25 avril 2021 – 926

DIMANCHE.                   

Bestiolaire. Dans son dernier Carnet de notes (oui, j’ai commencé à le lire, au rythme d’un mois entre deux autres lectures), Pierre Bergounioux signale l’apparition du “premier papillon de l’année”, un Citron comme il se doit, le 11 mars 2016. Cette année, j’ai dû attendre jusqu’au 28 mars pour en voir un à Senonges (Vosges). Le lendemain, j’assistais à l’installation des Hirondelles de cheminée dans la grange de la ferme D., à Châtel-sur-Moselle (Vosges aussi). Depuis, le froid est revenu, la floraison s’est bloquée et les insectes ne sortent pas. J’arpente le périmètre de dix kilomètres de rayon qui nous est alloué, je guette, je scrute, le chat est maigre : un Bourdon terrestre, une jeune Abeille domestique, un Géotrupe printanier, des Fourmis rousses toujours actives et, seule surprise, un beau Méloé printanier à Deyvillers (Vosges, forcément).    

LUNDI.           

Lecture. Discussion (Discusión, Jorge Luis Borges, 1932 pour l’édition originale, Gallimard, 1966 pour la traduction française, rééd. in « Œuvres complètes I », Bibliothèque de la Pléiade n° 400, 2010, traduit de l’espagnol par Paul Bénichou, Sylvia Bénichou-Roubaud, Jean-Pierre Bernès, Françoise Rosset et Claire Staub; 1766 p., 68,50 €).

Borges a rassemblé sous ce titre divers articles parus pour la plupart d’entre eux dans la célèbre revue Sur, de Victoria Ocampo. L’auteur y exprime son goût pour Flaubert et Walt Whitman, son intérêt pour le paradoxe de Zénon d’Élée, y développe son incroyable érudition sur des sujets littéraires, métaphysiques ou philosophiques. Le texte le plus intéressant s’intitule “De l’éthique superstitieuse du lecteur”. Borges y dénie l’importance du style dans ce qui fait un chef-d’œuvre littéraire, affirmant la primauté du sujet : “Don Quichotte gagne des batailles posthumes contre ses traducteurs et survit à toute version négligente. Heine, qui jamais ne l’entendit en espagnol, put le célébrer à jamais. Le fantôme allemand, scandinave ou hindoustanique de Don Quichotte est plus vivant que les artifices verbaux d’un styliste anxieux.”    

MARDI.           

Lecture. Griffu (Jean-Patrick Manchette et Jacques Tardi, Éditions du Square, 1978, rééd. Gallimard, coll. Quarto, “Romans noirs”, 2005; 1344 p., 29,50 €).    

MERCREDI.                  

Éphéméride.21 avril [1942]. Attaque aérienne des Américains sur Tokyo; Lübeck bombardée par la RAF. C’est bien !

… J’écris ces mots et je prends peur. Quoi ? Est-on déjà devenu assez endurci, assez inhumain pour applaudir à l’Apocalypse ! Car c’est un spectacle d’Apocalypse que le bombardement d’une ville moderne… L’agonie des enfants innocents, la panique des foules, la misère accumulée, la destruction des cathédrales et des hôpitaux, des temples et des théâtres, des jardins, des écoles, des cités ouvrières et des bibliothèques – cela est-il “bien” ?

Ce n’est pas bien mais c’est inévitable ! Hitler doit tomber. Tout ce qui l’affaiblit et rend plus proche sa défaite, j’y applaudis. Les bombardements affaiblissent Hitler. Je suis pour les bombardements.” (Klaus Mann, Le Tournant)                    

Lecture. Bouclard n° 3 (Bouclard Éditions, 2020; 64 p., 10 €).    

JEUDI.          

Devoirs de vacances. J’ai décidé de consacrer cette journée à constituer mon dossier de départ en retraite. La chose m’effraie depuis un long moment, il faut que je m’y prenne longtemps à l’avance pour franchir ou contourner tous les obstacles que je devine dressés sur mon chemin par le monstre informatique. Caroline et Lucie sont là, dans le coin du soigneur, pour prévenir tout jet de l’éponge au bout du cinquième mot de passe à fournir. L’affaire ne se passe pas si mal, et j’envoie le bidule en fin d’après-midi. Dix minutes plus tard, je reçois le “document de demande de radiation des cadres à imprimer et à adresser daté et signé à [mon] employeur par la voie hiérarchique.” Dix minutes. Et moi qui pensais qu’on allait me dire gentiment “Vous êtes sûr ? Vous ne voulez pas rester un petit peu plus longtemps avec nous ? Qu’est-ce qu’on va devenir, sans vous ?…” Penses-tu. Casse-toi pauv’ con. Bande d’ingrats.            

Lecture. En cherchant Parvulesco (Christophe Bourseiller, La Table Ronde, 2021; 128 p., 14 €).                        

Ça commence comme une autobiographie classique, la famille dans laquelle tout tourne autour du théâtre, l’enfance, les premiers pas au cinéma sous la houlette de Jean-Luc Godard, la célébrité avec le rôle de Lucien dans Un éléphant ça trompe énormément. Gloire fugace de Christophe Bourseiller et qui s’évanouit, laissant place à un sentiment d’injustice : Godard l’abandonne, ne s’intéresse plus à lui. D’où ce livre dans lequel on devine la question qui le tourmente : Jean-Luc, pourquoi m’as-tu abandonné ? Godard n’est pas connu pour sa fidélité : on sait ce qu’il est advenu de son amitié avec Truffaut, on se souvient de la déception d’Agnès Varda à la fin de Visages, villages. C’est ainsi. Mais Bourseiller, lui, n’abandonne pas Godard. En revoyant À bout de souffle, il tombe sur la séquence dans laquelle Jean-Pierre Melville est assailli par une meute de journalistes à la descente d’un avion. Melville incarne Jean Parvulesco, présenté comme un écrivain renommé. La scène est brève, mais chez Godard, il faut faire attention à tout. À tous les personnages notamment. Pas seulement à Michel Poiccard ou à Pierrot le fou, aux autres aussi, qui ne font que traverser l’écran. Dans Pierrot le fou, justement : on voit une vieille dame propriétaire d’un yacht qui se présente comme étant la princesse Aïcha Abadie et qui n’est autre que Berthe de Nyse, dont Paul Schneebeli raconta le tumultueux parcours lors du dernier Colloque des Invalides en 2016 : journaliste, poétesse, aérostière, comtesse, actrice, conférencière et, selon ses propres dires, princesse du Liban. Un personnage hors du commun, c’est certain, qui mourut à Nice en 1971 à l’âge respectable de quatre-vingt-quinze ans. Une parenthèse d’histoire locale maintenant : le vrai nom de Berthe de Nyse était Berthe Denise Veil. Son père était le journaliste et patron de presse Édouard-Amédée Veil, né à Épinal le 17 octobre 1845 au domicile de ses parents, rue Aubert. Rien à voir avec Simone Veil, bien sûr. Mais, effet du hasard objectif, un rapprochement intéressant : la meilleure amie de Simone Veil, Marceline Loridan, vécut une partie de son enfance rue des Minimes, à quelques pas de cette même rue Aubert. Bon, je m’égare, revenons au livre et et aux personnages secondaires chez Godard. Jean Parvulesco n’est pas une invention du cinéaste. C’est effectivement un écrivain, mais pas du genre à rassembler un bataillon de journalistes pour l’accueillir sur un tarmac. Au bout d’une quarantaine de pages, Christophe Bourseiller abandonne l’autobiographie pour partir à la découverte de Parvulesco. Un personnage qui, lui aussi, vaut le détour : figure de Saint-Germain-des-Prés, ami des cinéastes (Godard, donc, mais surtout Rohmer, il apparaît à plusieurs reprises dans la biographie d’Antoine de Baecque et Noël Herpe), écrivain maudit et perpétuellement fauché, complotiste avant l’heure, agent secret autoproclamé, féru d’ésotérisme, d’occultisme, de géopolitique abracadabrante, on peut le situer à mi-chemin entre Jack Thieuloy et Ernest Gengenbach. On ne sera d’ailleurs pas surpris de trouver parmi ses connaissances Raymond Abellio, que Gengenbach fréquenta également et rien ne dit que les deux zigotos ne se sont pas croisés – je rêve de trouver trace d’une telle rencontre. Tout ça pour dire que Parvulesco possédait tous les atouts pour intéresser Christophe Bourseiller dont on connaît le goût pour tout ce qui touche à la culture et à la politique underground des années 1960 et suivantes. Christophe Bourseiller fut un régulier du Colloque des Invalides où je l’ai souvent croisé, toujours surpris de constater qu’il avait gardé la même voix que dans le film d’Yves Robert. Il venait y parler de Debord et d’autres plus obscurs comme Peter Sotos, Alexander Trocchi ou Annie Sprinkle. Nul doute qu’il aurait donné dans ce cadre un beau portrait de Parvulesco et qu’à l’oral sa confusion entre l’inspecteur Clouseau et Henri-Georges Clouzot serait passée inaperçue.  

Christophe Bourseiller, XVIIe Colloque des Invalides, Paris (Seine), photo de l’auteur, 15 novembre 2013    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Les beaux titres de la presse locale, collection de l’auteur.  

Vosges Matin, 20 mai 2017 / L’Écho des Vosges, 16 novembre 2017    

SAMEDI.              

Films vus.

  • 16 ans ou presque (Tristan Séguéla, France, 2013)                               
  • 1001 pattes (A Bug’s Life, John Lasseter, É.-U., 1998)                               
  • Ma famille et le loup (Adrià Garcia, France – Belgique, 2019)                               
  • Mean streets – Les Rues chaudes (Mean Streets, Martin Scorsese, É.-U., 1973)                               
  • Radioactive (Marjane Satrapi, R.-U. – France – É.-U. – Chine – Hongrie, 2019)                               
  • Les Commitments (The Commitments, Alan Parker, Irlande – R.-U. – É.-U., 1991)                               
  • Arrête ton char… bidasse ! (Michel Gérard, France – R.F.A., 1977).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Paris (Seine), boulevard Pasteur, photo de Danielle Constantin, 11 décembre 2011

Tours (Indre-et-Loire), photo de Yannick Séité, 5 octobre 2017                

Poil et pellicule.  

Moonrise Kingdom (Wes Anderson, É.-U., 2012)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

18 avril 2021 – 925

MERCREDI.                  

Éphéméride.Lundi 14 avril 1969  

Nous sommes à Saincy depuis samedi midi. Il est agréable d’être à la campagne, à peu près à l’abri du téléphone et des affaires. Grande maison, ancienne ferme, bien équipée à l’intérieur : beaucoup de livres, des objets pittoresques, une crasse généralisée (poussière essentiellement). On tâche de se reposer.” (Jean-Patrick Manchette, Journal 1966-1974)                    

Lecture. Stoner (John Williams, The Viking Press, 1965 pour l’édition originale, Le Dilettante, 2011 pour la traduction française, traduit de l’américain par Anna Gavalda; 384 p., 25 €).                               

Écrivain rare (deux recueils de poèmes et quatre romans), John Williams illustre avec Stoner l’histoire connue des vieux pots et des meilleures soupes. Rien de neuf, rien d’audacieux, rien de révolutionnaire en effet dans cette histoire qui suit la vie d’un professeur d’université de l’enfance à la tombe. L’analyse psychologique fouillée des personnages et les ressorts romanesques datent du XIXe siècle (l’homme épouse une femme qui bovaryse, s’aperçoit qu’il s’est trompé d’histoire d’amour et finit à peu près seul), le cadre est un lieu commun du roman américain (le roman de campus, nourri des rivalités entre collègues et des relations interdites entre professeurs et étudiantes), la dimension historique, autre point de passage obligé, est convoquée (Stoner connaît deux guerres mondiales et la crise de 1929). Ce pourrait donc être un roman banal, un peu fade, mais l’auteur réussit à lui donner une dimension qui dépasse celle de ses modèles par la personnalité de son héros, ce professeur qui s’aperçoit au soir de sa vie que rien n’est plus beau que d’apprendre et faire apprendre, et par un style ample que la traduction d’Anna Gavalda réussit à reproduire malgré quelques scories qu’un correcteur plus avisé aurait facilement repérées. On apprend, en lisant sa notice biographique, que John Williams enseignait l’écriture créative à l’université de Denver. Apparemment, il savait de quoi il parlait.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Rues chaudes.  

  Portbail (Manche), photo de Dominique Renaux, 23 juin 2019

Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), photo de Christophe Hubert, 6 août 2020                    

Lecture. Le Journal de mon père (Chichi no koyomi, Jirô Taniguchi, 1994 pour l’édition originale, Casterman, 1999-2000 pour la traduction française, rééd. coll. écritures, 2016, traduit du japonais par Marie-Françoise Monthiers; 280 p., 19,95 €).                                

Paru cinq ans avant Quartier lointain, Le Journal de mon père fonctionne selon le même schéma et aborde les mêmes thèmes : un homme est amené à retourner dans la ville où il a passé son enfance, retour qui entraîne une plongée dans ses souvenirs familiaux. Les situations sont assez différentes d’un livre à l’autre pour qu’on n’essaie pas d’y trouver des implications autobiographiques mais on voit bien ce qui préoccupe Taniguchi : la peur de la séparation, de la mort, d’une vie incomplète. Il ne s’agit pas, dans les deux livres, d’une nostalgie de l’enfance heureuse, les souvenirs évoqués sont plutôt douloureux et les visages dessinés sont rarement souriants. Il s’agit plutôt d’un constat d’échec, l’enfance étant le moment où il était possible d’orienter les choses dans un sens différent, ce qui n’a pas été possible faute d’avoir compris ce que cachent les adultes, leur amour principalement. Les histoires de Taniguchi montrent des hommes qui, à la fin de leur parcours, acceptent de vivre avec cet échec et abordent un nouveau tournant de leur vie. Le constat est amer, douloureux, mais non dénué d’espoir, ce qui donne des livres très attachants, beaux et tristes.     

SAMEDI.              

Films vus.

  • Lucky (Olivier Van Hoofstadt, France, 2020)                               
  • Le Retour des bidasses en folie (Michel Vocoret, France, 1983)                               
  • Dark Waters (Todd Haynes, É.-U., 2019)                               
  • Nous nous sommes tant aimés (C’eravamo tanto amati, Italie, 1974)                               
  • The Tourist (Florian Henckel von Donnersmarck, É.-U. – France – Italie – R.-U., 2010)                               
  • Pour un garçon (About a Boy, Chris & Paul Weisz, R.-U. – É.-U. – France – Allemagne, 2002)                               
  • A Ghost Story (David Lowery, É.-U., 2017).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Paris (Seine), rue Henry-Monnier, photo de Clotilde Eav, 8 décembre 2011                

Poil et pellicule.                                                                                                                     

Rock’n Roll (Guillaume Canet, France, 2017)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION

11 avril 2021 – 924

DIMANCHE.                   

Lecture. Poèmes inachevés (Raymond Roussel, in “Œuvres” I, Pauvert, 1994; 396 p., 25,40 €).                                 

Il s’agit sans doute, nous dit Annie Le Brun dans sa présentation, des poèmes les plus anciens issus de la plume de Raymond Roussel. On les découvre ici dans une édition diplomatique qui reproduit les notes, ratures et repentirs de l’auteur et qui permet de confirmer ce que l’on sait de sa technique d’écriture : les rimes figurent sous forme de listes à droite de la page et précèdent la composition des vers qui ne sont, pour aller vite, qu’une sorte de remplissage. On notera le côté scrupuleux de cette édition, qui va jusqu’à inclure les pages blanches figurant dans la liasse de feuillets sur lesquels apparaissent ces deux poèmes retrouvés.    

LUNDI.           

Vie professionnelle. C’est reparti pour un tour d’enseignement à distance. Pas question, cette fois, de se mettre la rate au court-bouillon, ce sera moderato cantabile. Les leçons de l’année passée ont été retenues : on sait comment ça marche, ou plutôt comment ça ne marche pas. La période précédente avait fortement endommagé le mur que j’avais patiemment construit pour séparer ma vie d’ici de ma vie là-bas, j’ai mis beaucoup de temps à le relever et n’ai pas envie de le voir s’effriter à nouveau.    

MERCREDI.                  

Éphéméride. À Edmond Deman  

“Paris[, mardi] 7 avril 1891.  

Mon cher ami,  

Nous allons, n’est-ce pas ? durant quelques jours, puisqu’il s’agit d’établir cette édition des Vers, nous faire mutuellement part de nos réflexions, au hazard et par notes jetées. Tout réfléchi, je crois qu’il n’y a pas lieu de recommencer une publication du manuscrit, cela se passe une fois à titre d’exception, mais le vers y perd. Le vers n’est très beau que dans un caractère impersonnel, c’est-à-dire typographique : sauf bien entendu à faire graver si l’on veut donner à l’édition quelque chose d’immuable et de monumental. C’était, je crois, votre impression quand vous parlâtes de gravure autrefois, et, me semble-t-il, la vraie. Trouver un des beaux types romains qui soient et faire graver (je dis romain, le vers m’y semble plus définitif que dans l’italique laquelle se rapproche encore de l’écriture.” (Stéphane Mallarmé, Correspondance choisie)    

JEUDI.          

Lecture. Décapage n° 61 (Flammarion, automne-hiver 2019; 172 p., 16 €).                        

“J’écris mais j’aime mon boulot”            

Vie littéraire. C’est aujourd’hui que sortent les Carnets de notes 2016-2020 de Pierre Bergounioux. Grand jour pour les bergouniaques anonymes et déclarés, j’en suis, qui savent qu’il n’y en aura pas jusqu’en 2050, le bonhomme prend de l’âge. Il a fallu attendre cinq ans mais ne nous plaignons pas, pour les premiers volumes, c’était dix. Bientôt vont arriver les premiers comptes rendus de ceux qui dévorent la chose dès sa sortie des presses, je ne les lirai pas, je ne veux pas gâter le plaisir de la découverte. Le livre est là, la brique jonquille de chez Verdier entre mille reconnaissable. Et je ne sais qu’en faire. Me lancer dedans en continu, comme je l’ai fait pour les premiers Carnets et en sortir tout autant étourdi ? Le déguster en tranches, comme le précédent, pour mieux le savourer ? Fondre directement et narcissiquement sur les pages précédemment livrées à la NRf pour voir si Bergou a conservé le passage où il est question d’un “garçon d’Épinal” que je connais bien ? Attendre le séjour en Creuse, pays limitrophe de sa Corrèze natale, pour le lire l’esprit dégagé de toutes contraintes ? Le ranger, et ne pas le lire ? J’opte pour la dernière solution. Pas touche, trop précieux, on verra plus tard.    

VENDREDI.                  

Lecture. Revue des Deux Mondes, octobre 2019 (184 p., 18 €).                                

“L’esprit français”                                 

Fenêtre sur cour et autres nouvelles (William Irish, Presses de la Cité, coll. Omnibus, vol. « Nuit noire », 1994, d’après la traduction de Madeleine Œuvrard; 948 p., 135 F).                    

Le cabinet de curiosités du notulographe. Rayonnement capital sous divers formats.  

  Lyon (Rhône), photo de l’auteur, 26 décembre 2018

Nicosie (Chypre), photo de Pierre Cohen-Hadria, 22 septembre 2017    

SAMEDI.              

Films vus.

  • Bluebird (A Bluebird in My Heart, Jérémie Guez, Belgique – France, 2018)                               
  • La Comtesse noire (Jesús Franco, France – Belgique, 1973)                               
  • De Gaulle (Gabriel Le Bomin, France, 2020)                               
  • Calculs meurtriers (Murder by Numbers, Barbet Schroeder, É.-U., 2002)                               
  • De l’or en barres (The Lavender Hill Mob, Charles Crichton, R.-U., 1951)                               
  • Adieu ma belle (Murder, My Sweet, Edward Dmytryk, É.-U., 1944)                               
  • Madame Claude (Sylvie Verheyde, France, 2021).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

  Digne-les-Bains (Basses-Alpes), photo de Rémi Schulz, 6 décembre 2011

Paris (Seine), rue Paul-Louis-Courier, photo de l’auteur, 28 octobre 2016                

Poil et plume. “Ou, vers deux heures, je vais chercher Creezy chez son coiffeur. J’assiste au finish, au dernier coup de ciseaux, de peigne, de laque, le coiffeur qui recule, qui a encore un dernier regard pour son œuvre puis qui s’en va, assez simple pour ne pas attendre l’ovation. J’entre dans cet univers bruissant, agité, imperturbable où chacun, le coiffeur, le couturier, la femme-colonel, se prend pour Napoléon, tous les trois le même mouvement, le buste rejeté en arrière, le regard cligné, la patte levée. Nous allons déjeuner.” (Félicien Marceau, Creezy)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

4 avril 2021 – 923

MARDI.          

Lecture. Histoires fascinantes (A Choice of Evils,Collectif, Davis Publications, 1983 pour l’édition originale, Pocket n° 4396, 1995 pour la traduction française, rééd. in « Alfred Hitchcock présente : Encore 109 histoires extraordinaires », Presses de la Cité, 1994; 1230 p., 145 F).                         

Nouvelles.                        

La meilleure nouvelle de ce recueil est signée William Link et Richard Levinson, et Jacques Baudou nous apprend ce qu’il appelle “sa singulière destinée” : Elle donnera naissance en trois étapes (une dramatique TV, une pièce de théâtre, un pilote de série TV) à l’un des plus célèbres personnages de la télévision américaine : le lieutenant Columbo.” Le côté étrange de la chose tient au fait qu’on ne trouve aucun personnage d’enquêteur dans cette histoire…    

MERCREDI.                  

Éphéméride. “Mardi 31 mars [1942]  

Réveil extrêmement maussade. Pas un mot de Mariette. Je m’irrite. Coup de téléphone de G[eneviève] C*. rendez-vous à 12h30 à l’Orangerie (Porte de Versailles). Travaillé. Fait les comptes rendus de Le Chapurakan, À l’ombre de l’usine, La personne France, Le boiteux de la rue St-Marc. Allé à Comœdia. Vu Masclary, Arland et Lemoine. Je réclame, à leur surprise, le bouquin de Jean d’Agraives. Masc[lary] : [“] À une condition, c’est que vous ne l’éreinterez pas. – Mais pas du tout. Je veux en dire beaucoup de bien.” Arland : “Ça n’est pas une blague ?” (Jacques Lemarchand, Journal 1942-1944)

Lecture. Xavier Dupont de Ligonnès (Pierre Boisson, Maxime Chamoux, Sylvain Gouverneur, Thibault Raisse, so lonely., 2020; 190 p., 15,90 €).                                

Ce fut le grand succès de l’été : deux numéros du magazine Society consacrés aux meurtres et à la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès, 400 000 exemplaires vendus, dit-on, tirage épuisé bien sûr. Coupant l’herbe sous le pied des petits malins qui comptaient vendre leurs exemplaires à prix d’or sur Amazon ou ailleurs, les responsables du magazine en ont fait rapidement un volume présentant l’enquête dans son intégralité. C’est du beau boulot, un travail complet et sérieux – pas de spéculations, rien que les faits – qui montre ce dont sont capables les journalistes quand on leur donne du temps (quatre ans d’enquête tout de même) et de l’espace. On se prend à regretter, en lisant cela, les articles fleuves que publiait jadis Rolling Stone et à se dire qu’il n’y a plus guère de place dans la presse d’aujourd’hui pour des travaux de cette ampleur. Plus guère mais il en reste, on peut encore en lire dans Le Monde diplomatique et dans certaines enquêtes du Monde en plusieurs volets. Il faut dire qu’avec une affaire aussi énigmatique que celle de Ligonnès, les auteurs jouent sur du velours et le public ne peut que suivre. Encore faut-il avoir du talent, ce qui est le cas ici.    

JEUDI.          

Vie inclusive. Premier jour du mois d’avril·elle.            

Brèves de vitrine.  

VENDREDI.                  

En feuilletant Livres Hebdo. Michel Giard, Bréviaire de la brouette, Éditions de Borée, 2021; 118 p., 7,90 €. “Le parcours de la brouette au fil des siècles. Son origine et son évolution sont racontées au travers d’anecdotes, de documents anciens, de photographies, de cartes postales et de dessins.” La brouette. Je dois avoir quelque chose sur le sujet en rayon. Effectivement, au bout de quelques recherches, je retrouve, rangés dans la section “Fous littéraires”, les Actes du Colloque brouettiste qui s’est tenu à Limoges le 1er avril 2010, et au sommaire duquel j’ai le plaisir de trouver les noms de deux notuliens. La brouette est en effet liée à la littérature depuis les Causeries brouettiques du marquis de Camarasa, livre total sur le sujet paru en 1925, recensé dans le Blavier et étudié dans le n° 3 des défunts Cahiers du défunt Institut International de Recherches et d’Explorations sur les Fous Littéraires. Voir ce glorieux véhicule revenir, au son de sa roue grinçante, dans l’actualité éditoriale est plutôt réjouissant.                    

Lecture. La Police des fleurs, des arbres et des forêts (Romain Puértolas, Albin Michel, 2019, rééd. Librairie Générale française, coll. Le Livre de poche n° 35846, 2020; 320  p., 7,70 €).                    

Le cabinet de curiosités du notulographe. Orthographe et confinement.  

  Épinal (Vosges), 6 avril & 9 juin 2020, photos de l’auteur    

SAMEDI.              

Films vus.

  • Khroustaliov, ma voiture ! (Khrustalyov, mashinu !, Aleksei Guerman, Russie – France, 1998)                               
  • I Care a Lot (J Blakeson, R.-U. – É.-U., 2020)                               
  • Holmes & Watson (Ethan Cohen, É.-U. – Canada, 2018)                               
  • La 317ème Section (Pierre Schoendoerffer, France – Espagne, 1965)                               
  • Le Défi du champion (Il campione, Leonardo D’Agostini, Italie, 2019)                               
  • La Ronde (Roger Vadim, France – Italie, 1964).                

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Toulouse (Haute-Garonne), photo de Clotilde Eav, 29 novembre 2011                

Poil et pellicule.  

Planétarium (Planetarium, Rebecca Zlotowski, France – Belgique, 2016)    

Bon dimanche,  

Philippe DIDION