sa mort est passée inaperçue : Wikipédia, d’habitude très réactif dans ce domaine, a mis des semaines avant de l’afficher. J’ai plein de souvenirs des Invalides, l’irruption de Frédéric Beigbeder qui flanqua une oratrice à bas de l’estrade, le pistolet factice d’Alain Chevrier, la dégustation d’absinthe, les communications hilarantes d’Alain Zalmanski, plein d’autres mais ceux-ci sont de plus en plus peuplés de fantômes : Claude Makovski et Nelly Kaplan ont rejoint Jean-Jacques Lefrère, Jean-Louis Debauve, Paul Braffort, Marc Dachy, Christian Biet, Dominique Noguez, François Caradec, Bernard Magné, Paulette Perec… Le pire, c’est que j’en oublie sans doute.

Lecture. Meurtre dans un fauteuil (The Black Tower, P.D. James, Faber & Faber, 1975 pour l’édition originale, Mazarine, 1986 pour la traduction française, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche n° 6457, 1988, traduit de l’anglais par Lisa Rosenbaum; 416 p., s.p.m.).                        

Pour cette cinquième enquête de l’inspecteur Dalgliesh, P.D. James le fait évoluer dans un cadre qui se situe à mi-chemin de ses deux milieux préférés : le médical et le religieux. Comme le déclare un personnage, on se demande si le lieu dans lequel le meurtre a été commis est “une clinique, une communauté, un hôtel, un monastère ou un asile d’aliénés particulièrement bizarre”. Bizarre, c’est le mot, mais ça ne fait pas tout : P.D. James prend tout son temps avant d’en arriver à l’emballement final qui réveille en sursaut le lecteur assoupi depuis un bon moment.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Histoires d’eau.  

  L’Île-d’Yeu (Vendée), photo de Bernard Bretonnière, 28 juillet 2017 / Châtelus-Malvaleix (Creuse), photo de l’auteur, 30 juillet 2017    

SAMEDI.              

Lecture. Les Temps Modernes n° 700 (Gallimard, octobre-décembre 2018, 224 p., 22,50 €).                            

Contrairement aux responsables du Débat qui annonçaient la fin de leur revue dans leur livraison de septembre dernier, ceux des Temps Modernes ne se doutaient pas que ce numéro allait être le dernier. Des revues publiées chez Gallimard, il ne reste donc que L’Infini, dont on peut penser qu’elle restera en vie tant que Sollers fera de même, et la N.R.f. La mort de Claude Lanzmann aura sans doute été fatale aux Temps Modernes qui auront eu tout de même le nez de publier un inédit de Sartre, leur fondateur, pour ce numéro d’adieu.                

Films vus.

  • Chanson douce (Lucie Borleteau, France, 2019)                               
  • Rush Hour (Brett Ratner, É.-U., 1998)                               
  • Liza (Marco Ferreri, Italie – France, 1972)                               
  • Le Déjeuner sur l’herbe (Jean Renoir, France, 1959)
  • Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre, France, 1984)       
  • Le Détour (téléfilm, Pierre Salvadori, France, 2000)                               
  • Chéri, fais-moi peur (Jack Pinoteau, France, 1958).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Paris (Seine), rue Ramey, photo de Pierre Cohen-Hadria, 3 octobre 2011                

Poil et plume.  

Grand Central (Rebecca Zlotowski, France – Autriche, 2013)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

15 novembre 2020 – 904

LUNDI.           

Lecture. Perlefter, histoire d’un bourgeois (Perlefter : die Geschichte eines Bürgers, Joseph Roth, Kiepenheuer & Witsch, 1978 pour l’édition originale, Robert Laffont, 2020 pour la traduction française, traduit de l’allemand par Pierre Deshusses; 252 p., 20 €).                         

C’est l’histoire classique de la malle dans le grenier. Celle-ci fut découverte en 1978 et contenait un roman inachevé et huit nouvelles de Joseph Roth. La valeur de ce qu’on trouve dans ce genre de bagage est variable, on aurait parfois préféré que le contenu ait été livré aux flammes par l’auteur. C’est loin d’être le cas ici : Perlefter est un récit abouti, quoique tronqué, sur une figure de la petite bourgeoisie viennoise, pleine d’humour féroce à l’endroit du conformisme et de l’arrivisme de cette classe. Les nouvelles ne sont pas toutes achevées mais montrent comment, en quelques paragraphes, Roth sait camper un personnage, un cadre, une époque, et happer son lecteur.

MARDI.            

Lecture. Branle-bas au 87e(Hail to the Chief, Ed McBain, 1973 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Super Noire n° 6, 1974 pour la traduction française, rééd. in “87e District 4”, Omnibus, 1999, traduction de l’américain par Janine Hérisson, revue et augmentée par Anne-Judith Descombey; 1042 p., 145 F).                          

Pour cette trentième enquête des gars du 87e District, Ed McBain s’intéresse à la guerre des gangs qui fait des ravages dans la ville d’Isola. Le roman vaut surtout par sa construction, qui mêle la confession du chef de gang auteur d’une série de meurtres à l’enquête qui a mené à son arrestation. Les habitués de la série qui s’intéressent à la vie de ses personnages noteront que dans cet épisode Steve Carella est à deux doigts de tromper sa femme et que l’inspecteur Kling demande la main de la belle Augusta Blair.

MERCREDI.                  

Éphéméride. “Publication de L’Abyssinien, premier de mes contes militaires. Essai concluant. Je lâcherai donc mes contemporains littéraires – provisoirement – pour manger un peu de Prussien. Ça me changera et je deviendrai peut-être durable au Gil. Une écurie où on aurait des repas réguliers. Paradis d’une rosse par l’équarrisseur. Tel est mon partage.” (Léon Bloy, Le Mendiant ingrat, 11 novembre 1892)    

VENDREDI.                  

Lecture. L’Éducation de Nick Adams (Ernest Hemingway, traduit de l’américain par Marcel Duhamel, Henri Robillot et Ott de Weymer, in Œuvres romanesques I”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 186, 1966; 1882 p., 66 €).                                

Nouvelles.                    

Le cabinet de curiosités du notulographe. Présence du notulographe – par homonymie – sur divers supports.  

Bouclard n° 2 (Bouclard éditions, 2019) / Fahrenheit 451 (Ramin Bahrani, É.-U., 2018)    

SAMEDI.              

Films vus.

  • L’Armée des 12 singes (Twelve Monkeys, Terry Gilliam, É.-U., 1995)                               
  • Victor & Célia (Pierre Jolivet, France, 2019)                               
  • On purge bébé (Jean Renoir, France, 1931)                               
  • La Petite Voleuse (Claude Miller, France, 1988)                               
  • Le Bateau d’Émile (Denys de La Patellière, France – Italie, 1962)                               
  • Dédales (René Manzor, France – Belgique, 2003)                               
  • L’Âge d’or (Luis Buñuel, France, 1930).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Paris (Seine), rue Damrémont, photo de Pierre Cohen-Hadria, 30 septembre 2011 / idem, rue Danielle-Casanova, photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 4 décembre 2013                

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 23 août 2019. 117 km. (37 509 km).  

1 390 habitants   

On s’était dit qu’on prendrait la photo de la pancarte au retour. Au retour, il faisait nuit, il n’y a avait pas de place pour s’arrêter, tant pis. Nous sommes à Saint-Maurice-sur-Moselle. Flanqué de deux mâts tricolores portant écussons tricolores et drapeaux tricolores, le monument ventru est surmonté d’un coq. Une guirlande végétale souligne le profil d’un Poilu représenté en médaillon. Les angles du parterre, richement fleuri, sont marqués par des buissons de buis.  

  À nos morts

La commune

De Saint-Maurice-sur-Moselle

Reconnaissante     

Face : 32 noms sur 4 colonnes d’ALBERT Gustave à CREUSE Paul; une vaste plaque 1939 Morts pour la France 1945; une petite plaque Indochine 1946-1954 (4 noms); une petite plaque A.F.N. 1952-1962 (2 noms)     

Droite : 24 noms sur 3 colonnes de CREUZOT Henri à GRISVARD Louis

   Gauche : 24 noms sur 3 colonnes de GROSJEAN Auguste à LEVESQUE Alexandre     

Dos : 31 noms sur 4 colonnes de LÉVÈQUE Jean à VAXELAIRE Auguste.              

Poil et plume. “Elle se gara entre une supérette et un salon de coiffure appelé Pam Coup’Tif. Elle s’attendait à trouver un immeuble de bureaux comme la tour Lock-Horne à l’échelle d’une petite ville, or ceci ressemblait plus à une antique pension victorienne, avec la porte rose saumon et du lierre grimpant sur un treillage blanc.” (Harlan Coben, Tu me manques)

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

8 novembre 2020 – 903

DIMANCHE.                   

Vie des morts. Dans une récente notule, il était question du Jarry spinalien, prénommé Henry, immortel auteur entre autres du Catéchisme gymnastique (1876). En cherchant à me documenter sur le loustic, j’ai appris par la notice que lui consacre Albert Ronsin dans Les Vosgiens célèbres qu’il était inhumé au cimetière d’Épinal. En ce jour de Toussaint, les cimetières restent accessibles malgré le confinement. C’est donc l’occasion de partir à la recherche de sa sépulture, que je trouve sans trop de mal. Vue de profil, la stèle semble piquer un peu du nez mais on sait l’homme gymnaste et capable de se rétablir après un éventuel gadin. De face, l’ensemble n’apparaît cependant pas en grande forme.  

    Sur les trois plaques prévues à l’origine, une seule, celle de droite, reste lisible et permet d’identifier la tombe. Une autre posée sur deux espèces de madriers de pierre, est devenue presque illisible.  

    Il est bien loin le temps où Henry Jarry enseignait le coup de pied de flanc et autres mouvements militaro-gymniques aux jeunes recrues des Vosges et d’ailleurs…  

  Documents transmis par Christophe Didion qui remarque, à juste titre, qu’on n’est pas loin de Plonk & Replonk                     

Lecture. Vamireh (J.-H. Rosny aîné, Éditions Ernest Kolb, 1892 pour l’édition originale, rééd. Robert Laffont, coll. Bouquins, “La Guerre du feu et autres romans préhistoriques”, 1985; 722 p., 21,20 €).                                

Vingt ans avant La Guerre du feu, Rosny inventait le roman préhistorique. On imagine la jubilation qu’il a pu connaître en s’attaquant à un territoire totalement vierge sur le plan de la fiction. Comment inventer une histoire dans un monde sans civilisation, sans langage, sans géographie répertoriée, sans construction… ? Faire la place belle à la nature bien sûr, et à l’instinct. Aussi lance-t-il son personnage dans un voyage où, après avoir quitté sa tribu, il en rencontre d’autres situés à des degrés différents sur l’échelle de l’évolution. Il se bat contre les éléments, contre les hommes, contre les bêtes, trouve une compagne, s’adonne à la sculpture – car Vamireh est artiste… Tout cela sans trop se soucier de la chronologie, ce qui a dû faire pousser les hauts cris chez les spécialistes de la préhistoire. Qu’importe, on peut saluer l’inventeur qui parvient à mener un récit d’aventures dans ces conditions. Malheureusement, Rosny cède à la mode naturaliste de l’époque et alourdit son propos par le vocabulaire choisi, qu’il veut savant et qui est devenu indigeste : que penser aujourd’hui de ces hommes pertinaces occupés à prendre un repas soiral par les tiédeurs firmamentaires

LUNDI.           

Lecture. Temps Noir n° 20 (Joseph K., 2017; 352 p., 19,50 €).                         

« La Revue des Littératures Policières »    

MERCREDI.                  

Éphéméride.  

Dimanche 4 novembre [1979]  

Retour de trois jours à Paris avec K., sorties diverses, films, et visite du Père-Lachaise où je n’étais jamais venu : ce fut de l’émotion. Mesrine s’est fait descendre tandis que nous arrivions. Cela n’a qu’un temps de tourner en ridicule police et justice, sauf à être protégé par un réseau. Ceux qui ont la fibre anarchiste accuseront le coup, comme ce fut le cas pour Baader. Mais enfin, c’est la loi entre flics et truands, la règle du jeu : à celui qui tire le premier.” (André Blanchard, Un début loin de la vie)                      

Lecture. Abracadavra (Abarcadaver, Peter Lovesey, 1972 pour l’édition originale, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque no 2046, 1991 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Francine Siety; 224 p., s.p.m.).                                

Peter Lovesey, que je découvre avec ce titre, a rencontré un beau succès avec sa série mettant en scène le sergent Cribb, de Scotland Yard, dans des enquêtes situées dans l’Angleterre des années 1870. L’humour léger dont il fait preuve est son meilleur atout : l’intrigue ici proposée n’est pas très palpitante, même si elle donne lieu à une description amusante du milieu du music-hall à l’époque victorienne.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Belles devises.  

  Lille (Nord), photo de Jean-Damien Poncet, 22 février 2019 / Épinal (Vosges), photo de l’auteur, 1er novembre 2019  

SAMEDI.              

Films vus.

Mais vous êtes fous (Audrey Diwan, France, 2019)                               

Bartleby (Maurice Ronet, France – R.-U., 1976)                               

Si c’était à refaire (Claude Lelouch, France, 1976)                               

Thank You For Smoking (Jason Reitman, É.-U., 2005)                               

Calmos (Bertrand Blier, France, 1976)                               

Le Temps du massacre (Le colt cantarono la morte e fu… tempo di massacro, Lucio Fulci, Italie, 1966)                               

Edmond (Alexis Michalik, France – Belgique, 2018).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Ruoms (Ardèche), photo d’Élisabeth Chamontin, 16 septembre 2011 / Le Grau-du-Roi (Gard), photo de Sylvie Mura, 1er juillet 2012                

Poil et pellicule.   

Doctor Strange (Scott Derrickson, É.-U., 20016)      

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

1er novembre 2020 – 902

LUNDI.           

Lecture. On tue dans Central Park (The Park, Don Gold, Harper & Row, 1978 pour l’édition originale, Librairie des Champs-Elysées, coll. Le Masque n° 1613, 1980 pour la traduction française, adapté de l’américain par Jean-André et Claudine Rey; 160 p., s.p.m.)                         

Extrait. “Parvenus au cinéma, Samuels s’avança vers le guichet d’un pas assuré, les deux autres se tenant à l’écart et hors de la vue de l’employé.   

– Qu’est-ce que c’est que ce film ? demanda Morgan.  

 – Un homme et une femme. Je crois que c’est un porno.”  

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“Sa. 14.10.1989  

Je pars sous un ciel matelassé de nuées sombres, auquel je trouve un charme secret, expédie vigoureusement mes trois heures de cours et me retrouve libre pour un jour et demi. Pareil répit, cette année, est un bonheur. Il me semble passer ma vie au collège.” (Pierre Bergounioux, Carnet de notes 1980-1990)                    

Lecture. La Nouvelle Revue française n° 636 (Gallimard, mai 2019; 160 p., 15 €).    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Couteaux émoussés à Aubusson (Creuse), photo de l’auteur, 28 juillet 2016.  

SAMEDI.              

Films vus.

Robin des Bois, la véritable histoire (Anthony Marciano, France, 2015)                               

Crypto (John Stalberg Jr., É.-U., 2019)                               

Tombé du ciel (Strange Invaders, court métrage, Cordell Barker, Canada, 2001)                               

Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (Emmanuel Mouret, France, 2020)                               

Night Moves (Kelly Reichardt, É.-U., 2013)                               

Une fille facile (Rebecca Zlotowski, France, 2019)                               

Les Proscrits (Berg-Ejvind och hans hustru, Victor Sjöström, Suède, 1918)                               

Greta (Neil Jordan, Irlande – É.-U., 2019).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Paris (Seine), rue Vivienne, photo de Pierre Cohen-Hadria, 13 septembre 2011 / Pont-Sainte-Maxence (Oise), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 30 juin 2014                

Poil et pellicule.  

Un sac de billes (Christian Duguay, France – Canada – République tchèque, 2017)    

DIMANCHE.                   

Vie notulaire. Pas de notules aujourd’hui, c’était ce qui était écrit. En fait, le numéro aurait pu partir : les agapes prévues en cette fin de semaine, qui devaient nous tenir éloignés du foyer, ont été logiquement annulées. On se faisait une joie de se réunir en l’honneur de M. et F., mon plus vieil ami sur terre et, à ce titre, premier notulien de l’humanité, mais la prudence a prévalu.    

LUNDI.           

Vie spinalienne. Il paraît que Nicolas Mathieu, le jeune écrivain originaire d’Épinal, est très actif sur les réseaux qu’on dit sociaux. C’est ce qu’affirmait un récent article du Monde, je crois bien, qui soulignait sa promptitude à donner son avis sur à peu près tous les sujets et à se faire notamment le défenseur des gens de peu qu’il a dépeints avec talent dans ses romans. Avocat du populo, Nicolas Mathieu n’est pas pour autant un prolo. Il n’a jamais prétendu l’être mais il le laisse dire sans moufter. “Faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou”, chantait Jacques Brel, l’inverse est vrai aussi. Non, Mathieu vient des classes moyennes, ce qui n’a rien de honteux. Il était élève de l’institution Saint-Joseph, ici on dit Saint-Jo, établissement catholique bon teint de la ville, et il allait au hockey, pas au foot. Quand il est revenu dans sa ville natale auréolé du Prix Goncourt en décembre 2018, il n’est pas allé distribuer son livre à la Bourse du Travail ou à la porte des usines : sa première visite a été pour Saint-Jo où il a été reçu avec les honneurs que l’on devine. Mon pote L., qui me visite ces jours-ci, est lui aussi passé par Saint-Jo. Cet après-midi, nous y sommes retournés, nous avons grimpé les escaliers qui mènent au lycée, nous avons traîné dans la cour de récréation, jeté un œil par les fenêtres. L. y tenait. Il n’a vécu que deux ans à Épinal mais il en garde un souvenir ébloui car c’étaient les années des premières cigarettes, des premières amourettes, des premières canettes, des premières amitiés solides et durables, la preuve, ce sont des choses qu’on n’oublie pas. Depuis qu’il a quitté la ville, L. voue à Épinal un amour déraisonnable : il s’émerveille devant des façades qui cachent des logements inhabitables, il ne voit pas les vitrines borgnes et les trottoirs crevés, il passe sans peur sous des balcons qui risquent de s’effondrer, il voit le quai des Bons-Enfants comme d’autres voient les Champs-Élysées. On sait ce que c’est : L. à Épinal, c’est le notulographe à Guéret.  

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“Mercredi 21 octobre [1942]  

Il a téléphoné son résultat pendant que j’étais rue Raynouard, j’ai rappelé après le dîner.” (Hélène Berr, Journal)    

JEUDI.          

Vie nomade. On en parlait, voilà qui est fait : je suis à Guéret, en transit après une nuit passée à l’Alzire de Jarnages. Je ne m’attarde pas, il faut continuer vers Bordeaux pour retrouver Lucie mais le peu d’air creusois que j’ai pu respirer hier et aujourd’hui suffit à me requinquer.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Végétalisation du langage relatif à la petite enfance.  

  Nancy (Meurthe-et-Moselle) photo d’Alice Didion, 10 octobre 2019 / Épinal (Vosges), photo de l’auteur, 8 septembre 2019    

SAMEDI.              

Films vus.

Very Bad Trip (The Hangover, Todd Phillips, É.-U. – Allemagne, 2009)

Cécile est morte (Maurice Tourneur, France, 1944)                               

Drunk (Druk, Thomas Vinterberg, Danemark – Suède – Pays-Bas, 2020)                               

Trois chambres à Manhattan (Marcel Carné, France, 1965).

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Paris (Seine), photo de Pierre Cohen-Hadria, 13 septembre 2011

Poil et pellicule.  

La Folle Histoire de Max et Léon (Jonathan Barré, France – Belgique, 2016)  

DIMANCHE.                   

Vie nomade. Toujours pas de notules, cette fois l’annonce était justifiée. Je passe la journée dans l’auto avec Lucie pour un long trajet Talence – Épinal qui n’autorise cette fois qu’un rapide arrêt buffet à Guéret. J’aurai eu le temps, ces deux derniers jours, d’explorer Bordeaux de façon un peu plus approfondie que l’été dernier et ressors de l’expérience assez impressionné par l’ampleur de la ville à côté de laquelle nos capitales régionales paraissent bien riquiqui. À la pompe de l’Intermarché de Sainte-Feyre, où il faut aussi abreuver l’auto, la voix de l’automate se fait insistante : “Vous n’avez pas décroché le bon pistolet”. N’est pas John Wayne qui veut.  

LUNDI.           

Lecture. Le Matin des magiciens (Louis Pauwels, Jacques Bergier, Gallimard, 1960, rééd. Folio n° 129, 1972; 640 p., 10,30 €).                         

Le succès phénoménal que rencontra Le Matin des magiciens à sa sortie peut étonner aujourd’hui. L’époque était sans doute marquée par une grande curiosité scientifique : on n’était pas loin d’Hiroshima, on s’apprêtait à aller dans la Lune, on découvrait la télévision, on parlait d’ordinateurs, de soucoupes volantes… Bergier et Pauwels, en posant les bases de ce qu’ils appellent le “réalisme fantastique”, une notion qu’ils déclineront ensuite dans la revue Planète, sont parfaitement dans l’air du temps. Tournant le dos à la science officielle, ils se lancent à l’assaut de tous les domaines que celle-ci refuse : alchimie, occultisme, civilisations englouties, magie, communication extra-terrestre, pour conclure sur le probable avènement d’un surhomme. Avec prudence toutefois : ils se présentent comme de simples recenseurs de phénomènes inexplicables sans affirmer formellement que ceux-ci se sont réellement produits. Aujourd’hui, la chose apparaît comme un galimatias peu convaincant et aux références incertaines, rendu particulièrement indigeste par la prose lourde de Pauwels qui semble tenir la plume, Bergier étant là pour la caution scientifique et érudite. Notons tout de même un beau chapitre sur Charles Fort, pionnier américain du paranormal. C’est d’ailleurs dans La Nouvelle Gazette Fortéenne (que j’ai cherchée en vain à Bordeaux) qu’on peut trouver, ces temps-ci, un dossier sur les soixante ans du Matin des magiciens.    

MERCREDI.                  

Éphéméride.28 octobre [1941]. Finalement, je n’ai pas tenu compte de la plupart des suggestions de Leger, sauf pour la note sur les ballades, que j’ai raccourcie et placée à la fin.” (Katherine Biddle, Journal 1940-1970)    

JEUDI.           

Lecture. Liberty Bar (Georges Simenon, Arthème Fayard, 1932, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret” V; 552 p., s.p.m.).                         

Propos impertinents (1906-1914) (Alain, Mille et une nuits n° 397, 2002; 104 p., 2,50 €).             

Vie d’avant. La ville est animée aujourd’hui, l’ambiance est celle, en moins festif, d’une veille de Noël à l’heure des cadeaux de dernière minute. Avant la nouvelle glaciation, nous filons à Saint-Dié voir in extremis l’exposition consacrée aux rapports entre Jean Prouvé et Le Corbusier au Musée Pierre-Noël. Entendre parler de la Maison des Jours Meilleurs de l’un et de la Cité Radieuse de l’autre a quelque chose de réconfortant en cette période peu chatoyante.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Nostalgie coloniale à Paris (Seine), rue d’Abbeville, photo de Jean-Damien Poncet, 28 mai 2019.  

    SAMEDI.              

Films vus.

La Salamandre (Alain Tanner, Suisse – France, 1971)                               

Les Pieds sous la table (court métrage, Marc-Henri Dufresne & François Morel, France, 1994)                               

Adieu les cons (Albert Dupontel, France, 2020)                               

Les Cadavres ne portent pas de costard (Dead Men Don’t Wear Plaid, Carl Reiner, É.-U., 1982)                               

Le Prince des joyaux (court métrage, Michel Ocelot, France, 1992)                               

ADN (Maïwenn, France – Algérie, 2020)                               

L’Amour trop fort (Daniel Duval, France, 1981)                               

La Nuit (La notte, Michelangelo Antonioni, Italie – France, 1961).  

L’Invent’Hair perd ses poils.  

   Paris (Seine), rue du Faubourg-Poissonnière, photo de Pierre Cohen-Hadria, 15 septembre 2011 / Murat (Cantal), photo de François Golfier, 26 juillet 2015                

Poil et pellicule.   

L’Homme qui voulut être roi (The Man Who Would Be King, John Huston, R.-U. – É.-U., 1975)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION