DIMANCHE.
Rugby. RA Epinal-Golbey – Hayange 12 – 10.
LUNDI.
Vie automobile. Je sors un peu plus tôt ce soir, quitte le boulot avant la tombée du jour, ce qui me donne l’impression d’être en vacances. Aimablement, une collègue propose de me convoyer jusqu’à Epinal dans son auto. Habituellement, je décline, je préfère ligoter dans le dur qui me laisse quasiment à la porte du logis, et puis dans les autos il faut meubler le silence, faire la conversation, je ne suis pas habile. Mais là, l’occasion est belle, l’horaire du prochain train est assez éloigné, la perspective d’attendre trois quarts d’heure sur un quai battu par les vents me fait plier sans résistance. En route. Le trajet n’est pas direct, il faut s’arrêter en banlieue, la dame doit acheter de la colle à carrelage dans un Brico machin. Je découvre, en curieux. L’endroit est très dépaysant, l’équivalent pour moi d’un parc zoologique. Où l’on prend livraison d’un sac de 25 kilos de colle. Qu’est-ce qu’elle peut bien avoir à carreler ? Une piscine ?
MARDI.
Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Guillaume Musso, L’Instant présent, XO, 2015.
Lecture. Au revoir là-haut (Pierre Lemaitre, Albin Michel, 2013; 574 p., 22,50 €).
En un siècle, la littérature sur la guerre de 14 est passée logiquement du roman témoignage au roman pur. Après les Dorgelès, Genevoix, Galtier-Boissière et autres qui ont vécu l’affaire et relaté leur expérience, les romanciers, stimulés par l’actualité (disparition des derniers Poilus, commémorations diverses), ont vu dans ce conflit un puits de fiction inépuisable : Jean Rouaud, Sébastien Japrisot, Marc Dugain ont su en tirer de belles choses. Avec Pierre Lemaitre, on était tranquille : son habileté à tresser des histoires ne pouvait que faire merveille avec un tel arrière-plan et le fait est que son intrigue, mêlant l’itinéraire d’une gueule cassée, une escroquerie aux monuments aux morts et un scandale lié aux cimetières militaires, est parfaitement menée. Ceci établi, le lecteur de Pierre Lemaitre se trouve tout de même un peu déçu face à ce pavé. L’écriture inventive (du moins celle d’avant Sacrifices) a été totalement javellisée, blanchie, comme si le passage de la littérature policière à la littérature dite noble commandait un tel affadissement. On se croirait dans La Bicyclette bleue de Régine Deforges : les personnages sont des stéréotypes et leurs trajectoires se laissent deviner avec des centaines de pages d’avance. Ce qui fait du roman, au bout du compte, rien d’autre que de la chair à téléfilm – et on imagine que ce sera là son avenir. Reste à évoquer le prix Goncourt décerné à ce livre, qui doit beaucoup à la fièvre commémorative de l’époque : il montre le manque d’audace d’une académie décidément bien académique.
site du Monde, 16 mars 2013, document transmis par Jean Vaubourg
VENDREDI.
Lecture. Schnock n° 11 (La Tengo, juin 2014; 176 p., 14,50 €).
Brigitte Bardot.
Où l’on apprend que c’est pour Brigitte Bardot que Brassens aurait écrit “La petite Marguerite” et que le nom de scène des Frères ennemis vient d’un roman des frères Tharaud publié en 1906 intitulé La Chronique des frères ennemis.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Tourisme minimaliste à Nonville (Vosges), photo de l’auteur, 21 juin 2015.
SAMEDI.
Films vus.
Tirez la langue, mademoiselle (Axelle Ropert, France, 2013)
Leviathan (Leviafan, Andrey Zvyagintsev, Russie, 2014)
Messaline (Messalina, Carmine Gallone, Italie – France – Espagne, 1951)
Papa Was Not a Rolling Stone (Sylvie Ohayon, France, 2014)
Un jour mon père viendra (Martin Valente, France, 2012)
Une merveilleuse histoire du temps (The Theory of Everything, James Marsh, R.-U., 2014).
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 2800 salons, atteint le 6 décembre 2015.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
- France : 2434 (+ 79)
- Espagne : 114 (+ 3)
- Royaume-Uni : 47 (+ 2)
- Etats-Unis : 29 (=)
- Portugal : 20 (+ 3)
- Belgique : 19 (=)
- Canada : 17 (=)
- Italie : 14 (+ 1)
- République tchèque : 13 (+ 3)
- Allemagne 12 (=), Suisse 12 (+ 2)
Le Portugal dépasse la Belgique, la Suisse revient dans le top 10. Madagascar, qui gagne 8 salons, n’est pas loin avec un total de 11. A noter l’apparition d’un petit nouveau, la Croatie, qui porte le total des pays représentés à 33.
Classement général par régions (France).
- Rhône-Alpes : 481 (+ 19)
- Île-de-France : 341 (+ 21)
- Languedoc-Roussillon : 200 (+ 5)
- Lorraine : 197 (+ 8)
- Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 178 (+ 2)
- Midi-Pyrénées : 167 (+ 1)
- Bourgogne : 103 (=)
- Bretagne : 97 (+ 9)
- Pays de la Loire : 95 (+ 3)
- Centre : 74 (=)
On aura remarqué que l’Invent’Hair fait fi des aléas politiques qui ont réduit le nombre des régions. La refonte du classement avec des entités qui ne sont pas encore toutes nommées occasionnerait un travail longuet et inintéressant. Assumons nos archaïsmes : Châlons sera toujours sur Marne, les Côtes seront toujours du Nord et Paris, qu’on se retient de ne pas appeler Lutèce, situé dans le département de la Seine. Sinon, pour ce qui est de notre classement actualisé, une seule chose à noter : la Bretagne passe devant les Pays de la Loire.
Classement général par départements (France).
- Seine (Paris) : 269 (+ 17)
- Rhône : 243 (+ 12)
- Vosges : 124 (+ 5)
- Loire : 78 (=)
- Loire-Atlantique : 73 (+ 3)
- Alpes-Maritimes : 67 (=), Pyrénées-Orientales : 67 (=)
8. Saône-et-Loire : 65 (=)
9. Meurthe-et-Moselle : 56 (+ 1)
10. Lot : 44 (=), Hérault 44 (=)
Statu quo dans le top 10 dont se rapproche la Drôme (12e) qui gagne 7 salons et 4 places. A noter l’entrée du premier salon en provenance de Tahiti.
Classement général par communes.
- Paris : 269 (+ 17)
- Lyon : 111 (+ 7)
- Nantes : 49 (+ 3)
- Barcelone : 48 (=)
- Nice : 33 (=)
- Epinal : 32 (+ 2)
- Nancy : 30 (+ 1)
- Villeurbanne 21 (+ 2)
- Roanne : 17 (=), Perpignan : 17 (=), Strasbourg : 17 (+ 4)
Strasbourg entre dans le top 10 et Nantes chasse Barcelone du podium. Saluons la belle entrée de Hell-Ville (Madagascar) à la 37e place avec 7 salons. Forte progression de Valence (Drôme), qui gagne 6 salons et passe de la 403e place à la 51e. 22 communes font leur entrée dans le corpus qui en compte désormais 1164.
Bilan humain.
- Marc-Gabriel Malfant : 1094 (+ 21)
- Philippe Didion : 274 (+ 10)
- Pierre Cohen-Hadria : 208 (+ 2)
- François Golfier : 127 (+ 23)
- Jean-Christophe Soum-Fontez : 105 (+ 8)
- Hervé Bertin : 81 (+ 4)
- Benoît Howson : 65 (=)
- Christophe Hubert 57 (=), Sylvie Mura : 57 (+ 3)
- Philippe de Jonckheere : 43 (=)
Sylvie Mura gagne une place, seul changement en tête, mais on notera que, pour une fois, Marc-Gabriel Malfant s’est vu dépasser pour le nombre de contributions dans cette dernière centaine. Bravo à François Golfier, car l’exploit est de taille. Les 8 photos retenues envoyées par Antoine Fetet permettent à leur auteur d’atteindre le 15e rang (+ 2). Avec l’arrivée de Sébastien Rongier et d’Alain Poncet, le chantier compte aujourd’hui 158 contributeurs.
Etude de cas. Concurrence échevelée.
Lépanges-sur-Vologne (Vosges), photo de l’auteur, 3 mai 2015 / Rouen (Seine-Maritime), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 4 août 2013
L’Invent’Hair perd ses poils.
Céaucé (Orne), photo de Martine Sonnet, 15 juin 2010 / Le Soler (Pyrénées-Orientales), photo de Marc-Gabriel Malfant, 17 février 2011
Poil et plume. ”Hervé Bazin, né le 17 avril 1911, ne fait pas exprès de se coiffer comme ça. C’est son coiffeur qui trouve ça très joli.” (Pierre Desproges, L’Almanach)
DIMANCHE.
Vie francilienne. Hier, je pensais au mot de Charles Dantzig qui disait ou écrivait quelque part qu’on était vieux quand on commençait à mettre des chaussettes noires. J’y pensais en préparant mes affaires pour Paris, après avoir comme de juste enfilé mes chaussettes noires : un autre signe de vieillissement, c’est quand les médicaments – même si beaucoup sont préventifs – occupent plus de place que les produits d’hygiène dans la trousse de toilette. J’ai donc participé hier à ma énième assemblée générale de l’Association Georges Perec à la Bibliothèque de l’Arsenal, puis je suis parti au Vésinet. J’aime beaucoup Le Vésinet, sans y avoir jamais mis les pieds avant ce jour, parce que c’est là qu’habitait Maguy, alias Rosy Varte, dans le feuilleton du même nom dont je ne ratais pas un épisode le dimanche soir, dans les années 80. Mais ce ne sont pas chez les Boissier que j’ai pris pension hier soir : le notulographe visitait un notulien à domicile. Un notulien que certains reconnaîtront, dont les initiales traversent l’alphabet de part en part et qui aurait pu signer à la place de Cueco Le Collectionneur de collections. Je suis sorti légèrement étourdi de mon séjour dans cette maison qui contient tout ce qui a pu être publié par l’Oulipo et le Collège de ‘Pataphysique, des livres, un peu moins que chez Gibert mais tout juste, des casse-tête par centaines, des films par milliers, des objets insolites, des Joconde à moustache, à poil et à vapeur et autres merveilles, du sol au plafond et de la cave au grenier.
LUNDI.
Lecture. La Mort franco de port (Stamped for Murder, Ben Benson, 1952, Presses de la Cité, coll. Un Mystère n° 111, 1953, rééd. in « Polars années 50 », vol. 1, Omnibus, 1995, traduit et adapté de l’américain par Igor B. Maslowski; 1182 p., 145 F).
La collection Un Mystère a traduit tous les romans policiers de Ben Benson, dont une série consacrée à l’inspecteur Wade Paris. C’est lui qu’on trouve à la tête de cette histoire de timbres lavés où il apparaît comme un policier froid, intransigeant, au service de la loi et de rien d’autre. Benson ne se perd pas en descriptions ou considérations psychologiques : l’enquête ne progresse que par les dialogues successifs entre Paris et les personnes impliquées dans l’affaire. Dans le Dictionnaire des littératures policières, François Guérif souligne que les livres de Benson se caractérisent par “une certaine sécheresse”, ce qui est le cas ici où l’intérêt du lecteur n’est jamais stimulé par une quelconque péripétie et s’affaiblit au fil des pages.
MARDI.
Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). David Yallop, Le Pape doit mourir : Enquête sur la mort suspecte de Jean Paul Ier, Nouveau Monde éditions, 2011.
MERCREDI.
Lecture. L’Homme approximatif (Tristan Tzara, éd. Fourcade, 1931, rééd. in “Poésies complètes”, Flammarion, coll. Mille & une pages, 2011; 1760 p., 35 €).
JEUDI.
Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Irène Némirovsky, Suite française, Folio, 2006.
Lecture. Mademoiselle B. (Maurice Pons, Denoël, 1973, rééd. id., coll. Empreinte, 2014; 272 p., 13,90 €).
Le roman le plus connu de Maurice Pons, Les Saisons, parut en même temps que Les Choses et chez le même éditeur, Julliard. Lors de la remise du prix Renaudot à Perec, les deux auteurs firent connaissance et Pons invita Perec à découvrir le Moulin d’Andé où celui-ci fit de nombreux et fructueux séjours, y composant notamment La Disparition. Tous deux poursuivirent leur carrière et leurs publications, avec une exposition plus importante pour Perec que pour Pons. On réédite cependant ce dernier, petit à petit, ce qui permet de découvrir ou de redécouvrir une œuvre qui, à la lueur de cette Mademoiselle B., ne manque pas d’intérêt. Maurice Pons s’y met en scène en tant qu’auteur retiré dans un village où les suicides s’accumulent. Le pouvoir maléfique et érotique d’une certaine Mademoiselle B. ne serait pas étranger à cette macabre série. On trouve dans ce récit une sorte de fantastique rural qu’on a déjà rencontré dans nos lectures chez André Dhôtel, chez Claude Daubercies, me semble-t-il, et chez Michel Arrivé (L’Homme qui achetait les rêves). L’œuvre de Maurice Pons mérite sans doute une visite plus approfondie.
VENDREDI.
Epinal – Châtel-Nomexy (et retour). Stephen King, Revival, Albin Michel, 2015.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Calembour franco-batave à Monthureux-sur-Saône (Vosges), photo de l’auteur, 9 novembre 2014.
SAMEDI.
Films vus. Zodiac (David Fincher, E.-U., 2007)
Blague dans le coin (Maurice Labro, France, 1963)
Toute première fois (Maxime Govare et Noémie Saglio, France, 2015)
L’Ordre et la Morale (Mathieu Kassovitz, France, 2011)
Shérif Jackson (Sweetwater, Logan Miller, E.-U., 2013)
Comme un homme (Safy Nebbou, Luxembourg – Belgique – France, 2012).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Epinal (Vosges), photo de Lucie Didion, 19 juin 2010 / Lesparre-Médoc (Gironde), photo de Sylvie Mura, 4 août 2008
Poil et plume. “Je me souviens du jour où Georges, revenant du coiffeur, nous apparut chez Paul Fournel, à notre surprise un peu indignée, la barbe réduite à un bouc et son ample chevelure considérablement diminuée, et de son aveu qu’il n’avait su résister aux audaces du perruquier, puis de son retour parmi nous, quelques semaines plus tard, déjà en passe de retrouver sa tête, et de notre soulagement.” (Noël Arnaud, “À Georges Perec”, Bibliothèque oulipienne n° 23)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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