N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 12 mars 2017.
LUNDI.
Lecture. Place des Vosges (Michel Braudeau, Seuil, coll. Fiction & Cie, 2017; 160 p., 16 €).
Compte rendu rédigé pour Histoires littéraires.
Je retrouve avec plaisir, et sans trop de rouille, l’exercice de la chronique abandonné depuis de nombreux mois. La mort de Jean-Jacques Lefrère a été un cap délicat à passer pour la revue qu’il dirigeait et si Histoires littéraires a continué à paraître et à publier des dossiers conséquents, la rubrique “Livres reçus” a eu du mal à retrouver constance et consistance. Après divers tâtonnements, je m’occupe désormais des commandes des services de presse aux éditeurs et cela semble fonctionner : les livres arrivent et sont de nouveau proposés régulièrement aux chroniqueurs. On ne va pas se plaindre, dans ce domaine du moins, d’avoir du travail.
MARDI.
Lecture. Escales nordiques (Georges Simenon, Le Petit Journal, 1931, rééd. Rencontre, 1967, in “Œuvres complètes Maigret III”; 632 p., s.p.m.).
Pour compléter son troisième volume des enquêtes de Maigret, l’éditeur a choisi de reprendre, pour la première fois en volume, une douzaine de chroniques de Simenon parues dans la presse du 1er au 12 mars 1931. Simenon habite à bord de son cotre, L’Ostrogoth, profite des escales pour écrire un Maigret par semaine. Entre-temps, il navigue, découvre la Hollande, l’Allemagne et surtout la Norvège, sujet de la majorité de ses articles. C’est un voyageur attentif, respectueux et admiratif devant les conditions de vie réservées aux habitants de ces froides latitudes, décrites avec la même économie de moyen que celle qui préside à ses romans.
MERCREDI.
Éphéméride. “Mercredi 22 février 1899
Levé tard. Réveillé même par coup de sonnette de Cilou qui vient, je ne me rappelle plus pourquoi. En tout cas, on parle des funérailles de Félix Faure qui auront lieu demain. Elle a une amie qui a un appartement rue de Rivoli sur le passage du cortège. Je lui persuade qu’elle doit profiter de cette chance. Mais son amie est en voyage en Algérie. Qu’est-ce que cela fait, lui dis-je. Il paraît que son amie, durant son absence a mis ses fenêtres à sa disposition et son appartement. Or Cilou a un enfant de cinq ans et des spectacles, je dirais historiques, comme ceux de demain, ont le don de passionner les gosses. Je me rappelle, moi galopin, l’enterrement de Victor Hugo (pages pour La Faim) ainsi que, deux ans avant, l’anniversaire de l’Homère bizontin et la défilade de trois cent mille hommes sous les fenêtres du Père comme on disait. Puis le Père apparaissant à la fenêtre de son petit hôtel encadré de Georges et de Jeanne Hugo – et moi, le galopin venu avec une délégation des enfants des écoles de la ville de Paris, et le romantisme passionné, la mélancolie ardente qui frémissait déjà en moi. L’amour de la gloire et de la puissance, de la richesse et de la beauté devant un pareil spectacle. Ma passion de garçonnet qui naissait brusquement pour Jeanne Hugo, alors une gosseline, passion que je me disais sans espoir, sans triomphe possible et l’immense tristesse qui me poignait alors, déjà, de n’être pas riche, fils de roi, un je ne savais quoi de beau, d’angélique, de riche et de prodigieux.” (Jehan-Rictus, Journal quotidien 21 septembre 1898 – 26 avril 1899)
JEUDI.
Lecture. La Nouvelle Revue française n° 614 (Gallimard, septembre 2015; 144 p., 15 €). Une revue, c’est une équipe, paraît-il. Mouais. C’est avant tout un homme, enfin une personne. Voir ce qu’est devenue La Quinzaine depuis le départ de Nadeau, la Revue des Deux mondes depuis celui de Michel Crépu. Et voir ce qu’est en train de devenir la NRf depuis l’arrivée du même Crépu qui a su lui redonner un contenu solide et, partant, de l’intérêt. Pour ce numéro, des lettres inédites d’Artaud, un article sur Leiris, un autre sur Kafka signé David Foster Wallace, une conférence de Christine Angot qui se révèle beaucoup plus lisible qu’on ne le croyait et des ouvertures inattendues sur le musée Emmanuel-Liais de Cherbourg (qui m’a fait penser à celui de Guéret) et sur le footballeur Didier Deschamps. Pour ce dernier sujet, c’est Grégory Schneider qui est aux commandes, gage de qualité. Il y a actuellement, à ma connaissance, trois personnes qui savent écrire sur le football : Vincent Duluc dans L’Équipe, François Bégaudeau dans Le Monde et Grégory Schneider dont les papiers, dans Libération, sont souvent remarquables.
VENDREDI.
Football. SA Spinalien – Créteil 0 – 1.
Le cabinet de curiosités du notulographe. Humour de cabaret, photos de l’auteur.
Strasbourg (Bas-Rhin), 29 octobre 2015 / Paris (Seine), rue Saint-Martin, 29 octobre 2016
SAMEDI.
Films vus. Jusqu’au dernier (Pierre Billon, France – Italie, 1957)
Le Nouveau (Rudi Rosenberg, France, 2015)
Gatsby le magnifique (The Great Gatsby, Baz Luhrmann, Australie – E.-U., 2013)
La Vache (Mohamed Hamidi, France, 2016)
Les Copains du dimanche (Henri Aisner, France, 1958).
L’Invent’Hair perd ses poils. Monotonie du paysage capillicole en République tchèque.
Lipnik nad Becvou, photo de Francis Pierre, 30 août 2010 / Brno, photo de François Golfier, 18 avril 2012 / Moravsky Krumlov, photo du même, 17 juin 2014
IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 5 avril 2015. 69 km. (28270 km).
224 habitants
Le monument de pierre presque noire, surmonté d’une Croix de Guerre, est situé sur le côté de l’église. Celle-ci est ouverte mais ne contient pas de plaque patriotique. La dorure des lettres a presque totalement disparu.
Moyemont
A ses enfants
Morts pour la France
1914-1918
HERTEMENT Léon
LARGENTIER Auguste
NYSSEN Henri
RENAUD Raymond
ROUSSELLE Charles
VAUTHIER Adolphe
XOUAL René
DEMANGEL Pierre 39-45
Une plaque ajoutée porte les noms de deux victimes civiles du 15 juin 1940 :
BERNARD André
DEVILLE Jean
À l’arrière, le monument est signé :
ROMBAUD-ROLAND
Granits
Jeumont (Nord)
Au cimetière, sont alignées 11 tombes de soldats tués dans les combats locaux du début de la guerre, août-septembre 1914. On trouve aussi deux tombes civiles de victimes du cru, Hertement et Aubert. Seul le premier figure sur le monument aux morts.
Poil et plume. “Nouveau coup de fil, rendez-vous au salon de coiffure dans une heure. Tausk se réjouit au moins d’y retrouver sa coiffeuse habituelle, très jolie fille très vive et très bavarde, très bien roulée, mais à son arrivée le gérant du salon lui apprend qu’elle n’est pas là, congé maternité, ce qui contrarie Tausk pour au moins deux raisons. Comme le gérant désigne sa remplaçante, celle-ci lui fait d’emblée froid dans le dos : cheveu presque ras, musclée, tatouée comme un récidiviste, deux anneaux dans le sourcil et un autre dans le nez, regard et geste durs, pas l’ombre d’un sourire d’accueil. De crainte de se prendre un coup de ciseaux collatéral, Tausk n’ose pas trop préciser la coupe qu’il désire et la fille, sans un mot, se met à faire n’importe quoi.” (Echenoz, Jean, Envoyée spéciale)
Bon dimanche,
Philippe DIDION
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