29 octobre 2023 – 1028

MERCREDI.                 

188 contes à régler (Jacques Sternberg, Denoël, 1988, rééd. Gallimard, coll. “Folio” n° 3059, 1998; 384 p., 9,70 €).

Nouvelles.

J’ai l’habitude de noter scrupuleusement la date et le lieu où j’ai acheté ou trouvé mes livres. Je ne l’ai pas fait pour celui-ci et je le regrette car je n’ai aucun souvenir de sa provenance qui m’aurait, pour le coup, intéressé. La page de garde ne comporte donc pas mes annotations mais une dédicace de Jacques Sternberg : “Pour Philippe Curval. Retrouver les mêmes rails des années 50 me donnent [sic] une lancinante nostalgie. Mais l’amitié demeure malgré tout.” Dans les années 50 évoquées, Sternberg et Curval avaient fondé ensemble la revue Le Petit Silence illustré (“La seule revue qui n’ait strictement rien à dire”) et publiaient des nouvelles de science-fiction dans les mêmes magazines, Fiction et Satellite, ce qui explique leur proximité. Mais sans la date d’acquisition de ce livre, je ne peux savoir si c’est Curval qui s’en est débarrassé ou si c’est sa bibliothèque qui a été dispersée aux quatre vents après sa mort. Or celle-ci est très récente (août dernier) et le volume traîne depuis plus longtemps dans mes étagères. La première option est donc à privilégier et l’amitié évoquée ne fonctionnait peut-être plus qu’à sens unique.                 

Henriette Cros à François Coppée

“Paris, ce 25 octobre 1894.

Monsieur,

Dans votre article du 18 octobre inséré au Journal vous rappelez que mon frère, Charles Cros, avait eu la pensée, il y a vingt ans déjà, que les points lumineux qu’à de certaines époques on avait observés sur la planète Mars, pouvaient être des signaux envoyés vers nous, qu’il fallait, si ce phénomène se reproduisait, observer soigneusement le rythme, l’intensité, la durée de ces points lumineux, tâcher de les comprendre, et tâcher d’y répondre. […]” (Charles Cros, Correspondance)

JEUDI.

Je rentre d’un séjour dans le Doubs, à Arc-sous-Cicon pour être précis, mais nous étions beaucoup plus nombreux puisqu’il s’agissait de retrouvailles entre amis de la première heure. Le temps n’a pas été bien clément mais le logis était vaste, confortable et propice aux agapes et réjouissances plus ou moins reposantes et musicales. Nous nous sommes quittés en nous promettant de ritualiser le rendez-vous chaque année au même endroit. Ce serait effectivement judicieux car personne ne rajeunit dans la bande et les occasions risquent de devenir rares.

VENDREDI. 

Vélos de façade, photos de l’auteur.

Bourganeuf (Creuse), 2 août 2022

Nancy (Meurthe-et-Moselle), 16 août 2022

SAMEDI.                           

  • Une année difficile(Olivier Nakache, Éric Toledano, France, 2023)
  • Peau de banane (Marcel Ophüls, France – Italie – R.F.A., 1963)
  • Le Pire Voisin au monde (A Man Called Otto, Marc Forster, Suède – É.-U., 2022)
  • La Fiancée du poète (Yolande Moreau, France – Belgique, 2023).

À propos de ce dernier film : l’intrigue se déroulant à Charleville, je pensais que le poète en question était forcément Rimbaud. De celui-ci on aperçoit bien une reproduction de la photo de Carjat mais le poète qui joue un rôle dans l’histoire est André Pieyre de Mandiargues. J’ai souvent entendu une autre cinéaste, Nelly Kaplan, parler de ses liens avec Mandiargues. Assez souvent pour penser que c’est le titre de son film le plus célèbre, La Fiancée du pirate, qui a inspiré celui du film de Yolande Moreau.

Saintes (Charente-Inférieure), photo de Bernard Cattin, 1er juillet 2012

Carqueiranne (Var), photo de Sylvie Bernasconi, 22 août 2019

“Vêtue de son uniforme de femme de chambre et coiffée d’un bonnet de dentelle blanche, Ethel Bridgewater, assise à la table de la cuisine, lisait le News of the World de la veille. Elle avait eu son attention attirée par une annonce d’une demi-page pour le “Royal-Cheveu Harlene” qui promettait aux utilisateurs de ces produits “des cheveux sains et d’une beauté somptueuse”.

Cela faisait quelque temps maintenant qu’Ethel envisageait de se coiffer en frange – ses amies étaient de plus en plus nombreuses à le faire – mais elle hésitait à franchir le pas. Même si elle était une jeune femme sans grande beauté, elle possédait une abondante chevelure châtain et elle sentait d’instinct que ce serait une erreur de se priver d’un tel atout.” (Rennie Airth, Un fleuve de ténèbres)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

22 octobre 2023 – 1027

DIMANCHE.                  

Histoires ciblées (Mortal Errors,Collectif, Davis Publications, 1983 pour l’édition originale, Pocket, 1990 pour la traduction française, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : 100 autres histoires extraordinaires », Presses de la Cité, coll. Omnibus, 1995; 1224 p., 145 F).

Nouvelles.

LUNDI.

La Nouvelle Gazette fortéenne volume 1 (L’Œil du Sphinx, 2020; 328 p., 35 €).

Les 60 ans du Matin des magiciens.

La Danseuse (Patrick Modiano, Gallimard, coll. “Blanche”, 2023; 112 p., 16 €).

Où sont passées les 216 pages de La Place de l’étoile ? Les 192 pages de Villa triste ? Les 184 pages de La Ronde de nuit ? Elles ont fondu. Modiano, maintenant, livre des romans d’une centaine de pages, pas plus. Et cela n’a rien de frustrant car on y trouve toujours de quoi nourrir son intérêt, qui peut prendre plusieurs directions. Avec La Danseuse, les lecteurs en quête des liens cachés entre Perec et Modiano noteront que celui-ci mentionne Cristal qui songe, un roman de Theodore Sturgeon qui fait partie du corpus utilisé par celui-là dans La Vie mode d’emploi. Ceux qui s’intéressent au Paris de l’auteur trouveront de nouveaux itinéraires à suivre entre la rue Coustou et la Porte de Champerret. Ceux qui (bon courage !) essaient de démêler la fiction de l’autobiographie en cherchant les points communs entre l’auteur et son narrateur trouveront de quoi faire avec un père appartenant “à un milieu un peu particulier” et un enfant exilé dans une localité de la banlieue parisienne, ils chercheront aussi à savoir si Modiano a vraiment travaillé pour l’éditeur Maurice Girodias. Les amateurs d’onomastique exotique pourront ajouter les noms de Félix Blasca, Marpessa Dawn, Michel Panaieff, des frères Barise et bien d’autres à leur répertoire. Ceux qui considèrent que Modiano écrit toujours le même livre trouveront des échos de Chevreuse, noteront que le narrateur évoque ses Débuts dans la vie et fréquente ce qui ressemble à un Café de la jeunesse perdue. Ceux qui sont à la recherche de nouveautés noteront que l’auteur, dont on connaît le goût pour les carnets d’adresses et les numéros de téléphone du genre Taitbout 28 32 ou Wagram 72 56, donne pour la première fois – je crois – un numéro de portable. Ils pourront aussi essayer de déterminer si les liens entre Céline et Modiano vont plus loin qu’une fascination commune pour les danseuses. Et puis ceux qui se moquent de tout cela se laisseront porter, une fois de plus, par un récit envoûtant, dans lequel se mêlent habilement passé, présent, souvenirs dormants, rêve et réalité.

MARDI.

L’Affaire Verlaine (Maurice Dullaert, Éditions Albert Messein, 1930, rééd. Obsidiane, coll. “Les Placets invectifs”, 2014; 72 p., 13 €).

Sans avoir l’œil de vigie ni l’oreille constamment tendue de Benoît Melançon, notulien québécois, je suis parfois sensible à quelques mouvements lexicaux ou sémantiques qui traversent notre langue. Ainsi, depuis un bon moment déjà, je constate le remplacement de plus en plus fréquent de l’adjectif bon/bonne par son homologue beau/bel/belle. On semble souhaiter plus volontiers une belle journée qu’une bonne journée, on souhaite aussi de belles vacances, un beau séjour, de belles fêtes. Hier, sur Facebook, une relation souhaitait à une amie (sans doute une belle personne) un bel anniversaire. Peut-être dira-t-on un jour beau débarras pour signifier son soulagement, peut-être les enfants feront-ils l’hiver prochain des beauxhommes de neige, peut-être un jour la belliche remplacera-t-elle la bonniche et peut-être priera-t-on le Beau Dieu. On fera alors preuve de beau goût en sacrifiant aux belles mœurs pour la belle cause car beau sang ne saurait mentir. Le grand-père de Caroline, qui était chand de vin, avait tout compris bien avant tout le monde : le vin de table qu’il commercialisait s’appelait Belebon.

MERCREDI.                 

“MacKinlay Kantor – RIP. Un grand romancier américain. Je relève dans sa notice nécrologique qu’un de ses meilleurs romans – un classique américain – manque à l’appel : Ann à la voix de clairon (1935). C’était un écrivain inégal, avec des hauts et des bas. Andersonville (1955) est une œuvre solide et Diversey (1928) l’un des premiers romans modernes sur Chicago. À mon avis, il n’a jamais reçu la reconnaissance qu’il méritait.

11 octobre 1977” (William R. Burnett, Journal)

JEUDI.         

“Une tragédie de l’erreur” (“A Tragedy of Error”, Henry James, in Continental Monthly, 1864 pour l’édition originale, in “Nouvelles complètes 1864-1876”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 501, 2003 pour la traduction française, traduit de l’américain par Pierre Fontaney; 1482 p., 73,50 €).

Nouvelle.

VENDREDI.

Thé ou café, photos de l’auteur.

Metz (Moselle), 5 février 2022

Reims (Marne), 27 décembre 2022

SAMEDI.                           

  • Pétaouchnok (Édouard Deluc, France, 2022)
  • La Vallée des poupées (Valley of the Dolls, Mark Robson, É.-U., 1967)                              
  • La Petite Bande (Pierre Salvadori, France, 2022)                              
  • La Dame de fer (The Iron Lady, Phyllida Lloyd, R.-U. – F, 2011).             

Aire-sur-l’Adour (Landes), photo de Bernard Cattin, 1er juillet 2012

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 25 août 2012

“Je monte la rue. La boutique est petite, avec une devanture blanche et un lettrage de bakélite : « Coiffeur Hommes » en Italique or. Le tout passé, délavé par les ans, fatigué au possible. L’absence de pubs modernes dans la vitrine, pour les habituels shampoings ou laques, évoque bien sûr un salon à l’ancienne, hors temps. Dans cette devanture, on ne trouve qu’une antique affiche Pétrole Hahn, jaunie sous son cadre, une PLV préhistorique pour les Pento, des bouteilles de Roja Flore, au bleu électrique. Et puis des rasoir coupe-choux à manche de nacre, alignés comme pour une collection, à côté des peignes et des ciseaux. […]

À l’intérieur, bien sûr, tout est resté en l’état. Sous l’odeur omniprésente de la lotion Rêve d’or Piver (vétiver géranium, héliotrope et santal), des lavabos blanc de faïence, et de vieux fauteuils inox et cuir, aux accoudoirs géants et cendrier incorporé. Du linoléum au sol. Du formica.” (Patrick Eudeline, Anoushka 79)

Bruxelles. Alice habite 19, rue du Béguinage. En face, sur la façade du numéro 16, on remarque une plaque brisée.

Les rapports entre Baudelaire et la Belgique (“Quel peuple ! Quel monde !” écrivait-il à Narcisse Ancelle le 27 mai 1864) ont toujours été compliqués, et ce n’est pas la lecture de ce texte qui va les rendre plus faciles à comprendre. Il faudrait lire Pauvre Belgique mais je n’ai pas ce livre en rayon. La maison abrite un “Petit Musée”, ouvert les vendredis 13 à partir de 13 heures. Nous sommes arrivés le samedi 14, il faudra revenir.

LUNDI.          

Toujours en exil et privé de télévision, j’ai dû me contenter d’écouter le match France – Springboks à la radio. C’est moins spectaculaire mais tout aussi prenant. Et puis ça évite de dire des âneries sur l’arbitrage comme on peut en lire et en entendre aujourd’hui.           

Quatorze juillet (Bastien Vivès, Martin Quenehen, Casterman, 2020; 256 p., 24,95 €).

MERCREDI.

Vosges Matin annonce aujourd’hui le décès du docteur Philippe Dulucq. Philippe Dulucq était déjà notulien en 2006 quand il avait accueilli Lucie à l’hôpital de Remiremont. Médecin lettré et curieux comme la notulie en compte quelques-uns, il m’avait entre autres appris le séjour de Germain Nouveau dans sa ville. Reconnaissance à l’homme et condoléances à sa famille.

Péplum (Amélie Nothomb, Albin Michel, 1996, rééd. Librairie Générale Française, coll. “Le Livre de poche” n° 14489, 1998; 160 p., 23 F).

“18 oct. 2010. Quelques semaines plus tard, le 27 décembre 1994, un commando du GIA a pénétré dans le presbytère de Tizi Ouzou et abattu mon oncle Jean, âgé de 69 ans, doué supérieurement d’humour et de bonté, ainsi que les trois autres religieux qui vivaient là. Selon ce que nous savons, son assassin avait vingt ans. Il serait mort à son tour l’année suivante sous les balles de l’armée algérienne.” (Éric Chevillard, L’Autofictif prend un coach)

VENDREDI.

SA Spinalien – Le Mans 1 – 2.

Cabinets particuliers.

Épinal (Vosges), photo de l’auteur, 31 octobre 2021

Pont-Aven (Finistère), photo d’Alain Hardebolle, 28 août 2022

SAMEDI.

On vous descend à la prochaine (Death Takes the Bus, Lionel White, Gold Medal, 1957 pour l’édition originale, Presses de la Cité, coll. “Un mystère” n° 393, 1958 pour la traduction française, traduit de l’américain par Louis Saurin, rééd. in « Polars années 50 », vol. 3, Omnibus, 1997; 1096 p., 145 F).

  • Bowling Saturne (Patricia Mazuy, France – Belgique, 2022)
  • Manchester by the Sea (Kenneth Lonergan, É.-U., 2016)                              
  • Maestros (Bruno Chiche, France – Belgique, 2022)                              
  • Du rififi chez les femmes (Alex Joffé, France – Italie, 1959)                              
  • Nostalgia (Mario Martone, Italie – France, 2022).             

Saintes (Charente-Inférieure), photo de Bernard Cattin, 1er juillet 2012

Orchamps (Jura), photo de Jean-Damien Poncet, 25 décembre 2016

“Jusqu’alors, la grande bataille qu’il avait livrée les mains nues et perdue sans gloire avait été celle de la calvitie. Depuis l’instant où il avait vu ses premiers cheveux blancs rester accrochés au peigne, il avait compris qu’il était condamné à un enfer impossible dont ceux qui ne l’ont jamais connu ne peuvent imaginer le supplice. Sa résistance dura des années. Il n’y eut ni onguent ni pommade qu’il n’essayât, ni croyance qu’il ne crût, ni sacrifice qu’il ne supportât pour défendre chaque centimètre de son crâne de la dévastation vorace. Il apprit par cœur les instructions de l’Almanach Bristol pour l’agriculture, parce qu’il avait entendu dire que la pousse des cheveux avait un rapport direct avec les cycles des récoltes. Il abandonna son coiffeur de toujours, un chauve illustre et inconnu, pour un étranger tout juste installé qui ne coupait les cheveux que lorsque la lune entrait dans son premier quartier.” (Gabriel García Marquez, L’Amour aux temps du choléra)

Beau dimanche,

Philippe DIDION

8 octobre 2023 – 1026

Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 22 octobre 2023.

DIMANCHE.                  

L’Étoile mystérieuse (Hergé, Casterman, 1942; 62 p., 11,95 €).

LUNDI.

Vosges Matin publie aujourd’hui un article sur le notulographe. Je n’y croyais plus car l’entretien à l’origine de ce texte avait eu lieu en mai dernier et je pensais que la journaliste avait abandonné toute idée de publication. Elle m’avait contacté suite aux facéties funéraires que je publie régulièrement sur un réseau, je lui avais donné rendez-vous dans le cimetière de Saint-Jean-du-Marché et lui avais montré quelques tombes et inscriptions intéressantes. Or, on ne rit pas impunément avec la mort, surtout dans un journal local, et j’aurais très bien compris que la dame ait reculé ou qu’on lui ait dit de le faire de peur des réactions éventuelles. Cela n’a pas été le cas et c’est tant mieux, car l’article évite l’écueil “L’homme qui rit dans les cimetières” en proposant un aperçu plus exact de mes motivations, avec ouvertures sur les notules et sur l’IPAD. De plus, la photo choisie pour l’illustrer me montre de dos, au milieu des tombes, c’est parfait. Bref, je suis très content de ce travail et les réactions qui me sont parvenues sont plutôt positives.

Schnock n° 42 (La Tengo, mars 2022; 176 p., 15,50 €).

Patrick Dewaere.

MERCREDI.                 

“Dimanche 13 septembre [1942]

Avec trente-cinq enfants à Saint-Cucufa, journée chaude et fatigante. Laure n’était pas là.

Jean-Paul a tenu parole et nous l’avons vu surgir avec stupéfaction vers quatre heures dans notre clairière.” (Hélène Berr, Journal)                 

Paul en appartement (Michel Rabagliati, La Pastèque, 2004; 120 p., 19 €).

VENDREDI.                 

Histoires littéraires n° 2 (Du Lérot éditeur, avril-mai-juin 2000; 168 p., 120 F).

En ce temps-là, la section “Livres reçus” chroniquait 77 livres et revues, et sans prendre de gants : “On ne recommande pas, on l’aura compris. Pour écrire cette brève note de lecture, nous avions posé notre tasse de café sur le livre. Il y a une auréole à présent. C’est bien la seule qu’il mérite.” Dans le dernier numéro que j’ai lu, 8 livres étaient chroniqués. Les temps changent mais le ton reste ferme : le Spinalien Georges Zaragoza a droit à un bel étrillage pour une biographie de Charles Nodier un peu légère.                  

Religion : mélange des genres.

Fouvent-Saint-Andoche (Haute-Saône), photo de Jean-François Fournié, 12 février 2020

Orgnac-l’Aven (Ardèche), photo d’Antoine Fetet, 27 décembre 2021

SAMEDI.                           

  • EO (Eo, Jerzy Skolimowski, Pologne – Italie – R.-U., 2022)
  • Gilbert Grape (What’s Eating Gilbert Grape, Lasse Hallström, É.-U., 1993)                             
  • Citoyen d’honneur (Mohamed Hamidi, France, 2022)                             
  • The Guilty (Den skyldige, Gustav Möller, Danemark, 2018)                             
  • Emily, criminelle malgré elle (Emily the Criminal, John Patton Ford, É.-U., 2022).             

Bilan établi au stade de 5 900 salons, atteint le 29 décembre 2022.

Bilan géographique.

  1. France : 4 946 (+ 92)
  2. Espagne : 185 (=)
  3. Royaume-Uni : 128 (=)
  4. Belgique : 94 (+ 1)
  5. Italie : 66 (+ 1)
  6. Suisse : 48 (=)
  7. États-Unis : 46 (+ 1)
  8. Portugal : 39 (=)
  9. Allemagne : 36 (=)
  10. Danemark : 34 (=)

Pas de changement en tête du classement. Belle progression de la Hongrie qui gagne 5 salons pour un total de 8, et passe de la 30e à la 21e place.

Classement général par régions (France).

  1. Rhône-Alpes : 800 (+ 7)
  2. Île-de-France : 787 (+ 6)
  3. Languedoc-Roussillon : 380 (+ 3)
  4. Lorraine : 371 (+ 1)
  5. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 360 (+ 5)
  6. Midi-Pyrénées : 287 (+ 41)
  7. Bretagne 202 (+ 4)
  8. Pays de la Loire : 199 (+ 5)
  9. Centre : 185 (+ 4)
  10. Bourgogne : 180 (+ 1)

Pas de changement en tête du classement mais on soulignera la performance de Midi-Pyrénées qui réduit un peu le gouffre existant entre les 5 premières régions et les suivantes.

Classement général par départements (France).

  1. Seine (Paris) : 610 (+ 5)
  2. Rhône : 346 (+ 1)
  3. Vosges : 190 (=)
  4. Hérault : 136 (=)
    “. Loire-Atlantique : 136 (+ 1)
  5. Meurthe-et-Moselle : 111 (=)
  6. Loire : 108 (=)
  7. Alpes-Maritimes : 106 (+ 3)
  8. Pyrénées-Orientales : 96 (=)
  9. Bouches-du-Rhône : 94 (+ 1)

La Loire-Atlantique revient au niveau de l’Hérault. La Haute-Garonne (12e) se rapproche du top 10 grâce à 31 nouveaux salons et un bond de 18 places.

Classement général par communes.  

  1. Paris : 610 (+ 5)
  2. Lyon : 164 (=)
  3. Nantes : 68 (=)
  4. Barcelone : 62 (=)
    “. Nice : 62 (+ 3)
  5. Nancy : 60 (=)
  6. Toulouse : 57 (+ 31)
  7. Épinal : 52 (=)
  8. Montpellier : 37 (=)
  9. Le Havre : 33 (=)
    “. Marseille : 33 (+ 1)

Toulouse, précédemment 14e, entre dans le top 10 à la 7e place. Reims (30e) gagne 76 places avec 12 nouveaux salons.

Bilan humain.

  1. Jean-Damien Poncet : 784 (+ 31)
  2. Philippe Didion : 456 (+ 19)
  3. Pierre Cohen-Hadria : 426 (=)
  4. François Golfier : 404 (+ 15)
  5. Jean-Christophe Soum-Fontez : 175 (=)
  6. Bernard Cattin : 167 (+ 30)
  7. Sylvie Bernasconi : 161 (=)
  8. Hervé Bertin : 160 (=)
  9. Jean-François Fournié : 139 (=)
  10. Benoît Howson : 88 (=)

8 contributeurs seulement pour 100 salons : une affaire de spécialistes pour cette centaine. Parmi ceux-ci, Bernard Cattin tire son épingle (à cheveux) du jeu en gagnant 2 places.

Étude de cas. Enseignes sous forme de phrases.

Paris (Seine), rue de la Folie-Méricourt, photo de Yannick Séité, 10 octobre 2018

Plouër-sur-Rance (Côtes-du-Nord), photo de Julien Pauthe, 10 mars 2019

Redon (Ille-et-Vilaine), photo de François Golfier, 19 janvier 2020

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Paul Olry, 12 avril 2019

“Ma première rencontre avec les cétacés, ce fut sur un paquebot qui desservait la côte d’Afrique, j’étais enfant encore, ou plutôt ce qu’on appellerait maintenant un “ado” (mot où s’entend de l’adoration), mais d’un modèle sage et bien peigné, d’autant que je sortais de chez le coiffeur du bord lorsque j’aperçus les deux dos bruns des cachalots (mon frère, moins chanceux que moi, était encore livré aux ciseaux du figaro, et ne put s’en échapper à temps pour admirer les tranquilles colosses).” (Olivier Rolin, Extérieur monde)              

Après Les Refusés la semaine dernière, c’est la revue Scribulations, concoctée par Jean-Marie Dutey, ancien de la Série noire et notulien de la plus belle eau, qui accueille aujourd’hui mes élucubrations – en l’occurrence un extrait de ma lointaine Tentative d’épuisement d’un lieu spinalien. Si l’on ajoute à cela ma présence dans la presse locale, on comprendra que je sois obligé de fuir pour échapper à la pression médiatique. Je devais passer la fin de semaine à Guéret (Creuse), pour assister aux Rencontres de Chaminadour. Là-bas, je connais le correspondant de La Montagne. S’il venait à me mettre le grappin dessus… J’annule. Au soir, nous trouvons refuge chez mon frère à Rhode-Saint-Genèse (Belgique), près de Bruxelles où Alice a été embauchée suite à son stage.

DIMANCHE.                   

Où l’on s’aperçoit qu’il n’est pas facile de mener à bien un déménagement en plein cœur de Bruxelles le jour de l’opération “Journée sans voiture”.

LUNDI.           

Brouillons les pistes. Au petit matin, nous sommes à Bâle (Suisse), l’après-midi à Amsterdam (Pays-Bas). Pas assez loin. Le soir, avec le jeu du décalage horaire, c’est Montréal (Québec).

MARDI.             

Montréal. Nous sommes retranchés dans le quartier Verdun – on ne sait jamais, si jamais un monument aux morts se présente… Le voyage s’est bien passé, si l’on excepte un majestueux vol plané au bout du tapis roulant de l’aéroport d’Amsterdam (que je voyais bien plus long), quelques difficultés à entrer en possession de notre auto de location et, celle-ci étant dépourvue de GPS, à trouver notre logis.

MERCREDI.                  

Nous retrouvons, au marché Jean-Talon, la cousine Marion, installée ici depuis son mariage avec un membre du staff des Canadiens de Montréal. Nous montons ensuite à l’assaut des escaliers qui mènent au belvédère et à la croix du Parc du Mont-Royal. En bas, autour de l’Université McGill, je crois reconnaître le quartier où j’avais assisté au concert de Beau Dommage lors de ma dernière visite. Mais mes souvenirs sont flous et les lieux que nous avions fréquentés alors, la taverne “Aux verres stérilisés” et le Beauceron où nous allions écouter de la musique gaspésienne, ont sans doute disparu. Nous nous replions à pied sur Verdun via Atwater, une belle trotte.                  

20 septembre [1944]. Déjeuner à la Bibliothèque du Congrès avec Archie. Quelques mots sur Alexis.” (Katherine Biddle, Journal 1940-1970)

JEUDI.          

Retrouvailles avec Claude, qui nous attend à Québec et nous guide dans un long arpentage de la ville.

VENDREDI.

Le Tableau du maître flamand (La tabla de Flandes, Arturo Pérez Reverte, Alfaguara, 1990 pour l’édition originale, J.-C. Lattès, 1993 pour la traduction française, rééd. Librairie Générale Française, coll. “Le Livre de poche” n° 7625, 1994, traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Quijano; 352 p., 8,20 €).                  

Restauration.

Vesoul (Haute-Saône), photo de Jean-François Fournié, 23 juin 2021

Paris (Seine), rue des Canettes, photo de Bernard Bretonnière, 9 juin 2019

Le traversier nous mène de l’autre côté du fleuve, à Lévis où nous sommes accueillis par Jocelyne et Gervais, l’autre moitié du Rêve du Diable, retour d’un triomphe obtenu au festival de Ripon, dans l’Outaouais.

SAMEDI.

Adieux aux amis. Nous voilà donc rendus à nous mêmes pour la suite de notre périple. Ce qui m’effraie un peu mais comme tout m’effraie – une vraie moumoune – ce n’est pas bien grave. Lors de mes précédentes visites au Québec, j’étais accompagné d’amis habiles et débrouillards qui savaient faire preuve d’initiative et aptes à faire face à toutes sortes de situations, ce qui est loin d’être mon cas. En ce temps-là, je suivais, je me laissais faire, peinard, béat, insoucieux de tous les équipages. Maintenant, c’est à nous de jouer. Le soir nous trouve à Rimouski, dans une cantine à poutine, égarés au milieu des pick-up monstrueux d’où sortent des gaillards bâtis comme des montagnes.             

Identification d’un Geai bleu, d’un Bruant à gorge blanche et d’un vol de Bernaches du Canada.

Bellême (Orne), photo de Christophe Hubert, 8 août 2012

Paris (Seine), rue de Rochechouart, photo de Jean-Damien Poncet, 6 septembre 2019

“… je me souvenais que lorsque j’étais gamin mes parents m’envoyaient, de l’autre côté du square où nous habitions, chez un coiffeur qui après m’avoir “rafraîchi” plaquait sur mon crâne de la “Gomina argentine” ou bien du “Pento”, un produit qui faisait le même miroitant effet – je revois le geste des deux mains frottées qu’il faisait pour étaler sur sa paume la noix de crème à faire reluire les cheveux comme des souliers de bal, je me souviens, peréquiennement, que le tube de Gomina était rouge et celui de Pento blanc et noir.” (Olivier Rolin, Extérieur monde)

DIMANCHE.

Identification d’un Junco ardoisé.

LUNDI.

Identification d’une Piéride des jardins.

MARDI.

Identification d’un Grand Chevalier.

Maria Chapdelaine (Louis Hémon, Grasset, 1921, rééd. Librairie Générale Française, coll. “Le Livre de poche” n° 685, 1967, 256 p., s.p.m.).

MERCREDI.                  

“Lettre de Vincent d’Indy, répondant à ma demande du 20. Il tient à parfaire l’éducation musicale de Madeleine et il en sera, cette année, comme les années précédentes. Au seuil de l’Apocalypse est considéré par lui comme une très grande œuvre d’art et il a vibré infiniment à L’Âme de Napoléon.” (Léon Bloy, La Porte des humbles, 27 septembre 1916)      

Identification d’une Coccinelle stigma et d’un Syrphe des mares de l’ouest.    

Identification d’un Goéland à bec cerclé.

Arrivée à Saint-André-de-Kamouraska, chez Andrée qui nous attend avec Claude, retour de Québec. Le soleil se couche sur le Saint-Laurent et les guitares sont de sortie pour une session qui nous voit revisiter Stephen Faulkner, Johnny Cash, John Denver, Willie Nelson, Gordon Lightfoot, Jim Croce et d’autres. Ma voix est un peu abîmée par trois jours de toux continuelle mais ça tient à peu près.

JEUDI.          

Nous retraversons le fleuve de Rivière-du-Loup à Saint-Siméon et rentrons à Québec par Charlevoix. Une poussée jusqu’à Montréal demain et ce sera l’heure du retour. Nous sommes un peu étourdis mais ça en valait la peine puisque nous aurons réussi à accomplir le périple que nous avions prévu. Je l’avais entamé inquiet, je l’achève satisfait, et même heureux. Heureux d’avoir revu des lieux dont j’avais le sentiment de n’avoir pas assez profité précédemment. Heureux d’avoir revu les amis d’ici, quarante ans déjà qu’on se connaît, qu’on se visite d’un côté ou de l’autre de l’océan, et d’avoir été reçu comme le roi Charles ne l’a sans doute pas été en France au même moment. Ne manquait à l’appel que l’ami Jean, mais ce n’est pas grave puisqu’il doit venir en France la semaine prochaine et que nous verrons à ce moment-là. Heureux d’avoir su nous débrouiller dans les villes et sur les routes sans passer pour des ploucs égarés. Heureux d’avoir vu en vrai des piles de boîtes de Paris Pâté, celles qu’ingurgite Paul à la chaîne au cours de son travail d’été. Heureux d’avoir découvert de nouveaux oiseaux et de nouveaux insectes. Heureux enfin d’avoir payé ma dette. Je devais ce voyage à Caroline depuis 1995, date de ma dernière traversée. J’étais parti, elle était restée at home. Nous nous étions rencontrés peu avant mon départ, qui était déjà prévu : je ne pouvais alors imaginer cet événement qui allait bouleverser ma vie – et, accessoirement, la sauver. La dette est apurée, en route pour de nouvelles aventures.

VENDREDI.

Misère de la signalisation routière en Creuse, photos de l’auteur.

Clugnat, 5 août 2022

Lussat, 4 août 2020

SAMEDI.              

Bellême (Orne), photo de Christophe Hubert, 8 août 2012

Pénestin (Morbihan), photo de Régis Conraud, 27 octobre 2021

“…  à voir ses cheveux gris, les traits marqués de son visage, il était pris de honte et de désespérance. Quelque chose le poussait à rendre à son corps de la fraîcheur, à le refaire. On le voyait souvent dans le salon de coiffure de l’hôtel; enveloppé du peignoir, allongé sur la chaise, s’abandonnant aux soins d’un coiffeur bavard, il considérait d’un regard tourmenté son image dans le miroir.” (Thomas Mann, La Mort à Venise)   

C’est l’heure du retour, une heure plus tardive que prévue à cause d’un vol retardé et d’une correspondance ratée. Petit moment désagréable à l’aéroport de Montréal, au moment de passer le contrôle. Je sors de l’appareil radiographique, le préposé me retient et appelle un de ses collègues : “J’ai quelque chose pour toi”. Le quelque chose, c’est moi. Le collègue me renfourne dans l’appareil, me fait adopter différentes positions, remonter ma limace, descendre un peu mon grimpant avant de me lâcher, un peu transpirant mais lavé de tout soupçon.

DIMANCHE.        

Déjeuner de famille (The Stories of John Cheever, John Cheever, Alfred A. Knox, 1978 pour l’édition originale, Joëlle Losfeld, 2007 pour la traduction française, rééd. Gallimard, coll. “Folio” n° 4999, traduit de l’américain par Dominique Mainard et Florence Lévy-Paolini, 2010; 416 p., 9,70 €).                       

Nouvelles.

LUNDI.           

Bas les cœurs ! (Georges Darien, Alfred Savine éditeur, 1889, rééd. Omnibus, “Voleurs !”, 2005; 1384 p., 25 €).                         

Le Secret de la Licorne (Hergé, Casterman, 1943; 62 p., 11,95 €).

MERCREDI. 

Lundi 4 octobre [1954]

Rouen. De nouveau effroyable mal de tête et fatigue, fatigue… Je me couche après le déjeuner et dors jusqu’à cinq heures. Et puis, ce matin, je me suis ouvert l’index droit en abaissant une glace dans l’autobus. Après avoir saigné, ça suppure et ça me gêne pour écrire.” (Jacques Brenner, Journal, tome II : À Saint-Germain-des-Prés 1950-1959)

VENDREDI.

SA Épinal – Rouen 1 – 1.

Cabines téléphoniques en reconversion.

Damme (Belgique), photo de Jean-François Fournié, 24 septembre 2021

Metz (Moselle), photo d’Alice Didion, 17 septembre 2022

SAMEDI.                           

  • Anatomie d’une chute (Justine Triet, France, 2023)
  • La Chambre de l’évêque (La stanza del vescovo, Dino Risi, Italie – France, 1977)
  • Plancha (Éric Lavaine, France, 2022)
  • Arlington Road (Mark Pellington, É.-U., 1999).             

Cully (Suisse), photo de Jean Prod’hom, 16 août 2012

Fontainebleau (Seine-et-Marne), photo de Jean-Damien Poncet, 19 novembre 2016

Le Musée des merveilles (Wonderstruck, Todd Haynes, É.-U., 2017)

Bon dimanche,

Philippe DIDION