17 mars 2024 – 1047

DIMANCHE.

La Planète des sciences (Antonio Fischetti et Bouzard, Dargaud, 2019; 86 p., 21,50 €).

“Encyclopédie universelle des scientifiques”

LUNDI (MATIN).            

“Prenez si ça vous plaît / L’autocar pour Paris / Il partira ce soir / Vous verrez du pays”, écrivait Jacques Prévert…. En vérité, c’est ce matin que je devais prendre l’autocar en question. C’est qu’on célèbre ce soir à l’Arsenal la sortie du dernier numéro des Cahiers Georges Perec, consacré aux “Sonographies perecquiennes”. Un thème qui m’est particulièrement cher puisque c’est par la radio, en 1992 je crois, que je fis connaissance de Georges Perec et pris conscience que ce type avait écrit tout ce que j’avais envie d’écrire – bien mieux évidemment, et bien plus encore. J’avais parlé de cette rencontre dans un texte destiné à un éditeur qui envisageait de rassembler dans une collection les témoignages d’une cinquantaine de personnes invitées à raconter “leur” Perec. Il m’avait sollicité, j’avais fourni, mais ce que j’avais fourni n’avait, avec raison, pas été jugé digne de figurer dans le corpus. Un coup d’œil sur les auteurs des premiers ouvrages de la collection qui sortent ces jours-ci suffit pour constater que je n’y avais pas ma place, faut pas jouer les riches quand on n’a pas le sou. Comme quoi il existe encore des éditeurs lucides, qui savent comment une maison doit être tenue : les grandes personnes au salon, les enfants dans leurs chambres. Cela fait plus de trente ans que je joue avec Perec dans ma chambre – que je travaille un peu pour lui accessoirement au travers de mon petit bulletin – et cela suffit à mon bonheur. Mais revenons à l’autocar pour Paris. Au moment d’y grimper, je reçois appel de mon frère : père hospitalisé suite à une chute, hémorragie cérébrale massive, coma profond, heures comptées. Je fais demi-tour.

LUNDI (SOIR).  

Mort de mon père.

MARDI.

Aux pompes funèbres, où l’on fait désormais figure d’habitués, on organise les obsèques paternelles sur le modèle de celles de ma mère, qui datent de quelques semaines. Mais les tarifs ont augmenté le 1er mars. Qu’à cela ne tienne : la préposée, dans un élan de générosité bienvenu, nous fait cadeau d’une remise qui rend le total inférieur au précédent. C’est à vous faire regretter de n’avoir que deux parents.

Paroles (Jacques Prévert, Le Point du jour, 1947, rééd. in “Œuvres complètes I”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 388, 1992; 1454 p., 79 €).

MERCREDI.                 

À Mme Édouard Corbière

“Saint-Brieuc, le mardi 13 mars 1860.

Chère maman,

J’ai reçu hier vos deux bonnes lettres et comme nous composons cette après-midi je vais avoir le temps de te répondre longuement. Jeudi j’écrirai à Lucie une longue lettre comme je lui ai promis. J’avais oublié de te dire que M. Bazin avait reçu les 200 francs que papa lui avait envoyés mais il en avait déjà pris 200 autres chez Tanguy je crois, je ne me rappelle pas bien ce qu’il m’a dit; quand je le verrai je lui dirai de m’expliquer la chose. Voilà le temps redevenu un peu moins mauvais et je commence déjà à sentir Pâques de loin, il n’y a plus que 27 jours tout de même, nous y sommes bientôt. […]

Ton Édouard qui t’aime de tout son cœur.” (Tristan Corbière, Lettres)

VENDREDI.        

Dernier adieu à mon père dans le cadre d’une modeste cérémonie au funérarium, au son de “Song of My Father” de Horace Silver. J’ai fait mes tours de garde en ces lieux, occupé à recevoir famille, amis et connaissances. C’était épuisant mais, au final, plutôt agréable car dans ces circonstances les gens sont très gentils, attentionnés, pleins de sympathie, débordants de louanges. Il n’y a pas à dire, on devrait mourir plus souvent.                 

Question de bien-être.

Dijon (Côte-d’Or), photo de Jean-François Fournié, 31 janvier 2023

Metz (Moselle), photo d’Alice Didion, 8 mars 2022

SAMEDI.

J’ai beau savoir qu’il n’y a rien de scandaleux à devenir orphelin à mon âge, on se retrouve un peu groggy à l’issue du coup double qu’on vient de recevoir. Il reste à franchir l’étape de la crémation, qui aura lieu mardi. Nous devions partir à Bruxelles hier, nous le ferons demain pour raccompagner Alice, j’essaierai d’envoyer les notules, non prévues, de bonne heure.

  • Comme un fils (Nicolas Boukhrief, France, 2023)                              
  • Les Âmes sœurs (André Téchiné, France, 2023)                              
  • Le Sang des autres (The Blood of Others, Claude Chabrol, É.-U. – France – Canada, 1984)
  • Dalva (Emmanuelle Nicot, France – Belgique, 2022)                              
  • 3h 10 pour Yuma (3: 10 to Yuma, James Mangold, É.-U., 2007)                              
  • Toni en famille (Nathan Ambrosino, France, 2023)                              
  • Asteroid City (Wes Anderson, Allemagne – É.-U., 2023).             

Paris (Seine), photo de Jean-Christophe Soum-Fontez, 19 juin 2014

idem, rue de Joinville, photo du même, 7 janvier 2012

Offizier Friseur, Michel Larionov

Bon dimanche,

Philippe DIDION