27 mai 2018 – 794

DIMANCHE.

Vie touristique. J’envoie les notules de bonne heure et nous filons en Alsace pour un rassemblement familial. En Alsace, pas de précisions. Vue d’ici, l’Alsace est un tout, un ensemble qu’on aime sillonner au temps des marchés de Noël ou des géraniums fleuris mais sans plus. C’est l’outre-monde, auquel on veut bien être accolé par le déterminisme géographique mais certainement pas par la fantaisie administrative des récents regroupements régionaux. En route, à Plainfaing, stupeur : le monument aux morts, visité le 28 mars 2016 dans le cadre de l’IPAD, a disparu. Et ce n’est pas le genre de monument qu’on peut emporter dans sa poche un soir de beuverie :

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L’explication de cette énigme, digne de l’ouverture de Signé Furax, nous sera donnée au retour grâce à un petit détour : le monument a été déplacé un peu plus loin, de l’autre côté de la Mairie. Ouf.

Lecture. Le Sein (The Breast, Philip Roth, Holt, Rinehart & Winston, New York, 1972, Gallimard, 1975 pour la traduction française, traduit de l’américain par Georges Magnane, rééd. in “Romans et nouvelles 1959-1977”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 625, 2017, traduction revue par Brigitte Félix; 1208 p., 64 €).

LUNDI.

Vie sonore. Nous sommes à Rochesson, pour l’IPAD. Dans la cour d’une maison, une femme joue de l’aspirateur dans sa voiture. Arrive son mari. “Tiens, je te passe le relais, je vais corriger des copies.” Les filles me regardent d’un drôle d’air, elles qui ne m’ont jamais seulement vu corriger une copie.

Entomologie. Identification d’un Petit sphinx de la vigne.

MERCREDI.

Éphéméride. “Samedi 23 mai [1942]

Matin : été à l’Institut à neuf heures. Rencontré Jacques Ulmann, Roger Nordmann (celui dont le frère vient d’être fusillé) et Françoise Blum, que j’ai reconnue vaguement, sa fiancée. Ils m’ont fait une relation tellement enjolivée de l’événement de la semaine passée que je ne le reconnaissais pas. À l’Institut, je suis tombée sur les frotteurs, le samedi cela n’ouvre qu’à dix heures. En bas, j’ai rencontré un étudiant à qui je n’ai jamais parlé. Mais il a été très aimable et nous avons cherché ensemble, moi une traduction de Coriolan, lui une grammaire anglo-saxonne. À dix heures, nous sommes remontés et je me suis plongée dans Beowulf.

La musique, en trio, a très mal marché. Job et moi étions abrutis. Jean est venu cinq minutes. À cinq heures, je suis revenue travailler ici King Horn. Au dîner, j’étais désespérée de n’avoir rien fait.

Toujours aucun courrier. Je recommence à m’énerver comme il y a plusieurs mois.” (Hélène Berr, Journal)

VENDREDI.

Lecture. Les Moments littéraires n° 37 (Les Moments littéraires, 1er semestre 2017; 128 p., 12 €).

Marie-Hélène Lafon – Mathieu Riboulet – Pierre Bergounioux – Georges-Olivier Châteaureynaud – Claude Michel Cluny – Anne Coudreuse

Racontant ses souvenirs des années 60 au Quartier latin, Georges-Olivier Châteaureynaud évoque “l’éditeur François Di Dio” et les “48 heures de poésie ininterrompue qu’il organisa au théâtre du Vieux Colombier.” Une initiative et un patronyme intéressants.

Entomologie. Visite de l’exposition “À la découverte des insectes” à la Maison de l’environnement d’Épinal. Pour l’occasion, le petit B. a prêté quelques boîtes (bousiers, longicornes, coléoptères…) et deux vitrines de papillons. Le petit B. est un retraité des chemins de fer, client du café d’en face où je le vois chaque matin. Depuis qu’il sait que la discipline m’intéresse, il me raconte ses expéditions en Guyane et en Afrique, me donne ses doubles, m’abreuve de conseils, me file des adresses, fait montre d’une modestie et d’une patience remarquables face au novice que je suis. Il m’a convié à venir voir chez lui ses collections, ce que je ferai les vacances venues car j’imagine que cela prendra un certain temps.

Le cabinet de curiosités du notulographe.

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Saint-Jean-de-Sixt (Haute-Savoie), photo de l’auteur, 16 mai 2016

Je n’ai pas essayé.

SAMEDI.

Films vus. Quand les aigles attaquent (Where Eagles Dare, Brian G. Hutton, R.-U. – É.-U., 1968)

Cet homme est dangereux (Jean Sacha, France, 1953)

Peut-être (Cédric Klapisch, France, 1999)

À bras ouverts (Philippe de Chauveron, France – Belgique, 2017)

  Toy Story (John Lasseter, É.-U., 2017)

  L’Arbre de Noël (Terence Young, France – Italie, 1969)

France société anonyme (Alain Corneau, France, 1974).

L’Invent’Hair perd ses poils.

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Bompas (Pyrénées-Orientales), photo de Marc-Gabriel Malfant, 18 mars 2011 / Anneyron (Drôme), photo du même, 11 février 2012

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 8 mai 2016. 149 km. (31081 km).

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241 habitants

   À côté de l’église se dresse une colonne courte dominée par un drapeau tricolore. Une palme est collée sur le fût, l’entourage est constitué d’une haie basse et dense qui cache le pourtour métallique, à l’exception du portillon d’accès.

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Aux enfants de Pompierre

Morts pour la France

1914-1918

   Droite :

THOMAS Georges

MATHIEU Albert

BARRET René

MARTIN Paul

REMY Albert

   Gauche :

DIDIER Émile

DIDIER Édouard

RICHOUX Robert

THOMAS Hubert

THIRIOT Marcel

             Poil et plume. “Je raccrochai et essayai pendant une demi-heure de terminer le travail que j’avais entrepris, mais je n’y parvins pas. Au bout de quelques minutes j’abandonnai et sortis dans la rue. Le nom commercial du coiffeur était Monsieur Paul, et son salon était tout près. Je m’y rendis donc à pied, entrai et une fille peinturlurée, vêtue d’une blouse de nylon blanc, me demanda ce qu’elle pouvait faire pour moi.“ (Fletcher Flora, “Le Dîner sera froid” in Alfred Hitchcock présente : Histoires à dormir debout).

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

 

 

 

 

 

 

20 mai 2018 – 793

MARDI.

Lecture. L’Affaire Isobel Vine (Kingdom of the Strong, Tony Cavanaugh, Hachette Australia, 2015 pour l’édition originale, Sonatine, 2017 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, rééd. Points Policier P 4579, 2018; 478 p., 8,10 €).

Nouveau venu sur la scène du polar, Tony Cavanaugh installe un personnage, Darian Richards, qui devrait être appelé à connaître d’autres aventures. Policier chevronné et peu accommodant, il s’est mis en retrait des affaires mais accepte de reprendre du service pour résoudre une énigme criminelle inexpliquée depuis vingt-cinq ans. Le récit est solide, intéressant, un whodunit de bonne facture avec ce qu’il faut de fausses pistes et de surprises. C’est lorsqu’il essaie de sortir de ces sentiers classiques que Cavanaugh rate la mise : en voulant, par endroits, donner un aspect littéraire chic à son texte, en y incorporant récit de rêve, considérations philosophiques, sentences définitives, toutes choses inutiles qui ne font que ralentir le récit.

MERCREDI.

Obituaire. Le Monde du jour fait part de la mort de Paul Braffort, membre de l’Oulipo, à l’âge de 95 ans. Il en avait donc 86 quand je l’avais vu, en 2009, aux Invalides. Vu et entendu chanter car outre ses activités scientifiques et littéraires, il était auteur, compositeur et interprète de chansons, parmi lesquelles “La Joconde” qui figura au répertoire de Barbara.

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Paul Braffort, XIIIe Colloque des Invalides, Paris (Seine), photo de l’auteur, 20 novembre 2009

Éphéméride. À Maxime Du Camp

“Dimanche 9 mai 1852

Je ne saurais trop vous remercier du plaisir que cela m’a causé. C’est plus beau et plus curieux même que vous ne me l’aviez fait supposer. Il y a un passage plus beau que celui où le messager arabe répond aux gens qui veulent retarder la marche : Je porte les paroles d’un prophète à un prophète,c’est celui où le vieux Jacob baise sur le corps du messager toutes les places qui ont touché son fils Joseph, – et celui où Joseph, la figure voilée, confère avec son frère Benjamin – toutes les fois que je lis des ouvrages des musulmans, je pense au grand mot de De Maistre : à le bien prendre, l’Islamisme n’est qu’une église réformée – ou : une des phases du protestantisme, – ou quelque chose comme cela. –

Veuillez agréer tous mes remerciements.”

Charles Baudelaire (Correspondance)

JEUDI.

  Vie culturelle. Visite de l’exposition “Couples” au Musée de l’Image.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. “Du temps de Verlaine, les effarantes paires d’yeux qui servent d’enseigne aux opticiens établis dans cette rue, ne devaient point être en aussi grand nombre car elles auraient – tel Caïn dans sa tombe – halluciné le poète aux heures où il rentrait victime de ces “états flamboyants” que l’absinthe allumait en lui.” (Francis Carco, Nostalgie de Paris)

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Paris (Seine), rue du Bac, photo de l’auteur, 28 octobre 2016 / Lyon (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 31 octobre 2017

Lecture. En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut, Finitude, 2015; 160 p., 15,50 €).

Un enfant raconte la vie qu’il a menée auprès de parents excentriques, de l’insouciance à la tragédie. Ces adultes ne s’appellent pas Chloé et Colin mais ils dansent – même si ce n’est pas le biglemoi –, ils ont des soucis d’argent – même si ce ne sont pas des doublezons – et de santé. Bref, impossible de lire leur histoire sans penser à L’Écume des jours et c’est dommage car l’ombre portée par le grand Boris empêche peut-être d’apprécier entièrement ce premier roman. Il n’a certes pas la force, l’intensité de L’Écume, que ce soit dans la fantaisie ou dans le tragique, mais c’est un travail honnête qui se lit avec plaisir. Parfaitement calibré, en plus, pour un trajet Épinal – Paris en TGV.

Vie parisienne. Départ pour Paris, donc, par le 16 heures 23, histoire de profiter d’une fenêtre entre deux périodes de grève. Sur place, mon taudis habituel est toujours en cours de réfection ou de destruction et je prends piaule à côté, dans un établissement du même standing. Ça s’appelle, sans rire, Grand Hôtel de l’Europe, et il suffit d’y passer une nuit pour comprendre le Brexit.

SAMEDI.

Vie parisienne. Je m’extirpe de bonne heure de mon gourbi après une nuit éprouvante. Je gagne la Bilipo pour assister à la réunion annuelle de la Société des Amis de Régis Messac. Accueil chaleureux d’Olivier Messac et de Patrick Ramseyer, déjà croisés aux Invalides, et longue discussion avec Ivan Messac, l’artiste de la famille, qui doit présenter son travail au Musée d’Épinal l’année prochaine. Chez Gibert, j’achète Le Gazouillis des éléphants, de Bruno Montpied, introuvable at home. Il s’agit d’une compilation illustrée des œuvres de tous les émules français du Facteur Cheval et je suis curieux de voir si l’auteur a utilisé les photos que je lui ai fournies. Elles y sont, et dûment référencées, ce qui prouve qu’on peut être spécialiste d’art brut et avoir des mœurs policées. Le pavé fait près de trois kilos et réduit considérablement ma capacité de mouvements pour le reste de la journée. Je me contenterai d’une déambulation dans le Quartier latin et d’une pause dans une salle de la rue Champollion, où je revois – vois en fait pour la première fois sur grand écran – À bout de souffle, au risque de m’attirer les foudres, à mon retour, de la godardienne de la maison. Place de la Sorbonne, les CRS sont en nombre, et se fondent admirablement dans le paysage.

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              Lecture. L’Homme traqué (Francis Carco, Albin Michel, 1922, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche n° 67, 1954; 192 p., s.p.m.).

              Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 4000 salons, atteint le 7 novembre 2017.

Bilan géographique.    

Classement général par pays.

1. France : 3350 (+ 72)
2. Espagne : 165 (=)
3. Royaume-Uni : 70 (+ 12)
4. Belgique 57 (+ 6)
5. Italie : 50 (=)
6. États-Unis : 45 (=)
7. Danemark : 34 (=)
8. Suisse : 24 (+ 3)
9. Portugal : 20 (=)
10. Pérou : 19 (=)
“. Canada : 19 (=)

Trois nouveautés en fond de classement, la Pologne, Malte et Singapour.

Classement général par régions (France).

1. Rhône-Alpes : 631 (+ 19)
2. Île-de-France : 516 (+ 3)
3. Languedoc-Roussillon : 273 (+ 5)
4. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 263 (+ 5)
5. Lorraine : 254 (+ 4)
6. Midi-Pyrénées : 197 (+ 6)
7. Bretagne : 138 (+ 3)
“. Pays de la Loire : 138 (+ 1)
9. Bourgogne : 132 (+ 2)
10. Centre : 122 (+ 2)

La Bretagne rejoint les Pays de la Loire mais c’est anecdotique en comparaison du bond réalisé par la Corse (21e) qui passe de 4 à 20 enseignes.

Classement général par départements (France).

1. Seine (Paris) : 414 (+ 2)
2. Rhône : 322 (+ 3)
3. Vosges : 145 (=)
4. Loire-Atlantique : 109 (+ 1)
5. Pyrénées-Orientales : 92 (+ 5)
“. Loire : 91 (+ 4)
7. Meurthe-et-Moselle : 80 (+ 2)
8. Alpes-Maritimes : 76 (=)
9. Saône-et-Loire : 72 (=)
10. Hérault : 69 (=)

Pas de changement dans le top 10.

Classement général par communes.

1. Paris : 414 (+ 2)
2. Lyon : 147 (+ 3)
3. Nantes : 57 (+ 1)
4.  Barcelone : 54 (=)
5. Nancy : 45 (+ 1)
6. Épinal : 37 (=)
7. Nice : 36 (=)
8. Marseille : 26 (+ 2)
9. Copenhague : 24 (=)
“. Villeurbanne : 24 (=)

Marseille décroche Copenhague et Villeurbanne. Parmi les nouveautés, signalons Ajaccio, Amsterdam, Cracovie, La Valette et Singapour.

Bilan humain.

  1. Marc-Gabriel Malfant : 1396 (+ 28)
  2. Philippe Didion : 338 (=)
  3. Pierre Cohen-Hadria : 261 (+ 1)
  4. Jean-Damien Poncet : 219 (+ 20)
  5. François Golfier : 201 (+ 9)
  6. Jean-Christophe Soum-Fontez : 150 (+ 2)
  7. Hervé Bertin : 131 (=)
  8. Sylvie Mura : 105 (+ 4)
  9. Benoît Howson : 81 (+ 14)
  10. Bernard Cattin : 75 (+ 2)

Jean-Damien Poncet arrive en vue du podium et Benoît Howson remonte à la 9e place.

Étude de cas. Changements de coiffures.

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Lunéville (Meurthe-et-Moselle), photos de Marc-Gabriel Malfant & Denis Garcia, 10 mai 2008 & 22 mars 2015

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Livron-sur-Drôme (Drôme), photos de Marc-Gabriel Malfant & François Golfier, 27 septembre 2011 & 4 août 2015

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Dieppe (Seine-Inférieure), photos de Jacques Mitelman & Pierre Cohen-Hadria, 21 décembre 2004 & 14 octobre 2011

Revue de presse. “Hoëbeke publie le 17 mai un ouvrage décalé à petit prix (7,90 euros), Tiré par les cheveux, présentant des photos d’enseignes de coiffeurs adeptes des jeux de mots comme “Atmosph’hair”, “Beau de l’Hair”, “Pause coiffée”. Dirigé par la journaliste Morgane Tual, l’ouvrage rassemble de nombreux clichés publiés sur le blog “LOL coiffeurs” qui collectionne les contributions d’internautes émanant de toute la France.” (Livres Hebdo n° 1171, 27 avril 2018) L’annonce est illustrée par une photo (non référencée bien sûr) du salon Épi’ Tête de Dieppe, présent dans l’Invent’Hair depuis 2004. On connaît le manque de sérieux scientifique du blog, on n’imagine pas qu’il en soit autrement pour le livre. Pas de quoi nous faire trembler.

Films vus. Le Narcisse noir (Black Narcissus, Michael Powell & Emeric Pressburger, R.-U., 1947)

Adopte un veuf (François Desagnat, France, 2016)

La Graine et le Mulet (Abdellatif Kechiche, France, 2007)

Fort Saganne (Alain Corneau, France, 1984).

Poil et plume. “Depuis trois jours, dans une salle du sous-sol, le coiffeur d’Ebenrode et son apprenti dévastent les crinières des petits hommes à l’aide de tondeuses électriques géantes que j’aurais crues réservées au seul usage des chevaux. Il faut dire qu’on ne les avait pas vus depuis cinq mois, et les enfants devaient écarter de la main un rideau de cheveux pour voir et même pour manger. J’étais certes pour quelque chose dans cette négligence, car je n’envisageais pas sans serrement de cœur la brutalité de cette tonte générale. Et puis, je me suis résigné à l’inéluctable, et voici que je découvre tout le parti que j’en puis tirer.” (Michel Tournier, Le Roi des aulnes)

MARDI.

Obituaire. Je trouve dans Le Monde de dimanche dernier la nécrologie de Fred Kassak, un auteur que j’aime beaucoup et que je continue à lire à intervalles réguliers. Il est mort, à l’âge de 90 ans, le 12 avril dernier. On n’enterre pas le dimanche, disait le titre d’un de ses romans, c’est peut-être pour ça qu’on a tant attendu pour annoncer la triste nouvelle. L’article était illustré par une photo que j’ai récupérée sur le site du journal et ainsi légendée.

793-min

Fred Kassak en mai 2005, Jean-Marie David

J’avais assisté à une rencontre avec Fred Kassak, François Angelier, Pierre Billard et Jacques Baudou à la Bilipo, rencontre relatée dans les notules n° 242 à l’issue de laquelle Kassak m’avait offert un CD avec l’enregistrement d’une de ses pièces radiophoniques. J’avais pris une photo sur laquelle l’auteur apparaît, cette fois, de profil.

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C’est la même chemise, c’est le même endroit (les livres et l’étiquette de l’étagère en témoignent), c’est le même jour. Mes archives (seraient-elles mieux tenues que celles du Monde ?) me permettent donc de corriger la légende du quotidien : la photo a été prise le 18 juin 2005 et non en mai.

MERCREDI.

Éphéméride.

Ma. 16.5.1989

C’est le jour de congé “mobile” pour les élèves et les enseignants. Mais Paul n’en profitera guère. Il fait une forte angine et la fièvre le tiendra au lit jusqu’au soir. J’ai appelé le docteur, que j’attends en vain toute la matinée. Je lis, mais mal. Il y a l’attente, le regret d’avoir passé tout mon temps libre, depuis des jours, à faire les peintures de la nouvelle maison. Et puis le menuisier doit passer refaire des joints. Il risque d’éclabousser de plâtre l’escalier qu’on vient de poser. Je monte donc appliquer de la lasure sur ses faces interne et externe. Le docteur passe en fin d’après-midi, quand je redescends. (Pierre Bergounioux, Carnet de notes 1980-1990)

Vie radiophonique. J’assiste avec Alice à l’enregistrement du Jeu des mille euros qui fait aujourd’hui escale à Dogneville (Vosges). Je me souviens d’une autre séance d’enregistrement, il y a fort longtemps, à Épinal où mon père m’avait emmené à une représentation du cirque Pinder, le jeu faisait partie du spectacle. C’était Le Jeu des mille francs, l’animateur s’appelait Lucien Jeunesse, et j’étais alors dans la mienne.

JEUDI.

  Lecture. La Vallée de la peur (The Valley of Fear, Arthur Conan Doyle, George H. Doran Company, 1915 pour l’édition originale, in Les Aventures de Sherlock Holmes” vol. 3, nouvelle traduction d’Eric Wittersheim, édition bilingue, Omnibus 2007; 1084 p., 23,50 €).

VENDREDI.

Lecture. La Nouvelle Revue française n° 620 (Gallimard, septembre 2016; 160 p., 15 €).

Le cabinet de curiosités du notulographe. Métiers rares.

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Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), photo de l’auteur, 8 juillet 2017 / Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 6 octobre 2017

SAMEDI.

Films vus. Le Repos du guerrier (Roger Vadim, France – Italie, 1962)

Printemps, été, automne, hiver… et printemps (Bom yeoerum gaeul gyeoul bom, Kim Ki-duk, Corée du Sud – Allemagne, 2003)

L’Effet aquatique (Sólveig Anspach, France – Islande, 2016)

L’Île au trésor (Ostrov Sokrovishch, Yevgeni Fridman, U.R.S.S., 1972)

Minne, l’ingénue libertine (Jacqueline Audry, France, 1950)

Jumanji (Joe Johnston, É.-U., 1995)

Le Rapace (José Giovanni, France – Italie – Mexique, 1968).

    L’Invent’Hair perd ses poils.

793 (15)-min  793 (14)-min

Pia (Pyrénées-Orientales), photo de Marc-Gabriel Malfant, 18 mars 2011 / Naples (Italie), photo d’Hervé Bertin, 5 avril 2017

Poil et plume. “Observant la tonte des enfants, j’ai remarqué que, la plupart du temps, les cheveux semblent disposés en spirale à partir d’un centre situé exactement au sommet de l’occiput. Partant de ce point, ils décrivent un tourbillon centrifuge qui gagne l’ensemble du crâne. L’« épi » est formé par les cheveux du centre de la spirale, les seuls qui ne sont pas entraînés dans la révolution.” (Michel Tournier, Le Roi des Aulnes)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

 

 

 

6 mai 2018 – 792

N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 20 mai 2018, à un horaire indéterminé.

DIMANCHE.

Lecture. La Place forte (Quentin Lafay, Gallimard, 2017; 240 p., 18 €).

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2018.

MERCREDI.

Éphéméride. “Il m’arrive souvent de penser au prolétariat; mais j’avoue qu’il ne m’apparaît jamais sous l’aspect d’un garçon de café. Je me laisse tromper par le tablier blanc, par le plastron immaculé et par le sourire professionnel. Il faut dire aussi que leur travail ne les empêche pas d’observer autour d’eux, et que les clients leur donnent toute la journée la comédie.

Que de petits drames se jouent au café. Cet inventeur, qui argumente avec des gestes vifs, en enlevant et remettant son binocle, va-t-il émouvoir l’homme sérieux qui l’écoute en regardant ailleurs ? La grosse dame peinte et le monsieur à tête de bouc vont-ils enfin se rejoindre, comme l’exigent les lois de la gravitation universelle ? À quelle adresse le jeune amoureux, qui griffonne depuis une demi-heure, va-t-il envoyer le chasseur ?” (Alain, Propos d’un Normand, 25 avril 1907)

Lecture. Encore vivant (Pierre Souchon, Rouergue, coll. La Brune, 2017; 256 p., 19,80 €).

Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2018.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Listes de commissions.

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Châtel-sur-Moselle (Vosges), recto verso, 28 septembre 2017 / Épinal (Vosges), recto verso, 28 septembre 2017

   La première liste est intéressante par son contenu, l’expression “manger boulot” que j’ai immédiatement adoptée pour mes propres pense-bête quand il s’agit de désigner le casse-croûte à emporter au chagrin. La seconde vaut par son support, une fiche de bibliothèque recyclée.

SAMEDI.

Films vus. Roberta (William A. Seiter, É.-U., 1935)

Rock’n roll (Guillaume Canet, France, 2017)

La Faute à Voltaire (Abdellatif Kechiche, France, 2000)

  Moonrise Kingdom  (Wes Anderson, É.-U., 2012)

  Un plan parfait (Pascal Chaumeil, France, 2012)

Canicule (Yves Boisset, France, 1984).

              L’Invent’Hair perd ses poils.

792 (6)-min  792 (5)-min

Vauvert (Gard), photo de Marc-Gabriel Malfant, 16 mars 2011 / Utrecht (Pays-Bas), photo de Jean-François Fournié, 12 mai 2015

Poil et plume. “Dans la rue de l’Autrichien, acheta un gigot chez Klein, le boucher, un pantalon en velours côtelé chez Tannebaum, une carte postale à la poste tandis que la petite le suivait pas à pas, d’un magasin à l’autre et aussi dans la boutique de Fiete Semmelweis, salon de coiffure pour hommes et dames, rasages. Et la petite vit comment Cresspahl se faisait enlever un reste de cheveux quinze jours seulement après sa dernière coupe. Cresspahl avait murmuré quelque chose à Semmelweis pour qu’il ne lui rase pas carrément le crâne, Semmelweis fut très touché, assez enthousiasmé même, et la petite vit que cette histoire de coupe de cheveux était pour les deux hommes quelque chose d’amusant, de drôle, à la séance suivante elle se laissa dérober un peu de cheveux sans résister, considérant cela d’ailleurs comme un cadeau pour Cresspahl. Car si elle fuyait devant les ciseaux de Lisbeth, elle allait vers ceux de Cresspahl.” (Uwe Johnson, Une année dans la vie de Gesine Cresspahl)

Vie vacancière. Départ pour une semaine de villégiature à Gérardmer où je compte abattre du boulot : articles à écrire, tapuscrits à annoter, épreuves à relire et corriger. Pourvu que le mauvais temps soit de la partie.

DIMANCHE.

Entomologie. Identification d’une Raghie inquisitrice.

Lecture. Tablée (Pierre Michon, Carnets de l’Herne, 2017; 80 p., 8,50 €).

MARDI.

Extrait de mon journal de bord. Mardi 1er mai 2018, Gérardmer, 18 heures 03. Mis Films vus à jour hier soir, ainsi que les notules. Recopié les notes prises à Retournemer pour l’IPAD et classé des photos jusqu’à l’heure de la soupe. Regardé le Jarmusch diffusé sur ARTE, un peu fade mais tout paraît fade après Paterson. Raconté l’anecdote livrée par MGM dans sa dernière lettre, l’histoire des deux cafés dans deux tasses qui apparaît dans The Limits of Control. Lucie m’indique que, dans Mystery Train, Steve Buscemi achète dans un magasin deux bouteilles de whisky et se voit réclamer une somme qui n’est pas divisible par deux. Mystère de la parité chez Jim Jarmusch, joli sujet. Au lit avec Portnoy, éteint après minuit. Nuit parfaite, la troisième de suite. Levé à 7 heures 30, temps bouché, 6°. Enregistré le Jarmusch dans Films vus, ouvert une grille de Laclos, relu la lettre de Gengenbach à Dallospedale, fait du courrier. Poursuivi la rédaction de l’article pour Les Refusés, qui n’avance pas assez vite à mon gré. Descendu en ville en auto, pas de journaux, trouvé du pain. Encaissé les gains de Lens – Paris FC, engagé un pari sur Real – Bayern. Appelé les parents au retour. Préparé un gratin de chou-fleur patates avec Caroline, repris le tapuscrit d’Y., épluché Livres Hebdo, lu Portnoy. Croûté, siesté. Je me demande où je trouve la force de faire la sieste avec les nuits que je passe ici. Partis en balade du côté des Xettes, un chemin tranquille, reposant après ce qu’on s’est appuyé les jours précédents. Les brimbelles promettent d’être abondantes. Souvenir d’une conversation avec Y., la semaine dernière, qui me parlait du bruit unique, inoubliable, de la première brimbelle tombant au fond du pot de camp un matin de cueillette, la première musique des enfants d’ici. Sur la route pentue où nous avons parqué l’auto, un type et ses deux gamins à vélo. Lui, allure sportivo-militaire, coup de pédale martial. Les mômes ahanent. “Allez Jules, allez Tao (Théo ?)… On y croit… On va au bout… On lâche rien…” T’as raison mon gars, faut en faire des compétiteurs, des premiers de cordée, ils te remercieront plus tard. Marché près de deux heures, bu mon thé, au boulot.

MERCREDI.

Vie commerciale. Courses au Match. L’homme devant nous, à la caisse, a acheté deux flacons de William Peel, rien d’autre. Verdict de la caissière : 15,97 €. Il faut inviter Jim Jarmusch au prochain festival du film de Gérardmer.

Lecture. La Plainte de Portnoy (Portnoy’s Complaint, Philip Roth, Random House, New York, 1969, Gallimard, 1970 pour la traduction française, traduit de l’américain par Henri Robillot, rééd. in “Romans et nouvelles 1959-1977”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 625, 2017, traduction revue par Paule Lévy; 1208 p., 64 €).

Éphéméride. “Dimanche et lundi 2 et 3 Mai 1920

Travaillé à mon paysage classique, dans la salle à manger des Colombières.” (Ferdinand Bac, Livre journal 1920)

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe.

792 (8)-min  792 (11)-min

Metz (Moselle), photos de Laurent Lagarde, 31 décembre 2016

SAMEDI.

Films vus. Only Lovers Left Alive (Jim Jarmusch, Allemagne – R.-U. – France – Grèce – É.-U. – Chypre, 2013)

Le Reptile (There Was a Crooked Man, Joseph L. Mankiewicz, É.-U., 1970)

Monsieur Verdoux (Charles Chaplin, É.-U., 1947).

             L’Invent’Hair perd ses poils.

 792 (12)-min  792 (13)-min

Baillargues (Hérault), photo de Marc-Gabriel Malfant, 16 mars 2011 / Saint-Priest (Rhône), photo du même, 9 mars 2012

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 5 mai 2016. 78 km. (30932 km).

792 (10)-min

1845 habitants

   Une large plaque de granit gris est accolée au mur de l’église sous un écusson RF agrémenté de trois drapeaux tricolores. A droite et à gauche, deux fagots de manches de haches de sapeur, dont l’un est muni de son fer et surmonté d’une tête de bélier. En avancée, une banquette grillagée supporte une gerbe défraîchie entre deux canons miniatures. Une plaque : “Les médaillés militaires à leurs camarades”. Les noms sont rangés sur quatre colonnes, en lettres dorées.

792 (9)-min

Plombières

A ses enfants

1914-1918

   Colonne 1 : 22 noms de J. ANDRE à P. DESGRANDCHAMPS

Colonne 2 : 22 noms d’E. CORNU à A. LHUILLIER

Colonne 3 : 21 noms de M. JEANVOINE à P. REDDET

Colonne 4 : 22 noms de J. RICHARD à H. WEHRLE

Suivent 9 noms concernant 1939-1945 et celui d’une victime d’Indochine.

Sur le mur de l’église, à droite, on a ajouté 3 plaques avec les noms des victimes civiles de 1939-1945 et d’Algérie.

À l’intérieur de l’église, les noms des morts de la paroisse sont alignés sur des plaques de marbre blanc, de chaque côté de la porte d’entrée, derrière les statues de Jeanne d’Arc et de saint Georges.

792 (7)-min

             Poil au cul du bus.

792-min

Genève (Suisse), photo de l’auteur, 19 août 2016

 Bon dimanche,

Philippe DIDION