31 mai 2020 – 884

MARDI.
            Lecture. Biribi, discipline militaire (Georges Darien, Alfred Savine éditeur, 1890 pour l’édition originale, rééd. Omnibus, “Voleurs !”, 2005; 1384 p., 25 €).
                          Dans son étude sur Biribi, “l’archipel punitif de l’armée française”, Dominique Kalifa réserve une bonne place au roman de Georges Darien. Il faut dire que celui-ci est une source fiable : Darien a passé trente-trois mois dans les camps disciplinaires de l’armée en Afrique du Nord et il sait de quoi il parle : la chaleur, la soif, la faim, l’injustice, l’homosexualité, la violence et la cruauté des chaouchs, les sous-officiers chargés de l’encadrement. À ce sujet, Darien ajoute une précision que je ne me rappelle pas avoir lue chez Kalifa : parmi les chaouchs qu’il a côtoyés et subis, “les neuf dixièmes sont des Corses.” Ce qui donne lieu à des développements qui laissent à penser que Georges Darien, une fois libéré et publié, a dû éviter soigneusement de se rendre en villégiature sur l’Île de Beauté, chez “les Corses, cette race immonde qui n’a jamais su choisir qu’entre le couteau du bandit et le sabre du garde-chiourme.”
MERCREDI.
                  Éphéméride. Lundi 27 [mai 1918]
Le matin, au beau soleil, un gentil pinson s’est perché sur une branche tout près de ma fenêtre et s’égosille à crier, en regardant dans ma chambre. Edmond m’appelle pour que je vienne le voir et l’entendre : “Qu’est-ce qu’il a à jaspiner comme ça, ce petit, dit-il. Vous savez que ça annonce une grande nouvelle, quand les pinsons viennent vous parler comme ça…”
La grande et terrible nouvelle, en effet, elle arrive une demi-heure après : l’offensive allemande est commencée au petit jour; elle est triomphante et foudroyante. Ils approchent, bousculant tout sur leur passage. Notre État-Major va se replier, aller qui sait où ? Et moi, qui n’ai plus de force et me tiens à peine, où irai-je faire tête ?” (Pierre Loti, Soldats bleus : Journal intime 1914-1918)
VENDREDI.
                 Le cabinet de curiosités du notulographe. Boîtes aux lettres sécurisées, photos de l’auteur.

884 (2)-min 884-min

Le Donzeil (Creuse), 27 décembre 2017 / Anost (Saône-et-Loire), 12 avril 2019
SAMEDI.
              Films vus. Varda par Agnès (Didier Rouget & Agnès Varda, France, 2019)
                               La Vie à l’envers (Alain Jessua, France, 1964)
                               Deburau (Sacha Guitry, France, 1951)
                               Gone Girl (David Fincher, , É.-U., 2014)
                               Le Grand Silence (Il grande silenzio, Sergio Corbucci, Italie – France, 1968)
                               Entre onze heures et minuit (Henri Decoin, France, 1949)
                               En guerre (Stéphane Brizé, France, 2018).
                              
              L’Invent’Hair perd ses poils.
884 (1)-min 884 (3)-min
Paris (Seine), rue Parrot, photo de Pierre Cohen-Hadria, 23 juillet 2011 / La Carneille (Orne), photo du même, 22 septembre 2016
IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 17 février 2019. 68 km. (36 493 km).
884 (6)-min
2 179 habitants
   Le monument, surmonté d’un coq, est adossé à un mur en arc-de-cercle, derrière l’église. Saint-Amé est le pays du granit et il y en a partout, même les obus enchaînés sont faits de cette pierre. Un parterre et une boule de buis, quatre hampes à drapeau, plusieurs plaques commémoratives et une stèle “Aux combattants d’Afrique du Nord 1952-1962” ornent l’ensemble. La base de la colonne porte une Croix de Guerre de grande taille, le fût une palme.
884 (5)-min
Aux enfants de Saint-Amé
1914-1918
Morts pour la France
   Droite :
24 noms sur deux colonnes d’ALEXANDRE Oscar à GRANDGUILLAUME Angeli
   Gauche :
24 noms sur deux colonnes de GEORGES Auguste à THIRIET Félicien
   48 noms pour une ville de cette taille, c’est peu, trop peu. Dans l’église ouverte, la plaque commémorative en comporte environ le double. Il est possible que des hameaux environnants, appartenant à la commune de Saint-Amé, possèdent leur propre monument.
884 (4)-min
              Poil et plume.
884-min
Legros, L’Art de la coëffure des dames françoises
Bon dimanche,
Philippe DIDION

24 mai 2020 – 883

DIMANCHE.
                    The Call of the Wild. Retrouvailles avec le grand air à Saint-Jean-du-Marché. Sieste dans l’herbe, promenade kantienne et identification d’un Cercope commun. Au diable les livres !
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Dimanche 20 mai [1945]
Marché de la place des Fêtes. Courses. Arrivé chez moi à 11 h 1/2 : le gardien du square, qui m’avait dit qu’il arrangerait ma serrure, n’a rien fait, et je ne peux toujours pas entrer. Arès 5 minutes de fureur, je prends mon parti. Tous les serruriers étant fermés aujourd’hui et demain, je vivrai çà et là. Déjeuner chez Arlette. Baisé. Tenté d’aller au cinéma, mais trop de monde. Dîné à l’Alsacienne avec Geneviève et Arlette. Allé coucher chez les Faure. Belote.” (Jacques Lemarchand, Journal 1944-1952)
VENDREDI.
                  Lecture. Chambre 413 (The Smiling Man, Joseph Knox, Doubleday, 2018 pour l’édition originale, Éditions du Masque, 2019 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Fabienne Gondrand; 416 p., 21,50 €).
                                Peu de lecture cette semaine partagée entre travail à distance et chasse aux papillons. Pour la première partie, je continue à préparer et à envoyer des cours dont j’ignore s’ils sont lus ou même reçus, et prends connaissance avec amusement des manœuvres éléphantesques entreprises par la direction pour que tous les élèves obtiennent leur brevet – ce qui ne me dérange pas le moins du monde. Pour la seconde, j’arpente bois et guérets, heureux de constater que je retrouve, après des semaines d’avachissement béat, la cuisse galbée, la fesse ferme et le mollet rond (de Ravel) qui font mon ordinaire. Je serai quand même arrivé au bout de ce polar très tordu, dont l’auteur mérite une certaine attention. Il y a là un personnage complexe, un flic de Manchester au passé douloureux, et une écriture inventive qui trouvera toute sa puissance quand elle sera mise au service d’une intrigue plus resserrée.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Perles de cabinet.

883-min 883-min

Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), photo de Michèle Pambrun, 10 janvier 2017 / Rochefort-en-Terre (Morbihan), photo d’Élisabeth Nicole, 24 septembre 2018
SAMEDI.
              Films vus. Cuisine américaine (Jean-Yves Pitoun, France, 1998)
                               Cette sacrée gamine (Michel Boisrond, France, 1956)
                               Armaguedon (Alain Jessua, France – Italie – Belgique, 1977)
                               La Ch’tite Famille (Dany Boon, France, 2018)
                               Rocky II (Sylvester Stallone, É.-U., 1979)
                               I Want to Go Home (Alain Resnais, France, 1989)
                               Le Zèbre (Jean Poiret, France, 1992).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
883 (2)-min
883 (1)-min 
Paris (Seine), boulevard Diderot, photo de Pierre Cohen-Hadria, 23 juillet 2011 / Montgeron (Essonne), photo de Jean-Damien Poncet, 25 avril 2016
              Poil et plume.
883 (3)-min
Bon dimanche,
Philippe DIDION

17 mai 2020 – 882

LUNDI.
           Levée d’écrou. Nous y voilà, la porte s’entrouvre et nous nous voyons offrir quelques mètres de laisse. Ce serait mentir de dire que j’attendais ce moment avec impatience : j’aurai vécu ces semaines de réclusion sans aucune difficulté, et même avec plaisir. Un plaisir égoïste, bien sûr, un plaisir de privilégié mais un plaisir réel. Il y a d’abord cette situation, que je n’aurais pu imaginer dans mes rêves les plus fous : interdiction d’aller à l’école. Un de mes plus vieux souvenirs scolaires, le plus marquant peut-être, reste celui du jour de novembre 1970 où l’on décida de fermer les écoles : le général de Gaulle était mort. Depuis, je n’ai jamais vu la neige tomber sans prier pour qu’elle s’amasse à un point tel que les routes soient bloquées et les écoles hors d’atteinte, j’ai rêvé d’inondations, de typhons, de maelströms, de tremblements de terre et voilà que l’ordre tombe : vous ne bougez plus, vous faites ce que vous pouvez chez vous, on vous envoie vos sous quand même. Incroyable. Il y a ensuite la douceur des jours passés à bossoter le matin sur l’ordinateur, à ligoter l’après-midi au soleil sur les toits. Plus de bruit, plus de train à attendre, plus de journées de boulot interminables mais des siestes d’airain, des grasses matinées jusqu’à des sept heures passées. Cependant, il y a un bémol : la vitesse à laquelle ces journées auront passé. L’impression que ce confinement a commencé avant-hier et qu’il fut aussi rapide qu’une descente de toboggan. Les années à venir passeront sans doute aussi vite et le fait est que ça fait un peu peur. En attendant, l’expérience aura au moins permis de constater que l’enseignement à distance atteignait vite ses limites et que la bonne vieille école, “en présentiel” comme disent les ânes, était tout de même le système le moins inégalitaire qui soit. Restent les questions existentielles auxquelles il va falloir répondre cette semaine : Est-ce que je sais encore conduire, et où ai-je bien pu garer l’auto ?
MARDI.
            Lecture. Personne inconnue (Persons Unknown, Susie Steiner, 2017 pour l’édition originale, Les Arènes, coll. Equinox, 2019 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Yoko Lacour; 476 p., 20 €).
                          Tradition anglo-saxonne oblige, le livre contient une pleine page de remerciements adressés tous azimuts. Comme c’est une histoire policière, Susan Steiner remercie un sergent-détective, comme il y a des implications judiciaires, elle remercie deux avocats, un personnage exerçant le métier d’infirmière, elle remercie quelqu’un qui appartient à ce milieu professionnel, et puis un spécialiste du blanchiment d’argent, et un autre versé dans les mœurs entrepreneuriales de la City et ainsi de suite. Tous ces pare-feu sont destinés à donner de la vraisemblance au récit et chacun est sans doute pertinent. C’est le mélange qui ne va pas, l’abondance des sujets abordés qui aboutit au paradoxe suivant : bardée de conseils d’experts, Susie Steiner a réussi l’exploit de bâtir une histoire totalement invraisemblable.
MERCREDI.
                  Éphéméride. 13 mai [1932]
Je vais à la poste. Le nouveau captain, m’apercevant, me hèle pour les drinks. J’y vais. Il les prend avec son subordonné, l’officier égyptien à tête de Chinois, déjà assez ému. Disques de phonographe. Lotte Schoene, Élisabeth Schumann. Mistinguett, qu’on vénère en tant que sixty years old lady chantant si bien… Vieux disques anglais qui me font plaisir. Tous les drapeaux du Soudan anglo-égyptien ont été mis en berne, eu égard à notre président. Dans notre conversation, le captain me fait remarquer que je ne dois pas être tellement bien accointé avec l’armée française. J’en suis vexé comme s’il me reprochait de ne pas appartenir à telle société secrète…” (Michel Leiris, L’Afrique fantôme)
JEUDI.
          Lecture. L’Appel du monde sauvage (The Call of the Wild, Jack London, McMillan, 1903 pour l’édition originale, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 615, “Romans, récits et nouvelles I”, 2016 pour la traduction française, traduit de l’américain par Marc Amfreville & Antoine Cazé; 1482 p., 62,50 €).
                        Vous avez des travaux d’intérieur à faire chez vous. Vous faites venir, mettons, un plombier. Il jette un œil morne sur l’installation et laisse tomber, méprisant : “Mais qui c’est qui vous a fait ça ? Regardez, non mais c’est ni fait ni à faire, jamais vu ça de ma vie, etc.” Quand il a terminé, arrive le carreleur qui va râler après les tuyaux du plombier foutus n’importe comment, puis l’électricien qui trouvera lui aussi à redire sur les travaux de ses prédécesseurs, et ainsi de suite. Solidarité sainte de l’artisanat. Que l’on retrouve chez les traducteurs : dès qu’un membre de cette corporation s’attaque à remodeler un classique, il va trouver le boulot de ses devanciers incomplet, fautif, vieillot, bon à jeter. Voyons ici ce que le couple de la Pléiade pense du travail de la comtesse de Galard, paru chez l’éditeur Félix Juven en 1906 : “non-respect des chapitres de l‘original, nombreuses suppressions, réarrangements de scènes, sans compter une cruelle absence de documentation qui conduit à des contresens fâcheux” et on en passe. Le traducteur est un plombier ronchon. Sans doute ici avec raison. N’empêche qu’on aimait bien le titre, L’Appel de la forêt, il était peut-être fautif, mais plus évocateur que celui choisi pour cette nouvelle version.
VENDREDI.
                  Lecture. Géographie de Sherlock Holmes (Xavier Mauméjean & André-François Ruaud, Les Moutons électriques, coll. La Bibliothèque rouge 2011; 124 p., 23 €).
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Quand le bâtiment va…

882 (1)-min 882 (2)-min

Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), photo de l’auteur, 3 mars 2018 / Gatineau (Québec), photo de Jean Savard, 18 novembre 2019
SAMEDI.
              Lecture. Journal d’un homme sans importance (The Diary of a Nobody, George & Weedon Grossmith, J.W. Arrowsmith Ltd., 1892 pour l’édition originale, Noir sur Blanc, coll. La Bibliothèque de Dimitri, 2019 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Gérard Joulié; 228 p., 22 €).
              Films vus. La Fête à Henriette (Julien Duvivier, France, 1952)
                               L’Entourloupe (Gérard Pirès, France, 1980)
                               Belles familles (Jean-Paul Rappeneau, France, 2015)
                               Benny’s Video (Michael Haneke, Autriche – Suisse, 1992)
                               Jericho (Henri Calef, France, 1946)
                               Rocky (John G. Avildsen, É.-U., 1976)
                               L’Œil du malin (Claude Chabrol, France – Italie, 1962).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
882 (3)-min 882 (4)-min
Paris (Seine), avenue Simon-Bolivar, photo de Pierre Cohen-Hadria, 17 juillet 2011 / Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de Michèle Henné, 1er juin 2015
              Poil et plume. Faut d’abord que j’me fasse gratter la couenne. On va aller à l’École de coiffure.
Nous sommes allés tous les deux nous faire couper les tiffs. Quand le merlan m’a demandé comment j’voulais les pattes, je lui ai dit de me les laisser longues. Si j’avais pu, je me serais bien laissé pousser des bacchantes mais la matière première manquait encore.” (Martin L. Weiss, Dans du coton)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
                              

 

10 mai 2020 – 881

DIMANCHE.

Lecture. Tout le monde sont là ! (Hail, Hail, the Gang’s All Here !, Ed McBain, 1971 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 1478, 1972 pour la traduction française, rééd. in “87e District 4”, Omnibus, 1999, traduction de l’américain par M. Charvet, revue et augmentée par Pierre de Laubier; 1042 p., 145 F).

Tout au long de la série consacrée au 87e District, Ed McBain a cherché à innover, à faire en sorte qu’aucun titre ne ressemble à un autre malgré la permanence d’un cadre unique sur le plan géographique et humain. Un roman peut être centré sur une affaire précise intéressant plusieurs enquêteurs, sur un policier occupé sur plusieurs affaires menées de front. Ici, Ed McBain a choisi de mêler les deux procédés : il présente tous les flics du commissariat et toutes les affaires qu’ils ont à résoudre sur une période de vingt-quatre heures. Le livre est divisé en deux parties, équipe de jour, équipe de nuit. Les policiers, qui opèrent en binôme ou en solo, se trouvent confrontés à des dizaines d’affaires (incendie, meurtre, disparition, agression sexuelle, braquage…) que l’auteur présente en montage parallèle. Bien sûr, elles sont rapidement menées, ne bénéficient pas de longs développements ou rebondissements mais la prouesse tient au fait qu’elles ne créent pas de confusion chez le lecteur : de l’écheveau qu’il a créé, Ed McBain sait tirer le fil qu’il faut au moment voulu sans faire de nœud. C’est du grand art.

LUNDI.

Lecture. California Dreamin’ (Pénélope Bagieu, Gallimard, 2015; 280 p., 24 €).

Comme les filles sont occupées à réviser et à passer leurs examens à distance, je peux piquer leurs bouquins. Cette biographie illustrée de Cass Elliot, chanteuse du groupe The Mamas and the Papas, par exemple. Ça me permet d’élargir un peu mes lectures et de découvrir Pénélope Bagieu, qui a rencontré un beau succès avec Culottées, une série de portraits féminins en tête desquels on trouve notre compatriote Clémentine Delait.

MARDI.

Lecture. Sa dernière enquête (Tough Cop, John Roeburt, 1949, Ferenczi, coll. Le Fantôme n° 5, 1953 pour la traduction française, rééd. Librairie des Champs-Élysées, coll. Club des Masques n° 418, 1980, traduit de l’américain par Josette Augé; 192 p., s.p.m.).

Fade trouvaille de boîte à livres, ce polar fut d’abord traduit sous le titre Il faut les choisir tendres… Toute une époque…

MERCREDI.

Éphéméride.Mercredi 6 mai. – Marie Dormoy me racontait dimanche, sur Valéry, à propos des fonctions qu’il a, à l’exposition : “Il arrive chaque matin, très ponctuellement à son bureau, où il n’a, absolument rien à faire. Il s’assied devant son bureau, reste là. Il doit s’ennuyer à ce point qu’à chaque nouvel arrivant : architecte, employé – lui est toujours là, le premier, – il se lève et va au-devant de lui, pour lui serrer la main, échanger quelques mots. Après quoi, il revient s’asseoir. L’heure du départ arrivée, il fait le tour du personnel, disant au revoir à chacun. L’académicien, chef de bureau.” (Paul Léautaud, Journal particulier 1936)

Lecture. Un certain sourire (Françoise Sagan, Julliard, 1956, rééd. in “Œuvres”, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2019; 1494 p., 30 €).

Deuxième roman de Sagan, deuxième volet d’une œuvre qui ressemble pour l’instant au récit d’une éducation sentimentale. Pas celle de Flaubert, trop virile, trop abrupte, c’est plutôt dans le sillage de Proust, qu’elle a lu et bien lu, que Sagan s’inscrit avec sa volonté de fouiller au plus profond la psychologie de sa narratrice. Proust est d’ailleurs cité mais on ne peut pas dire que c’est par snobisme littéraire : la seule autre œuvre mentionnée est La Famille Fenouillard.

JEUDI.

Lecture. 6 – 1 = 6 (Boileau-Narcejac, 1965, rééd. in « Quarante ans de suspense » vol. 2, Robert Laffont, coll. Bouquins, édition établie par Francis Lacassin, 1988; 1314 p., 120 F).

Nouvelle parue pour la première fois dans le n° 772 (avril 1965) de… Modes et Travaux.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Aperçu d’une collection de bains-douches.

881 (1)-min 881 (3)-min

   Guéret (Creuse), photo de l’auteur, 27 juillet 2018 / Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo d’Alice Didion, 5 novembre 2018

SAMEDI.

Lecture. Moi, ce que j’aime, c’est les monstres : Livre premier (My Favorite Thing Is Monsters, Volume 1, Emil Ferris, Fantagraphic Books, 2016 pour l’édition originale, Monsieur Toussaint Louverture, 2018 pour la traduction française, traduit de l’américain par Jean-Charles Khalifa; 416 p., 34,90 €).

Films vus. Le Pont du Nord (Jacques Rivette, France, 1981)

Voyez comme on danse (Michel Blanc, France, 2018)

L’Éternité et un jour (Mia aioniotita kai mia mera, Theodoros Angelopoulos, France – Italie – Grèce – Allemagne, 1998)

Slogan (Pierre Grimblat, France, 1969)

Sale rêveur (Jean-Marie Périer, France, 1978)

La Monnaie de leur pièce (Anne Le Ny, France, 2018)

Fatale (Damage, Louis Malle, R.-U. – France, 1992).

  L’Invent’Hair perd ses poils.

881 (2)-min 881 (4)-min

  Paris (Seine), rue des Pyrénées, photo de Pierre Cohen-Hadria, 17 juillet 2011 / Dubaï (Émirats arabes unis), photo de Francis Pierre, 3 juillet 2018

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 14 février 2019. 81 km. (36 425 km).

881 (7)-min

3 458 habitants

   Premier exemple – sauf défaut de mémoire – de monument en couleurs, grâce à la mosaïque qui le décore, représentation d’une femme en lévitation verticale au-dessus d’un cimetière. L’œuvre est signée J & H MAUMÉJEAN, mosaïstes – Paris. De l’autre côté, une autre signature : Ch. HINDERMEYER Architecte / Clément SERVEAU Peintre. Les quatre bornes rondes qui encadrent l’ensemble sont aussi décorées de mosaïques, comme les sommets des trois autres faces du monument sur lesquelles sont représentés des objets : des obus, un casque, une pelle.

881 (6)-min

1914-1919

À nos enfants

Morts pour la France

   Droite :

1914

17 noms d’AUGENOT Léon à REMY René

1915

50 noms d’ANDREUX Marcel E. à LAMBOLEZ Alexandre

1939 – 1945

Morts au champ d’honneur

18 noms de CROTTA André à TISSERAND Gilbert

AFN

1954 – 1962

METTEY Marcel

   Dos :

1915

33 noms de LAMBOLEZ Émilien à VELGER Émile

1916

36 noms d’ANTOINE Georges à VALVIN Nicolas

1939- 1945

Victimes civiles

19 noms de BAUDOIN Maurice à MUNIER née CREUSOT Alice

   Gauche :

1917

22 noms de BLAISON Félicien à VUILLEMARD Émile

1918

33 noms de BEGEY Armand à VAXELAIRE Ernest

1919

BAZIN Frédéric – DIDIERLAURENT Robert

1939- 1945

Victimes de captivité (Prisonniers Déportés et Requis)

14 noms de BONTEMPS Roger à ROLLOT Gaston

AFN

METTEY Marcel

INDOCHINE 1945 – 1954

6 noms de CLÉMENT à LAMBOLEY Pierre

    L’église est ouverte et renferme un souvenir patriotique.

881 (5)-min

              Poil et pellicule. 

881-min

Un beau jour (One Fine Day, Michael Hoffman, É-U, 1996)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

 

 

3 mai 2020- 880

 DIMANCHE.

                   Lecture. Rémi des Rauches (Maurice Genevoix, Flammarion, 1922, rééd. in “Romans, récits et contes”, Omnibus/Plon, 1995; 1184 p., 150 F).
                                 On trouve dans ce roman ce qu’on peut attendre de Genevoix quand on ne connaît, c’est mon cas, que l’image de l’auteur, celle du gentleman farmer popularisée par ses apparitions télévisée : un goût profond pour la nature, des personnages humbles et proches de celle-ci, une langue soignée, un vocabulaire extrêmement précis au service de descriptions développées. Cela suffirait à en justifier la lecture, à penser qu’on n’a pas perdu son temps à comparer l’image et le reflet. Mais il y a plus, dans Rémi des Rauches. Comme Maupassant dans ses nouvelles rurales, Genevoix ne se contente pas de la peinture d’un milieu, il lui ajoute un véritable scénario qui rend la lecture d’autant plus plaisante. Ainsi, l’existence de Rémi, tout d’abord entièrement tournée vers son métier de tonnelier et son activité de pêcheur de Loire, s’enrichit d’une aventure sentimentale qui ouvre des perspectives inattendues en créant une véritable intrigue, sans oublier une dimension sociale avec l’opposition entre le travail de l’artisan et l’apparition des fabriques qui transforment celui-ci et le dévalorisent.
LUNDI.
           Lecture. Le Fou de Bergerac (Georges Simenon, Arthème Fayard, 1932, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret” IV; 528 p., s.p.m.).
                         “Lui qui éprouvait une telle volupté à aller renifler des atmosphères !” Oui, lui, Maigret, le roi de l’imprégnation, de la déambulation bonhomme, le voilà coincé dans une chambre d’hôtel de Bergerac après avoir reçu une balle dans l’épaule. Obligé d’enquêter depuis son lit de douleur, de courir sur place après un tueur en série. Heureusement, Madame Maigret est venue à son chevet et endosse le rôle d’auxiliaire de police, en plus de celui, habituel, d’épouse dévouée. Le succès sera au rendez-vous, l’enquête résolue. Les vertus du confinement, l’efficacité du travail à distance ? Voyez Simenon, 1932.
           Bestiolaire domestique. Identification d’une Coccinelle à vingt-deux points. Difficiles à compter sur une bestiole de 5 millimètres.
MARDI.
            Lecture. Le Vieux qui lisait des romans d’amour (Un viejo que lela novelas del amor, Luis Sepúlveda, 1989 pour l’édition originale, Métailié, 1992 pour la traduction française, rééd. coll. Suites n° 90, 2004, traduit de l’espagnol par François Maspero; 144 p., 9 €).
                          
MERCREDI.
                 Éphéméride. “Dimanche, 29 avril [1934].
Belle journée avec une ondée vers 11 h p.m. Toute consacrée à Laeta, ou presque toute. A.M. : courrier, puis je la conduis à Notre-Dame; dans la nef jusqu’après la communion, puis aux tribunes d’où elle a vu le défilé du clergé (un évêque avec crosse et mitre en tête, beaucoup de chanoines, ornements somptueux et le chœur). Elle a été dûment impressionnée, mais plutôt par les couleurs que par les sons. Rentrés à pied par le jardin, les quais, la rue de Poissy, la rue Monge, faisant de petits achats.” (Valery Larbaud, Journal)
                 Bestiolaire domestique. Identification d’un Anthrène du bouillon blanc. Faute de pouvoir courir après les papillons, on se contente de ce qui entre par la fenêtre.
JEUDI.
           Lecture/Écriture. Mots croisés 3 (Robert Scipion, Zulma, coll. Grain d’orage, 2006; 144 p., 9,50 €).
VENDREDI.
                  Lecture. Le Cri du hibou (The Cry of the Owl, Patricia Highsmith, Harper & Row, 1962 pour l’édition originale, Calmann-Lévy, 1964 pour la traduction française, traduit de l’américain par Marianne Gallet, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche Thrillers n° 4426, 1991; 384 p., s.p.m.).
Le cabinet de curiosités du notulographe. Baignoires champêtres.

880-min 880 (2)-min

Certilleux (Vosges), 24 décembre 2017 / Anost (Saône-et-Loire), 12 avril 2019, photos de l’auteur

 

SAMEDI.
              Lecture. Cuaderno San Martín (Jorge Luis Borges, 1929 pour l’édition originale, Gallimard, in « Œuvres complètes I », Bibliothèque de la Pléiade n° 400, 2010, traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Bernès et Nestor Ibarra; 1766 p., 68,50 €).
                            On retiendra de ces poèmes célébrant Buenos Aires l’image des croix dressées dans un cimetière, “pièces noires d’un final échiquier.”
                            Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 21 (15 septembre 2018, 80 p., 15 €).
                            “Calendriers”
              Films vus. Jusqu’ici tout va bien (Mohamed Hamidi, France – Belgique, 2019)
                               Symphonie pour un massacre (Jacques Deray, France – Italie, 1963)
                               Les Fauves (Vincent Mariette, France, 2018)
                               Les Fleurs de Shanghai (Hai shang hua, Hou Hsiao-Hsien, Taïwan – Japon, 1998)
                               Au petit Marguery (Laurent Bénégui, France, 1995)
                               Antoine et Sébastien (Jean-Marie Périer, France – Italie, 1974)
                               La Mort de Belle (Édouard Molinaro, France 1961).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Paris (Seine), boulevard de Sébastopol, photo de Pierre Cohen-Hadria, 17 juillet 2011 / Saint-Mihiel (Meuse), photo de Régis Conraud, 11 juillet 2015
              Poil et pellicule. 
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Ils sont partout (Yvan Attal, France – Belgique, 2016)
Bon dimanche,
Philippe DIDION