23 février 2020 – 870

DIMANCHE.
                   Lecture. Histoires littéraires n° 73 (Du Lérot éditeur, janvier – février – mars 2018; 176 p., 25 €).
                                 Dossier Flaubert.
                                 Opération Napoléon (Napóleonsskjölin, Arnaldur Indridason, Forlagid, 1999 pour l’édition originale, Métailié, 2015 pour la traduction française, rééd. Points Policier P4430, 2016, traduit à partir de l’édition anglaise par David Fauquemberg; 432 p., 8,10 €).
                                 L’œuvre d’Indridason ne se limite pas à la série Erlendur et c’est une véritable surprise d’en découvrir un aspect caché à partir de ce roman qui date du début de sa carrière. Les enquêtes d’Erlendur ne brillent guère par leur inventivité : la lourdeur du personnage central leur donne un côté statique qui limite les rebondissements et les embardées. On est à mille lieues de cette pesanteur voulue dans Opération Napoléon où l’auteur imagine une histoire trépidante dont l’action se déroule en quatre jours sur un rythme de série télévisée. Elle oppose les services secrets américains, désireux de retrouver un avion nazi enfoui dans un glacier, à une jeune avocate islandaise qui veut à tout prix savoir ce qui se cache dans cet avion. Espionnage, fusillades, torture, courses poursuites, un doigt de romance, tous les ingrédients du thriller sont réunis avec une belle efficacité. Libéré de son personnage emblématique, Indridason se lâche, soucieux de montrer de quoi il est capable. C’est comme si Simenon débarrassait Maigret de son pardessus et l’envoyait dans une aventure à la James Bond.
MARDI.
            Vie sanitaire. Il fait chaud à l’hôpital, on laisse les portes ouvertes. Dans la chambre voisine de celle où je fais ma visite quotidienne, je reconnais l’occupant du lit près de la fenêtre. C’est un homme connu par ici, un boucher de la ville. J’espère qu’il est bien soigné car il fait partie d’une espèce en voie de disparition : il est loin le temps où les boucheries se touchaient presque, le long de la rue de Nancy qui menait aux abattoirs. Déjà, dans sa boutique, il fait l’effet d’un survivant alors ici… Il fait chaud à l’hôpital, le boucher est torse nu sur son lit, on dirait un petit veau. On vient de lui servir un plateau repas qu’il examine avec circonspection. Il y a de quoi, pour quelqu’un dont j’imagine le quotidien alimentaire meublé de tripes fumantes, de grasses andouillettes et d’entrecôtes épaisses. Je lis dans ses pensées. À la ville comme à l’hôpital, mieux vaut faire le boucher que le veau.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “19 février [1985]
Au Français. Bien qu’aphone, je vais donner ma voix au Balcon et à Fin de partie. Je mime le grippé; c’est plus simple. Si ces messieurs-dames sociétaires savaient comme je suis bon comédien, ils m’engageraient ! Pour un rôle muet, bien entendu.” (Mathieu Galey, Journal intégral 1953-1986)
                  Vie politique. “Girancourt accueille le comité interministériel aux ruralités et sept ministres dont le chef du gouvernement Édouard Philippe” (Vosges Matin). L’escouade débarque en fin de matinée, les gendarmes sont sur place depuis le lever du jour pour empêcher toute circulation et présence dans les rues. La ruralité, on veut bien, mais les ruraux, quand même pas. L’opération aura eu tout de même un aspect positif, que j’aimerais voir se renouveler lorsque je me déplace pour l’IPAD :
870-min
photo Vosges Matin, 20 février 2020
JEUDI.
          Brèves de trottoir.
870 (2)-min
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Urbanisme canin.
870 (1)-min 870 (3)-min
Dussen (Pays-Bas), photo de Jean-François Fournié, 7 août 2008 / Le Cannet (Alpes-Maritimes), photo de l’auteur, 22 avril 2013
SAMEDI.
              Films vus. La Fille du puisatier (Marcel Pagnol, France, 1940)
                               Astérix : Le Secret de la potion magique (Alexandre Astier & Louis Clichy, France – Belgique, 2018)
                               Rush (Ron Howard, R.-U. – Allemagne – É.-U., 2013)
                               Gentlemen cambrioleurs (King of Thieves, James Marsh, R.-U., 2018)
                               Birdy (Alan Parker,  É.-U., 1984)
                               Gringo (Nash Edgerton, Australie –  É.-U. – Mexique, 2018)
                               L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot (Serge Bromberg & Ruxandra Medrea, France, 2009).
              Lecture. Critique n° 855-856 (éditions de Minuit, août-septembre 2018; 13,50 €).
                            “Éric Chevillard : Angles d’attaque”
              Football. SA Spinalien – Lille B 1 – 0.
              L’Invent’Hair perd ses poils.
870 (4)-min 870 (5)
Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), photo de Xavier X, 9 juin 2011 / Nyon (Suisse), photo de Juliette Julien, 4 mai 2018
  Poil et plume. “Berdelin rédacteur d’articles philosophiques pour des revues, utilise le prétexte du coiffeur pour aller faire les bouquinistes et échapper à l’autorité de sa femme. Or il tombe ce jour-là sur un artiste capillaire au comportement étrange, qui commence par le passer à la tondeuse avant de devenir complètement fou ! Ainsi méconnaissable, après avoir risqué sa vie, et ayant flâné toute la journée sous cet aspect transformé, il rentre chez lui, où sa femme se laisse reprendre son autorité sous le coup de la stupéfaction.” (André Birabeau, La Barbe et les Cheveux, résumé paru dans Le Rocambole n° 80, automne 2017).
Bon dimanche,
Philippe DIDION

16 février 2020 – 869

MARDI.
            Lecture. Je suis le carnet de Dora Maar (Brigitte Benkemoun, Stock, 2019; 340 p., 21,50 €).
                          Bénéficiant d’une bonne couverture presse, Brigitte Benkemoun a pu raconter en long, en large et en travers les circonstances qui lui ont permis d’entrer en possession du répertoire téléphonique de Dora Maar, datant de 1951. Un hasard qui aurait plu à André Breton, qui figure bien sûr dans ce carnet avec une multitude d’autres célébrités de l’époque. En 1951, Dora Maar n’est plus la compagne de Picasso, elle sort d’une grave dépression, soignée par Lacan, mais elle a gardé le contact avec l’entourage du peintre. Son répertoire est un Bottin artistique, Aragon, Balthus, Cocteau et ainsi de suite, qui va permettre à sa nouvelle propriétaire d’enquêter sur les liens qu’entretenait chacun de ses membres avec “la femme qui pleure”. Une enquête littéraire et artistique passionnante, une fouille minutieuse des journaux, biographies et correspondances de ces personnages. Quel dommage que le récit de cette enquête soit traité d’une façon aussi puérile avec force points d’exclamation, d’interrogation, faux moments de suspense et dialogues reconstitués. Non, Brigitte Benkemoun n’est pas le carnet de Dora Maar, titre cucul s’il en est, elle en est l’inventeuse, car il s’agit bien d’un trésor, et on aurait aimé qu’elle se contente de ce rôle.
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Memento du jeudi 12 février 1852.
Oh ! quel bonheur d’avoir retrouvé G[ustave]. Quelle que soit l’insuffisance de son affection, je m’en tiendrai là. Je l’aime plus qu’aucun et lui-même m’apprécie : puis toutes ces liaisons rompues font du mal et humilient ! […] Villevieille est arrivé, singulier magnétisme ! […] Nous avons ensuite parlé de G[ustave], de son talent, etc. Je refais mon Poème pour le concours; le Philosophe a dit aujourd’hui à ma fille : “Ta maman aura le prix !” Dieu le veuille !” (Louise Colet, Mementos)
                 Obituaire. Je pensais que ça ferait plus de bruit – ça viendra peut-être plus tard – mais c’est par un avis de décès de quelques lignes figurant dans Le Monde du jour que j’apprends la mort de Massin, malheureusement présent dans mon Couic Parade 2020. J’avais lu son Journal en septembre 2015, ce qui avait donné lieu à une notule que je recopie ici :
                                   Journal en désordre : 1945-1995 (Massin, Robert Laffont, 1996; 432 p., prix masqué).
                                   Dans un entretien pour Histoires littéraires, Massin confiait à Jean-Jacques Lefrère et Michel Pierssens que ce journal avait été “une panne commerciale totale. Peut-être qu’il y avait là-dedans trop de complaisance pour moi-même, ou trop de pages ?” Ces propos montrent la lucidité de l’homme car il est vrai que la complaisance affleure lorsqu’il évoque – après avoir consacré une trentaine de pages à la mort de sa femme – ses amours avec des jeunesses, vrai aussi que l’intérêt du lecteur peut s’émousser au fil des pages. Cela dit, c’est un ouvrage précieux par ce que Massin nous révèle sur son métier et sur ses relations avec le milieu littéraire. Directeur artistique chez Gallimard puis chez d’autres éditeurs, il a frayé pendant des années avec le gratin des lettres et en a gardé des souvenirs plus qu’intéressants. Mais on trouve aussi dans ce journal – en désordre, donc sans dates, sans chronologie, écrit, dit-il, au petit bonheur la chance dans le métro, des trains ou des avions  – des considérations sur la musique, qu’il semble connaître de façon approfondie, des lettres reçues (dont une de Céline), des bouts d’agendas, des interviews datant de son passé de journaliste, des souvenirs d’enfance, des considérations sur l’actualité, des aphorismes – pas toujours renversants. Il ne cache pas ses préférences, ses goûts pour Céline, Queneau, Proust, Ionesco, Nimier. On peut d’ailleurs, grâce à l’index, lire ce journal en diagonale en suivant un fil : si l’on prend à la suite les passages consacrés à Proust, par exemple, on lit alors un feuilleton plein de notes et de remarques judicieuses. Sur son travail proprement dit, il revient à plusieurs reprises sur l’importance du blanc : “la typographie est dans les interlignes ou dans les blancs plus que dans la ligne imprimée.” Au fil des pages, on peut faire le compte de tout ce que notre bibliothèque doit à Massin : les Folio bien sûr, les volumes de L’Imaginaire, des albums Pléiade, la collection Poésie de Gallimard, les Cent mille milliards de poèmes de Queneau, les Trois jours avec Joyce de Gisèle Freund, bien d’autres encore sans doute. Enfin, il est à noter que Massin, à l’époque ou les nouvelles technologies commencent à laisser entrevoir un avenir totalement nouveau pour la chose imprimée, ne tient pas du tout un discours alarmiste ou passéiste : “En fait, il y a belle lurette (depuis Le Coup de dés) que la double page d’un livre est prise dans l’acceptation d’un écran. Vous me direz : “Et le plaisir physique, la sensation tactile du livre, dans tout cela ?” La belle affaire ! Est-ce que le papier, il y a cinq siècles, rappelait l’odeur du parchemin ?”
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Toilettes urbaines.

869 (2)-min 869 (1)-min

Avignon (Vaucluse), photo de Sylvie Mura, 24 juillet 2016 / Paris (Seine), avenue Denfert-Rochereau, photo de Chantal Potart, 24 novembre 2018
SAMEDI.
              Films vus. Un amour impossible (Catherine Corsini, France, 2018)
                               Les Jeunes Loups (Marcel Carné, France – Italie, 1968)*
                               Ni une, ni deux (Anne Giafferi, France, 2019)
                               Bienvenue chez les Rozes (Francis Palluau, France, 2003)
                               Ben Is Back (Peter Hedges, É.-U., 2018)
                               L’Enfance nue (Maurice Pialat, France, 1968)
                               Royal Corgi (The Queen’s Corgi, Vincent Kesteloot & Ben Stassen, Belgique, 2019).
* Mais que faisait Robert De Niro en France en 1968 pour apparaître comme figurant dans ce film ?
              L’Invent’Hair perd ses poils.
869-min
Orléans (Loiret), photo de M.-C. Hergault, 9 juin 2011
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 6 janvier 2019. 58 km. (36 008 km).
869 (4)-min
Commune de Plombières-les-Bains
 
   Rattachée à Plombières en 1973, Ruaux a conservé une église de taille et, devant celle-ci, un monument aux morts. C’est un obélisque de granit entouré d’une chaîne reliant des ogives d’obus peintes en noir, à l’exception de la pointe, dorée.
869 (3)-min
À la glorieuse mémoire
Des enfants de Ruaux
Morts pour la France
1914-1918
   Gauche : Sous le nom d’ANDRÉ. L, 28 noms sur deux colonnes, dont 6 CORNU, de BERROUÈRE. E à LECLERC. C. Des coulures ont fait disparaître les lettres dorées, rendant les noms difficiles à lire. Sous cette liste, un nom de victime d’Indochine, un autre du Liban.
   Droite : Sous le nom de LECLERC. V, 27 noms sur deux colonnes, de LORENTZ. J à WOELFFEL. C. Suivent les victimes de 1939-1945 et une plaque “À la mémoire des anciens combattants de Ruaux”.
              Poil et plume. “Je possède un rasoir de sûreté. Mais la lame coupe mal.
C’est pourquoi j’entrai chez un coiffeur.
Le patron balayait des cheveux. Il était en manches de chemise. Des élastiques métalliques faisaient le tour de ses bras, au-dessus du coude. Une pince tenait sa cravate.
Il me rasa très bien.” (Emmanuel Bove, Mes amis)
Bon dimanche,
Philippe DIDION

9 février 2020 – 868

UNDI.

           Lecture. Les Roses de la nuit (Daudarósir, Arnaldur Indridason, Forlagid, 1998 pour l’édition originale, Métailié, coll. Bibliothèque nordique/Noir, 2019 pour la traduction française, traduit de l’islandais par Éric Boury; 254 p., 21 €).
                         C’est la quatorzième aventure du commissaire Erlendur traduite en français mais la deuxième dans l’ordre chronologique. Erlendur y est déjà présenté comme un quinquagénaire et a déjà ses traits physiques et moraux, qui ne bougeront plus. Son enquête criminelle, c’est aussi une constante, est ancrée dans l’histoire de son pays et liée à l’évolution de celui-ci : l’américanisation de l’Islande est en marche, elle se marque par des changements qui affectent aussi bien le langage que la démographie, sans oublier les mœurs avec l’apparition d’une criminalité à laquelle la police n’est pas habituée. Dans ce contexte Erlendur apparaît comme un bloc de résistance, un témoignage du passé, des traditions, comme tout bon héros il gagne toujours à la fin mais ses jours sont comptés.
                         Vie et mort d’Émile Ajar (Romain Gary, Gallimard, 1981, rééd. in « Romain Gary – Émile Ajar, Légendes du je », Gallimard, coll. Quarto, édition établie et présentée par Mireille Sacotte; 1428 p., 29,90 €).
MERCREDI.
                  Éphéméride. “Jeudi 5 [février 1948] IL Y A UN AN………………….
j’étais plus heureux qu’aujourd’hui. J’y repense tout tristement. Un an… 5 février 47… Depuis, quels échelons… La demi-gloire, une demi-aisance paresseuse, des petites joies, des misères et des misères d’elle, un grand plat. Combien j’étais heureux voici un an et quel minable anniversaire, sans amour pour nulle, même pour elle. Et je me fais du lard en m’en allant du coeur comme d’autres s’en vont de la caisse.” (René Fallet, Carnets de jeunesse 2, 9 août 1947 – 2 août 1948)
JEUDI.
          Lecture. Les Yeux de la nuit (Night Has a Thousand Eyes, William Irish, 1945 pour l’édition originale, Denoël, coll. Oscar n° 11, 1952 pour la première traduction française, rééd. Presses de la Cité, coll. Omnibus, vol. « Nuit noire », 1994, d’après la traduction de François de Mecquenem; 948 p., 135 F).
                        William Irish est toujours un peu grandiloquent dans sa façon de raconter, n’hésitant pas à verser dans le misérabilisme quand il choisit de mettre en scène des humbles ballottés par des événements qui les dépassent. Ce goût pour l’outrance passe plutôt bien dans ce roman qui présente l’angoisse d’un homme à qui l’on a donné l’heure exacte et les circonstances de sa mort. Les moyens policiers mis en place pour éviter cette issue donnent lieu à un mélange de suspense et de terreur bien dosé, à la limite du fantastique.
          Obituaire. Mort de Kirk Douglas, qui figurait à mon Couic Parade 2020. Mais comme mes concurrents l’avaient également inscrit, tout le monde marque un point. C’est ce qui s’appelle mourir pour rien.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. Incertitude orthographique de la signalisation routière en Creuse.

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photos de l’auteur, 26 juillet 2016
SAMEDI.
              Lecture. Schnock n° 27 (La Tengo, juin 2018; 176 p., 15,50 €).
                            Guy Marchand
              Football. SA Spinalien – Stade de Reims B 1 – 1.
              Films vus. L’Affaire Pélican (The Pelican Brief, Alan J. Pakula, É.-U., 1993)
                               Bonhomme (Marion Vernoux, France, 2018)
                               La Blonde explosive (Will Success Spoil Rock Hunter ?, Frank Tashlin, É.-U., 1957)
                               J’ai perdu Albert (Didier Van Cauwelaert, France – Belgique, 2018)
                               Swagger (Olivier Babinet, France, 2016)
                               Girl in the Hallway (court métrage, Valerie Barnhart, É.-U., 2019)
                               Les Siffleurs (La Gomera, Corneliu Porumboiu, Roumanie – France – Allemagne – Suède, 2019)
                               Cookie (Léa Fazer, France, 2013).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
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Madagascar, photo de Monique Guneau, 14 mai 2011 / Le Havre (Seine-Inférieure), photo de Jean-Damien Poncet, 19 mai 2018
              Poil et pellicule.

868 (5)-min

Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause ! (Michel Audiard, France, 1970)

Bon dimanche,
Philippe DIDION

2 février 2020 – 867

DIMANCHE.

                    Courriel. Une demande de désabonnement aux notules.
MARDI.
            Lecture. C’était nous (Pierre Bergounioux, Gallimard, coll. Blanche, 1989; 154 p., s.p.m.).
                          Arrivé à ce stade de sa carrière de romancier, Bergounioux abandonne l’imagination, un tournant amorcé avec le titre précédent, L’Arbre sur la rivière. La dimension autobiographique devient primordiale, elle l’amènera à quitter le roman, un tournant nécessaire et salutaire. Bergounioux raconte ici l’enfance, son lien avec son cousin, les escapades dans la nature, l’aventure, la découverte, un mode de vie auquel les adultes n’ont pas accès et qui donne envie de ne pas leur ressembler, même quand l’âge sera venu. Bergounioux révèle, dans ses Carnets de notes, les difficultés qu’il a à traduire sur le papier ce qu’il veut exprimer, sa lenteur à venir à bout d’une page. On comprend cette difficulté en le lisant car le lecteur n’est pas non plus à la noce, contraint, comme lui, à reprendre plusieurs fois la phrase pour en venir à bout. Ce travail est rémunérateur puisqu’il conduit à un final magistral mais la pente est rude.
MERCREDI.
                  Éphéméride.
“Le 29 janvier 1948
Monsieur,
Nous avons l’honneur, de vous informer que nous déclarons à l’Administration des Contributions Directes, vous avoir versé pendant l’année 1947, une somme nette de
Frs : 170.000
à titre de droits d’auteur.
Dans le cas où vous ne seriez pas d’accord sur ce qui précède, nous vous prions de bien vouloir nous en informer par retour du courrier.
Veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.
[signature illisible]
Ci-joint, veuillez trouver relevé.” (“Correspondance Jean d’Halluin / Raymond Guérin, in Capharnaüm n° 4)
                  Football. SA Spinalien – Lille 2 – 1.
VENDREDI.
                  Le cabinet de curiosités du notulographe. L’art de la serrurerie.

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Chaumont (Haute-Marne), photo de Jean-Damien Poncet, 4 septembre 2017 / Liège (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 26 mars 2017
SAMEDI.
              Football. SA Spinalien – Bobigny 0 – 2.
              Films vus. Les Duraton (André Berthomieu, France, 1955)
                               Une année polaire (Samuel Collardey, France, 2018)
                               Soleil levant (Rising Sun, Philip Kaufman, É.-U., 1993)
                               Mon bébé (Lisa Azuelos, France – Belgique, 2019)
                               Le Démon de midi (Marie-Pascale Osterrieth, France, 2005)
                               La Chute de l’empire américain (Denys Arcand, Canada, 2018).
              L’Invent’Hair perd ses poils.
867-min
Paris (Seine), rue de Cotte, photo de Pierre Cohen-Hadria, 9 juin 2011
              IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 30 décembre 2018. 159 km. (35 950 km).
867 (4)-min
72 habitants
   Le monument est dans la partie supérieure du cimetière, lequel est situé à l’écart du village, derrière une chapelle. Un drapé entoure le sommet de la flèche, sans doute censé représenter les plis d’un drapeau. Un ruban tricolore décore une jardinière de fleurs mortes qui cache deux plaques métalliques, jadis fixées et aujourd’hui simplement appuyées contre la base du monument. L’usure du temps les a rendues à peine lisibles, l’une est pour Andelot Henri, l’autre pour Dauphin René.
867 (3)-min
À nos morts glorieux
Guerre 1914-1918
ANDELOT Henri
BELLAMY Louis
DAUPHIN René
JACQUINOT Maurice
MAROUILLER Camille
GÉRARD Émile
MAUGARD Émile
1939-1945
VAUTHIER Henri
MAROT Jean
Victimes civiles
DAUPHIN Camille
ROCHÉ Marie
D’HIÉVRE Marcelle
               Poil et plume. “Récapitulons leur histoire, dit Vincintelli. Les frères Woods sont de riches et prospères agents de change; l’aîné, Wallace, s’effondre après la chute des marchés en 1929 et il est expédié ici, les poches encore pleines de bandes de téléscripteur. Il développe la manie de couper les cheveux des autres, et nous avons des ennuis chaque fois qu’il déniche une paire de cisailles. Je vous rappelle le fâcheux incident avec la perruque de Mrs Reynard – sans parler du jour où il s’est attaqué aux poils de votre visage avec des ciseaux à ongles.” (F. Scott Fitzgerald, “Cauchemar : une fantaisie en noir”, in Je me tuerais pour vous et autres nouvelles inédites)
Bon dimanche,
Philippe DIDION