DIMANCHE.
Lecture.
Lune de miel (Honeymoon, James Patterson, Little, Brown & Company, 2005 pour l’édition originale, L’Archipel, 2006 pour la traduction française, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche Thriller n° 37185, traduit de l’américain par Catherine Ludet, 2007; 352 p., 6,50 €).
Seul le nom de James Patterson apparaît sur la couverture du livre, écrit en réalité en collaboration avec Howard Roughan, un parfait inconnu. Ce qui n’est pas le cas de Patterson, auteur d’une vingtaine de polars au succès certain. 352 pages, 117 chapitres : on voit de suite que c’est le rythme qui prime dans cette histoire de femme fatale qui cherche à s’enrichir en supprimant après usage maris et autres partenaires. Un rythme emballant qui fait oublier l’écriture plate, les clichés, quelques incohérences et le fait que certaines questions ne trouvent pas de réponses au bout du parcours. Vite écrit, on n’en sait rien, vite lu, ça c’est sûr, mais avec plaisir tant c’est bien ficelé.
Vie littéraire.
Vosges Matin du jour m’apprend la mort de Roland Conilleau à l’âge de 88 ans. J’avais trouvé le nom de Roland Conilleau en feuilletant le dossier Gengenbach à la bibliothèque de Saint-Dié. C’est lui qui fut, alors qu’il était conservateur du musée de Plombières-les-Bains, à l’origine de la redécouverte d’Ernest Gengenbach, alors retiré dans un village d’Eure-et-Loir, et du rapatriement de ses archives à Saint-Dié. J’avais aussitôt cherché à contacter l’homme et fini par avoir avec lui une conversation téléphonique. Conversation déroutante, dans la mesure où il me disait n’avoir gardé aucun souvenir de ses liens avec Gengenbach, alors que je venais de retrouver les lettres qu’il lui avait envoyées et les photos de lui qu’il avait prises… Ainsi, la dernière personne vivante à avoir vu le poète pour des raisons littéraires (car il reste peut-être, ici ou là, un voisin, un facteur, une infirmière ou un commerçant) était incapable de parler de cette rencontre. Perte de mémoire ? Souci de se débarrasser d’un importun ? Je devais plus tard connaître une nouvelle déconvenue avec un neveu de Gengenbach dont j’avais retrouvé la trace et qui avait refusé de me parler. Mais, comme devait me le confier plus tard un autre membre de la famille, il était absolument interdit d’évoquer la personne ou même le nom de l’Ernest au sein de celle-ci, à cause de sa vie dévoyée. Le tabou avait-il atteint Roland Conilleau ? Celui-ci emporte la réponse dans sa tombe. Il semble avoir vécu seul. Ses dossiers, ses papiers dans lesquels il doit bien y avoir trace de ses entretiens avec le surréaliste de Gruey-lès-Surance, finiront à la déchetterie.
LUNDI.
Lecture.
Brumes du passé (Jules Supervielle, 1901, rééd. in “Œuvres poétiques complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 426, 1996; 1116 p., 59 €).
Le poète naissant – il a alors dix-sept ans – se montre un bon lecteur des œuvres de Verlaine, Hugo et Baudelaire entre autres : “Ô morts ! que vous devez avoir froid sous la terre” rappelle fortement “Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs” de ce dernier. Supervielle fait ses gammes sur le mode élégiaque, ce qui ne l’empêche pas de se démarquer par quelques poèmes dans lesquels il fait état de sa condition d’orphelin, ses parents étant morts quelques mois après sa naissance en 1894 : “Ah ! que j’aurais voulu pouvoir chérir ma mère”…
Vie littéraire.
Arrivée au courrier de 31 vues sur rue, une plaquette photographique publiée par les éditions Deleatur, qui emprunte quelques images à notre cabinet de curiosités.
MARDI.
Vie sanitaire.
Après la réadaptation cardiaque à l’hôpital, le médecin du lieu m’a placé sur ordonnance dans un dispositif intitulé Prescri’mouv, destiné à améliorer la condition physiques des patients dans mon genre. Je suis aujourd’hui ma première séance de gymnastique douce adaptée. Caroline m’a acheté un tapis en mousse, indispensable élément de la panoplie du gymnaste souffreteux.
MERCREDI.
Éphéméride.
“Dimanche 26 janvier 1919
La neige fine, et grise comme elle l’est à Paris. Tout mon jardin est pailleté de ce sucre triste qui met un peu de lumière bleue aux arêtes des toits.
Écrire, s’en aller au fluide courant des mots qui chantent sous la plume, que l’on chipe à l’encrier, que l’on échange, que l’on aime.
Penser aux êtres identiques, leur fuyant visage. Penser au jeu, à la fatigue, à l’ardeur de la vie, être soi-même.
“Je ne crains pas que la féerie cesse mais au contraire qu’elle ne s’augmente jusqu’à l’enchantement”, écrivis-je à la Baronne Clauzel, “souvenez-vous du poème d’Aube de Rimbaud.” (Mireille Havet, Journal 1918-1919)
Vie littéraire.
Dans le livre Autobiographie et imaginaire dans l’œuvre d’Ernest de Gengenbach de Maria Elena Raffi, on peut lire que “l’évêque de Saint-Dié se charge, en 1921, de l’éloigner de la “capitale de la Femme” [Paris] pour l’inviter à examiner sa vocation à l’institution St. Joseph d’Épinal. Dans ce collège, Gengenbach va enseigner la littérature française, après avoir prononcé ses vœux en automne 1921.” Il restait à trouver trace du passage de l’abbé dans cette institution qui existe encore de nos jours – elle a produit, entre autres, le Goncourt Nicolas Matthieu, personnage un peu plus lisse que notre olibrius. Des émissaires notuliens sont partis en chasse. FP, qui a travaillé dans l’établissement, y est retournée pour fouiller les archives, qui ne remontaient pas aussi loin dans le temps. Pour ma part, j’ai fait chou blanc aux Archives municipales. Et c’est aux Archives départementales que PF, un notulien familier des lieux, a retrouvé le dossier souhaité. Sur ses indications, je me suis rendu aujourd’hui sur place et j’ai ouvert le “Registre des maîtres et employés” correspondant à la période. Le nom de Gengenbach y figure, sans être accompagné de grandes précisions. On ne donne en effet que sa nationalité, ses dates d’entrée et sortie (avril 1922 – juillet 1923) et sa qualité de surveillant, ce qui permet de corriger l’affirmation de Mme Raffi. Je prends des photos qui iront compléter le fonds Gengenbach de la bibliothèque de Saint-Dié.
VENDREDI.
Le cabinet de curiosités du notulographe.
Fête des voisins.
Chaumont (Haute-Marne), photo de Jean-François Fournié, 18 novembre 2017
Épinal (Vosges), photo d’Alice Didion, 4 septembre 2019
Lecture.
Underdog (William R. Burnett, Knopf, 1957 pour l’édition originale, Gallimard, coll. Série Noire n° 389, 1957 sous le titre Tête de lard pour la traduction française, rééd. coll. Quarto, “Underworld : romans noirs”, 2019, traduit de l’américain par Robert Hervé, révisé par Marie-Caroline Aubert; 1120 p., 28 €).
SAMEDI.
Football.
SA Spinalien – Reims B 8 – 1.
Je ne sais qui a prévenu les joueurs de mon retour au stade mais ils ont fait ce qu’il fallait pour qu’il ne passe pas inaperçu.
Films vus.
- Nomis (David Raymond, Canada, 2018)
- Katia (Robert Siodmak, France, 1959)
- Le Mariage de Rosa (La boda de Rosa, Icíar Bollaín, Espagne – France, 2020)
- L’Arrangement (The Arrangement, Elia Kazan, É.-U., 1969)
- Mon ami qui brille dans la nuit (c.m., Jawed Boudaoud, Simon Cadilh, Grégoire de Bernouis, Hélène Ledevin, France, 2020)
- Licorice Pizza (Paul Thomas Anderson, É.-U., 2021)
- My Week with Marilyn (Simon Curtis, R.-U. – É.-U., 2011)
- Jour de fête (Jacques Tati, France, 1949).
L’Invent’Hair perd ses poils.
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), photo de Philippe de Jonckheere, 26 mars 2012
Saulxures-sur-Moselotte (Vosges), photo de l’auteur, 20 décembre 2012
Poil et plume.
“Quelques jours après sa seconde séance de chimiothérapie, à l’aube, Louise constata dans la glace ronde de sa salle de bains qu’elle avait laissé sur l’oreiller une touffe épaisse de sa chevelure, tombée comme des flocons. Sur le sommet du mont de coton posé bien à plat sur son lit, elle dénicha un amas châtain, des centaines de milliers de filaments disposés en attroupement capillaire. Elle n’avait jamais observé ses cheveux sous cet angle, placés si loin d’elle, agglomérés, on aurait dit qu’ils étaient en réunion.” (Odile d’Oultremont, Les Déraisons)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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