29 septembre 2019 – 850

LUNDI.

Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Anthony Ryan, Le Seigneur de la Tour : Blood Song, tome 2, Bragelonne, 2015.

MARDI.

Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Stephen Hawking, Une brève histoire du temps, J’ai lu, 2007.

MERCREDI.

Éphéméride. “18 septembre [1931] 50 a – Dans le tramway. Je donne mes trois tickets au contrôleur; il les laisse échapper et ils s’envolent. Il veut me les faire repayer. Je m’y refuse. Finalement je lui dis : “Tenez, ça ne me fait rien, je suis riche, je ne suis pas à vingt-quatre sous près, etc., je les paye.“ Lui : “Bon, très bien. Voici. Mais vous étiez dans votre droit.” Moi : “Eh bien ! Ça vous épate peut-être, mais je ne les payerai pas.” Il veut me sortir. Je résiste. Je m’enferme dans le tramway. On le dirige sur le dépôt. Puis une femme entre; elle est grande, assez laide et a des bas de soie couleur champagne mal tirés. C’est dieu. D’ailleurs moi aussi, je suis dieu.” (Raymond Queneau, Une campagne de rêves, 1928-1932)

Lecture. En attendant le jour (The Late Show, Michael Connelly, Little, Brown & Company, New York, 2017 pour l’édition originale; Calmann-Lévy, coll. Robert Pépin présente…, 2019 pour la traduction française, traduit de l’américain par Robert Pépin; 432 p., 21,90 €).

Face au vieillissement de son personnage fétiche Harry Bosch, Michael Connelly a longtemps cherché des subterfuges pour ne pas l’abandonner, faisant de lui un semi-retraité amené à donner un coup de main occasionnel à ses anciens collègues. Cette fois, le cordon semble être enfin rompu puisqu’il met en scène une nouvelle héroïne, Renée Ballard, jeune et active au sein de la police de Los Angeles. Elle possède bien des points communs avec son illustre devancier : outre ses qualités d’enquêtrice, elle entretient des liens compliqués avec sa hiérarchie qui l’amènent à lutter à la fois contre les criminels et contre ses supérieurs. Comme Harry Bosch, Renée Ballard triomphera de ces difficultés. C’est que comme Harry Bosch, elle a un atout appréciable dans sa manche : elle sait tout. Connelly ne se prive pas de le faire savoir et c’est devenu chez lui un tic d’écriture : le nombre de phrases qui commencent par « Elle savait que… » est incalculable. Renée Ballard sait donc comment vont réagir ses partenaires ou adversaires dans telle situation, elle sait comment court-circuiter les procédures ordinaires, elle sait ce qui se cache derrière tel geste ou telle attitude, elle sait toujours quelle personne contacter, quelle personne éviter, elle sait tout, absolument tout. Le doute n’existe pas chez les personnages de Connelly, ce qui empêche toute identification, toute empathie. Le lecteur admire la façon dont ils se débrouillent dans le monde extraordinairement complexe de la police et de la justice californiennes, il admire la façon dont l’auteur le guide dans ce labyrinthe sans le perdre, mais l’émotion reste absente. Les héros de Connelly sont des monstres froids.

JEUDI.

Brèves de trottoir.

850-min 850 (4)-min *

* Arthur Rimbaud

VENDREDI.

Lecture. Prudence Hautechaume (Marcel Jouhandeau, Gallimard, 1927; rééd. in “Chaminadour, contes nouvelles et récits”, Gallimard 2006, coll. Quarto; 1540 p., 29,90 €).

Le cabinet de curiosités du notulographe. Aperçu d’une collection de Lion d’or.

850 (2) 850 (3)-min

Chassigny (Haute-Marne), photo de Jean-Damien Poncet, 4 juillet 2018 / Gouzon (Creuse), photo de l’auteur, 4 août 2015

On pouvait lire ceci dans les notules 673 du 9 août 2015 : “Je lis la presse du jour dans l’auto qui nous conduit à notre lieu de villégiature, notamment un bel article du Monde sur le séjour de Nabokov à Montreux. Comme lui, j’aimerais passer la fin de ma vie à l’hôtel. Le Montreux Palace m’étant inaccessible, je me contenterais volontiers du Lion d’Or de Gouzon (Creuse) pour mes vieux jours. Ai-je dit que je collectionnais les photos d’hôtels du Lion d’Or ?” Aujourd’hui, le rêve devient réalité, le Lion d’Or de Gouzon s’ajoute à ma liste de Lieux où j’ai dormi. Dépaysement spatio-temporel assuré, meubles lourds et sombres, papier peint chamarré, abat-jour à glands, assiettes aux murs, chatons de porcelaine, petits pots d’étain et casseroles en cuivre, je ne suis plus à Gouzon, je suis à Tigreville, dans l’hôtel tenu par Albert Quentin et sa femme, Jean Gabin va surgir et m’emmener descendre le Yang-Tsé-Kiang et force cruchons en sa compagnie.

SAMEDI.

Lecture. Maurice Leblanc (Jacques Derouard, in « Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin » vol. 1, Omnibus 2004, 1216 p., 23 €).

Films vus. 3 Billboards : Les Panneaux de la vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, Martin McDonagh, R.-U. – É.-U., 2017)

Ce bon vieux Sam (Good Sam, Leo McCarey, É.-U., 1948)

Love, Simon (Greg Berlanti, É.-U., 2018)

Je suis nous (court métrage, Noé Depoortere, France, 2019)

Un jour de pluie à New York (A Rainy Day in New York, Woody Allen, É.-U., 2019)

La Porteuse de pain (Maurice Cloche, Italie – France, 1963).

 

   L’Invent’Hair perd ses poils.

850 (5)-min

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de l’auteur, 20 mai 2011

             Poil et plume. “Dire que Madeleine était une fausse blonde, franchement, ça ne résoudrait rien. D’accord, l’hypothèse ne manque pas d’intérêt : la différence entre une vraie blonde et une fausse, c’est une bonne question. Qu’est-ce que ça veut dire, d’abord, une fausse blonde ? La couleur des poils serait-elle plus honnête que celle des cheveux ?” (Daniel Arasse, On n’y voit rien)

LUNDI.

Lecture. La Légende de Victor Hugo (Paul Lafargue, in La Défense des travailleurs, 1885, rééd. Libertalia, coll. La Petite Littéraire, 2014 ; 128 p., 8 €).

On n’a pas beaucoup entendu de mal au sujet de Victor Hugo la semaine dernière à Guéret (Creuse). Les Rencontres de Chaminadour étaient consacrées au grand homme et il a fallu attendre l’intervention de Michel Winock sur le parcours politique de Hugo pour qu’un peu de soufre se mêle à l’encens largement diffusé jusqu’alors. Paul Lafargue se montrait, en 1885, plus radical que Winock, qui s’est contenté de rappeler l’ode composée pour saluer le sacre de Charles X par un Totor de vingt-trois ans. Lafargue attaque Hugo bille en tête, quelques jours après sa mort et ses funérailles nationales, vaste opération commerciale de récupération à ses yeux. C’est un feu roulant qu’il envoie contre l’écrivain national qui n’aura été l’homme que d’une seule cause, la sienne : ami de la royauté puis de la bourgeoisie, homme d’argent, homme sans parole, menteur, dissimulateur, tout y passe. Il faut bien sûr faire la part de l’outrance dans les propos d’un socialiste qui après avoir épousé les idées et la fille de Karl Marx était du genre intransigeant. Ce qui ne l’empêche pas de savoir se tenir : à aucun moment il ne parle de la vie privée de Victor Hugo, dont on sait qu’elle ne fut pas d’une grande droiture. Ces choses-là ne se faisaient pas à cette époque, on n’en est pas fâché.

MERCREDI.

Éphéméride. “25 septembre [1903]

Nous lui donnons huit livres de pain par semaine. Timide, honteuse, comme tous les ans elle apporte ses deux poulets à Marinette et lui dit :

– J’ai essayé de me contenter de six livres, mais je n’ai pas pu.” (Jules Renard, Journal)

JEUDI.

Brèves de trottoir.

                   850 (6)-min 850 (8)-min *

* Gérard Durand

Épinal – Châtel-Nomexy (et retour). Scott Hawkins, La Bibliothèque de Mount Char, Denoël, 2017.

VENDREDI.

Le cabinet de curiosités du notulographe. Agences tous risques.

850 (9)-min 850 (10)-min

Tours (Indre-et-Loire), photo de Sylvie Mura, 14 septembre 2017 / Paris (Seine), avenue de Tourville, photo d’Alain Hardebolle, 13 janvier 2019

SAMEDI.

Films vus. Un couteau dans le cœur (Yann Gonzalez, France – Mexique –Suisse, 2018)

Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, France – Italie, 1962)

850 (7)-min

Épinal (Vosges), photo de l’auteur, 24 septembre 2019

                               Guy (Alex Lutz, France, 2018)

Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari, Kenji Mizoguchi, Japon, 1953)

Paul Sanchez est revenu ! (Patricia Mazuy, France – Belgique, 2018)

Dark Crystal (The Dark Crystal, Jim Henson & Frank Oz, É.-U., 1982)

Los Medios (court métrage, Polo Menárguez, Espagne, 2018)

Au nom de la terre (Édouard Bergeon, France – Belgique, 2019).

L’Invent’Hair perd ses poils.

850 (11)-min 850 (1)-min

Nancy (Meurthe-et-Moselle), photo de l’auteur, 20 mai 2011 / Bilbao (Espagne), photo de Jean-Damien Poncet, 27 avril 2017

IPAD (Itinéraire Patriotique Alphabétique Départemental). 19 août 2018. 154 km. (34 930 km).

850 (1a)-min

47 habitants

   Le faible nombre d’habitants annoncé par le calendrier des Postes ne laissait pas imaginer un monument aussi important, aussi bien tenu, ni une liste de noms aussi conséquente. L’obélisque est en effet de belle taille, en pierre propre, entouré de thuyas bien taillés et de plants de lavande mêlés à des bégonias (?) et des dahlias (?). La composition placée dans une vasque ornée d’un ruban tricolore a mal supporté les récentes chaleurs.

850 (3a)-min

1870-1871

GODARD Félicien

1914-1918

OZENNE Constant

CORNEVIN Hyppolyte

BRICARD Henri

MOUROT Gustave

MOUROT Auguste

GODARD Jules

PETIT Auguste

PETIT Henri

PETIT Camille

HUGUENEL Armand

SOYER Émile

GORGELIER Théophile

PORTE Jules

VINCENT Henri

GORGELIER Maurice

MOUGINOT Paul

SOYER Lucien

1939-1945

Aux Armées

CORNEVIN Hyppolyte

PAIN Maurice

Victimes civiles

PAIN Henri

PAIN Marthe

La commune de Romain-au-Bois

À ses morts glorieux

   Le Cornevin Hyppolyte de la Seconde Guerre mondiale est-il le fils du Cornevin Hyppolyte de la Première ?

              Poil et plume. “Je suis coiffeur. C’est une chose qui peut arriver à tout le monde. Je peux dire que je suis un bon coiffeur. À chacun ses manies, moi je n’aime pas les boutons.

C’est arrivé comme ça : je me suis mis à le raser tranquillement, je le savonnai avec adresse, j’affilai mon rasoir sur la courroie et je l’adoucis sur la paume de la main. Je suis un bon barbier ! Je n’ai jamais écorché personne et de plus cet homme n’avait pas la barbe très fournie. Mais il avait des boutons. Je dois reconnaître que ces boutons n’avaient rien de très particulier; cependant, ils me dérangeaient et me rendaient nerveux, ils me retournaient les sangs.

Le premier, je l’ai pris dans le bon sens, sans plus de mal, mais le second s’est mis à saigner par-dessous. Alors, je ne sais pas ce qui m’est arrivé, il me semble que c’est une chose tout à fait naturelle, j’ai agrandi la blessure et ensuite, sans que je puisse faire autrement, d’un seul coup, je lui ai tranché la tête.” (Max Aub, Crimes exemplaires)

Bon dimanche,

Philippe DIDION

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