31 décembre 2023 – 1036

LUNDI. 

Les parents de Caroline ont quitté cette terre, les miens ont quitté leur maison. C’en est fini des réveillons et jours de Noël chez ceux-ci ou chez ceux-là, des agapes qui m’effrayaient des mois à l’avance et dont je me demandais comment les uns ou les autres – à part les enfants – pouvaient retirer le moindre plaisir. Aujourd’hui, le repas de Noël est constitué d’un casse-croûte avalé à la hâte et en plein vent sur une aire d’autoroute, et le roi n’est pas mon cousin. Un peu plus tard, nous touchons au but, un petit chalet dans la Nièvre où nous allons passer quelques jours en quatuor, au bord du lac de Chaumeçon. Quelques grèbes huppés, un couple de colverts, un rouge-gorge et une punaise des pins constituent le comité d’accueil.

MERCREDI.                 

[27 décembre 1950]

“Cher Dubuffet. Camille qui est partie chez ses parents avec la petite ne manquera pas d’être ravie de ton imprimerie. Et peut-être cela fera-t-il naître une nouvelle revue scolaire. Je viens de réussir une caillebotte. Je suis encore patraque de ma dernière maladie dont la fièvre ma donné une idée qui fut le point de départ de ce que je peins pour l’instant. Je n’ose pas dire des tableaux. Je n’avais jamais prévu que j’en arriverais à de telles choses. Le mieux sera de ne pas les montrer afin d’éviter d’inutiles critiques. […] Bonne santé et bonne année à vous deux. gaston chaissac” (Gaston Chaissac, Jean Dubuffet, Correspondance 1946-1964)

La mort de Jacques Delors me rapporte un point au Couic Parade, jeu idiot qui, je le rappelle, consiste à deviner quelles sont les personnalités qui vont passer l’arme à gauche pendant l’année en cours.

VENDREDI.

Il est l’heure de rentrer. Nous ne devrions pas trop souffrir du contraste car les sentiers gorgés d’eau et les forêts de sapins noyées de brume ne constituaient pas vraiment une nouveauté pour les Vosgiens que nous sommes mais la contrée, que nous avions découverte en 2019, nous plaît toujours. Les villages endormis, les bourgs somnolents et les villes à l’œil entrouvert que nous avons arpentés ont un côté creusois qui ne nous laisse pas indifférents. Bien sûr, l’épicière de Brassy vend des produits périmés depuis novembre, la librairie de Lormes n’est malheureusement qu’une boutique éphémère et le Muséum d’Histoire naturelle d’Autun aurait besoin d’un bon coup de polish mais l’accueil fut partout charmant. Le chalet isolé au bord du lac désert ravivait des souvenirs du Québec – il a d’ailleurs servi de cadre au tournage d’un clip sur une chanson rapportée de là-bas, expérience nouvelles assez poilante.               

Baignoires champêtres, photos de l’auteur.

Le Roulon, commune d’Uzemain (Vosges), 25 avril 2021

SAMEDI.

  • Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, France, 1982)
  • Les Vedettes (Jonathan Barré, France, 2022)
  • Miss Potter (Chris Noonan, R.-U. – É.-U., 2006)
  • La Grande Magie (Noémie Lvovsky, France, 2022).            

Nantes (Loire-Inférieure), photo de Christophe Hubert, 24 août 2012

Charlieu (Loire), photo de Bernard Cattin, 28 août 2021

“Pourquoi vais-je mieux ? J’ai l’impression que, dans mes dernières lettres j’ai pas mal divagué, et qu’aujourd’hui je vois la situation avec plus de clairvoyance, telle qu’elle est réellement. D’abord parce que je suis allée chez le coiffeur il y a deux jours, ce qui veut dire que je suis bien coiffée (il faut au moins ce délai !) et que, me regardant dans la glace, avec l’idée que ces horribles journées devaient m’avoir vieillie de dix ans, je retrouve mon visage à peu près le même.” (Henry de Montherlant, Les Jeunes Filles)

Bon dimanche,

Philippe DIDION