27 septembre 2020 – 899

LUNDI.           

Lecture. Le Publicateur du Collège de ‘Pataphysique. Viridis Candela, 9e série, n° 21 (15 décembre 2019, 96 p., 15 €).                         

“L’aventure”                         

Il est logiquement souvent question de Jarry dans les publications du Collège. Jarry Alfred. Mais en dernière page de ce numéro, c’est l’évocation d’un Jarry Henry qui a attiré notre attention. Henry Jarry de Bouffemont, son nom complet, “président de la société de gymnastique d’Épinal et célèbre pour avoir commencé à théoriser l’art de la savate et de la boxe française avec son Manuel de gymnastique éclectique pour tous les âges en 1971.” Une fois les coquilles corrigées, l’homme se nommerait de Bouffémont et son ouvrage date bien sûr de 1871, on est tout de même obligé d’avouer que même ici, on n’a jamais entendu parler de ce personnage. Il faut dire que sa qualité de “sous-inspecteur de l’Enseignement de la gymnastique dans les écoles primaires communales de garçons”, renseignement prélevé un site dédié à l’histoire des arts martiaux, n’appelait peut-être pas l’immortalité, même locale.    

MERCREDI.                  

Éphéméride. “Jeudi 23 Septembre 1920  

C’est aujourd’hui l’Élection du Président de la République. On a posé deux guérites devant l’attique du Midi et une autre à l’extrémité , sur le parterre de la Reine. Les pompiers arrivent de Paris. Le château peut brûler en temps ordinaire, mais pas le jour d’un Congrès National ! Le ciel est gris et maussade. À midi je franchis les barrages des soldats, ces longues lignes bleu-horizon, qui s’allongent sur cette place immense. Je vois arriver une file d’huissiers avec le bicorne. Ils montent pour prendre possession de la Salle.” (Ferdinand Bac, Livre journal 1920)                    

Lecture. Schnock n° 1 (La Tengo, mai 2011; 176 p., 14,50 €).  

Jean-Pierre Marielle.                                  

Histoires littéraires n° 75 (Du Lérot éditeur, juillet-août-septembre 2018; 200 p., 25 €).                                

Jean Alesson – Maurice BouchorJean Larocque – Jeanne d’Arc – Flaubert – Michel Lévy.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Contrepèteries urbaines.  

Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), photo de l’auteur, 27 novembre 2009
Strasbourg (Bas-Rhin), photo de Frédéric Schmitter, 24 septembre 2017

SAMEDI.              

Lecture. Schnock n°3 (La Tengo, mai 2012; 176 p., 14,50 €).                            

Jean Yanne.                              

Revue des Deux Mondes, février-mars 2019 (192 p., 15 €).                    

“Sommes-nous décadents ?”                

Films vus. Topaze (Marcel Pagnol, France, 1951)                              

Des frissons partout (Raoul André, France – Italie, 1963)                              

Pas si grave (Bernard Rapp, France – Belgique – Espagne, 2003)         

Les Particules (Blaise Harrison, France – Suisse, 2019)

Procès de Jeanne d’Arc (Robert Bresson, France, 1962)                              

Cœurs ennemis (The Aftermath, James Kent, Allemagne – R.-U. – É.-U., 2019)

Copy Shop (court métrage, Virgil Widrich, Autriche, 2001)

Antoinette dans les Cévennes (Caroline Vignal, France, 2020).  

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Montreuil (Seine-Saint-Denis), photo de Pierre Cohen-Hadria, 29 août 2011
 Dole (Jura), photo de Jean-Damien Poncet, 25 décembre 2016

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 9 juin 2019. 106 km. (37 221 km).  

115 habitants    

Le blanc du monument, fraîchement repeint, tranche sur la pierre brune de l’église. Un géranium, un seul, a fleuri dans la jardinière posée sur une des trois marches et quatre ogives d’obus, de différentes tailles, se dressent au pied de la construction.  

1914 – COLOMBIN Gabriel Capt

COGNARD Eugène

FROMENT Camille

COGNARD Jules Sergt

MOUGEOT Gaston

1915 – THÉVENARD Émile

FERRY Charles Capt

COGNARD Paul

ANTOINE Paul

SUPRIN Paul

DESBROSSES Albert

1916 – BONNET Céleste Capt

DEMARQUE Georges

POTHIER Raymond

1917 – FERRY Pierre

1918 – JACQUOT Alexandre

BONNERET André Ss-Lt

RAGOT Edmond  

39-45 BONNET Louis  

St Julien

À ses enfants Morts pour la France                

Poil et pellicule.  

20 ans d’écart (David Moreau, France, 2013)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

20 septembre 2020 – 898

DIMANCHE.                   

Vie rurale. Dernière partie de campagne à Saint-Jean-du-Marché. La chaleur est toujours là mais ça sent la fin de saison : les insectes se raréfient, les fruits tombent, les feuilles flétrissent. Dans quelques jours, la famille sera dispersée, alors on fête l’anniversaire de Lucie avec un peu d’avance. La promenade kantienne jusqu’à l’étang me rend un rien mélancolique. Rien de tel qu’un peu de Bergounioux pour se remonter le moral : “Nous entrons désormais dans les heures sombres…”                     

Lecture. Au diable son dû (The Devil His Due, William O’Farrell, 1955 pour l’édition originale, Presses de la Cité, coll. Un Mystère n° 244, 1956 pour la traduction française, traduit de l’américain par M. Michel-Tyl, rééd. in « Polars années 50 », vol. 2, Omnibus, 1996; 1078 p., 145 F).    

MARDI.            

Lecture. La Machine à explorer le temps (The Time Machine : An Invention, H.G. Wells, Heinemann, 1895 pour l’édition originale, Le Mercure de France, 1895 pour la traduction française, traduit de l’anglais par Henry D. Davray, rééd. in “Les chefs-d’œuvre de H.G. Wells”, Omnibus, 2007; 1186 p., 26 €).  

La renommée du roman de Wells est presque inversement proportionnelle à sa taille : 80 pages à peine dans cette édition. Rien de spectaculaire non plus dans la technique narrative, un récit encadré fait par l’explorateur au moment de son retour. La machine elle-même ne donne lieu à aucun développement technique : un siège, quelques manettes, on n’en saura pas plus. De son voyage qui l’a mené dans le monde de l’an 802 701, l’homme rapporte bien sûr des péripéties, des aventures mais celles-ci sont presque accessoires. Ce qui intéresse, ce qui intrigue, ce qui glace, c’est le mode de civilisation qu’il rencontre. La paisible Arcadie dans laquelle il semble avoir débarqué se transforme vite en cauchemar, une société divisée en deux groupes dans l’un est le prédateur de l’autre. L’habileté de Wells tient au fait qu’il présente cet état de fait comme la conséquence logique des errements de l’homme. Comme l’indique Francis Lacassin dans sa présentation, “l’explorateur ne trouve, au terme de millions d’années dans le futur, que la vision prophétique de la faillite de l’espèce humaine. Sombre perspective que ne dément pas – à la température près – le destin assigné par les savants du XXIe siècle à l’espèce humaine si elle ne se réforme pas.” Une lecture d’actualité.    

MERCREDI.                  

Éphéméride. “Quand le promeneur a dépassé la cime des derniers sapins, il arrive sur un plateau couvert d’une herbe serrée, puis entre un ravin noir et une pente rocheuse assez abrupte. Saisi par le son des clochettes, vif et léger comme l’air, il s’arrête; il aperçoit deux bergers qui dorment, un bon gros chien jaune, et des vaches paresseuses qui tournent la tête. Il se retourne. Il aperçoit, au fond de la vallée, un petit village couleur de plomb, et des torrents blancs comme la neige. Quelques nuages s’accrochent aux pentes. Le promeneur ouvre ses yeux et sa poitrine, et se sent léger comme l’oiseau.” (Alain, Propos d’un Normand, 16 septembre 1908)    

JEUDI.          

Lecture. Le Jardin du bossu (Franz Bartelt, Gallimard, coll. Série Noire n° 2717, 2004; 190 p., 8 €).    

VENDREDI.     

Lecture. Schnock n° 2 (La Tengo, janvier 2012; 176 p., 14,50 €).

Amanda Lear.                    

Le cabinet de curiosités du notulographe. Aubaines commerciales.

Paris (Seine), la Goutte-d’or, photo d’Alain Hardebolle, 23 juin 2018
? (Togo), photo du même, 2 avril 2019

SAMEDI.              

Football. SA Spinalien – Saint-Quentin 2 – 1.                

Films vus. Féroce (Gilles de Maistre, France, 2002)                               

Beaux-parents (Héctor Cabello Reyes, France, 2019)                               

Comme la lune (Joël Séria, France, 1977)                               

La Lutte des classes (Michel Leclerc, France, 2019)                               

Une place au soleil (A Place in the Sun, George Stevens, É.-U., 1951)   

Eva en août (La virgen de agosto, Jonás Trueba, Espagne, 2019)

Les Héritiers (Marie-Castille Mention-Schaar, France, 2014).  

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Lavaveix-les-Mines (Creuse), photo de Caroline Didion, 7 août 2011
Béziers (Hérault), photo de Victorio Palmas, 5 février 2019

Poil et pellicule.  

Daisy Clover (Inside Daisy Clover, Robert Mulligan, É.-U., 1965)

Bon dimanche,  

Philippe DIDION    

13 septembre 2020 – 897

LUNDI.           

Brève de trottoir.  

MERCREDI.                  

Éphéméride. “9 septembre [1915]   J’avais laissé mon bazar dehors et je me dis : “Tiens quand une salve sera arrivée, tu rentreras vivement tout car ils pourraient bien te l’esquinter.” Mais il était trop tard. Au même moment, mon bidon vola en morceaux, ma musette était éventrée et mon manteau avait un joli trou. Tu crois que c’est pas malheureux de s’en prendre à de pauvres choses qui ne demandent rien à personne ? Ce qui me fait le plus bisquer, c’est que mon bidon était presque plein de vin et mon quart, un bon quart qui avait fait toute la campagne avec moi, qui avait connu les bons et les mauvais jours, que j’avais culotté avec tant de soin, que j’avais rempli et vidé tant de fois et toujours avec plaisir et de qui je disais “Quand il est plein, je le vide et quand il est vide, je le plains”. Eh bien, ils me l’ont troué, maintenant !” (Albert Viard, Lettres à Léa)                    

Lecture. Les Aventures du brave soldat Švejk pendant la Grande Guerre. Livre I : À l’arrière (Osudy dobrého vojáka Švejka za světové války, Jaroslav Hašek, Sauer, Hašek & Cie, 1921 pour l’édition originale, Gallimard, 1932 pour la première traduction française, rééd. Folio classique n° 6472, 2018; 450 p., 8,40 €).                                

Avec le soldat Švejk, Jaroslav Hašek a créé un type qui a connu une belle postérité : son nom et ses dérivés sont entrés dans le vocabulaire tchèque, ses aventures ont été portées à l’écran et sur les planches (grâce à Bertolt Brecht), son importance a été soulignée par Max Brod et Milan Kundera. Švejk est, à l’ouverture de ses aventures, marchand de chiens plus ou moins volés à Prague. La déclaration de guerre, en 1914, le surprend alors qu’il vient d’être réformé pour crétinisme par les services médicaux de l’armée. Obligé de reprendre l’uniforme, il va errer du commissariat à la prison, de la préfecture de police à l’asile d’aliénés avant de devenir l’ordonnance d’un aumônier alcoolique. Partout, il affiche la même sérénité, la même imperméabilité aux sarcasmes et aux sévices qui mettent à rude épreuve les nerfs de ses supérieurs. Švejk exaspère, irrite, rend fous ses interlocuteurs qui finissent par se rendre ridicules. Un ridicule qui atteint par ricochet les institutions qu’ils représentent : l’armée, la police, la justice, le gouvernement, la bourgeoisie. La satire n’est pas fine, elle tient plus, par ses situations grotesques et son langage cru, de la farce médiévale que du conte voltairien, mais elle est efficace et réjouissante.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Les jolies colonies de vacances (ou ce qu’il en reste).  

Xonrupt-Longemer (Vosges), photo de l’auteur, 30 avril 2018

SAMEDI.  

Lecture. Schnock n° 30 (La Tengo, mars 2019; 178 p., 15,50 €).                              Gérard Depardieu.                

Films vus. Une sale affaire (Alain Bonnot, France, 1981)        

Venise n’est pas en Italie (Ivan Calbérac, France – Belgique, 2020)  

Ennemis intimes (Mein liebster Feind – Klaus Kinski, Werner Herzog, Allemagne – R.-U. – É.-U., 1999)                               

Black Snake : La Légende du serpent noir (Thomas N’Gijol & Karole Rocher, France, 2019)                               

Ragtime (Milos Forman, É.-U., 1981)                               

La Momie (The Mummy, Stephen Sommers, É.-U. – R.-U. – Maroc, 1999).

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Ballachulish (Écosse, R.-U.), photo de Benoît Howson, 5 août 2011
Dallas (Texas, É.-U.), photo du même, 19 juillet 2012

N.B. “snip” = coup de ciseaux                

Poil dessiné.  

Riad Sattouf, L’Arabe du futur

Bon dimanche,  

Philippe DIDION  

6 septembre 2020 – 896

DIMANCHE.                   

Lecture. Les Impudents (Marguerite Duras, Plon, 1943 pour l’édition originale, rééd. Gallimard, “Œuvres complètes I”, Bibliothèque de la Pléiade n° 573, 2011; 1634 p., 66 €).                                 

On comprend pourquoi Marguerite Duras a renié ce premier roman – avant toutefois d’en autoriser la réédition en Folio : pas très bien écrit, mal relu (la sœur d’un personnage devient sa mère à la page suivante), construit à la diable, le moins qu’on puisse dire est qu’il a mal vieilli. Ce n’est pas pour autant qu’il est dénué d’intérêt : fortement teinté d’autobiographie, il donne un précieux éclairage sur la position de Marguerite Duras au sein de sa famille, ses rapports avec sa mère en particulier qui nourriront l’œuvre à venir. Le cadre géographique, un sud-ouest très mauriacien, provient également de l’enfance de l’auteure, avec cette propriété familiale proche de Duras (Lot-et-Garonne) d’où Marguerite Donnadieu tirera son nom de plume.    

MARDI.            

Courriel. Une demande d’abonnement aux notules.    

MERCREDI.                   

Lecture. La Deuxième Femme (Louise Mey, Le Masque, 2020; 340 p., 20 €).

Sandrine emménage chez un homme qui vient de perdre sa femme, mystérieusement disparue. Un beau jour, à la télévision, on apprend que celle-ci a été retrouvée, qu’elle est amnésique. Le début, ainsi résumé, fait peur : on dirait une intrigue de Marc Levy… Mais la suite va vite quitter ce sujet bateau. Car Sandrine va découvrir les raisons de la disparition de la première femme : elle a affaire à un homme dominateur, violent, sous l’emprise duquel elle sombre petit à petit : déplacements limités, autonomie financière supprimée, vie sociale réduite, soupçons continuels, soumission sexuelle, vexations, humiliations, coups. On connaît l’engrenage, il donne lieu à des faits divers pour lesquels on a créé le terme “féminicide”. La Deuxième Femme est un livre engagé, un livre de militante qui dénonce le silence qui entoure trop souvent le scandale des violences conjugales. Mais c’est plus que cela : par un récit mené de bout en bout par la victime, par une écriture haletante qui devient de plus en plus fiévreuse à l’approche du danger, Louise Mey lui donne une force littéraire peu commune. Nul doute que ce livre aurait rencontré un plus large écho s’il avait été publié ailleurs que dans une collection policière. Comme souvent, c’est ici le polar qui se montre le plus concerné, le plus fidèle quand il s’agit de dépeindre une réalité sociale effrayante.    

VENDREDI.                  

Le cabinet de curiosités du notulographe. Aperçu d’une collection de cocottes (et dérivés).  

Paris (Seine), boulevard de Clichy, photo de l’auteur, 19 août, 2015
rue d’Hauteville, photo de Pierre Cohen-Hadria, 26 avril 2017

SAMEDI.              

Football. SA Spinalien – US Saint-Maur Lusitanos 0 – 2.                

Films vus. La Route des Indes (A Passage to India, David Lean, R.-U. – É.-U., 1984)                               

Chambre 212 (Christophe Honoré, France – Belgique – Luxembourg, 2019)                            

Autant en emporte le vent (Gone With the Wind, Victor Fleming, É.-U., 1939)

Ma finale 66 (Sixty Six, Paul Weiland, France – R.-U., 2006)

La Cité des dangers (Hustle, Robert Aldrich, É.-U., 1975)                                Mon inconnue (Hugo Gélin, France – Belgique – Corée du Sud, 2019).  

L’Invent’Hair perd ses poils.  

Glasgow (Écosse, R.-U.), photo de Benoît Howson, 29 juillet 2011
Le Tampon (La Réunion), photo de Laurent Fetet, 25 avril 2013)    

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 2 juin 2019. 46 km. (37 115 km).  

Commune de La Neuveville-devant-Lépanges     

Pas de monument extérieur mais une plaque, à l’intérieur de l’église rarement ouverte, photographiée précédemment par Daniel Cuenin.  

                Poil et pellicule.  

Le Feu aux poudres (Henri Decoin, France – Italie, 1957)  

  Bon dimanche,   Philippe DIDION