25 décembre 2016 – 733

DIMANCHE.

Obituaire. Ce numéro est dédié à la mémoire de Jean-Guy Morin, dit “Muff”, dont j’ai appris hier le décès. J’ai connu Muff en 1991, sur les bords de la rivière Outaouais, par l’intermédiaire de son frère Claude et de ses amis musiciens. Muff était, je crois, cartographe dans le civil mais pour nous il était batteur, il avait trimballé ses baguettes d’un bout à l’autre du Québec. Il chantait en battant, ce qui est déjà peu commun et, de plus, il chantait comme personne, capable de passer sans douleur des feulements de James Brown au yodle de Jimmie Rodgers. J’ai eu l’honneur de chanter de vieilles choses de Hank Williams à ses côtés sur une scène improvisée à l’occasion d’une épluchette de blé d’Inde, souvenir inoubliable. Quand il ne chantait pas, Muff parlait une langue pas toujours facile à saisir pour le non initié. Allez savoir dans quel sens tourner le volant quand il commandait une manœuvre automobile à grands coups de “Crampe en masse, t’es beau !”. Muff rêvait de venir un jour en France, je crois qu’il ne l’a jamais fait.

Montpellier (Québec), photo de Jean-Jacques Gonand, août 1991

                   Courriel. Une demande d’abonnement aux notules.

                   Lecture. Meurtres pour Hannah (A Homicide for Hannah, Dwight V. Babcock, Knopf, 1941 pour l’édition originale, Presses de la Cité, coll. Un Mystère n° 88, 1952 pour la traduction française, rééd. in « Polars années 50 », vol. 1, Omnibus, 1995; 1182 p., 145 F).                                 Spécialiste de la nouvelle pour bon nombre de pulps, Dwight V. Babcock se lance ici dans le roman avec le premier volet d’une trilogie consacrée à Hannah Van Doren, journaliste criminelle qui n’a pas froid aux yeux. C’est une histoire typiquement hard boiled, pleine de rythme, d’humour et d’invraisemblances. Ce serait mentir de dire que ça n’a pas pris une ride.

LUNDI.

           Lecture. Éloges (Saint-John Perse, éditions de la N.R.f., 1911, rééd. in “Œuvres complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 240, 1972; 1428 p., 56 €).

MERCREDI.

                  Éphéméride.

Di. 21.12.1986

Levé de bonne heure. Je lis avec soin les Problèmes de philosophie de B. Russell. On tire un vif plaisir de voir ramenées à leurs traits essentiels les grandes figures du passé, Hume, Berkeley, Descartes et Kant, d’assister, comme en tiers, au dialogue pressant, vivant, que Russell a engagé avec ces morts immenses. Il les interroge avec une netteté, une vigueur toutes britanniques, sur la réalité du monde extérieur, les conditions d’accès à la vérité et la nature de celle-ci, les idées a priori et les leçons de l’expérience, la cohérence interne du raisonnement et la conformité de l’esprit à la chose. Pareille lecture fatigue intensément.

Je voudrais me transporter au large, travailler de mes mains, du fer, du bois, m’enfoncer dans les solitudes et je suis au bureau, cerné de livres, condamné à l’exil. J’en ai le coeur qui bat, des tremblements aux mains.” (Pierre Bergounioux, Carnet de notes 1980-1990)

VENDREDI.

                  Lecture. La Collection Phillips à Paris (Collectif, Third Millenium Publishing Limited, 2012 pour l’édition en anglais, Skira, 2015 pour la version française; 168 p., 30 €).

                                Catalogue d’exposition, Musée du Luxembourg, Paris (Seine), 30 novembre 2005 – 26 mars 2006, visitée le 18 décembre 2005.

          Le cabinet de curiosités du notulographe. Enseignes vinicoles.

  

Lyon (Rhône), photo de Bernard Gautheron,14 octobre 2015 / La Clusaz (Haute-Savoie), photo de l’auteur, 15 mai 2016

SAMEDI.

              Films vus. Gare du Nord (Claire Simon, France – Canada, 2013)

                               Je suis à vous tout de suite (Baya Kasmi, France, 2015)

                               Harvey (Henry Koster, E.-U., 1950)

                               La Vie très privée de Monsieur Sim (Michel Leclerc, France, 2015)

                               La Religieuse (Guillaume Nicloux, France – Allemagne – Belgique, 2013)

                               Back Home (Louder Than Bombs, Joachim Trier, Norvège – France – Danemark – E.-U., 2015).

              L’Invent’Hair perd ses poils.  

  

Narbonne (Aude), photo d’Hervé Bertin, 25 août 2010 / Gramat (Lot), photo de Marc-Gabriel Malfant, 31 mars 2013

              Poil et lexique (catalan).

 

Bon Noël,

Philippe DIDION

                                                         
 
 
 
 
 
                             
 
 

18 décembre 2016 – 732

LUNDI.

Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). David Foenkinos, Le Mystère Henri Pick, Gallimard, 2016.

           Lecture. Invitation au supplice (Priglachénié na kazn, Vladimir Nabokov, Dom Knigi, 1934 pour l’édition originale, Gallimard, 1960 pour la traduction française, traduit du russe par Jarl Priel in “Œuvres romanesques complètes » I, Gallimard 1999, Bibliothèque de la Pléiade n° 461; 1732 p., 77 €). 

Nabokov a toujours été un romancier ambitieux et profond, constamment soucieux de cacher dans ses livres des réseaux de significations, de citations, d’interprétations qui ont fait le délice de ses exégètes. Jusqu’à ce huitième roman, il avait toutefois pris soin de recouvrir ces réseaux d’un vernis narratif abordable qui permettait au lecteur ordinaire, non spécialiste, de goûter ses histoires pour ce qu’elles étaient : on peut les lire sans y saisir les allusions à Dostoïevski ou à Gogol et c’est tant mieux. Mais ce n’est plus le cas ici, car Invitation au supplice se situe uniquement sur le plan symbolique et se révèle inaccessible au lecteur non initié. Quoique Nabokov ait toujours prétendu n’avoir jamais lu Kafka, on trouve dans son roman une forteresse qui rappelle Le Château, des personnages (accusé, avocat, gardiens) qui semblent sortis du Procès, des ressemblances, voulues ou non, avec Le Terrier ou La Colonie pénitentiaire. Le personnage principal, Cincinnatus C., attend dans une prison son exécution après avoir été accusé pour “turpitude gnoséologique”, ce qui donne une idée de la clarté de la chose. Dans cette édition, la Pléiade est là pour ça, Bernard Kreise donne plusieurs axes de lecture possibles, de la lecture politique à la lecture gnostique, en précisant que ce livre est “certainement l’un de ceux qui a suscité le plus grand nombre d’ouvrages, d’essais ou d’articles critiques” dans l’œuvre du romancier. C’est vrai qu’il donne de quoi s’occuper l’esprit un moment, ce qui n’empêche pas qu’on peut lui préférer, chez Nabokov, des textes plus abordables.

MERCREDI.

                  Éphéméride. À Victor Hugo

“[Paris], 7 décembre 1859

Monsieur,

voici des vers faits pour vous et en pensant à vous. Il ne faut pas les juger avec vos yeux sévères, mais avec vos yeux paternels. Les imperfections seront retouchées plus tard. Ce qui était important pour moi, c’était de dire vite tout ce qu’un accident, une image, peut contenir de suggestions, et comment la vue d’un animal souffrant pousse l’esprit vers tous les êtres que nous aimons, qui sont absents et qui souffrent, vers tous ceux qui sont privés de quelque chose d’irretrouvable.

Veuillez agréer mon petit symbole comme un très faible témoignage de la sympathie et de l’admiration que m’inspire votre génie.

Charles Baudelaire.” (Correspondance

VENDREDI.

                  Lecture. Le Crime de Julian Wells (The Crime of Julian Wells, Thomas H. Cook, The Mysterious Press, 2012 pour l’édition originale, Le Seuil, 2015 pour la traduction française, rééd. Points Roman Noir P 4392, 2016, traduit de l’américain par Philippe Loubat-Delranc; 336 p., 7,40 €).

                                Philip Anders, critique littéraire, essaie de comprendre pourquoi son ami, l’écrivain Julian Wells, a mis fin à ses jours. Il relit ses livres, met ses pas dans les siens, rencontre ceux qui l’ont connu, fouille sa mémoire. Thomas H. Cook a déjà expérimenté, et à plusieurs reprises, cet exercice de reconstitution, de reconstruction d’une vie à partir des traces laissées ici ou là : Dernière conversation avec Lola Faye, L’étrange destin de Katherine Carr par exemple. Il l’a tellement fait, d’ailleurs, qu’il en arrive à ronronner et à répéter ses procédés. Le faux rythme du dévoilement progressif finit par endormir, et le volet espionnage ajouté à ce dernier titre ne fait qu’obscurcir les choses. Les citations et allusions littéraires qui parsèment le texte – n’oublions pas que le narrateur est critique – constituent un catalogue lassant, parfois involontairement amusant quand celui-ci évoque “un pauvre Swann mélancolique mordant dans sa madeleine”, témoignage d’une lecture pour le moins hâtive de Proust.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Enseigne parti-culière à Saint-Amour (Jura), photo de Vincent Garcia, 18 octobre 2015.

SAMEDI.  

Vie parisienne. Je me sens un peu démuni quand le TGV me dépose sur le trottoir parisien sur les coups de midi. Depuis des lustres, mes activités capitales sont réglées comme papier à musique : je cours m’enfermer à la Bilipo et travaille à mon Atlas de la Série Noire. Je suis loin d’avoir atteint le terme de ce chantier mais il se poursuit en chambre et je n’ai plus besoin d’aller en bibliothèque pour le nourrir. Le conseil d’administration de l’Association Georges Perec, raison de mon voyage, est prévu à 18 heures, j’ai du temps devant moi. J’aurais dû me préparer un petit programme culturel mais Pariscope a cessé de paraître et L’Officiel des spectacles n’atteint plus nos contrées, il aurait fallu se colleter à Internet, ce qui n’est pas mon sport favori. Heureusement, je sais de source bien informée qu’une notulienne  expose un travail réalisé à partir des “243 cartes postales en couleurs véritables” de Perec du côté de l’hôpital Broussais et c’est dans cette direction que je métrotte illico. Une fois l’exposition visitée, je me fie à mes connaissances et profite de ce que je suis dans le XIVe pour partir en pèlerinage : pèlerinage musical impasse Florimont, pèlerinage familial rue Maurice-Bouchor, pèlerinage littéraire rue Gazan. Il est temps ensuite de rejoindre les perecquiens dans un appartement proche de la Nation où l’on discute des choses, pas simples, induites par les disparitions récentes de deux membres de la famille de l’écrivain.

              Films vus. La Fin du jour (Julien Duvivier, France, 1939)

Vingt et une nuits avec Pattie (Arnaud et Jean-Marie Larrieu, France, 2015)

                               Grand Hôtel (Grand Hotel, Edmund Goulding, E.-U., 1932)

                               Marguerite et Julien (Valérie Donzelli, France, 2015)

                               Au p’tit zouave (Gilles Grangier, France, 1950)

                               Brèves de comptoir (Jean-Michel Ribes, France, 2014).

          L’Invent’Hair perd ses poils.  

  

Narbonne (Aude), photo d’Hervé Bertin, 25 août 2010 / Soual (Tarn), photo de Marc-Gabriel Malfant, 16 février 2014

              Poil et plume. “D’abord, une invraisemblable tignasse de mérinos noir, emmêlée, broussailleuse, exorbitante, à la fois hispide et calamistrée, semblable à quelque nid d’hirondelle mal famé que n’habiterait plus aucun migrateur des cieux, mais où des races moins fières trouveraient encore la ressource de s’abriter et de pulluler.

   Chevelure inquiétante et sacrée où les doigts des vierges conquises ne s’aventurent assurément qu’après d’immortels soupirs.

   Justement infatué de cette luxuriance capillaire et, peut-être, pédiculaire, qui lui donne l’aspect d’un pifferaro ou d’un zingaro chaudronnier, il poussa un jour ce cri fabuleux, inouï, à défoncer le firmament :

   “On a parlé de me couper les cheveux ! Soleil de Dieu ! Éclairerais-tu cela ?”

   Il s’agissait, vous le devinez, d’un propos de conseil de révision. Il est probable que la barbe eût partagé ce navrant destin. Expédions-la, s’il est possible, en deux mots, afin de sortir de tout ce poil d’un assyrianisme contestable.

   C’est la barbe en mitre, non tressée, hélas ! d’un astrologue incertain de ses horoscopes ou d’un rudimentaire sapeur assuré de sa séduction. Moins réfractaire, sans doute, que les cheveux, aux brosses et aux démêloirs, onctueuse et parfumée d’huile de cèdre; on peut la croire un manifeste péril de tous les instants pour les cœurs élus que le menaçant cimier n’a pas mis en fuite.” (Léon Bloy, “Éloi ou le Fils des anges” in Belluaires et porchers)

LUNDI.

Lecture. Biographie (Saint-John Perse, in “Œuvres complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 240, 1972; 1428 p., 56 €).

     J’ai un temps hésité mais il faut bien faire entrer cette biographie dans la catégorie des livres lus puisqu’elle est de Saint-John Perse lui-même. On sait que le poète diplomate a rédigé son volume Pléiade de bout en bout, du résumé de sa vie à la bibliographie en passant par les notes, les notices, les poèmes bien sûr, et les lettres (dont quelques-unes écrites ou réécrites pour l’occasion). Pareil cas est me semble-t-il unique dans la courte liste des auteurs entrés dans la collection de leur vivant : même Jean d’Ormesson, qui était bien capable du même monopole, s’est vu adjoindre un porte-coton. C’est une biographie inhabituelle dans la mesure où elle mêle aux faits habituels qui jalonnent la vie d’un auteur des considérations géologiques ou ornithologiques, des descriptions de paysages, des récits de voyages. Il faudra maintenant la vérifier en mettant les faits racontés face à la réalité : les biographies de Renaud Meltz et d’Henriette Levillain sont là pour ça, ainsi que l’ouvrage de Renée Ventresque intitulé La Pléiade de Saint-John Perse : La Poésie contre l’Histoire. Tout un programme.

MARDI.

Lecture. L’Honneur de Pédonzigue (Roger Rabiniaux, Corréa et Cie, 1951, rééd. Librairie Générale Française, coll. Le Livre de poche n° 3266, 1972; 160 p., s.p.m.).

                         Ça commence comme ça :

   “Quand on entre juste à gauche, on trouve le Malapieds. C’est un endroit de débauche où chacun se rend à pied, guilleret à son approche. S’y rencontrent des pompiers, des bourgeois et des troupiers, des rêveurs de la main gauche, des vieillards plus très entiers, des gavés, des renflepoches, des rescapés des temps boches, des capitans sacrédié, des amoureux double-croche et de tout maigres rentiers.

   Y rutilent des donzelles aux petits seins croquignols, aux robes de palaselle, aux pantalons de linol. Z’ont la cuisse très limpide, accueillante à l’amateur. Z’ont la fessouille intrépide et le fessier barateur.”

Des lecteurs plus connaisseurs ou plus fins auront déjà saisi mais il m’aura fallu une ou deux pages de plus pour comprendre que le livre de Rabiniaux était écrit en vers, ici des heptasyllabes, ailleurs, plus rarement, des vers de huit, dix ou douze syllabes, mis bout à bout pour constituer de petits paragraphes à la Paul Fort. C’est en soi une performance, mais l’auteur y ajoute une inventivité prodigieuse (néologismes, variantes orthographiques, usage de l’argot et de la langue populaire) qui n’ont pas manqué de susciter l’intérêt de Raymond Queneau, préfacier de l’ouvrage. C’est une succession de tableaux d’une bourgade imaginaire et provinciale, avec ses notables, ses petites gens, et les lieux qui les abritent : le musée, la bibliothèque, le bistrot, le théâtre, l’école, les rues… C’est magnifique de drôlerie, plein d’une verve qui n’est pas sans rappeler les monologues fumistes du Théâtre du Hareng saur. C’est aussi une satire féroce des mœurs de province, que Rabiniaux, sous-préfet dans le civil, devait connaître par cœur. Satiriste, mais aussi vrai poète, le Rabiniaux, féroce et lucide avec ça : “Il n’y a plus de jeunesse ?… Veux-tu dire : en ton calcif, prof grincheux, tranche de fesse ?… Il n’y a plus de jeunesse pour ce vieux mouton poussif… Attends-tu qu’elle renaisse au bout de ton pif plaintif, triste couillard, pauvre knif ?… Il n’y a plus de jeunesse, ô rognure de rosbif ?… Va-t’en voir entre mes fesses !…”

MERCREDI.

                  Éphéméride. À C.J. Bjurström, Paris (lettre écrite en français)

“le 14 décembre 1953

6 rue des Favorites

Paris 15°

Cher Monsieur,

Merci de votre lettre du 12 décembre. Je suis heureux que votre article doive paraître si prochainement. D’accord pour un des trois textes des Lettres Nouvelles, à votre choix, je n’ai pas de préférence. Je vous signale à tout hasard que le treizième et dernier de ces petits textes, fait voici un an à peu près, vient de paraître dans le Disque Vert.

A votre disposition si vous avez besoin d’autres textes courts pour joindre à L’Expulsé.

Merci encore de l’intérêt que vous portez à mon travail et du mal que vous vous donnez pour le faire connaître en Suède.

Bien cordialement à vous,

s/

Samuel Beckett (Les années Godot, Lettres II, 1941-1956)

JEUDI.

          Vie onirique. Je suis face à des élèves et j’énonce : “Jean-Luc Godard est le plus grand cinéaste du…”. Une quinte de toux interminable m’empêche de poursuivre. Je me réveille, la quinte s’éternise. Caroline réveillée, comme la moitié de l’immeuble je suppose, me suggère de boire un peu d’eau. Je songe in petto que je préférerais boire une lampée d’ouzo à Lampedusa – mes nuits sont peuplées de jeux de mots vaseux. Il va être cinq heures. La radio parle de Lascaux. J’imagine un titre de journal : “On a trouvé la crotte de la squaw dans la grotte de Lascaux” et je me rendors. C’est peut-être mieux ainsi.

VENDREDI.

          Le cabinet de curiosités du notulographe. Œnologie particulière.

  732-4  

cave de Christophe Hubert, 2 août 2016 / cave de Marc-Gabriel Malfant, octobre 2016

SAMEDI.

              Films vus. Black Book (Zwartboek, Paul Verhoeven, Pays-Bas – Allemagne – R.-U. – Belgique, 2006)

                               L’Espion qui venait du froid (The Spy Who Came in from the Cold, Martin Ritt, R.-U., 1965)

                               L’Hermine (Christian Vincent, France, 2015)

                               La Maison aux esprits (The House of the Spirits, Bille August, Portugal – Allemagne – Danemark – E.-U. – France, 1993)

                               Les Innocentes (Anne Fontaine, France – Pologne, 2016).

              L’Invent’Hair perd ses poils.  

  

Narbonne (Aude), photo d’Hervé Bertin, 25 août 2010 / Millau (Aveyron), photo de Marc-Gabriel Malfant, 15 février 2014

              Poil et pellicule.

Torrente, le bras gauche de la loi (Torrente, el brazo tonto de la ley, Santiago Segura, Espagne, 1998)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

                                                         

4 décembre 2016 – 731

N.B. Le prochain numéro des notules sera servi le dimanche 18 décembre 2016.

DIMANCHE.

Vie littéraire. Je boucle et envoie les deux fers que j’avais au feu : le Bulletin n° 69 de l’Association Georges Perec et la version augmentée de ma communication aux Invalides pour publication dans les Actes du colloque.

Lecture. Truman Capote (Liliane Kerjan, Gallimard, coll. Folio biographies n° 119, 2015; 306 p., s.p.m.).

Le format de la collection commande d’aller vite et Liliane Kerjan s’y conforme avec d’autant plus de nécessité que la vie de Capote a été plutôt mouvementée. On lui reprochera cependant un lyrisme inutile et quelques erreurs sur les noms (Sophia Lauren) et titres (“I Love You Porgy”) qui semblent montrer que la relecture a, elle aussi, été effectuée à toute vibure. Ce la dit, on lui saura gré d’avoir mis en lumière, derrière la vitrine mondaine de l’auteur, le travail qu’il n’a jamais négligé : les six mille pages de notes pour De sang-froid, les cinq livres lus chaque semaine, le soin apporté à la composition des volumes.

MARDI.

Lecture. À travers les murailles (Noël Vindry, Gallimard, coll. M. Allou, juge d’instruction n° 7, 1936, rééd. in « Mystères à huis clos », Omnibus, 2007; 1148 p., 27 €).

Roland Lacourbe, spécialiste du polar en chambre close, a beau chanter dans sa présentation les louanges de Noël Vindry et convoquer, dans le même but, Boileau et Narcejac qui l’encensèrent, on ne peut s’empêcher de trouver cette histoire bien alambiquée et longuette. Elle a dû connaître toutefois un beau succès, comme les autres aventures de M. Allou, juge d’instruction comme son auteur, puisque Gallimard n’hésita pas à lui consacrer une collection particulière à partir de 1934.

Poèmes retrouvés (Tristan Tzara, in Flammarion, coll. Mille & une pages, 2011; 1760 p., 35 €).

J’en ai fini avec ce gros volume qui m’a accompagné, et un peu désorienté, de recueil en recueil depuis plus d’un an.

MERCREDI.

Éphéméride. “30 novembre 1906

C’est le moyen de leur donner le respect de l’argent. Ils verront le bien-être que c’est et ils considéreront ceux qui le possèdent.

Cette séance, un vaudeville impayable. Loi, mais pas de crédits. Nous avons la voiture, il nous manque le cheval.

A la dernière heure, ce fut la curée.

Ils disaient : “Vous voulez avoir l’honneur et l’argent… On fera une loi pour empêcher les avocats de plaider puisque nous perdons notre métier de province en venant à Paris, et une loi pour empêcher les écrivains d’écrire.

– Mais comment ?

– Eh bien ! on les empêchera de signer. On veut le faire à la vertu.” (Maurice Barrès, Mes Cahiers. Seizième cahier : Journal de la Chambre)

Lecture. Temps Noir n° 16 (Joseph K., 2013; 384 p., 18 €).

« La Revue des Littératures Policières »

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Poésie des enseignes commerciale à Rochefort (Charente-Maritime), photo de François Decq, 11 juin 2015.

                  Films vus. Le Bonheur a encore frappé (Jean-Luc Trotignon, France, 1986) 

                                   Tokyo Fiancée (Stefan Liberski, Belgique – France – Canada)                          

                                       Été violent (Estate violenta, Valerio Zurlini, Italie – France, 1959)

Les nouvelles aventures d’Aladin (Arthur Benzaquen, France – Belgique, 2015)

Les Parasites (Philippe de Chauveron, France, 1999).

SAMEDI.

              Invent’Hair, bilan d’étape. Bilan établi au stade de 3200 salons, atteint le 11 septembre 2016.

Bilan géographique.    

Classement général par pays.

  1. France : 2757 (+ 89)
  2. Espagne : 147 (=)
  3. Royaume-Uni : 52 (=)
  4. États-Unis : 29 (=)
  5. Belgique : 25 (+ 2)
  6. Italie : 24 (+ 3)
  7. Portugal : 20 (=)
  8. Suisse : 19 (+ 2)
  9. Canada : 19 (+ 1)
  10. Maroc : 15 (=)

La Suisse rejoint le Canada à la 8e place. Hors du top 10, un seul mouvement à signaler avec la Grèce, désormais 15e, qui gagne 3 salons et 6 places.

Classement général par régions (France).

  1. Rhône-Alpes : 538 (+ 15)
  2. Île-de-France : 413 (+ 19)
  3. Languedoc-Roussillon : 248 (+ 4)
  4. Lorraine : 221 (+ 4)
  5. Provence-Alpes-Côte-d’Azur : 193 (+ 5)
  6. Midi-Pyrénées : 170 (=)
  7. Bourgogne : 111 (+ 2)
  8. Pays de la Loire : 102 (+ 2)
  9. Bretagne : 99 (=)
  10. Centre : 91 (+ 9)

Aucun changement dans les 10 premiers, la progression est assez uniforme puisque 15 régions augmentent leur capital capillicole.

Classement général par départements (France).

  1. Seine (Paris) : 332 (+ 17)
  2. Rhône : 275 (+ 1)
  3. Vosges : 136 (=)
  4. Loire : 79 (+ 1)
  5. Loire-Atlantique : 79 (+ 1)
  6. Pyrénées-Orientales : 77 (=)
  7. Alpes-Maritimes : 70 (=)
  8. Saône-et-Loire : 68 (=)
  9. Meurthe-et-Moselle : 67 (+ 3)
  10. Hérault : 64 (+ 4)

Là non plus, pas de changement en tête de classement. La progression à signaler est celle de la Haute-Savoie qui, avec 10 salons et un total de 22, passe de la 58e à la 33e place.

Classement général par communes.

  1. Paris : 332 (+ 17)
  2. Lyon : 132 (+ 1)
  3. Barcelone : 53 (=)
  4. Nantes : 52 (+ 1)
  5. Nancy : 38 (+ 1)
  6. Épinal 35 (=)
  7. Nice : 33 (=)
  8. Villeurbanne 24 (=)
  9. Perpignan : 18 (=)
  10. Roanne : 17 (=)
  11. Strasbourg : 17 (=)

Rien ne bouge. Pour apercevoir des soubresauts dans le classement il faut aller en profondeur et souligner les 7 salons gagnés par La Roche-sur-Foron qui, avec un total de 9, passe de la 241e place à la 27e. 28 communes font leur entrée dans notre chantier, les plus importantes étant Genève et Rome.

Bilan humain.

  1. Marc-Gabriel Malfant : 1170 (=)
  2. Philippe Didion : 307 (+ 11)
  3. Pierre Cohen-Hadria : 223 (+ 8)
  4. François Golfier : 138 (+ 6)
  5. Jean-Christophe Soum-Fontez : 125 (+ 11)
  6. Hervé Bertin : 108 (+ 3)
  7. Jean-Damien Poncet : 82 (+ 25)
  8. Sylvie Mura : 78 (+ 10)
  9. Benoît Howson : 65 (=)
  10. Christophe Hubert 60 (=)

Marc-Gabriel Malfant est au repos mais il peut encore dormir sur ses deux oreilles. Jean-Damien Poncet poursuit son escalade et gagne 3 places.

Étude de cas. Les grands timides.

  

Marrakech (Maroc), photo de Sylvie Mura, 6 février 2016 / Paris IXe (Seine), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 15 septembre 2013

  

Lanjaron (Espagne), photo d’Hervé Bertin, 10 mai 2016 / Auxerre (Yonne), photo de Bernard Cattin, 11 septembre 2016

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 8 février 2015. 116 km. (28075 km).


50 habitants

   Où l’on doit parler de monument au mort, et non plus de monument aux morts. Je crois que c’est le premier monument individuel que je rencontre. Un seul nom sur une plaque de marbre fixée sur un monolithe dont la partie supérieure est taillée en biseau. Le macaron du Souvenir Français est fixé en dessous de la plaque. On trouve aussi un pot de bruyères grillées et un petit drapeau fiché dans le sol gelé, portant l’inscription manuscrite “Morville 11 nov. 2014”.

Auguste VAIRELLE

Mort pour la France

à Crévic (54)

le 25 août 1914

              Poil et plume. “Demachy, à tâtons, s’enveloppa maladroitement dans sa couverture, et le visage enfoui dans son mouchoir arrosé d’eau de Cologne, il ne bougea plus.

L’odeur se répandit vite dans l’écurie. Le premier, Vairon s’étonna :

– Mais ça pue. Qu’est-ce que c’est que ça ?

– Ça sent le coiffeur.” (Roland Dorgelès, Les Croix de bois)

Bon dimanche,

Philippe DIDION