MARDI.
Lecture. L’Affaire Isobel Vine (Kingdom of the Strong, Tony Cavanaugh, Hachette Australia, 2015 pour l’édition originale, Sonatine, 2017 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, rééd. Points Policier P 4579, 2018; 478 p., 8,10 €).
Nouveau venu sur la scène du polar, Tony Cavanaugh installe un personnage, Darian Richards, qui devrait être appelé à connaître d’autres aventures. Policier chevronné et peu accommodant, il s’est mis en retrait des affaires mais accepte de reprendre du service pour résoudre une énigme criminelle inexpliquée depuis vingt-cinq ans. Le récit est solide, intéressant, un whodunit de bonne facture avec ce qu’il faut de fausses pistes et de surprises. C’est lorsqu’il essaie de sortir de ces sentiers classiques que Cavanaugh rate la mise : en voulant, par endroits, donner un aspect littéraire chic à son texte, en y incorporant récit de rêve, considérations philosophiques, sentences définitives, toutes choses inutiles qui ne font que ralentir le récit.
MERCREDI.
Obituaire. Le Monde du jour fait part de la mort de Paul Braffort, membre de l’Oulipo, à l’âge de 95 ans. Il en avait donc 86 quand je l’avais vu, en 2009, aux Invalides. Vu et entendu chanter car outre ses activités scientifiques et littéraires, il était auteur, compositeur et interprète de chansons, parmi lesquelles “La Joconde” qui figura au répertoire de Barbara.

Paul Braffort, XIIIe Colloque des Invalides, Paris (Seine), photo de l’auteur, 20 novembre 2009
Éphéméride. À Maxime Du Camp
“Dimanche 9 mai 1852
Je ne saurais trop vous remercier du plaisir que cela m’a causé. C’est plus beau et plus curieux même que vous ne me l’aviez fait supposer. Il y a un passage plus beau que celui où le messager arabe répond aux gens qui veulent retarder la marche : Je porte les paroles d’un prophète à un prophète, – c’est celui où le vieux Jacob baise sur le corps du messager toutes les places qui ont touché son fils Joseph, – et celui où Joseph, la figure voilée, confère avec son frère Benjamin – toutes les fois que je lis des ouvrages des musulmans, je pense au grand mot de De Maistre : à le bien prendre, l’Islamisme n’est qu’une église réformée – ou : une des phases du protestantisme, – ou quelque chose comme cela. –
Veuillez agréer tous mes remerciements.”
Charles Baudelaire (Correspondance)
JEUDI.
Vie culturelle. Visite de l’exposition “Couples” au Musée de l’Image.
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe. “Du temps de Verlaine, les effarantes paires d’yeux qui servent d’enseigne aux opticiens établis dans cette rue, ne devaient point être en aussi grand nombre car elles auraient – tel Caïn dans sa tombe – halluciné le poète aux heures où il rentrait victime de ces “états flamboyants” que l’absinthe allumait en lui.” (Francis Carco, Nostalgie de Paris)

Paris (Seine), rue du Bac, photo de l’auteur, 28 octobre 2016 / Lyon (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 31 octobre 2017
Lecture. En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut, Finitude, 2015; 160 p., 15,50 €).
Un enfant raconte la vie qu’il a menée auprès de parents excentriques, de l’insouciance à la tragédie. Ces adultes ne s’appellent pas Chloé et Colin mais ils dansent – même si ce n’est pas le biglemoi –, ils ont des soucis d’argent – même si ce ne sont pas des doublezons – et de santé. Bref, impossible de lire leur histoire sans penser à L’Écume des jours et c’est dommage car l’ombre portée par le grand Boris empêche peut-être d’apprécier entièrement ce premier roman. Il n’a certes pas la force, l’intensité de L’Écume, que ce soit dans la fantaisie ou dans le tragique, mais c’est un travail honnête qui se lit avec plaisir. Parfaitement calibré, en plus, pour un trajet Épinal – Paris en TGV.
Vie parisienne. Départ pour Paris, donc, par le 16 heures 23, histoire de profiter d’une fenêtre entre deux périodes de grève. Sur place, mon taudis habituel est toujours en cours de réfection ou de destruction et je prends piaule à côté, dans un établissement du même standing. Ça s’appelle, sans rire, Grand Hôtel de l’Europe, et il suffit d’y passer une nuit pour comprendre le Brexit.
SAMEDI.
Vie parisienne. Je m’extirpe de bonne heure de mon gourbi après une nuit éprouvante. Je gagne la Bilipo pour assister à la réunion annuelle de la Société des Amis de Régis Messac. Accueil chaleureux d’Olivier Messac et de Patrick Ramseyer, déjà croisés aux Invalides, et longue discussion avec Ivan Messac, l’artiste de la famille, qui doit présenter son travail au Musée d’Épinal l’année prochaine. Chez Gibert, j’achète Le Gazouillis des éléphants, de Bruno Montpied, introuvable at home. Il s’agit d’une compilation illustrée des œuvres de tous les émules français du Facteur Cheval et je suis curieux de voir si l’auteur a utilisé les photos que je lui ai fournies. Elles y sont, et dûment référencées, ce qui prouve qu’on peut être spécialiste d’art brut et avoir des mœurs policées. Le pavé fait près de trois kilos et réduit considérablement ma capacité de mouvements pour le reste de la journée. Je me contenterai d’une déambulation dans le Quartier latin et d’une pause dans une salle de la rue Champollion, où je revois – vois en fait pour la première fois sur grand écran – À bout de souffle, au risque de m’attirer les foudres, à mon retour, de la godardienne de la maison. Place de la Sorbonne, les CRS sont en nombre, et se fondent admirablement dans le paysage.

Lecture. L’Homme traqué (Francis Carco, Albin Michel, 1922, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche n° 67, 1954; 192 p., s.p.m.).
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 4000 salons, atteint le 7 novembre 2017.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
1. France : 3350 (+ 72)
2. Espagne : 165 (=)
3. Royaume-Uni : 70 (+ 12)
4. Belgique 57 (+ 6)
5. Italie : 50 (=)
6. États-Unis : 45 (=)
7. Danemark : 34 (=)
8. Suisse : 24 (+ 3)
9. Portugal : 20 (=)
10. Pérou : 19 (=)
“. Canada : 19 (=)
Trois nouveautés en fond de classement, la Pologne, Malte et Singapour.
Classement général par régions (France).
1. Rhône-Alpes : 631 (+ 19)
2. Île-de-France : 516 (+ 3)
3. Languedoc-Roussillon : 273 (+ 5)
4. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 263 (+ 5)
5. Lorraine : 254 (+ 4)
6. Midi-Pyrénées : 197 (+ 6)
7. Bretagne : 138 (+ 3)
“. Pays de la Loire : 138 (+ 1)
9. Bourgogne : 132 (+ 2)
10. Centre : 122 (+ 2)
La Bretagne rejoint les Pays de la Loire mais c’est anecdotique en comparaison du bond réalisé par la Corse (21e) qui passe de 4 à 20 enseignes.
Classement général par départements (France).
1. Seine (Paris) : 414 (+ 2)
2. Rhône : 322 (+ 3)
3. Vosges : 145 (=)
4. Loire-Atlantique : 109 (+ 1)
5. Pyrénées-Orientales : 92 (+ 5)
“. Loire : 91 (+ 4)
7. Meurthe-et-Moselle : 80 (+ 2)
8. Alpes-Maritimes : 76 (=)
9. Saône-et-Loire : 72 (=)
10. Hérault : 69 (=)
Pas de changement dans le top 10.
Classement général par communes.
1. Paris : 414 (+ 2)
2. Lyon : 147 (+ 3)
3. Nantes : 57 (+ 1)
4. Barcelone : 54 (=)
5. Nancy : 45 (+ 1)
6. Épinal : 37 (=)
7. Nice : 36 (=)
8. Marseille : 26 (+ 2)
9. Copenhague : 24 (=)
“. Villeurbanne : 24 (=)
Marseille décroche Copenhague et Villeurbanne. Parmi les nouveautés, signalons Ajaccio, Amsterdam, Cracovie, La Valette et Singapour.
Bilan humain.
- Marc-Gabriel Malfant : 1396 (+ 28)
- Philippe Didion : 338 (=)
- Pierre Cohen-Hadria : 261 (+ 1)
- Jean-Damien Poncet : 219 (+ 20)
- François Golfier : 201 (+ 9)
- Jean-Christophe Soum-Fontez : 150 (+ 2)
- Hervé Bertin : 131 (=)
- Sylvie Mura : 105 (+ 4)
- Benoît Howson : 81 (+ 14)
- Bernard Cattin : 75 (+ 2)
Jean-Damien Poncet arrive en vue du podium et Benoît Howson remonte à la 9e place.
Étude de cas. Changements de coiffures.

Lunéville (Meurthe-et-Moselle), photos de Marc-Gabriel Malfant & Denis Garcia, 10 mai 2008 & 22 mars 2015

Livron-sur-Drôme (Drôme), photos de Marc-Gabriel Malfant & François Golfier, 27 septembre 2011 & 4 août 2015

Dieppe (Seine-Inférieure), photos de Jacques Mitelman & Pierre Cohen-Hadria, 21 décembre 2004 & 14 octobre 2011
Revue de presse. “Hoëbeke publie le 17 mai un ouvrage décalé à petit prix (7,90 euros), Tiré par les cheveux, présentant des photos d’enseignes de coiffeurs adeptes des jeux de mots comme “Atmosph’hair”, “Beau de l’Hair”, “Pause coiffée”. Dirigé par la journaliste Morgane Tual, l’ouvrage rassemble de nombreux clichés publiés sur le blog “LOL coiffeurs” qui collectionne les contributions d’internautes émanant de toute la France.” (Livres Hebdo n° 1171, 27 avril 2018) L’annonce est illustrée par une photo (non référencée bien sûr) du salon Épi’ Tête de Dieppe, présent dans l’Invent’Hair depuis 2004. On connaît le manque de sérieux scientifique du blog, on n’imagine pas qu’il en soit autrement pour le livre. Pas de quoi nous faire trembler.
Films vus. Le Narcisse noir (Black Narcissus, Michael Powell & Emeric Pressburger, R.-U., 1947)
Adopte un veuf (François Desagnat, France, 2016)
La Graine et le Mulet (Abdellatif Kechiche, France, 2007)
Fort Saganne (Alain Corneau, France, 1984).
Poil et plume. “Depuis trois jours, dans une salle du sous-sol, le coiffeur d’Ebenrode et son apprenti dévastent les crinières des petits hommes à l’aide de tondeuses électriques géantes que j’aurais crues réservées au seul usage des chevaux. Il faut dire qu’on ne les avait pas vus depuis cinq mois, et les enfants devaient écarter de la main un rideau de cheveux pour voir et même pour manger. J’étais certes pour quelque chose dans cette négligence, car je n’envisageais pas sans serrement de cœur la brutalité de cette tonte générale. Et puis, je me suis résigné à l’inéluctable, et voici que je découvre tout le parti que j’en puis tirer.” (Michel Tournier, Le Roi des aulnes)
MARDI.
Obituaire. Je trouve dans Le Monde de dimanche dernier la nécrologie de Fred Kassak, un auteur que j’aime beaucoup et que je continue à lire à intervalles réguliers. Il est mort, à l’âge de 90 ans, le 12 avril dernier. On n’enterre pas le dimanche, disait le titre d’un de ses romans, c’est peut-être pour ça qu’on a tant attendu pour annoncer la triste nouvelle. L’article était illustré par une photo que j’ai récupérée sur le site du journal et ainsi légendée.

Fred Kassak en mai 2005, Jean-Marie David
J’avais assisté à une rencontre avec Fred Kassak, François Angelier, Pierre Billard et Jacques Baudou à la Bilipo, rencontre relatée dans les notules n° 242 à l’issue de laquelle Kassak m’avait offert un CD avec l’enregistrement d’une de ses pièces radiophoniques. J’avais pris une photo sur laquelle l’auteur apparaît, cette fois, de profil.

C’est la même chemise, c’est le même endroit (les livres et l’étiquette de l’étagère en témoignent), c’est le même jour. Mes archives (seraient-elles mieux tenues que celles du Monde ?) me permettent donc de corriger la légende du quotidien : la photo a été prise le 18 juin 2005 et non en mai.
MERCREDI.
Éphéméride.
“Ma. 16.5.1989
C’est le jour de congé “mobile” pour les élèves et les enseignants. Mais Paul n’en profitera guère. Il fait une forte angine et la fièvre le tiendra au lit jusqu’au soir. J’ai appelé le docteur, que j’attends en vain toute la matinée. Je lis, mais mal. Il y a l’attente, le regret d’avoir passé tout mon temps libre, depuis des jours, à faire les peintures de la nouvelle maison. Et puis le menuisier doit passer refaire des joints. Il risque d’éclabousser de plâtre l’escalier qu’on vient de poser. Je monte donc appliquer de la lasure sur ses faces interne et externe. Le docteur passe en fin d’après-midi, quand je redescends. (Pierre Bergounioux, Carnet de notes 1980-1990)
Vie radiophonique. J’assiste avec Alice à l’enregistrement du Jeu des mille euros qui fait aujourd’hui escale à Dogneville (Vosges). Je me souviens d’une autre séance d’enregistrement, il y a fort longtemps, à Épinal où mon père m’avait emmené à une représentation du cirque Pinder, le jeu faisait partie du spectacle. C’était Le Jeu des mille francs, l’animateur s’appelait Lucien Jeunesse, et j’étais alors dans la mienne.
JEUDI.
Lecture. La Vallée de la peur (The Valley of Fear, Arthur Conan Doyle, George H. Doran Company, 1915 pour l’édition originale, in “Les Aventures de Sherlock Holmes” vol. 3, nouvelle traduction d’Eric Wittersheim, édition bilingue, Omnibus 2007; 1084 p., 23,50 €).
VENDREDI.
Lecture. La Nouvelle Revue française n° 620 (Gallimard, septembre 2016; 160 p., 15 €).
Le cabinet de curiosités du notulographe. Métiers rares.

Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), photo de l’auteur, 8 juillet 2017 / Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 6 octobre 2017
SAMEDI.
Films vus. Le Repos du guerrier (Roger Vadim, France – Italie, 1962)
Printemps, été, automne, hiver… et printemps (Bom yeoerum gaeul gyeoul bom, Kim Ki-duk, Corée du Sud – Allemagne, 2003)
L’Effet aquatique (Sólveig Anspach, France – Islande, 2016)
L’Île au trésor (Ostrov Sokrovishch, Yevgeni Fridman, U.R.S.S., 1972)
Minne, l’ingénue libertine (Jacqueline Audry, France, 1950)
Jumanji (Joe Johnston, É.-U., 1995)
Le Rapace (José Giovanni, France – Italie – Mexique, 1968).
L’Invent’Hair perd ses poils.

Pia (Pyrénées-Orientales), photo de Marc-Gabriel Malfant, 18 mars 2011 / Naples (Italie), photo d’Hervé Bertin, 5 avril 2017
Poil et plume. “Observant la tonte des enfants, j’ai remarqué que, la plupart du temps, les cheveux semblent disposés en spirale à partir d’un centre situé exactement au sommet de l’occiput. Partant de ce point, ils décrivent un tourbillon centrifuge qui gagne l’ensemble du crâne. L’« épi » est formé par les cheveux du centre de la spirale, les seuls qui ne sont pas entraînés dans la révolution.” (Michel Tournier, Le Roi des Aulnes)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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