MARDI.
Lecture. Autour d’un clocher : Mœurs rurales (Henry Fèvre et Louis Desprez, Kistermaeckers, 1884, rééd. Mont Analogue Editeur, 1992; 300 p., 130 F).
Ils ont vingt ans à peine, ils viennent tous deux de Chaumont où ils ont été pris de la fièvre naturaliste. En 1881, Henry Fèvre et Louis Desprez montent à Paris où ils rencontrent leurs maîtres, Daudet, Zola, Goncourt, Huysmans peut-être. Très vite leur vient l’idée d’un roman à quatre mains ayant pour cadre la province dont ils sont issus. La vie d’un village champenois, Vicq, où l’arrivée d’une institutrice bien en chair met les sens du curé local en ébullition. Une liaison scandaleuse en résulte dont le modèle, nous disent les responsables de cette édition, a été pêché dans un village des Vosges, Happoncourt. Autour de ce couple gravite la population locale, cabaretier, docteur, paysans, toute une galerie dont aucun membre ne sort intact du traitement infligé par le duo d’écrivains : ce ne sont que trognes tordues, corps bancroches, esprits retors conduit par la jalousie, la médisance, l’appât du gain. L’écriture est enlevée, rapidement plaisante au bout de quelques pages de mise en route, et rend hommage aux maîtres : on n’est pas loin du pastiche de Zola ou de Flaubert dans quelques scènes traitées comme des morceaux de bravoure. C’est peut-être du naturalisme de seconde division mais c’est un bon roman, vivant, drôle, qui fut cependant refusé par Stock, un peu effrayé par la crudité de certains passages. Les jeunes gens se tournent alors vers Bruxelles où Kistermaeckers, l’éditeur de Maupassant et de Huysmans, consent à publier. Un procès s’ensuit. Desprez accepte d’endosser seul la paternité de l’ouvrage pour protéger son ami, encore mineur. La cour d’assises de la Seine le condamne à mille francs d’amende et à un mois de prison. Outrage aux bonnes mœurs. “Cet estropié de Desprez, l’auteur du livre Autour d’un clocher, qui va faire son mois de prison demain avec ses béquilles, sa pauvre figure anémique, son toupet en escalade, me semble, en chair et en os, le bois de Tony Johannot détaché de la couverture de son Diable boiteux” écrit Goncourt dans son Journal. De santé fragile, Desprez ne se remettra pas de son séjour à Sainte-Pélagie et mourra en décembre 1885, dix-huit mois après la parution du livre. Goncourt, toujours : “Desprez, cet enfant, cet écrivain de vingt-trois ans, vient de mourir de son enfermement avec des voleurs, des escarpes, de par le bon plaisir de M. Camescasse, lui, un condamné littéraire ! On ne rencontre pas le fait d’un assassinat comme celui-ci sous l’Ancien Régime, ni sous les deux Napoléon.” Il fut un temps où la littérature était un sport dangereux.
MERCREDI.
Lecture. Comment les grands de ce monde se promènent en bateau (Mélanie Sadler, Flammarion, 2015; 152 p., 16 €).
Roman sélectionné pour le Prix René-Fallet 2016.
VENDREDI.
Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Michel Lallement, Histoire des idées sociologiques : des origines à Weber, Armand Colin, 2012.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Listes de courses ramassées par l’auteur.
Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), 3 mai 2014 / Monoprix Epinal (Vosges), 17 avril 2015
SAMEDI.
Films vus. Le huitième jour (Jaco Van Dormael, Belgique – France – R.-U., 1996)
Opération jupons (Operation Petticoat, Blake Edwards, E.-U., 1959)
The American (Anton Corbijn, E.-U. – R.-U., 2010)
Alléluia (Fabrice Du Welz, Belgique – France, 2014)
Frigo à l’électric hôtel (The Electric House, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1922)
Malec chez les fantômes (The Haunted House, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1921)
Le Crime de Malec (The Goat, Buster Keaton & Malcolm St. Clair, E.-U., 1921)
Malec chez les indiens (The Paleface, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1922)
Frigo fregoli (The Play House, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1921)
Frigo déménageur (Cops, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1922)
La Maison démontable (One Week, Edward F. Cline & Buster Keaton, E.-U., 1920)
L’Affaire SK1 (Frédéric Tellier, France, 2014)
Cabaret (Bob Fosse, E.-U., 1972).
Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 2900 salons, atteint le 27 février 2016.
Bilan géographique.
Classement général par pays.
- France : 2515 (+ 81)
- Espagne : 123 (+ 9)
- Royaume-Uni : 47 (=)
- Etats-Unis : 29 (=)
- Belgique : 22 (+ 3)
- Portugal : 20 (=)
- Suisse : 17 (+ 5)
“. Canada : 17 (=)
- Italie : 15 (+ 1)
- République tchèque : 13 (=)
L’Allemagne disparaît des sommets, la Suisse gagne trois places et la Belgique repasse devant le Portugal.
Classement général par régions (France).
- Rhône-Alpes : 500 (+ 19)
- Île-de-France : 352 (+ 11)
- Languedoc-Roussillon : 216 (+ 16)
- Lorraine : 200 (+ 3)
- Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 179 (+ 1)
- Midi-Pyrénées : 168 (+ 1)
- Bourgogne : 109 (+ 6)
- Bretagne : 98 (+ 1)
- Pays de la Loire : 96 (+ 1)
- Centre : 82 (+ 8)
Aucun changement à signaler en tête.
Classement général par départements (France).
- Seine (Paris) : 277 (+ 8)
- Rhône : 257 (+ 14)
- Vosges : 127 (+ 3)
- Loire : 78 (=)
- Pyrénées-Orientales : 75 (+ 8)
- Loire-Atlantique : 74 (+ 1)
- Saône-et-Loire : 68 (+ 3)
- Alpes-Maritimes : 67 (=)
- Meurthe-et-Moselle : 56 (=)
- Hérault 51 (+ 7)
Le Lot quitte le top 10 où les Pyrénées-Orientales et la Saône-et-Loire dépassent les Alpes-Maritimes. Plus bas, l’Indre passe de la 47e à la 35e place grâce à un apport de 6 salons. Si l’on accepte de joindre les territoires aux départements, on notera l’entrée spectaculaire de la Nouvelle-Calédonie dans le classement (73e) avec 9 salons d’un coup (de ciseaux).
Classement général par communes.
- Paris : 277 (+ 8)
- Lyon : 118 (+ 7)
- Barcelone : 53 (+ 5)
- Nantes : 49 (=)
- Nice : 33 (=)
- Epinal : 32 (=)
- Nancy : 30 (=)
- Villeurbanne 21 (+ 2)
- Roanne : 17 (=)
“. Perpignan : 17 (=)
“. Strasbourg : 17 (+ 4)
Barcelone chasse Nantes du podium. Les salons néo-calédoniens mentionnés ci-dessus proviennent tous de Nouméa, ce qui permet à cette ville d’intégrer le classement à la 22e place. Bâle fait aussi son entrée avec 4 salons, tout comme, à un rang plus modeste, d’autres belles prises européennes : Utrecht, Gand et Ostende. 1199 communes possèdent aujourd’hui le label “Figure dans l’Invent’Hair”.
Bilan humain.
- Marc-Gabriel Malfant : 1134 (+ 40)
- Philippe Didion : 280 (+ 6)
- Pierre Cohen-Hadria : 210 (+ 2)
- François Golfier : 128 (+ 1)
- Jean-Christophe Soum-Fontez : 110 (+ 5)
- Hervé Bertin : 82 (+ 1)
- Benoît Howson : 65 (=)
- Christophe Hubert 58 (+ 1)
- Sylvie Mura : 57 (=)
- Bernard Cattin : 49 (+ 9)
Bernard Cattin monte à la dixième place. Avec les 9 photos de Nouméa dont il est l’auteur, Victorio Palmas (16), passe de la 33e à la 22e position.
Etude de cas. On vient de le constater, la dimension statistique de notre chantier donne régulièrement lieu à une avalanche de chiffres pas toujours digeste pour les notuliens. Pour remédier à un éventuel malaise, nous allons prendre le problème à la base et apprendre à compter avec les coiffeurs. Voici donc le premier volet d’un petit précis d’arithmétique capillaire.
Rezé (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 14 octobre 2012 / Cherbourg (Manche), photo de Sibylline, 29 décembre 2013 / Paris (Seine), rue des Taillandiers, photo de Pierre Cohen-Hadria, 8 septembre 2015
Laon (Aisne), photo d’Antoine Fetet, 30 mai 2014 / Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), photo de Marc-Gabriel Malfant, 11 février 2012 / Saint-Laurent-de-Mure (Rhône), photo du même, 5 août 2015
L’Invent’Hair perd ses poils.
Trégunc (Finistère), photo de Francis Henné, 17 juillet 2010 / Port (Ain), photo de Marc-Gabriel Malfant, 4 avril 2011
Poil et plume. ”Dans nos tenues nouvelles, ça n’allait déjà pas si bien. Malgré nos politesses, à l’entrée. Nos salutations aimables et répétées. Notre réserve. (Avant de franchir les portes des employeurs, nous passions le peigne dans nos crinières, en crachant dessus, que ça tienne en pli jusqu’au directeur qui devait nous recevoir. On avait volé un peigne et une glace de poche. Que les pauvres sont donc pauvres ! On aurait fait n’importe quoi de ridicule pour décider un peu la Chance.)” (Louis Calaferte, Partage des vivants)
Joyeuses Pâques,
Philippe DIDION
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