25 décembre 2016 – 733

DIMANCHE.

Obituaire. Ce numéro est dédié à la mémoire de Jean-Guy Morin, dit “Muff”, dont j’ai appris hier le décès. J’ai connu Muff en 1991, sur les bords de la rivière Outaouais, par l’intermédiaire de son frère Claude et de ses amis musiciens. Muff était, je crois, cartographe dans le civil mais pour nous il était batteur, il avait trimballé ses baguettes d’un bout à l’autre du Québec. Il chantait en battant, ce qui est déjà peu commun et, de plus, il chantait comme personne, capable de passer sans douleur des feulements de James Brown au yodle de Jimmie Rodgers. J’ai eu l’honneur de chanter de vieilles choses de Hank Williams à ses côtés sur une scène improvisée à l’occasion d’une épluchette de blé d’Inde, souvenir inoubliable. Quand il ne chantait pas, Muff parlait une langue pas toujours facile à saisir pour le non initié. Allez savoir dans quel sens tourner le volant quand il commandait une manœuvre automobile à grands coups de “Crampe en masse, t’es beau !”. Muff rêvait de venir un jour en France, je crois qu’il ne l’a jamais fait.

Montpellier (Québec), photo de Jean-Jacques Gonand, août 1991

                   Courriel. Une demande d’abonnement aux notules.

                   Lecture. Meurtres pour Hannah (A Homicide for Hannah, Dwight V. Babcock, Knopf, 1941 pour l’édition originale, Presses de la Cité, coll. Un Mystère n° 88, 1952 pour la traduction française, rééd. in « Polars années 50 », vol. 1, Omnibus, 1995; 1182 p., 145 F).                                 Spécialiste de la nouvelle pour bon nombre de pulps, Dwight V. Babcock se lance ici dans le roman avec le premier volet d’une trilogie consacrée à Hannah Van Doren, journaliste criminelle qui n’a pas froid aux yeux. C’est une histoire typiquement hard boiled, pleine de rythme, d’humour et d’invraisemblances. Ce serait mentir de dire que ça n’a pas pris une ride.

LUNDI.

           Lecture. Éloges (Saint-John Perse, éditions de la N.R.f., 1911, rééd. in “Œuvres complètes”, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 240, 1972; 1428 p., 56 €).

MERCREDI.

                  Éphéméride.

Di. 21.12.1986

Levé de bonne heure. Je lis avec soin les Problèmes de philosophie de B. Russell. On tire un vif plaisir de voir ramenées à leurs traits essentiels les grandes figures du passé, Hume, Berkeley, Descartes et Kant, d’assister, comme en tiers, au dialogue pressant, vivant, que Russell a engagé avec ces morts immenses. Il les interroge avec une netteté, une vigueur toutes britanniques, sur la réalité du monde extérieur, les conditions d’accès à la vérité et la nature de celle-ci, les idées a priori et les leçons de l’expérience, la cohérence interne du raisonnement et la conformité de l’esprit à la chose. Pareille lecture fatigue intensément.

Je voudrais me transporter au large, travailler de mes mains, du fer, du bois, m’enfoncer dans les solitudes et je suis au bureau, cerné de livres, condamné à l’exil. J’en ai le coeur qui bat, des tremblements aux mains.” (Pierre Bergounioux, Carnet de notes 1980-1990)

VENDREDI.

                  Lecture. La Collection Phillips à Paris (Collectif, Third Millenium Publishing Limited, 2012 pour l’édition en anglais, Skira, 2015 pour la version française; 168 p., 30 €).

                                Catalogue d’exposition, Musée du Luxembourg, Paris (Seine), 30 novembre 2005 – 26 mars 2006, visitée le 18 décembre 2005.

          Le cabinet de curiosités du notulographe. Enseignes vinicoles.

  

Lyon (Rhône), photo de Bernard Gautheron,14 octobre 2015 / La Clusaz (Haute-Savoie), photo de l’auteur, 15 mai 2016

SAMEDI.

              Films vus. Gare du Nord (Claire Simon, France – Canada, 2013)

                               Je suis à vous tout de suite (Baya Kasmi, France, 2015)

                               Harvey (Henry Koster, E.-U., 1950)

                               La Vie très privée de Monsieur Sim (Michel Leclerc, France, 2015)

                               La Religieuse (Guillaume Nicloux, France – Allemagne – Belgique, 2013)

                               Back Home (Louder Than Bombs, Joachim Trier, Norvège – France – Danemark – E.-U., 2015).

              L’Invent’Hair perd ses poils.  

  

Narbonne (Aude), photo d’Hervé Bertin, 25 août 2010 / Gramat (Lot), photo de Marc-Gabriel Malfant, 31 mars 2013

              Poil et lexique (catalan).

 

Bon Noël,

Philippe DIDION

                                                         
 
 
 
 
 
                             
 
 

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