30 janvier 2022 – 958

DIMANCHE.                   

Lecture.

Lune de miel (Honeymoon, James Patterson, Little, Brown & Company, 2005 pour l’édition originale, L’Archipel, 2006 pour la traduction française, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche Thriller n° 37185, traduit de l’américain par Catherine Ludet, 2007; 352 p., 6,50 €).

Seul le nom de James Patterson apparaît sur la couverture du livre, écrit en réalité en collaboration avec Howard Roughan, un parfait inconnu. Ce qui n’est pas le cas de Patterson, auteur d’une vingtaine de polars au succès certain. 352 pages, 117 chapitres : on voit de suite que c’est le rythme qui prime dans cette histoire de femme fatale qui cherche à s’enrichir en supprimant après usage maris et autres partenaires. Un rythme emballant qui fait oublier l’écriture plate, les clichés, quelques incohérences et le fait que certaines questions ne trouvent pas de réponses au bout du parcours. Vite écrit, on n’en sait rien, vite lu, ça c’est sûr, mais avec plaisir tant c’est bien ficelé.                    

Vie littéraire.

Vosges Matin du jour m’apprend la mort de Roland Conilleau à l’âge de 88 ans. J’avais trouvé le nom de Roland Conilleau en feuilletant le dossier Gengenbach à la bibliothèque de Saint-Dié. C’est lui qui fut, alors qu’il était conservateur du musée de Plombières-les-Bains, à l’origine de la redécouverte d’Ernest Gengenbach, alors retiré dans un village d’Eure-et-Loir, et du rapatriement de ses archives à Saint-Dié. J’avais aussitôt cherché à contacter l’homme et fini par avoir avec lui une conversation téléphonique. Conversation déroutante, dans la mesure où il me disait n’avoir gardé aucun souvenir de ses liens avec Gengenbach, alors que je venais de retrouver les lettres qu’il lui avait envoyées et les photos de lui qu’il avait prises… Ainsi, la dernière personne vivante à avoir vu le poète pour des raisons littéraires (car il reste peut-être, ici ou là, un voisin, un facteur, une infirmière ou un commerçant) était incapable de parler de cette rencontre. Perte de mémoire ? Souci de se débarrasser d’un importun ? Je devais plus tard connaître une nouvelle déconvenue avec un neveu de Gengenbach dont j’avais retrouvé la trace et qui avait refusé de me parler. Mais, comme devait me le confier plus tard un autre membre de la famille, il était absolument interdit d’évoquer la personne ou même le nom de l’Ernest au sein de celle-ci, à cause de sa vie dévoyée. Le tabou avait-il atteint Roland Conilleau ? Celui-ci emporte la réponse dans sa tombe. Il semble avoir vécu seul. Ses dossiers, ses papiers dans lesquels il doit bien y avoir trace de ses entretiens avec le surréaliste de Gruey-lès-Surance, finiront à la déchetterie.    

LUNDI.           

Lecture.

Brumes du passé (Jules Supervielle, 1901, rééd. in “Œuvres poétiques complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 426, 1996; 1116 p., 59 €).                         

Le poète naissant – il a alors dix-sept ans – se montre un bon lecteur des œuvres de Verlaine, Hugo et Baudelaire entre autres : “Ô morts ! que vous devez avoir froid sous la terre” rappelle fortement “Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs” de ce dernier. Supervielle fait ses gammes sur le mode élégiaque, ce qui ne l’empêche pas de se démarquer par quelques poèmes dans lesquels il fait état de sa condition d’orphelin, ses parents étant morts quelques mois après sa naissance en 1894 : “Ah ! que j’aurais voulu pouvoir chérir ma mère”…                                    

Vie littéraire.

Arrivée au courrier de 31 vues sur rue, une plaquette photographique publiée par les éditions Deleatur, qui emprunte quelques images à notre cabinet de curiosités.    

MARDI.            

Vie sanitaire.

Après la réadaptation cardiaque à l’hôpital, le médecin du lieu m’a placé sur ordonnance dans un dispositif intitulé Prescri’mouv, destiné à améliorer la condition physiques des patients dans mon genre. Je suis aujourd’hui ma première séance de gymnastique douce adaptée. Caroline m’a acheté un tapis en mousse, indispensable élément de la panoplie du gymnaste souffreteux.    

MERCREDI.                   

Éphéméride.

“Dimanche 26 janvier 1919

La neige fine, et grise comme elle l’est à Paris. Tout mon jardin est pailleté de ce sucre triste qui met un peu de lumière bleue aux arêtes des toits.

Écrire, s’en aller au fluide courant des mots qui chantent sous la plume, que l’on chipe à l’encrier, que l’on échange, que l’on aime.

Penser aux êtres identiques, leur fuyant visage. Penser au jeu, à la fatigue, à l’ardeur de la vie, être soi-même.

“Je ne crains pas que la féerie cesse mais au contraire qu’elle ne s’augmente jusqu’à l’enchantement”, écrivis-je à la Baronne Clauzel, “souvenez-vous du poème d’Aube de Rimbaud.” (Mireille Havet, Journal 1918-1919)                     

Vie littéraire.

Dans le livre Autobiographie et imaginaire dans l’œuvre d’Ernest de Gengenbach de Maria Elena Raffi, on peut lire que “l’évêque de Saint-Dié se charge, en 1921, de l’éloigner de la “capitale de la Femme” [Paris] pour l’inviter à examiner sa vocation à l’institution St. Joseph d’Épinal. Dans ce collège, Gengenbach va enseigner la littérature française, après avoir prononcé ses vœux en automne 1921.” Il restait à trouver trace du passage de l’abbé dans cette institution qui existe encore de nos jours – elle a produit, entre autres, le Goncourt Nicolas Matthieu, personnage un peu plus lisse que notre olibrius. Des émissaires notuliens sont partis en chasse. FP, qui a travaillé dans l’établissement, y est retournée pour fouiller les archives, qui ne remontaient pas aussi loin dans le temps. Pour ma part, j’ai fait chou blanc aux Archives municipales. Et c’est aux Archives départementales que PF, un notulien familier des lieux, a retrouvé le dossier souhaité. Sur ses indications, je me suis rendu aujourd’hui sur place et j’ai ouvert le “Registre des maîtres et employés” correspondant à la période. Le nom de Gengenbach y figure, sans être accompagné de grandes précisions. On ne donne en effet que sa nationalité, ses dates d’entrée et sortie (avril 1922 – juillet 1923) et sa qualité de surveillant, ce qui permet de corriger l’affirmation de Mme Raffi. Je prends des photos qui iront compléter le fonds Gengenbach de la bibliothèque de Saint-Dié.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Fête des voisins.  

Chaumont (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 18 novembre 2017

Épinal (Vosges), photo d’Alice Didion, 4 septembre 2019

Lecture.

Underdog (William R. Burnett, Knopf, 1957 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 389, 1957 sous le titre Tête de lard pour la traduction française, rééd. coll. Quarto, “Underworld : romans noirs”, 2019, traduit de l’américain par Robert Hervé, révisé par Marie-Caroline Aubert; 1120 p., 28 €).    

SAMEDI.              

Football.

SA Spinalien – Reims B 8 – 1.

Je ne sais qui a prévenu les joueurs de mon retour au stade mais ils ont fait ce qu’il fallait pour qu’il ne passe pas inaperçu.                

Films vus.

  • Nomis (David Raymond, Canada, 2018)                               
  • Katia (Robert Siodmak, France, 1959)                               
  • Le Mariage de Rosa (La boda de Rosa, Icíar Bollaín, Espagne – France, 2020)                               
  • L’Arrangement (The Arrangement, Elia Kazan, É.-U., 1969)                               
  • Mon ami qui brille dans la nuit (c.m., Jawed Boudaoud, Simon Cadilh, Grégoire de Bernouis, Hélène Ledevin, France, 2020)                               
  • Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, É.-U., 2021)                               
  • My Week with Marilyn (Simon Curtis, R.-U. – É.-U., 2011)                               
  • Jour de fête (Jacques Tati, France, 1949).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), photo de Philippe de Jonckheere, 26 mars 2012

Saulxures-sur-Moselotte (Vosges), photo de l’auteur, 20 décembre 2012                

Poil et plume.

“Quelques jours après sa seconde séance de chimiothérapie, à l’aube, Louise constata dans la glace ronde de sa salle de bains qu’elle avait laissé sur l’oreiller une touffe épaisse de sa chevelure, tombée comme des flocons. Sur le sommet du mont de coton posé bien à plat sur son lit, elle dénicha un amas châtain, des centaines de milliers de filaments disposés en attroupement capillaire. Elle n’avait jamais observé ses cheveux sous cet angle, placés si loin d’elle, agglomérés, on aurait dit qu’ils étaient en réunion.” (Odile d’Oultremont, Les Déraisons)    

Bon dimanche,    

Philippe DIDION

23 janvier 2022 – 957

DIMANCHE.                    

Courriel.

Une demande d’abonnement aux notules.                      

Vie sanitaire.

J’apprends de source notulienne la disparition de la Clinique du rasoir dont la photo figurait dans le numéro du jour. Ainsi, en pleine crise sanitaire, on continue à fermer des lits dans les établissements de santé.                      

Lecture.

Maigret (Georges Simenon, Arthème Fayard, 1934, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret” V; 552 p., s.p.m.).                                  

On pouvait s’y attendre : la retraite de Maigret, annoncée dans le roman précédent, L’Écluse n° 1, n’aura pas duré longtemps. Le voilà obligé de quitter sa thébaïde des bords de Loire pour venir en aide à son neveu, accusé du meurtre d’un mauvais garçon de Pigalle. Son retour à la P.J. n’est pas vu d’un bon œil par tout le monde, ce qui ajoute une motivation à son enquête non officielle : il faut montrer que même éloigné des affaires, il reste le meilleur pour les résoudre…    

MARDI.            

Lecture.

Battling le ténébreux (Alexandre Vialatte, Gallimard, 1928; rééd. coll. L’Imaginaire, 1982; 208 p., 8,90 €).

Dans le dossier Vialatte figurant dans un récent numéro de la revue Europe, Pierre Jourde consacre un bel article à Battling, premier roman d’une courte série puisque l’auteur n’en publia que trois de son vivant. C’est un roman de souvenirs scolaires comme il y en a tant (odeurs de craie, tristesse des dortoirs, incompréhension des adultes, etc.) qui se rapproche du Grand Meaulnes sur plusieurs points. Il y a d’abord l’âge de son auteur : Vialatte a vingt-sept ans au moment de la publication du livre et prouve, comme Alain-Fournier, que la nostalgie n’est pas réservée aux hommes faits. La position du narrateur ensuite, position de retrait, en observateur des autres, du camarade admiré, Meaulnes chez l’un, Battling chez l’autre, deux personnages en quête d’un amour idéal empêché, autre point commun. Ce qu’ajoute Vialatte, c’est une ironie dans la peinture des mœurs de province qu’il saura développer plus tard dans ses chroniques pour La Montagne. Cette ironie rend l’ensemble moins amer, même si c’est l’impression de gâchis qui domine, gâchis des vies de tous ces jeunes gens qui depuis “sont entrés dans la tombe étroite, dans le garde-à-vous solennel de l’au-delà.”                 

Fable d’Acadème (Simon Leys, Collège de ‘Pataphysique, coll. Bibliothèque optimatique n° 5, 2017; 16 p., hors commerce).    

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“19 janvier [1892] : J’ai opéré ces jours-ci mon déménagement de l’atelier de la rue Saint-Marc donné par Ropz [sic] à la maison de Bloy. J’avais là quelques tableaux notamment le meurtre d’après Kees Dorik de Eckhoud.

Je suis donc l’hôte de la rue Blomet, l’hôte de Bloy; je suis logé dans son propre bureau tout en haut de la maison, où se trouve un petit lit de fer, en face du grand bureau en bois de buis jaune, ayant appartenu au père de madame Bloy, le poète Christian Molbech.

C’est Bloy qui qui fait lui-même chaque jour la toilette de ce meuble, gardé religieusement et entretenu avec un soin inouï; l’ordre qui règne sur ce pupitre est un véritable sujet d’admiration.” (Henry de Groux, Journal)    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Grand banditisme, Le Journal de la Haute-Marne, documents transmis par Jean-François Fournié.  

  3 juillet 2018 / 31 août 2018    

SAMEDI.              

Films vus.

  • Killer Inside (The Cloverhitch Killer, Duncan Skiles, É.-U., 2018)                               
  • Circonstances atténuantes (Jean Boyer, France, 1939)                               
  • Disparition à Clifton Hill (Clifton Hill, Albert Shin, Canada, 2019)                               
  • Reservoir Dogs (Quentin Tarantino, É.-U., 1992)                               
  • La Loi de Téhéran (Metri Shesh Va Nim, Saeed Roustayi, Iran, 2019)                               
  • Chaplin (Richard Attenborough, R.-U. – France – Italie – Japon – É.-U., 1992)                               
  • Don’t Look Up : Déni cosmique (Don’t Look Up, Adam McKay, É.-U., 2021).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Chaumont (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 26 février 2016

Pierrelatte (Drôme), photo d’Hervé Bertin, 29 mars 2012

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

20 décembre 2020. 97 km. (39 810 km).  

2 691 habitants

Je ne sais comment appeler cette sorte de socle, de coffre de granit entouré d’une balustrade : un cénotaphe ?  Ses quatre coins sont marqués par des colonnes à la mode antique et il est orné d’un haut-relief représentant une femme se recueillant sur la tombe d’un soldat. La végétation, sur le tertre qui soutient la construction, est remplacée en cette saison par des copeaux de bois. Plus loin, sur cette grande esplanade, un kiosque à musique.  

  Saulxures

À ses

Morts glorieux

1914-1918

1939-1945     

Droite : 2 colonnes de noms, d’ADAM F. A. 158e R.I. à GÉRARD N. Adjtchef 5e R.T., 2 noms pour l’Indochine, 2 noms pour l’Algérie.     

Dos : 2 colonnes de noms de FRÉCHIN E. 149e R.I. à MICHEL H.F. 176e R.I.     

Gauche :  2 colonnes de noms de MICLOT G.A. 5e R.I.C. à WERER J.S. 18e B.C.P., 3 colonnes de noms pour 1939-1945.                

Poil et plume.

“Plus jeune, elle avait, avec la prescience du gestionnaire avisé, rassemblé au fur et à mesure tous les cheveux qu’elle perdait dans une petite bourse brodée qu’elle gardait sur la table de toilette. Une fois qu’elle en eut assez, elle en fit un petit chignon qu’elle enferma dans un tiroir avec ses bijoux. Quelques années auparavant, quand ses cheveux avaient commencé à se clairsemer et à s’argenter, elle s’était mise à porter son chignon d’un noir de jais, qu’elle fixait avec des épingles sur sa petite tête grisonnante. Suivant son code à elle, il s’agissait là d’une solution parfaitement recevable, puisque ces cheveux étaient bien les siens.” (Arundhati Roy, Le Dieu des petits riens)    

Bon dimanche,    

Philippe DIDION    

16 janvier 2022 – 956

LUNDI.           

Escapade.

Après une ultime visite au C.H.U. de Nancy, nous mettons le cap sur le sud-ouest, histoire de visiter Lucie et de préparer son déménagement prévu le mois prochain. Bien sûr, l’agrément d’un voyage à Bordeaux est augmenté par le fait que la Creuse se trouve à mi-parcours, ce qui nous autorise une nuit à Guéret.    

MARDI.            

Vie aquitaine.

Nous trouvons Bordeaux et sa région en proie à une vague de froid digne des Vosges. Le maigre équipement en chauffage du logis que nous avons loué prouve que la situation est un peu inhabituelle. Bref, ça caille, heureusement que la couette est épaisse.    

MERCREDI.                   

Éphéméride.

Lundi 12 janvier [1940]. Jeudi, je suis allé à New York, où je devais parler en faveur des prisonniers français. Ne voulant pas descendre au Barbizon, dont j’ai par-dessus la tête, j’étais allé au Bedford dans la 40e Rue. Mauvaise idée. Klaus Mann y habite et je n’avais pas passé la porte que je me suis cogné à un de ses amis. Il a fallu revoir tout ce monde, m’exposer à d’assommantes tentations. J’espérais ne voir personne. Déjeuné avec l’un d’eux.” (Julien Green, Journal intégral 1940-1945)                     

Vie aquitaine.

Visite du Musée d’Aquitaine. Je n’ai jamais lu Corto Maltese mais l’exposition consacrée à Hugo Pratt rassemble des objets en provenance des pays visités par son héros, ce qui donne aux salles visitées un petit air de Musée du Quai Branly. Et c’est bien chauffé.    

JEUDI.          

Vie aquitaine.

Visite du Musée d’art contemporain de Bordeaux, qui vaut autant, sinon plus, par son contenant – un ancien entrepôt de produits coloniaux au bord de la Garonne – que par son contenu.    

VENDREDI.                  

Vie aquitaine.

Fin de la trilogie muséale avec un retour au Muséum d’histoire naturelle. L’affluence, réduite à nos humbles personnes, nous vaut toutes les attentions des membres du service médiation, prodigues en explications détaillées sur les origines et spécificités des collections. En notre absence, la propriétaire de notre logis talençais a fait changer le radiateur, ce qui aboutit pour la première fois depuis notre arrivée à une température supérieure à 15°. Nous partons demain.                    

Lecture.

Histoire d’un paysan (Erckmann-Chatrian, Hetzel, 1868-1869, rééd. in « Gens d’Alsace et de Lorraine », Omnibus, 1993; 1332 p., 22,10 €).                    

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Esthétique.  

  Moulins (Allier), photo de l’auteur, 26 décembre 2020

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de Jean-François Fournié, 26 août 2020  

SAMEDI.              

Film vu.

Le Roi de Paris (Dominique Maillet, R.-U. France, 1995).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Paris (Seine), boulevard de Sébastopol, photo de Pierre Cohen-Hadria, 29 mars 2012

Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), photo de l’auteur, 2 janvier 2014                

Poil et santé.  

Paris (Seine), rue de la Roquette

Bon dimanche,    

Philippe DIDION    

9 janvier 2022 – 955

DIMANCHE.                   

Courriel.

Une demande de désabonnement aux notules.    

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“5 janvier [1870]

Insomnieux cette nuit et me retournant dans mon lit, j’essayais, pour me distraire, de revenir par le souvenir à la mémoire lointaine de mon enfance. Je me suis rappelé Ménilmontant, le château donné par le duc d’Orléans à une danseuse d’opéra, devenu une propriété de famille, habité par mon oncle et ma tante de Courmont, M. et Mme Armand Lefebvre et ma mère, entre l’amitié de ces deux femmes. Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, du ministère des Affaires étrangères ou de la Cour des comptes; enfin Germain, le vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin.” (Edmond et Jules de Goncourt, Journal : Mémoires de la vie littéraire)                    

Lecture.

Lire aux cabinets (Reading in the Toilet, Henry Miller, New Directions, 1952 pour l’édition originale, Gallimard, 1957 pour la traduction française, traduit de l’américain par Jean Rosenthal, rééd. Allia, 2000; 62 p., 6,20 €).    

VENDREDI.                  

Bulletin de santé.

Dernière séance de rééducation cardiaque ce matin à l’hôpital d’Épinal. Le test d’effort subi hier au même endroit a montré que l’expérience a été bénéfique, le cœur a bien supporté la charge de travail et, mieux, augmenté ses capacités. Je remercie l’équipe en charge de ce programme que j’aurai suivi avec intérêt et profit. Il me reste à voir le chirurgien lundi et je devrais alors être libéré momentanément de mes obligations sur le plan thérapeutique. Il y a encore à régler la partie administrative, sur laquelle je me suis penché ces dernières semaines, pour obtenir auprès des autorités rectorales le congé de longue maladie auquel je suis éligible.                    

Lecture.

Lettre sur l’anthropofilouterie (Latis, Collège de ‘Pataphysique, coll. Bibliothèque optimatique n° 1, 2006; 16 p., hors commerce).                                 

Histoires littéraires n° 80 (Du Lérot éditeur, juillet-août-septembre 2019; 190 p., 25 €).                                Charles Nodier – Charles Baudelaire – Jack Thieuloy – Jan Baetens – Louis de Gonzague Frick – Albert Savine.                               

Contributions du notulographe à ce numéro : une note de lecture sur les Cahiers Georges Perec n° 13, une autre sur Jean Genet. Je crois que je n’ai rien donné depuis à la revue, je me contente de sélectionner et de commander les services de presse pour les autres recenseurs, ce qui est suffisamment accaparant.

Décapage n° 62 (Flammarion, automne-hiver 2020; 172 p., 16 €).                               

Philippe Djian.                    

Vie musicale.

Sanseverino donne un concert ce soir dans une salle locale non menacée par les jauges de remplissage puisqu’elle ne peut accueillir que soixante personnes. Cet homme est une éponge : il a tout écouté et sa technique lui permet de tout reproduire à la guitare, laid back à la J.J. Cale, funk à la Chic, hillbilly, fado, boogie sudiste, il n’est jamais meilleur que dans ces exercices proches du pastiche. Il en donne ce soir un aperçu, après quelques reprises de François Béranger, mais finit par succomber au travers de bien des virtuoses : au bout d’un moment, il s’écoute, lâche son public et finit par s’amuser tout seul.                    

Le cabinet de curiosités du notulographe.

Ferronnerie dard.  

 Coimbra (Portugal), photo de Jean-Jacques Gonand, août 1993

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 10 janvier 2021

SAMEDI.              

Films vus.

  • Cette sacrée vérité (The Awful Truth, Leo McCarey, É.-U., 1937)                               
  • Les Chaussures de Louis (c. m., Jean-Géraud Blanc, Théo Jasmin, Kayu Leung, Marion Philippe, France, 2020)                               
  • Lamb (Valdimar Johansson, Islande – Pologne – Suède, 2021)                               
  • L’Enfant rêvé (Raphaël Jacoulot, France, 2020)                               
  • Une femme sous influence (A Woman Under the Influence, John Cassavetes, É.-U., 1974)                            
  • The Rental (Dave Franco, É.-U., 2020)                               
  • Les Hommes de l’ombre (Mulholland Falls, Lee Tamahori, É.-U., 1996)                               
  • An American Pickle (Brandon Trost, É.-U., 2020).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Épernay (Marne), photo d’Anne-Marie Emery, 27 mars 2012

Nanterre (Hauts-de-Seine), photo de Pierre Cohen-Hadria, 24 mars 2018

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental).

11 octobre 2020. 119 km. (39 713 km).  

251 habitants

Adossé au mur qui entoure l’église, l’obélisque de granit gris est cerné d’obus de pierre plantés le long d’un parterre riche en buis et autres végétaux. Une composition florale défraîchie a été déposée devant l’écusson tricolore RF.  

  La commune de Saulxures lès Bulgnéville

À ses enfants

Morts pour la France

1914-1918  

1939-1945  

ROYER Paul

ROBINET Roger

DURAND Edmond     

Gauche :  

COLLIN Juste

PÉTELOT André

RENAUD Just

HUSSON Charles

CHEVALIER Henri

DURAND Edmond

MARCHAL Paul

MERCIER Charles

CHEVALIER Louis

GARILLON Abel

RENAUD Arthur

CHAILLY Jean

GOYER Marcel     

Droite :  

LAMIREL Maurice

BARROIS Lucien

FLÈDRES Albert

THIRIOT Henri

LECLERC Henri

MOUGENOT Camille

CHAILLY Marcel

DOUILLOT Charles

MATRY Jules

ROY Auguste

HUMBLOT Gaston

HENRY Lucien Médaille militaire

HENRY Rémi Légion d’honneur  

ALGÉRIE

Serge DUGRAVOT

Un peu plus loin, difficilement lisible, une stèle gravée, surmontée d’une hélice de Thunderbolt P47, rend hommage “Aux aviateurs canadiens et britanniques tombés glorieusement à Saulxures le 29 [illisible, en réalité juillet 1944] – La commune reconnaissante”.  

À la sortie du village, près d’un plan d’eau, un autre monument est dressé pour les aviateurs tombés dans la forêt voisine.

Poil et plume.

“Le lendemain, les tramways ne marchaient pas. Mme Leterrand dit que le collège était trop loin, sans transports, et Denis resta au lit. Vers neuf heures, il fit sa toilette et sortit pour aller chez le coiffeur. Il y en avait un au coin de sa rue. Dans la boutique, il prit un magazine et se mit à lire en attendant son tour. C’est à ce moment que l’alerte éclata. – Ça y est, dit le coiffeur, petit et chauve. Voilà que ça recommence. – T’en fais pas, dit un client, c’est encore de la foutaise. – Je m’en fais pas, mais ça m’énerve, les sirènes. Ça me fait trembler. Je peux pas m’en empêcher quand je les entends, ça me fait trembler. Denis continuait de lire. L’alerte durait. On lui coupa les cheveux. Denis se regardait dans la glace et il écoutait les hommes.” (Sébastien Japrisot, Les Mal-Partis)

Bon dimanche,    

Philippe DIDION    

2 janvier 2022 – 954

DIMANCHE.                    

Lecture.

Les Héritages (Gabrielle Wittkop, Christian Bourgois, 2020; 176 p., 17 €).                                  

On connaissait le roman d’immeuble, voici le roman de maison : Gabrielle Wittkop raconte la vie d’une demeure sur une centaine d’années, en faisant le portrait de ses propriétaires et de ses locataires successifs. Comme dans La Vie mode d’emploi, chaque apparition d’un nouveau personnage donne lieu à une histoire qui montre que l’auteure n’a rien à envier à Perec sur le plan de l’imagination. La galerie de portraits est un jeu de massacre, car les récits sont féroces : Wittkop était, paraît-il, coutumière de cette cruauté et de cet humour macabre dont ce roman, publié à titre posthume, est nourri. Cela donne envie de lire d’autres choses de cette femme, morte en 2002.                      

Obituaire.

Dans leurs éditions de fin de semaine, Le Monde et Libération donnent de longs articles nécrologiques suite à la mort de Joan Didion. J’ai peu lu cette Américaine, moins en tout cas que Lucie qui a attiré mon attention sur ce passage de L’Amérique, un recueil de chroniques, où elle raconte une scène qui se déroule alors qu’elle se trouve au Japon : “Quelqu’un fait le thème numérologique de mon nom et de celui du photographe qui m’accompagne. Le sien est blanc et marin (“Si je devais te faire un collier, tu vois, j’utiliserais surtout des perles blanches”, lui dit-on), mais le mien [le nôtre, donc] révèle un double symbole de mort.” Bigre.    

LUNDI.           

Lecture.

Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 27 (15 mars 2021, 96 p., 15 €).

Apparaissances du T.S. Paul Etienne Lincoln.                         

J’apprends par ce numéro la mort de Jean-Michel Pochet, survenue le 6 janvier dernier. Notulien de la première heure, il m’a souvent évité, par des messages discrets, d’écrire trop de bêtises à propos de Raymond Queneau, sur lequel il était incollable.             

Courriel.

Une demande d’abonnement aux notules.             

Vie littéraire.

Parution du Bulletin de l’Association Georges Perec n° 79.    

MARDI.            

Vie spinalienne.

Visite de l’exposition “Aux origines de la bande dessinée : l’imagerie populaire” au Musée de l’Image. Les planches présentées sont parfois difficiles à lire à cause de la taille des caractères mais c’est un plaisir de voir les oeuvres de Töpffer, Christophe, Steinlein et autres Benjamin Rabier.              

Lecture. 

Le Sommet des Dieux 2 (Kamigami no itadaki, Jirô Taniguchi, Baku Yumemakura, Shūeisha Inc., 2001 pour l’édition originale, Kana, 2010 pour la traduction française, traduit et adapté du japonais par Sylvain Chollet; 348 p., 18 €).    

MERCREDI.                  

Éphéméride.

“29 décembre [1932]  

Lu avec l’intérêt le plus vif le début du Discours à la nation européenne de Benda, dans les épreuves du prochain numéro de La N.R.F. Contemporain de Proust et de Valéry, Benda, qui se révèle comme eux sur le tard, je ne m’étonnerais pas qu’il devînt l’un de nos principaux conducteurs. À relire si tôt après ces pages à Em., je regrette que l’écriture en soit parfois un peu relâchée.” (André Gide, Journal)    

VENDREDI.                 

Le cabinet de curiosités du notulographe.

English spoken.  

Ruaux (Vosges), photo de l’auteur, 6 janvier 2019

autoroute A 31, photo d’Alice Didion, 16 mai 2021

SAMEDI.              

Films vus.

  • Blood Diamond (Edward Zwick, É.-U. – Allemagne – R.-U., 2006)                               
  • M le maudit (M, Joseph Losey, É.-U., 1951)                               
  • Vous ne l’emporterez pas avec vous (You Can’t Take It with You, É.-U., 1938)                               
  • La Nuit venue (Frédéric Farrucci, France, 2019)                               
  • La Grande Traversée (Let Them All Talk, Steven Soderbergh, É.-U., 2020).

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Rajasthan (Inde), photo d’Anne-Marie Emery, 11 décembre 2007

Poil et plume.

“Qui se souvient aujourd’hui de ce coiffeur de la rue des Deux-Ponts, que l’on appelait monsieur Georges, et qui avait refusé de tondre les femmes que les libérateurs improvisés avaient capturées. Avec sa gouaille très parisienne, il avançait un excellent prétexte. “Mais je les connais toutes, ces femmes, je ne vais tout de même pas perdre à jamais leur clientèle ?” (Frédéric Vitoux, Au rendez-vous des Mariniers)                

Bilan annuel 2021.                                            

  • 157 livres lus (+ 14 par rapport à 2020)                                           
  • 320 films vus (- 15) dont 31 au cinéma (+ 5)                                            
  • 400 abonnés aux notules courriel + 9 abonnés internet + 1 abonnée papier = 410 (+ 2)     

Chantiers littéraires :                                              

472 communes visitées (+ 16) d’Ableuvenettes (Les) à Syndicat (Le) dans le cadre de l’Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental                                            

  • 343 photos de Bars clos (+ 4)                                            
  • 1 355 tableaux commentés dans la Mémoire louvrière (=)                                            
  • 796 publicités murales et enseignes peintes photographiées (+ 48)                                            
  • 5 326 photographies de salons de coiffure pour l’Invent’Hair (+ 326)                                            
  • 230 frontons d’école photographiés pour un Aperçu d’épigraphie républicaine (+ 9)     
  • 140 Lieux où j’ai dormi retrouvés ou ajoutés et photographiés (+ 13)                                           

Parutions :                                              

  • Bulletin de l’Association Georges Perec n° 78, juin 20201                                            
  • Bulletin de l’Association Georges Perec n° 79, décembre 2021                                              

Mentions.                                                                                

  • Gérard Durozoi, “Ernest de Gengenbach”, Infosurr n° 143, mai-juin 2019                                            
  • François Bon, chaîne Youtube, 15 février 2021  https://www.youtube.com/watch?v=bi_5_8V5zls&ab_channel=Fran%C3%A7oisBon                                                                             
  • Cahiers Tristan Corbière n° 3, “ce vertigineux livre”, Classiques Garnier, 2020                                   

Contributions :                                              

  • Schnock n° 38, La Tengo, mars 2021                                            
  • Collectif, sous la direction de Pierre Fetet, Catalogue d’anciennes publicités, enseignes murales et autres panneaux du département des Vosges dans le cadre du projet “On écrit sur les murs !” proposé par le Service éducatif des Archives départementales des Vosges pour l’année scolaire 2021-2022.      
  • Collectif, Meurtres cent façons, Les Refusés, coll. “La maison d’en face”, 2021             

Internet :                                              

Précision concernant la politique photographique des notules :                                              

* Les notuliens contribuent de façon efficace à l’avancée des chantiers photographiques qui meublent nos livraisons dominicales : le cabinet de curiosités et l’Invent’Hair leur doivent beaucoup, sans parler des aptonymes ou de la rubrique Poil et plume. Merci. Une précision s’impose toutefois : ne sont acceptés que les clichés dûment localisés, pris “en vrai”, à l’aide d’un appareil idoine ou d’un téléphone de poche. Les photos issues de sites internet ou de réseaux plus ou moins sociaux ne sont pas homologuées.            

Appel :                                             

* Le début de l’année est généralement propice aux bonnes résolutions. Si parmi ces résolutions figure celle de ne plus vous laisser importuner par des messages électroniques antédiluviens, pesants, inutiles, creux, mal écrits, pompeux, j’en passe, et si vous vous apercevez tout à coup que les notules correspondent à l’une des catégories précitées, inutile d’engorger les tuyaux pour rien : un simple mot « stop » en réponse à ce numéro mettra fin à votre abonnement.                     

Bonne année,  

Bonne année,

Philippe DIDION